Qu'est-ce qu'il fait là demanderez-vous ? Qu'est-ce que Ghika fout dans le dressing alors que tout le monde est en train de passer un bon moment dans le jardin ou dans la piscine ? C'est presque ridicule comme scène, lui vidant une partie de son armoire, une partie pleine de fringues qu'il n'aurait jamais mis s'il n'avait pas décidé de jouer un rôle. Il ne s'attendait pas à ce que les gens comprennent sa démarche, du moins pas sans demander... de toute façon il ne peut pas en parler librement, pas pour l'instant, pas tant qu'il a l'obligation de protéger son secret. Ghika il doit penser à tout, parce qu'il l'a ne sait pas faire autrement, parce que c'est ce qu'il a toujours fait, et dans Fake Lover il doit surveiller ce qu'il dit, distiller les informations avec intelligence. Il a joué un rôle pour des raisons personnelles et qui, n'en déplaise à toutes les personnes qui trouveront sa démarche idiote, offensante pour la communauté lgbt ou dieu sait quelle autre connerie il pourra entendre. Ghika a fait ça pour les bonnes raisons. Une jupe, la deuxième qu'il a porté, lui échappe des mains. « Tu veux rester ? » demande-t-il au bout de tissus comme s'il pouvait lui répondre avant d'ajouter, toujours comme si le coton avait une âme. « Mais désolé, c'est fini entre nous... » lâche-t-il en balançant le morceau de maille dans le sac que la production lui a gentiment fourni. Alors qu'il va pour se retourner il aperçoit Alistair de l'autre côté du grand dressing. « Si tu veux une robe ou une jupe je dois en avoir une qui t'ira. » lance Ghika avec un sourire.

Alistair n’a pas jugé utile de défaire sa valise après le prime. Il ne va pas juger utile de la défaire tout court, en fait, puisqu’il est à nouveau sur le banc des nominés. Ce serait stupide de tout remettre en ordre dans le rangement qui lui est attribué pour devoir refaire toute la marche à suivre en début de week-end. Alors hier soir, il s’est contenté de placer sa valise telle quelle dans le dressing. Et quand il a besoin d’aller y piocher des vêtements, comme aujourd’hui, il ne défait pas toutes ses affaires pour autant, piochant simplement au hasard dans la valise. On ne peut pas dire qu’il fasse vraiment attention à son image en dehors des primes, et de toute façon ses vêtements sont tous plus ou moins similaires, des pantalons noirs, des t-shirts de la même couleur et des chemises. Alors quoi qu’il pioche, ça lui convient. Il entre dans le dressing, ne pensant pas s’y éterniser donc, mais il est interrompu par Ghika qui parle tout seul. Ou plutôt à ses vêtements. Il n’en faut pas plus pour qu’Alistair reste immobile en l’observant légèrement sceptique. Bon, chacun est libre d’avoir un rapport privilégié avec ses fringues, après tout. Enfin… On ne peut pas vraiment dire cela puisqu’il s’agit plus de faire le tri, en l’occurrence, jetant robes et jupes qui ne lui servent plus. Ghika, après avoir aperçu sa présence, n’hésite d’ailleurs pas à lui proposer de profiter de ces vêtements avant qu’ils ne disparaissent. « J’espère que ta proposition n’est pas sérieuse. » Il espère qu’elle ne l’est pas, en tout cas, et que Ghika n’a pas pu penser sérieusement, l’espace d’une seconde, qu’Alistair répondrait par l’affirmative. « Tu penses vraiment que j’ai une tête à me déguiser ? » Déguiser, oui, car il s’agit bien cela, d’autant plus maintenant qu’il est de notoriété public que Ghika a joué un rôle pendant plusieurs semaines. « J’imagine que tu te sens mieux, maintenant que tu es libéré d’un poids. » Et par poids, il entend ce fameux rôle que Ghika a joué, prétextant être un homosexuel bien cliché pour protéger son secret. Il ne l’avait pas vu venir, à vrai dire et il ne sait pas vraiment qu’en penser. Venant de quelqu’un qui n’hésitait pas à faire des réflexions sur le manque de tolérance des autres, Alistair a tout de même tendance à penser que Ghika n’a finalement pas été beaucoup mieux. Mais soit, il s’en fiche un peu, il n’est pas particulièrement proche du candidat et il ne voit pas cette révélation comme une trahison. Non, lui s’intéresse plus au fait que Ghika est désormais libéré d’un poids, sentiment qu’Alistair aimerait également connaître, même si les choses ne sont pas vraiment comparables.

