+ tilda

J’avais beau être malade ces derniers jours et un peu coupé des autres dans le nid, je n’avais pourtant pas pu rater le fait que j’avais été nominé d’office grâce à ma chère et tendre partenaire. La nouvelle la plus enchantante que j’avais pu avoir, cela va de soi, hm. Mais j’avais également compris que nous étions le meilleur binôme encore en jeu. Peut-être plus pour longtemps, justement. À croire que Cupidon voulait nous punir d’être le meilleur binôme présent dans le nid. Mais qu’importe le fait que je n’étais pas le plus heureux des candidats à la nouvelle de ma nomination, ça ne m’avait pas empêché d’aller chercher deux flûtes de champagne dans la cuisine pour les remplir de jus de pomme. Oui oui, du jus de pomme, et non du champagne. Bref, une fois les deux coupes de champagne à la main, je me dirige vers la plage, là où je sais que je pourrais trouver ma partenaire. Je n’ai pas mon maillot de bain sur moi, mais ce n’est pas bien grave. Ça ne me tuerait pas de rester habiller pour une fois, hein. Une fois à son niveau, je m’assois à côté d’elle et lui tends un des verres. «  Allez tu peux avouer maintenant, tu ne supportes pas la pression. C’est trop dur pour toi qu’on soit élu le meilleur binôme alors tu as fait exprès de me nominer d’office. » je lui lance le plus normalement du monde, très sérieusement, avant de lui sourire. «  À nous quand même. » je dis en levant mon verre afin de pouvoir trinquer avec Tilda.

Malgré ma nomination, je tiens à fêter notre award. L’award que nous avions gagné. À croire que nous avions prédit l’avenir dès le premier prime, lorsque nous avions trinqué au meilleur couple de l’aventure - c’est à dire nous. Et nos dire venaient se confirmer au prime dernier. Non, vraiment, je ne remercierai jamais assez la production de m’avoir mis Tilda comme partenaire. Je ne me serais pas imaginé partager l’aventure avec un autre candidat. Bon, bien évidemment il y avait quelques accroc… Comme sa grossesse, hm. Et même si ça me chamboulait toujours autant, j’avais appris à intérioriser tout ce que je ressentais. Je faisais des efforts inimaginables pour agir normalement même si je n’arrêtais pas de penser à ma propre fille et tout ce qui avait pu se passer. Mais qu’importe. Il ne fallait pas que je pense à ça. Il ne fallait plus. Autant trinquer avec Tilda pour, peut-être, ma dernière semaine ici. Je lui offre alors une coupe de jus de pomme. Ce n’est franchement pas ma boisson préférée, mais je ne voulais pas me mettre à boire du champagne devant elle non plus, je n’étais pas certain qu’elle apprécie, et ce n’était pas très respectueux non plus. Je trinque avec elle et ne peut pas m’empêcher de grimacer en prenant la première gorgée. Non, effectivement, je n’aimais vraiment pas le jus de pomme. Je finis par rire de bon coeur aux paroles de ma belle partenaire. «  Quand je ne porte pas de vêtements, on se plaint, quand j’en porte, on se plaint… Qu’est-ce qu’il faut que je fasse, moi ? » Je demande, faussement exaspéré, avant de rajouter : «  En tout cas tu pourras pleurer si je pars, parce que ça sera de ta faute. » Je dis dans un sourire, sans une seconde chercher à la rassurer. Bien évidemment je ne lui en voulais pas, et elle devait bien le savoir, je ne faisais que la taquiner. Je pose mon regard bleu dans le sien, sans pour autant cesser de sourire, préférant vider mon verre dans le sable. Le jus de pomme, ce n’était pas fait pour moi. Je préférais le whisky à partager avec Andreja, hm. Et lorsque Tilda demande un câlin, j’avoue que j’hésite un millième de seconde. Par peur de la toucher, de lui faire du mal. Mais je ne réfléchis pas plus longtemps et je prends Tilda dans mes bras pour la serrer contre moi. Bon, bien évidemment mon étreinte n’est pas trop forte, j’ai trop peur de la briser en deux. J’ai tout simplement l’impression qu’elle est une petite chose fragile dans mes bras, et je veux prendre soin d’elle. Ça paraît normal, n’est-ce pas ? Je dépose un baiser sur son épaule, et un autre dans son cou. «  Tu n’as pas le droit de pleurer si je pars, sérieusement. » Je lui souffle alors d'un ton à moitié autoritaire. Hors de question, ça me briserait le coeur.

