Ça fait déjà plusieurs minutes que je me trémousse dans l’eau. Je nage et je re-nage et je nage encore. Je suis un vrai poisson dans l’eau. J’adore ça, nager. Et puis ça change de mes exercices physiques habituels. Ça me fait les muscles un peu. Bon, c’est pas vraiment flagrant vu que mes pectoraux et mes biceps sont déjà bien développés. Mais disons que je le sais donc ça motive. Bref, je suis pommé dans mes pensées avec mon espèce de bouée quand j’aperçois quelqu’un au loin. Je décide de cacher le plastique entre mes jambes et de me faire petit en laissant juste dépasser mes yeux de l’eau. Des yeux qui repèrent au loin un super marin que je ne connais que trop bien. Il me vient une nouvelle idée de génie et je décide de l’exécuter, comme toujours. Je me laisse donc un peu plus couler puis je reviens à la surface, puis je recoule tout en agitant les bras. Je fais semblant de me noyer en sommes. Et puis je prends une grande aspiration puis je parle à toute allure d’un air paniqué en laissant entrevoir vite fait la bête. « Louuuu, viens m’aider, viiite, y’a un requin ! » On pari combien qu’il va me laisser crever et qu’il va s’enfuir en courant dans les minutes qui suivent ? Tsss. En même temps, j’aurai peut-être dû omettre de lui préciser que je me trouve face à un requin. Bon et si c’était réellement vrai aussi, je crierai pas comme ça. Je pense que je crierai pas du tout même. Je serai déjà mort déchiqueté en mille morceaux. En attendant, je me laisse définitivement couler en retenant ma respiration et je fais juste dépasser exprès l’aileron. C’est qu’on croirait vraiment à un vrai animal. Sauf que non. C’est un requin en plastoc’ que j’ai trouvé la dernière fois dans la cabane du pécheur. Il est trop cool ! Mais du coup, j’attends que Lou se bouge. Enfin s’il se bouge.

Il était temps de faire bronzette au soleil. Même s’il fallait dire que j’avais déjà beaucoup bronzé depuis mon arrivée ici. J’étais déjà bronzé de base, vu que ces derniers temps j’habitais en Thaïlande, alors forcément, ça aidait aussi. Enfin bon, ce n’était pas important. Alors que je me rendais sur la plage, vêtu seulement d’un maillot, je suis arrêté dans ma marche face au cri d’un candidat. Sacha. Je reconnaitrais sa voix entre mille, vu que j’avais l’habitude de beaucoup le fréquenter ces derniers temps. Il agite les bras, fait tout un cinéma, mais je sais qu’il ment dès qu’il parle de requin. Je sais qu’il n’y a pas de requin ici, et puis il m’avait fait le même coup sur le barque. Les pieds dans le sable, je l’observe un instant faire son petit cinéma, un sourire amusé aux lèvres, me demandant s’il croyait vraiment que je croirais à ses balivernes. Et puis j’étais certain qu’il avait pied là où il était, le chenapan. Et puis lorsqu'il laisse le requin en plastique à la surface, c’est sûrement le pompom. Le pauvre petit Sacha, il était en danger avec quelque chose comme ça, c’était évident. Hm. Je finis par plonger dans l’eau après quelques secondes pour arriver à son niveau, mettant la tête dans l’eau pour voir ce qu’il trafiquait. Je pose mes mains de part et d’autre de sa taille afin de le pousser jusqu’à la surface de l’eau avec moi. Je pose alors mon regard bleu dans le sien, arquant un sourcil, avec un petit sourire en coin. «  Dis donc, il m’a l’air drôlement dangereux, ton requin » je dis alors que mon regard se pose sur le jouet en plastique. Mes mains sont toujours sur sa taille, et je secoue doucement la tête comme pour montrer à quel point il était mauvais acteur, sans pour autant cesser de sourire.

Même s’il semble avoir compris mon manège, Lou bouge et se décide à me rejoindre. Il se mouille pour moi, c’est cool ça. En même temps, c’est pas plus mal. A force de faire semblant de me noyer et de crier au requin, un malheur pourrait vraiment m’arriver. On sait jamais. Tête et corps complétement submergé sous l’eau, je sens rapidement les mains du candidat contre ma peau. Il me ramène à la surface. C’est qu’il semble tenir à moi mine de rien. Sinon, il aurait pu me laisser. Je l’obligeais à rien. En attendant, mon regard se confronte au sien alors qu’un sourire contagieux arrive sur mon visage. « C’était un  gentil requin. » Que je finis par confesser bêtement tandis que mes jambes s’entremêlent aux siennes. Je ne peux m’empêcher constamment d’entrer en contact avec sa peau. C’est physique. Il est comme un aimant pour moi. « Je m’attendais quand même à un bouche-à-bouche. » Mon regard se baisse tandis que j’affiche une moue pas très satisfait. Est-ce qu’il va oser au contraire me faire languir ? Telle est la question. En attendant, j’ai besoin de lui dire certaines choses. Mais je sais pas comment m’y prendre ni par où commencer. Disons que je suis pas hyper doué quand je parle de choses sérieuses.  « Ça t’as dérangé que je t’embrasse en public la semaine dernière ? » Je me lance finalement après une longue hésitation. Je sais pas trop comment il va réagir ni ce qu’il va me répondre. J’avoue que je suis un pommé et que j'ai besoin qu'on m'éclaire.