Ghika sourit quand Alistair prend au premier degré sa proposition. Par moment il a l'impression que les gens le pensent stupide, et il n'y a rien qu'il déteste plus que ça. Dans la vie Ghika n'a pas toujours eu la meilleure main à jouer, mais son cerveau ? Il ne lui a jamais fait défaut. C'est peut-être même le seul allié fiable qu'il ait eu. Alors non, Ghika n'est pas sérieux quand il connaît parfaitement la réponse à une question délibérément biaisée. « Détends-toi, je plaisantais. » lâche-t-il en retournant à son tri. Il ferme un premier sac. Les stylistes de l'émission se sont laissés aller. Il se retrouve avec plus de jupes que Jessica et Paloma réunies. Toutes plus infâmes les unes que les autres. Les deux qu'il a porté étaient franchement les moins laides. Il ne regrette pas, Ghika il tend à ne jamais regretter. C'est simple, il fait ce qu'il a à faire et il fait en sorte de gérer les conséquences en ayant connaissances des raisons qui l'ont poussé à agir et en étant convaincu que sa logique est non seulement fondée mais aussi éthiquement propre. « Tu refuses de te déguiser pour Halloween alors non je ne pense pas que tu aies une tête à te déguiser. Même si je n'appellerai pas porter une jupe ou une robe se déguiser. Ce n'est pas parce que je me suis fait passer pour une personne à la sexualité différente de la mienne que ce que j'ai fait est une blague. » Parce qu'au fond c'est ce qu'ils croient tous non ? Qu'il leur a fait une blague, qu'il s'est foutu de leur gueule. Oh, ne vous détrompez pas, Ghika ne dira pas que ce n'était pas drôle de voir que les gens sont tous tombés dans le panneau sans poser la moindre question. Il se l'était promis. Si quelqu'un lui demandait directement si oui ou non il était gay, il aurait été honnête. Personne ne l'a fait, ils peuvent s'en mordre les doigts s'ils le souhaitent ou embrasser la vérité. Ghika n'est pour rien dans leur incompétence à voir la vérité. « J'ai rempli l'une des tâches que je m'étais fixées, alors en un sens oui on peut dire que je suis libéré d'un poids. » répond-il toujours pragmatique mais maintenant assis pour plier les vêtements afin qu'ils prennent moins de place dans le sac. Il ne pensait pas que les réactions seraient toutes positives, il espérait que certains le féliciteraient d'avoir bien jouer, pour l'instant il a surtout l'impression d'être jugé. Plus que lorsqu'il était officiellement gay, ce qui est très intéressant sur un plan moral. « Je m'attends pas à ce que vous compreniez la démarche, ça sera peut-être plus clair le jour où je pourrais parler de mon secret. En attendant, si certains veulent me trouver insultant ou je ne sais quoi d'autre, je les invite à venir me le dire en face et je me ferai un plaisir de leur expliquer les tenants et les aboutissants d'un protocole qui a été mûrement réfléchi, tout en évitant d'en dire trop sur mon secret. » dit-il la tête dans les morceaux de tissus. C'est pas comme s'il avait quelque chose à cacher au sujet de sa sexualité. Il n'a jamais menti sur ça. En sept semaines il n'a jamais dit qu'il était gay, voilà la vérité. Il n'a pas menti, il n'a pas dit la vérité certes, mais il n'a pas menti, il n'a fait que répondre aux questions qu'on lui posait. « Pour être tout à fait honnête je pense que ceux qui vont venir me demander des comptes ont plus le sentiment d'être passés pour des cons parce que j'ai joué mon rôle correctement que parce qu'ils trouvent ce que j'ai fait inapproprié. Mais bon, chacun voit midi à sa porte il paraît. » conclut-il en tentant de ne pas se mettre à rire. La situation est cocasse, voilà qu'il va s'excuser d'être hétérosexuel et d'avoir joué mieux que certains ? Devinez quoi ! Ghika ne s'excusera pas.

