+ elsa

C’est encore une mauvaise semaine. À croire que je les enchaîne. Rien ne va. Je suis las de tout, et je commence à avoir envie de partir d’ici. C’est peut-être seulement une passe, mais je n’y peux rien, j’y pense. Peut-être parce que j’ai l’habitude de fuir. Chassez le naturel et il revient au galop, comme on disait si bien. C’était tellement plus facile de fuir, ça permettait d’oublier, de nier, et de passer plus rapidement et facilement à autre chose. Mais avais-je réellement envie de fuir, encore une fois ? «  Elsa » je dis alors que mon regard se lève vers la candidate qui fait son entrée dans ma chambre, alors que j’étais assis sur mon lit à ne rien faire. J’étais juste une sorte de larve des temps modernes. Elle s’approche, et je tente de lui sourire, même si ça ne donne pas quelque chose de très jojo. «  J’espère que tu vas rester dimanche. » je lui confie alors en plongeant mon regard dans le sien.

Je me balade un peu plus d'une chambre à l'autre cette semaine. J'évitais de le faire par le passé, craignant que mes visites dérangent les candidats logeant réellement à cet endroit. Puis, je me suis rendue compte que cette idée est assez ridicule, personne ne m'en voudra si je traverse une chambre qui n'est pas la mienne. C'est exactement ce que je compte faire en ce moment, il n'y a pas vraiment de but à cela et aucune raison valable. Je ne peux expliquer comment j'en suis venue à entrer dans la chambre orientale mais je ne suis pas mécontente lorsque j'aperçois Lou dans celle-ci. Il est assis sur son lit et tandis que mon prénom s'échappe de ses lèvres, je prends l'initiative de me rapprocher un peu de lui. «J'aimerais rester aussi.» C'est sincère et c'est réellement ce que je veux. On pourrait croire qu'après plus d'un mois je meurs d'envie de rentrer chez moi mais ça n'est pas le cas... Je n'ai pas encore mon but, je n'ai pas encore empocher de l'argent et ça me peinerait vraiment de repartir les mains vides. Ce n'est que matériel bien entendu ... Mais j'y tiens malgré tout. C'est pour ma fille que je le fais. Rien que pour elle parce qu'elle mérite d'avoir une vie meilleure. Mais pour le moment, je n'ai pas ces préoccupations-là. Lou me préoccupe bien plus. «Qu'est-ce que tu as Lou ?»m'exprimais-je tout en prenant place à ses côtés sur ce lit. Ma main se dépose sur son genoux, signe que je le soutiens et que je suis à sa disposition si il le souhaite. Je ne vais pas le juger... Non. Je suis prête à l'écouter. «Fais-moi un câlin» J'ai parfois l'impression que cela peut résoudre pas mal de chose. Je n'ai pas grand chose à lui offrir mais je lui donne volontiers mes deux petits bras.

J’apprécie beaucoup Elsa, et ça me chagrinerait franchement qu’elle quitte l’aventure cette semaine. Je crois que ça serait le coup de massue de trop pour moi, déjà que j’avais du mal à supporter ces derniers évènements. Et je détestais me montrer sous ce jour là. Me montrer en tant qu’homme faible. J’étais censé être fort. J’avais toujours été fort. Mais cette aventure m’affaiblissait. Je n’étais plus sûr de pouvoir continuer sur cette voie là. Je la regarde prendre place à mes cotés et je soupire, un peu désespéré, à sa question. Il y avait tellement de choses, et rien en même temps. C’était complexe. Tout était beaucoup trop complexe. «  C’est compliqué » C’est tout ce que je trouve à dire, même si je sais qu’elle en attend sûrement plus. Pourtant, je ne suis pas sûr d’être capable de lui expliquer. Je n’ai même plus la force pour ça, pour dire à voix haute tout ce qui se passait dans ma tête. Et lorsqu’elle me demande de lui faire un câlin, je ne me fais pas prier. Je m’approche d’elle pour entourer mes bras musclés autour de sa taille et la serrer contre moi. J’enfouis ma tête dans son cou, silencieux pendant un long moment, me contentant de profiter de ce signe bancal d’affection. «  Il faut vraiment que tu te mettes à manger » Je ne peux pas m’empêcher de lui dire, en déposant un baiser sur as joue. «  Je pourrai te casser en deux rien qu’en te serrant dans mes bras. » Je fais remarquer en tentant de sourire un peu. La légèreté c’était toujours mieux.

Cela fait deux semaines que le nid est hanté par une drôle d'atmosphère. J'ai l'impression que tout le monde est un peu morose, tout le monde est un peu triste en ce moment. L'effet de groupe amplifie tout cela j'ai l'impression et tout le monde se laisse un peu couler... Lou ne fait pas exception mais je ne peux pas lui lancer la pierre, je ne suis guère mieux. Bien que je cherche à comprendre ce qui le chagrine un peu, je ne lui en veux pas lorsqu'il préfère garder le silence...Ou se contenter d'un simple "c'est compliqué". Je ne lui en tiens pas rigueur et préfère même que l'on parle d'autre chose, qu'on zappe le moment déprime et que l'on passe à des choses plus rigolotes ou plus sympathiques. Cela commence par un câlin que je lui réclame assez naturellement. Le silence s'empare alors de la pièce, de nous et je sens sa tête se poser dans mon cou. Du bout des doigts, je caresse sa nuque, je glisse mes doigts fins dans ses cheveux à plusieurs reprises, juste pour l'apaiser. Et le silence se rompt quelques minutes plus tard lorsque ce dernier me taquine sur mon poids et ma silhouette très fine et plutôt fragile. «Tu devrais me faire à manger.» que je lui suggère alors, laissant un léger sourire apparaître sur mon visage. «Mais je veux que tu mettes les petits plats dans les grands, je te préviens !» ça c'est pas tellement vrai... Il pourrait très bien se contenter d'un spaghetti que ça m'irait très bien. Je plaque un bisou sur sa joue et garde mes bras (bien plus fins que les siens) enroulés autour de lui. J'aime la proximité, j'aime le contact et je ne m'en suis jamais cachée. «Je t'aime beaucoup Lou tu sais ! Fais attention à toi. » C'est important de prendre soin de soi et je tiens à ce que Lou se préserve si il pense que c'est nécessaire.