+ J'ai l'impression que je ne vais jamais à la plage. Déjà chez moi parce que je n'ai pas le temps, et c'est un peu loin. Puis ici, mais je n'ai pas vraiment de bonnes raisons. Je crois que je préfère juste la piscine, c'est plus près du nid, il y a moins à marcher. Mais c'est vrai que le bruit des vagues et le sable chaud, le sable fin, l'air marin, c'est agréable. En plus, il y a peu de chance qu'on s'y retrouve trop nombreux, c'est souvent calme. Oui, voilà tout un tas de bons arguments qui m'ont convaincu d'aller y faire un tour aujourd'hui. J'ai mis un de mes plus beaux maillots de bain, un petit rose deux pièces, vraiment très sympa, et j'ai mis dans un sac tout plein de trucs qui pourraient mettre utiles. Ma serviette de plage, un magazine, un autre bouquin juste au cas où je me fasse super chier, de la crème solaire, une deuxième paire de lunettes en plus de celle que j'ai sur le nez, parce qu'on ne sait jamais. Il y a aussi l'Ipad et l'appareil photo qu'on nous a gracieusement offert lors de notre arrivée dans le nid, si jamais j'avais envie de me faire une séance photos en plus d'une séance bronzette et d'une éventuellement baignade. Enfin pour l'instant, je viens à peine d'arriver. J'étend ma serviette sur le sable déjà brûlant, cuit par le soleil. Je m'installe bien tranquillement en replaçant mes lunettes sur mon nez et deux ou trois mèches derrière mon oreille. Puis je sors le tube de crème, je l'ouvre et après une légère pression, en dépose une bonne grosse dose sur mes doigts. Je frictionne mes mains entre elles avant de m'en enduire le corps, de bien en appliquer sur toutes les parcelles de ma peau qui seraient susceptibles d'être atteintes par l'astre roi, jusqu'à ce qu'une ombre ne passe au-dessus de la tête. Je la relève, effectuant un demi-tour sur moi-même. Je soupire, de désespoir mais de soulagement aussi quelque part, quand je me rends compte qu'il ne s'agit que d'Isaac. Je m'étais imaginée que ç'aurait pu être un truc qui me tombait sur la tête. « T'es bête, t'as presque réussi à me faire peur. » Comme déjà deux ou trois autres candidats de l'émission, je me rends compte. « Tu veux pas t'en aller et me laisser tranquille ? » En réalité, c'est plus une demande appuyée qu'une vraie question à laquelle j'attends une réponse. Mais naturellement, comme c'est un petit emmerdeur de première qui donne des notes aux femmes, je ne doute pas qu'il trouve quelque chose à dire pour sa défense.

Non, je ne suis pas vraiment ravie de voir Isaac arriver pile au moment où je m'enduis le corps de crème solaire, je suis sûre qu'il est train de s'imaginer des trucs dans sa petite tête de pervers immature bonne à claquer, d'ailleurs je ne peux que remercier Paloma d'avoir exhausser ce souhait pour moi, bien que j'aurais aussi bien aimé le faire moi-même, mais bref. Il est vrai que maintenant qu'il le dit, je n'avais pas pensé au côté pratique de sa présence, et il me rappelle qu'en effet, j'ai beau être souple, je suis incapable de m'occuper de protéger mon dos sans la moindre aide. Je pince les lèvres avant de me mordiller celle du bas, l'air indécis quant à ce que je devrais faire ou pas. Il joue les types résignés, là, en disant que c'est tant pis pour moi si le soleil me brûle la peau. « Bon, allez, je suis désolée. » Pas vraiment, mais il vaut mieux qu'il le croit si je veux qu'il consente à changer d'avis. Mais oui, c'est vrai qu'il me fait un peu de peine, là tout de suite assis sur le sable, et même en général, parce que depuis que sa petite combine a été dévoilée aux yeux de tous, de toutes surtout, il ne risque pas de se faire grand chose, à moins que certaines candidates aient envie d'alimenter ce genre de conneries. « Tu peux venir m'aider ? » Hm, dans ma tête, ça sonnait plus comme une autorisation qu'une question, mais c'est peut-être mieux comme ça. « S'il te plait ? » Toujours être polie, et battre des cils, ça marche bien, la plupart du temps. Mais je n'ai pas été très gentille avec lui, alors je comprendrais qu'il refuse, ce serait bien fait pour moi. « Mais rien que le dos, hein, on est bien d'accord ? » Je précise, comme ça je suis sûre d'avoir anéantis tous ses maigres espoirs, et surement mes chances qu'il accepte de m'aider, mais ce n'est qu'une simple mesure de précaution, au cas où il déciderait d'aller un peu trop loin. Le pauvre, il risquerait de pas comprendre pourquoi j'aurais envie de lui arracher la main sinon.

Je fais la fille désolée, surtout pour lui avoir demandé de me laisser tranquille alors qu'il arrivait à peine avec son petit air innocent qui cache si bien ses mauvaises intentions. Et puis peut-être aussi un peu pour ma petite vengeance de l'autre jour au musée, mais bon ça, il l'avait déjà plus mérité, hm. Il dit que c'est très vexant. Je me retiens de lui répliquer que c'est aussi assez vexant d'être vu comme une fille facile et de valoir moins de points qu'une autre fille, mais je préfère me taire et me contenter de sourire avant de lui demander s'il peut venir m'aider. Si je lui renvoyais quoi que ce soit à la tronche maintenant, je pourrais définitivement dire adieu à son aide et bonjour au coup de soleil que je me prendrais dans le dos à peine quelques instants après m'être exposée. C'est que ma peau n'est pas vraiment habituée au bain de soleil, je "vis" principalement la nuit et je dors le jour, autant dire que ce n'est pas la lune qui va me dorer la peau, hm. Il finit par accepter de me passer de la crème là où mes mains ne peuvent pas aller, parce que je ne suis pas forcément souple partout de la même façon et je ne suis pas certaine de pouvoir atteindre certaines zones, alors que lui le peut facilement, et je suis sûr qu'il en est ravi. Il finit par s'approcher de moi pour aller se placer juste derrière et je trouve important de préciser qu'on ne parle que du dos, évidement. Je souris quand il me fait remarquer qu'après avoir essayé de le dégager de la plage, je le prends pour un pervers. Je hausse les épaules l'air de dire "bah oui, on se demande bien pourquoi ?" pendant qu'il étale la crème entre ses mains, j'imagine. Puis il vient les plaquer sur ma peau sans que ça ne me fasse ni chaud ni froid. Il me demande si je me rends compte que j'en suis presque désobligeante. « Oh oui, je sais, je suis vraiment trop mauvaise avec toi, alors que t'es si gentil. » Oh bah oui, c'est un petit ange, Isaac, c'est pas comme s'il avait failli faire de la prison ou je ne sais trop quoi. Non mais c'est moi la méchante de l'histoire, évidement, vu comme je le traite, le pauvre.

Spoiler: