+Lou

Je dors pas beaucoup ces temps-ci, et je dois dire que ça commence à se faire ressentir. Encore tout à l'heure, je m'étais presque endormi dans mon assiette de petits poids, ça en deviendrait presque dangereux hm. Mais l'envie de dormir disparait aussitôt qu'elle est revenue lorsque je me lève, et me reprend au moment où je m'y attends le moins. Bordel, ça devient dur de résister là ! Bon, première étape : prendre une bonne douche fraiche pour me rafraichir l'esprit. Hm, c'est déjà mieux, peut-être qu'en me posant dans mon lit, j'arriverais à faire une petite sieste dans ces bonnes conditions. Je n'ai enfilé qu'un boxer, vu que je suis plus à l'aise pour dormir avec le moins de vêtements possibles, logique. Sauf que dans ma chambre, y a vraiment plein de monde, en tout cas suffisamment pour faire trop de bruit à mon gout. Je vais pas les chasser hein, ils étaient là en premier alors je vais voir dans les autres chambres si elles sont toutes aussi occupées. Pas besoin de beaucoup chercher puisque dés la chambre orientale, je note qu'il n'y a aucun bruit. Par contre, il y a bien une personne, c'est Lou. D'ailleurs il vient de se réveiller, ou je sais pas trop ce qu'il faisait dans son lit -ou c'est peut-être aussi un lit qui n'appartient plus à personne, je sais pas trop-, peut-être qu'il lisait, ou qu'il voulait essayer de faire une sieste lui aussi. En tout cas, il est bel et bien réveillé. Hm, je pourrais aller m'allonger dans n'importe quel autre lit vide, mais je choisis de faire mon chieur et m'allonger à ses côtés ! Je viens me blottir contre lui sous la couette, avec ma peau encore un peu mouillés de petites gouttelettes, et bien froide par rapport à sa température. C'est très agréable. « Je suis crevé ! » Je m'exclame un peu trop vivement, ce qui ne va pas du tout avec le sens de ma phrase mais bon. Je me recule un peu, lui faisant toujours face sur le côté mais désormais reposé sur l'oreiller. « Ça te dérange pas que je squatte ici pour faire une sieste hm ? » Oh puis toute façon, je ne lui laisse pas vraiment le choix.

Les nuits sont de plus en plus longues, et de plus en plus dures à supporter. Tout simplement parce que je me force à garder les yeux ouverts le plus longtemps possible. J’ai trop peur de m’endormir avec Tilda de m’endormir. Peur de m’endormir et de me mettre à bouger. Je ne veux pas la toucher, je ne veux pas risquer de faire un faux geste. C’était ma manière de la protéger sans que je m’en rende réellement compte. Ma manière de me protéger moi aussi, contre tous ces souvenirs qui me revenaient en tête en sachant une femme enceinte à mes côtés. Et ça me tuait. J’essayais réellement de faire bonne figure auprès d’elle et auprès de tout le monde, mais la savoir enceinte me tuait de l’intérieur. Ça me faisait beaucoup trop penser. C’est pour ça que j’essaie de faire une sieste en plein milieu de la journée, histoire de rattraper mes heures de sommeil perdues. Mais impossible de fermer les yeux. Im-po-ssible. Mon cerveau carbure beaucoup trop. Je reste pourtant allongé dans le lit, la couverture couvrant à moitié mon corps. Et au bout d’un moment, je me penche sur ma table de chevet pour sortir une photo de l’armoire. La photo d’une petite fille brune aux yeux bleus. Celle qui aurait dû être mienne. C’est seulement en sentant quelque chose de partiellement froid contre mon corps que je sors de mes pensées lointaines. Je n’avais même pas remarqué la présence d’Aaron. Je le laisse faire sans rien dire alors que mon regard azur l’observe. Et malgré tout ce que je pouvais ressentir ces derniers temps, malgré toute la tristesse, je ne peux pas m’empêcher de lâcher un petit rire à tant d’engouement de sa part. «  C’est vrai que tu as l’air mort de fatigue. » Je commente, ironique. Comment quelqu’un de fatigué pouvait s’exclamer comme ça, hm ? Je prends soin alors de ranger la photo, avant de reposer ma tête sur mon oreiller, faisant face à Aaron. «  À une seule condition » je dis alors que je me rapproche de lui pour passer mes bras autour du jeune homme et le serrer contre moi sans prendre en compte ça peau encore légèrement trempée, posant mon menton sur son épaule. Oui, bébé Loulou avait besoin d’un câlin. Et malheureusement pour Aaron, il était venu au mauvais moment au mauvais endroit. Ça tombait sur lui. Je ne savais même pas si ça allait me faire aller mieux, mais autant essayer…