Quand Ghika lui propose de piocher dans la pile de vêtements qu’il s’apprête à jeter, Alistair ne peut s’empêcher de répliquer qu’il espère que sa proposition n’est pas sérieuse. L’humour, ça passe moyen avec Alistair, ça passe dans ses bons jours, mais manque de bol, il n’est pas vraiment dans un état d’esprit favorable pour cela aujourd’hui. « Je ne suis pas d’humeur à plaisanter. » Il avoue, d’ailleurs, quand Ghika lui dit qu’il plaisantait. Il s’en doutait, certes, mais il n’avait aucune intention d’entrer dans son jeu. Il ajoute également par la suite qu’il n’a pas vraiment une tête à se déguiser, il l’a prouvé lors d’Halloween, effectivement, mais la suite des propos de Ghika provoque un grincement de dents à Alistair et ce dernier fronce les sourcils. « Ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit. » Il déclare, légèrement agacé. À l’écouter, Alistair passe pour un monstre d’intolérance qui s’attaque de façon personnelle à ce que Ghika a pu faire pendant plusieurs semaines. Or, il n’a jamais dit qu’il pensait que ce qu’il a fait relève de la blague. Il ne comprend pas pourquoi le jeune homme s’excite de la sorte, ça le dépasse. « Je pars du principe que si ça ne ressemble pas à ta personnalité, c’est un déguisement. » Il dit cela autant pour lui que pour Ghika. Et ses propos ne se restreignent pas aux vêtements, c’est valable pour un tas d’autres choses. Jusqu’ici, il n’avait rien contre Ghika, mais la façon dont celui-ci vient de lui répondre le fait sincèrement douter quant au véritable caractère du candidat. Et si Alistair se montre plutôt calme et met un point d’honneur à ne pas montrer ses émotions, ce n’est pas pour autant qu’il est une coquille vide. Et à ce moment précis, c’est l’agacement qui triomphe sur le reste. Par la suite, Alistair tente tout de même de faire une réflexion plutôt … gentille, du moins venant de lui, sur le fait que Ghika est libéré d’un poids et que cela ne doit pas être désagréable. Le candidat approuve ses dires, mais Alistair ne répond rien. Disons qu’il n’est plus si motivé que cela à faire la conversation, il n’est pas dans ses bons jours et Ghika ne fait rien pour aider. Ce dernier se lance ensuite dans un discours expliquant qu’il ne s’attend pas à ce que les autres comprennent sa démarche et qui si certains ont des réflexions à lui faire, ils n’ont qu’à lui les faire en face. Bien. Mais Alistair s’en fiche un peu, lui n’ayant pas vraiment de réactions quant à cette tromperie. « Ne me dis pas ça à moi, je m’en fous de ce que tu as fait. » Enfin, pas totalement, il a tout de même un avis sur la question qu’il ne va pas tarder à exposer à son camarade, mais il n’empêche pas que ça lui fait ni chaud ni froid, au final. « Ou du moins, je suis d’avis que tu n’es pas plus tolérant que certains à qui tu reprochais cela, mais ça ne me touche pas plus que ça. » Et là, peut-être que Ghika ne sera pas d’accord avec lui, il suffit qu’il ait une approche de la tolérance différente. Dans quel cas, il s’expliquera si c’est nécessaire, bien qu’il pense ne pas devoir se justifier d’avoir malgré tout un avis sur ce qu’a pu faire Ghika. Surtout que la réaction d’Alistair est sûrement l’une des plus neutre que le candidat risque de rencontrer. « Et je suis la dernière personne qui pourrait te juger pour avoir menti. » Son détecteur de mensonges n’a-t-il pas déclaré qu’il n’avait été honnête qu’à 50% ? Et en dehors de cette émission, n’est-il pas le premier à s’inventer une vie qui n’est pas la sienne dans le seul but de se faire accepter par les autres ? Alors oui, clairement, Alistair ne peut pas le juger sur ce point, lui-même étant passé spécialiste dans l’art de mentir aux autres, même si ici c’est avant tout son secret qui l’en oblige. Ghika conclut par le fait qu’il pense que ceux qui viendront lui demander des comptes seront les candidats qui auront eu le sentiment d’être passé pour des cons, plutôt que ceux qui sont outrés par son comportement. « Je ne pense pas que le problème soit le fait qu’ils n’aiment pas passer pour des cons. » Non, lui à une autre théorie sur la question, qu’il ne sait pas s’il est utile d’exposer ou non, vu que ça ne le concerne pas directement. Mais puisqu’il est lancé. « Je pense surtout que c’est le fait qu’ils aient pu s’attacher à quelqu’un qui, peut-être, n’existe pas vraiment. » Peut-être, parce qu’il ne sait pas si Ghika a été jusqu’à moduler son caractère pour rentrer dans ce petit jeu. Et Alistair, bien que pas très proche du candidat, a déjà pu remarquer qu’il devenait plus virulent dans ses paroles depuis quelques jours. Alors, s’il peut se permettre de donner son opinion, il ne pense pas que le fait d’être passé pour des cons soit le problème principal – bien que ce n’est pas agréable – c’est bien le fait de s’être attaché à ce Ghika-là, qui peut être le souci.