Les éliminations sont de plus en plus serrées, et je me dis que j’ai autant de chance de partir que de rester. Après tout, la côte de popularité m’avait bien fait comprendre que certaines personnes ne m’appréciaient pas vraiment au sein du jeu, et ce depuis le début. Très probablement à cause des premières nominations que j’avais dû faire, grâce au cher cadeau empoisonné de la roulette russe. Et là encore, ma nomination était le fruit de la roulette russe. C’était ce qu’on appelait plus communément la poisse. Poisse que nous avions tous les deux, Tilda et moi, puisque nous avions tous les deux eu droit au plein pouvoir, ainsi que le dépouillement de notre cagnotte. C’était bien pour ça que, pour une fois que nous avions une récompense, je voulais fêter ça avec elle. Ça paraissait normal, n’est-ce pas ? Mais bien sûr, pas de champagne, puisque mademoiselle avait un petit mioche à l’intérieur d’elle. Et que sans vraiment savoir pourquoi, je voulais la protéger elle, ainsi que le bébé. Alors je me ramène avec du jus de pomme. Jus de pomme franchement dégueulasse, il n’y a pas à dire. Si bien que je grimace. C’est franchement dégueulasse, je préfère la vodka, ou même le champagne, au pire. J’espérais qu’elle se rendait compte que je faisais tout ça pour elle, tout de même. Je ris finalement à ses paroles quant au fait que tout le monde se plaignait tout le temps, que j’ai des fringues sur le dos ou non. Il faut savoir jauger, apparemment. Je ne suis pas sûr de savoir faire ça, moi. «  Et je suppose qu’il faut que je me désappe à chaque fois que tu es dans les parages, c’est ça ? » je demande avec un sourire malicieux. Parce que bon, il était vrai qu’elle ne s’était jamais plains parce que j’étais trop désapé. Encore heureux. Il manquerait plus que ça, qu’elle me demande de m’habiller quand j’étais avec elle. Enfin bon. J’hésite un court, très court instant lorsqu’elle me demande un câlin. Tout simplement parce que Tilda était comme une chose fragile que j’avais peur de casser à mes yeux. Mais je la prends tout de même dans mes bras, avec douceur, la collant à moi. Je fais attention, peut-être un peu trop, et sur le coup je me demande qui prendra soin d’elle si je venais à partir ce dimanche. Je ferai passer le mot à Andreja, je le menacerai s’il le faut pour qu’il la protège, même si j’étais quasiment certain qu’il le ferait tout naturellement sans que j’ai à lui dire quoi que ce soit. Et je ne peux pas m’empêcher de froncer les sourcils et de secouer la tête à ses paroles, une de mes mains passant dans son dos pour la frictionner légèrement. «  Non, ça va pas. » Je lui souffle alors que je la serre un peu plus contre moi sans pour autant la serrer trop fort. Je crois que je ne supporterai pas de la voir pleurer, surtout à cause de moi. Tilda finit par se reculer et je la regarde un instant alors qu’elle essuie une larme qui avait coulé sur sa joue. Franchement, je n’aime pas la voir comme ça. «  Ça va, tu peux le dire que tu seras perdu sans moi, pas la peine de te chercher des excuses. » J’essaye de blaguer, même si je sais très bien que c’est à cause de ses hormones tout ça. Du moins, je le suppose. Je serre ses mains dans les miennes en lui souriant, comme pour la rassurer, même si je n’étais certain de rien. «  J’espère. » je lui souffle alors que je lâche une de ses mains pour l’approcher de son visage et mettre une de ses mèches de cheveux derrière son oreille, sans cesser de la regarder. «  De toute manière tu t’en sortiras très bien sans moi, j’en suis sûr. » Je lui confie dans un petit sourire. «  Mais bon, le seul problème c’est que tu ne pourras plus me reluquer, pauvre de toi. » Je préfère en rigoler plutôt que d’être trop sérieux. Je n’avais pas besoin de faire mes adieux, pas maintenant, surtout que mon sort n’était pas encore fixé. Peut-être que j’allais resté, qui sait.