Lorsque je le rejoins dans le lit, je ne peux m'empêcher de jeter un coup d’œil discret sur la photo qu'il regarde. Je voix une petite fille brune, aux yeux bleus magnifiques. Je n'ai pas trop le temps de l'observer, parce qu'il la range rapidement après ma venue. Hm, mon sixième sens me dit de ne pas poser de questions, mais cette éventualité n'est pas complètement écarté de mon esprit, elle est est dans un coin de ma tête, et elle est prête à sortir à n'importe quel moment, mais pas maintenant. Pour l'instant je profite juste de son corps pour me réchauffer, ce qui est bien agréable pour moi, beaucoup moins pour lui mais ça devrait durer seulement quelques minutes. « À une seule condition » Quel condition ? Tout comme moi qui me suit imposé dans son lit, il n'attend pas ma réponse pour me faire savoir sa condition. C'est ainsi qu'il passe ses bras autour de moi et pose son menton sur mon épaule. Oh, bah si ce n'est que ça, c'est faisable... J'aime sentir son corps contre le mien. Pas parce qu'il est bien bâti, juste parce qu'en général je suis comme ça. J'aime les rapprochements, que ce soit un simple câlin ou plus... Je réponds positivement à son approche en venant caresser son échine de haut en bas, m'amusant à dessiner des petits cercles sur sa peau. Je dépose naturellement un baiser sur son front et doucement, mon visage caresse le sien comme si nous étions deux bestioles. Petit à petit, au gré de mes mouvements de tête, son visage me fait face et je dépose mes lèvres sur les siennes, comme un geste banal d'affection. « T'es triste ? » Je demande sur un ton à mon tour triste, même si je le vois bien, c'est un peu pour ça que je voulais voir son visage, pour m'assurer qu'il va bien.  « Pourquoi ? » Ce serait plus ça la question finalement.

Je crois bien qu’aujourd’hui, j’ai tout simplement besoin d’affection. De quelqu’un pour me rassurer et me calmer. J’ai pourtant l’habitude d’être seul. Pas que je sois vraiment un solitaire, non. C’est seulement mon métier, et le fait que je voyage tout le temps qui fait qu’au final, je n’ai jamais une personne fixe à mes côtés. Une personne à qui je peux vraiment me confier, ou demander des câlins dans ces rares moments de tristesse. J’en ai pourtant aucunement honte, et c’est bien pour ça que je ne me gêne pas pour passer mes bras autour de Aaron, me coller à lui et poser mon menton sur son épaule. J’ai parfaitement conscience que je ne pourrais pas traverser ça tout seul, j’ai tout simplement besoin de la présence des autres pour me faire oublier. Heureusement, le candidat ne me repousse pas dans mon élan d’affection. Au contraire, il me caresse le dos et embrasse mon front. J’ai l’impression d’être un gosse et pourtant je m’en fiche. Ses gestes m’apaisent, et c’est le plus important. Mes jambes enroulent les siennes, m’accrochant à lui comme un chimpanzé à son arbre. Mon visage se relève finalement au fil des secondes pour faire face au sien, alors que Aaron dépose ses lèvres contre les siennes, ce qui me réchauffe inévitablement le coeur. Je tente de lui sourire, tant bien que mal. Si je suis triste ? Un soupire s’échappe de mes lèvres pour seule réponse. Un soupire montrant bien qu’effectivement, je n’étais pas au meilleur de ma forme. Mon regard bleu cherche le sien alors qu’il me pose cette question, et mon coeur se serre un peu plus. J’aimerai bien tout dire, vraiment. J’aimerai pouvoir vider mon sac, ça m’a toujours aidé à me sentir mieux de parler à quelqu’un. Je voudrais me confier à Aaron, mais ce n’était pas si simple. «  Je… Je ne peux pas en parler. » je souffle alors, toujours avec ma mine aussi triste, montrant bien que j’en souffrais. Je ne voulais pourtant pas me faire réprimer par Cupidon et risquer ma sortie, même si ces derniers évènements m’ont fait douter de mon envie de rester ici. Je ne voulais pas abandonner pour autant.