Alistair répond, sur un ton que Ghika a l'habitude d'entendre parce que c'est celui qu'il entend toujours lorsqu'il parle avec Alistair. C'est un ton assez neutre, limite froid, un ton qui n'appelle pas à la plaisanterie malgré tous les efforts que Ghika a pu fournir. Alors non, Ghika n'a pas cru qu'il était d'humeur à plaisanter, s'il l'avait été il aurait fait preuve de crédulité et Ghika est beaucoup de choses mais il n'est pas crédule. « L'es-tu seulement jamais ? D'humeur à plaisanter. » demande-t-il alors presque amusé, ne se départissant pas de son éternel sourire. C'est une vraie question dans le fond, parce que Ghika n'a jamais réellement vu Alistair être enclin à la déconnade, il l'a vu sourire, rarement mais quand même, mais il ne l'a jamais vu être drôle, chercher à faire rire. Alors il demande, parce qu'il est curieux, parce qu'il veut comprendre ce personnage si particulier qu'est Alistair, parce que c'est peut-être la personne dans cette aventure sur laquelle Ghika a le moins d'informations et que les informations sont la raison pour laquelle il est venu dans Fake Lover. « Je te propose une jupe, tu parles de déguisement, tu l'as dit pas moi. » rétorque-t-il quand Alistair manifeste un léger agacement. Ghika maîtrise le sujet, il maîtrise les discussions, parce qu'il a de l'expérience, parce qu'il est entraîné. C'est comme ça qu'il vit, comme ça qu'il en est arrivé là où il est aujourd'hui. Peut-être qu'Alistair n'a pas dit mot pour mot qu'enfiler une jupe ou une robe revenait à se déguiser mais il l'a sous-entendu. Ghika le sait, Alistair le sait, tout le monde le sait. Il ne sert à rien de jouer au plus fin ou au plus con. Parce que dans les deux cas Ghika gagne. Il est fin par nature et il est assez intelligent pour se montrer très, très con. Quand son interlocuteur reprend la parole, Ghika sourit, ils n'ont donc rien compris ? Il est exactement le même, il a toujours la même personnalité, ce n'est pas parce qu'il ne sucera jamais de bite, ce qu'il n'a jamais fait dans le nid, qu'il est différent. Après avoir plié une robe gris souris, Ghika lève les yeux vers son camarade. « J'ai juste déclaré que je n'étais pas gay, je n'ai jamais dit que ce n'était pas dans ma personnalité de porter des fringues extravagantes. J'ai forcé le trait mais je n'ai pas adopté un comportement étranger à ma personnalité. » lâche-t-il sans vraiment accorder d'importance à ce qu'il fait, ses mains agissent seules, elles étirent, reposent, plient en deux puis en quatre le prochain vêtement sans qu'il n'ait à y penser. Alistair se fout de ce qu'il a fait, c'est un soulagement, ça en fait au moins un. C'est ce qu'il ajoute qui trouble un peu Ghika. La tolérance ? En quoi est-ce qu'il s'est montré intolérant ? Il a adopté fièrement le rôle d'un homosexuel fier de l'être, il s'est foutu des critiques que ça pourrait engendrer et des conséquences que ça pourrait avoir. Et maintenant qu'il est sorti de ce rôle il est prêt à affronter les critiques et les conséquences que la vérité peut lui causer. Le tout sans s'en plaindre. « En quoi ce que j'ai fait, fait de moi quelqu'un de moins tolérant ? Et à qui ai-je reproché de ne pas être tolérant ? » demande-t-il honnêtement intéressé par la réponse. Il veut savoir ce que sa démarche, aux fondements intellectuels et éthiques clairs, avait d'intolérant à ses yeux, aux yeux de tous d'ailleurs. Bien sûr il n'en dira pas trop, il doit se contenir d'exploser et de révéler le pot-aux-roses parce que sinon il finira sa journée à la porte du nid. Alistair