J’étais certes venu dans l’optique de gagner ce jeu, mais j’avais compris que ça ne serait certainement pas le cas. Et même si j’avais envie de rester, je ne pouvais pas m’empêcher de me dire que ça serait mieux si j’étais éliminé ce dimanche. Tilda n’aurait pas à me voir dans cet état à cause de sa grossesse et je ne risquerai pas de lui faire du mal, Sacha pourrait passer facilement à autre chose… Mais j’étais un homme égoïste, et j’avais envie de rester encore quelque temps dans l’aventure. Je ne m’étais pas encore lassé de l’endroit, et encore moins des gens. Mais bon, mon sort était entre les mains des téléspectateurs, et je ne pouvais rien faire à ça. Qu’importe. Tilda me demande encore une fois une histoire de marin, et bien que depuis le début je refusais de lui en raconter une, je décide de le faire cette fois-ci. Et sans savoir pourquoi, je lui raconte cette chose qui m’était arrivée, cette chose que je n’avais jamais raconté à personne. Si mes parents regardaient la télévision en cet instant, ils auraient sûrement une attaque et ne m’autoriseraient plus jamais à retourner en mer malgré mes vingt-huit ans. Enfin bon. Je ne sais même pas comment j’ai la force de tout lui raconter, sans bien évidemment rentrer dans les détails. Parce que je me souvenais de beaucoup plus de choses que ça, mais c’était assez dur à dire. Avouer avoir été en position de faiblesse et de désespoir ne me plaît nullement. Mais le pire, c’est de me souvenir de tout ce qui avait pu se passer sur ce bateau. Les cris, les coups, l’attente, la faim, la folie. Ça n’avait pas été facile, pour aucun d’entre nous. Et mon coeur s’emballe tout seul à tous ces souvenirs, et je regrette presque de lui avoir dit tout ça, surtout quand je la vois essuyer des larmes. Je ne fais pourtant aucun commentaire, me contentant de regarder devant moi la mer si calme. Y avait-il quelque chose à rajouter à tout ça, de toute manière ? Pas vraiment. «  Il n’y a rien de courageux à ça. » Je n’avais rien fait, j’avais été incapable de faire quoi que ce soit. Nous étions tous inutile là-dedans. Et c’était sûrement ça le pire, ne pas avoir le pouvoir de faire quelque chose pour remédier à tout ça. C’était quelque chose que nous avions subi sans pouvoir rien y faire. Je me force un peu à lui sourire alors qu’elle dépose un baiser sur ma joue. Et il faut avouer que je ne mets pas très longtemps à répondre à sa question, tout simplement parce que j’y avais déjà réfléchis avant. «  Je vais passer une ou deux semaines en Nouvelle-Zélande, parce que ça fait longtemps que je n’y suis pas allée… Puis je dois retourner en Thaïlande régler quelques petits trucs. Mais je ne pense pas continuer à vivre là-bas. Je veux allé en Amérique du Sud. Peut-être le Costa Rica. Ou le Pérou, je ne sais pas encore. » Je lui confie, souriant déjà plus à l’idée de voyager, encore. C’était vraiment ce qui me rendait heureux, et ça se voyait. Et puis Tilda me pose une question à laquelle je ne m’attendais pas trop, ce qui me fait irrémédiablement penser à la discussion que j’ai eu ce matin même avec Sacha. La réponse est claire et précise. «  Non. » Et puis après tout nous en étions pas là. Nous nous connaissions que depuis 5 semaines, il n’était pas question de vivre ensemble, ni rien du tout. J’étais attiré par lui et attaché à sa personne, mais ça ne voulait pas dire encore que j’étais amoureux. «  J’ai l’air d’être ce genre d’homme ? » Je demande en posant enfin mon regard sur elle, secouant par la même occasion la tête pour lui montrer que la réponse était non. Est-ce que j’avais l’air de cette personne qui s’engageait rapidement ? Je ne m’emballais pas aussi vite. «  Je pense que je ne laisserai jamais personne me suivre dans tout ça. » Je lui confie alors. Je ne ferai jamais subir ça à quelqu’un, c’était hors de question. J’avais beau être égoïste, je ne ferai pas ça. «  Il paraît que les péruviennes sont des bombes sexuelles. » Je rajoute alors, avec un sourire entendu. De toute manière c’était toujours comme ça que ça marchait avec moi. Dans chaque pays, chaque endroit où j’allais, je vivais une ou plusieurs relations, et même si ça devenait sérieux, je ne pouvais pas m’empêcher de partir. Et ça recommençait. C’était un cercle vicieux.