C'est bien la première fois que je voix Lou dans cet état là, aussi... vulnérable ? Lui pourtant si confiant d'habitude révèle une faille, ça en serait même mignon, qualificatif auquel je ne pense jamais en pensant à lui. Viril, sexy, bestial ça oui... Mais mignon, alors là... Je n'aurais pas pensé le ressentir un jour. Et ce petit mélange de force et de douceur le rend bien plus attirant. Il se rapproche davantage, et je ne peux m'empêcher d'exercer plus de pression lorsque je le serre. Je veux pouvoir le serrer aussi fort au point de sentir son coeur battre par son corps tout entier. «  Je… Je ne peux pas en parler. » qu'il m'avoue finalement. Je vois bien qu'il voudrait, et ça me frustre autant que lui parce que je voudrais tant pouvoir l'aider. Je me sens impuissant, et je n'aime pas vraiment ça.  « Je comprends. » Pas dans le sens où je suis dans la même situation que lui concernant mon secret, mais je comprends bien pourquoi il n'en parle pas. C'est différent dans mon cas. Ce sont des choses liées à mon secret qui me hantent, pas le secret en lui-même. Hm, difficile à comprendre dit comme ça, mais c'est bien le cas pourtant. « Je voudrais pouvoir me confier moi aussi, mais je ne peux pas non plus. » Je lui fais comprendre par la même occasion que je voudrais me livrer un peu plus à lui, que je ne le considère pas comme un simple plan cul. Je suis là autant pour lui que je voudrais qu'il soit là pour moi. Je continue de caresser sa peau, me sentant étrangement bien comme ça, comme si je n'avais pas besoin de dormir, que sa présence suffisait pour me détendre. « y a... rien que je puisse faire du tout ? » Il peut me demander tout ce qu'il veut pour le coup, je suis prêt à le faire, parce que j'aime vraiment pas le voir dans cet état.

Je n’aime pas particulièrement me montrer sous ce jour. Je n’aime pas du tout, même. Être faible. Montrer ma faille. Ma grande faille. Mais à vrai dire, ce n’était pas comme si je contrôlais quoi que ce soit. Parce que si je pouvais éviter d’être comme ça, je le ferai assurément. Je déteste être aussi sensible, je déteste ressentir ce que je ressentais en cet instant. Mais le fait de faire un câlin à Aaron me fait aller un peu mieux, pour ne pas dire beaucoup. Il me rassure en quelque sorte, et je me sens bien dans ses bras. Et j’aimerai bien pouvoir tout lui dire, pouvoir me confier, je sais d’ores et déjà que ça enlèverait un poids conséquent de mes épaules… Mais je ne peux pas. J’en ai pas le droit. Il dit qu’il aimerait se confier lui aussi, et je souris avec douceur. Ça me touche, qu’il me dise ça. Qu’il me montre que je n’étais pas le seul. Parce que bizarrement, je me sentais capable de me confier à Aaron, oui, malgré notre relation qui paraissait purement superficielle aux yeux de beaucoup. «  Un jour, peut-être. » je souffle. Le jour où on découvrira notre secret, ou qu’on devra le révéler. Bientôt, ou dans longtemps. Je n’en savais rien. Quoi qu’il en soit, je me sentais étrangement à l’aise avec Aaron. Et si dans d’autres circonstances, avec de telles paroles, j’en aurais profiter pour lui demander des choses improbables rien que pour jouer, aujourd’hui je n’ai pas le coeur ni la tête à ça. Je me contente de le serrer encore plus dans mes bras, collant complètement mon corps au sien, sans cesser de le fixer du regard. «  Reste-là avec moi… s’il te plaît. » Je lui demande en français avec mon léger accent espagnol, puisque j’avais cru comprendre qu’il était originaire du pays. Ou du moins qu’il y habitait. J’avais beau avoir vécu en France seulement 6 ans, je n’avais pas pour autant oublié la langue. Je colle me front contre le sien pour fermer un instant les yeux, prenant de grandes inspirations comme pour me calmer. Mais sa simple présence me calmait. «  Quand je sors d’ici, j’irai sûrement à Porto Rico, ou au Pérou, je sais pas encore… » Je murmure alors que mes yeux sont toujours clos, et que mon front est toujours contre le sien, nos nez se touchant également. «  Et toi ? »

« Un jour, peut-être. » Ça veut surement dire que si son secret est révélé un jour, je serais l'un des premiers avec qui il viendra se confier, avec qui il pourra tout dire et expliquer tous les détails. Oui, nul doute là dessus. Et inversement, Lou sera l'un des premiers également vers qui je me tournerais lorsque mon secret sera révélé, s'il est révélé un jour bien sur et en espérant qu'il soit toujours là. Je dis pas que j'irais plus loin que lui, mais si je pars avant lui, la question du 'pourrais-je compter sur lui ?' ne se pose pas. En attendant, même si on ne peut pas se confier, on peut quand même être là l'un pour l'autre, et le simple contact physique suffit. Je suis juste bien, et pour le moment ça me suffit, d'être juste bien. « Reste-là avec moi… s’il te plaît. » Il me parle en français, avec un accent prononcé incroyablement excitant. Je fonds littéralement. « Trop sexy toi. » Je chuchote en lâchant un rire doux, venant caresser sa mâchoire, jouant avec plusieurs secondes avant de déposer plein de baiser sur son menton et plus bas. Il colle ensuite son front au mien, je le sens prendre de grandes inspirations pour s'apaiser. « Quand je sors d’ici, j’irai sûrement à Porto Rico, ou au Pérou, je sais pas encore… » Il a les yeux clos, moi je les garde ouvert, j'aime bien le regarder. Porto Rico, Pérou... Je n'y suis jamais allé, mais ça doit être pas mal. Mon rêve c'était l'Australie, et maintenant que j'y suis je dois dire que je n'ai pas réfléchi à une autre destination. Je ne sais même pas si j'irais quelque part après l'émission. Est-ce que je peux prendre un peu de répits encore ? Est-ce que ce serait vraiment raisonnable ? D'un côté, c'est toujours mieux de partir juste après l'émission, que de partir juste après avoir eu un nouveau job, hm... « Je viens avec toi, quelle question... » Je souffle, avec un sourire. Je plaisante évidemment... Je ne sais même pas pourquoi il veut y aller là bas, si ça se trouve ce n'est pas pour des vacances. Après, c'est clair que je pourrais, suivre Lou juste comme ça. On s'entend bien, je l'aime beaucoup, y a pas de raison que ça se passe mal. « Je retournerais à Paris, je suppose... » J'ai pas envie d'y penser en fait, à l'après émission alors je l'embrasse, pour changer de sujet. C'est facile je sais, mais j'en ai envie.