reprend la parole, pour dire qu'il ne le jugerait pas d'avoir menti. C'est bien ça le problème, Ghika n'a pas menti. Il n'a pas nié les idées des autres mais il n'a jamais menti. « Je n'ai pas menti, parce que je mens mal. » Le pire dans tout ça, c'est que c'est la vérité Ghika ment mal, parce qu'il sait comment mentir, parce qu'il a étudié les fondements du mensonge et ses racines psychologiques. Et toutes ces informations, toutes ces données à prendre en considération parasitent son jeu d'acteur. Alors il évite le mensonge. Il est temps pour Ghika de prendre les rennes de la conversation et c'est ce qu'il compte faire. « Laisse-moi te demander quelque chose. À quoi te définis-tu ? Qu'est-ce que tu réponds si on te demande de parler de toi ? » Un : poser la question, laisser l'interlocuteur s'interroger sur sa position dans la discussion, lui faire envisager le problème de son point de vue, s'il était à votre place. « Parce que moi je refuse de croire que l'on définit une personne à sa sexualité et à sa sexualité seulement. En tout cas je sais que ma sexualité n'est pas ce qui fait de moi qui je suis et c'est pour ça que j'ai pu être moi-même tout en laissant croire à qui voulait le voir que j'étais homosexuel. » Deux : fournir une réponse à la question, une réponse personnelle, n'impliquant que vous, mais qui a la possibilité d'être généralisée et adoptée par n'importe qui. Instaurer un système de valeur, une balance juste de ce qui est moralement acceptable ou non tout en montrant qu'on se tient du bon côté de la barrière. « Les gens qui ont appris à m'apprécier, j'ose espérer qu'ils ne m'appréciaient pas uniquement parce que j'étais présumé gay et si c'est le cas ils auront le choix, apprendre à aimer Ghika l'hétérosexuel qu'ils ont pris pour homo, ou ne pas chercher plus loin et renier nos relations. » Trois : proposer une issue au débat, accepter les divergences, ne pas se braquer. Faire entendre à son interlocuteur que le monde entier n'a pas à être de votre côté, sans pour autant vous mettre en porte à faux. « Dans les deux cas ça me va. » Quatre : conclure, être impérieux, dépasser le débat. Voilà comment Ghika mène une discussion, voilà comment il a été façonné par des êtres plus brillants que la plupart des gens n'en rencontreront dans leur vie. Voilà comment il est devenu le monstre qu'il peut être. La méthode et toujours la méthode, et quand une méthode ne marche pas, il pioche dans les centaines d'autres dont il dispose.

Est-ce qu’il est toujours ainsi, peu propice à la rigolade ? Pas vraiment non, il lui arrive d’être un peu plus ouvert. « Ça m’arrive, parfois. » Il répond simplement à la question de Ghika. Oui, parfois, il est d’humeur à plaisanter, il s’y est essayé la semaine dernière avec Felice, mais cette semaine il n’en a aucune envie, tout simplement. Sans surprise, la conversation dérive évidemment sur les jupes que Ghika jette à la poubelle et quand il en propose une à Alistair, on ne peut pas dire que l’idée le réjouisse. Il n’a pas une tête à se déguiser, parce que se revêtir d’une façon qui va à l’encontre de sa personnalité relève du déguisement. Il lève les yeux au ciel à la remarque de Ghika. Ce dernier a vraiment le don pour mal interpréter ses paroles. Il sent déjà la conversation n’aller que dans un sens, l’un ne voulant pas entendre les arguments de l’autre, ou plutôt, ne voulant pas les comprendre. « En attendant, ce n’est pas moi qui ai utilisé le terme blague, quel que soit sa signification. » Il préfère prévenir que guérir, avant que Ghika lui fasse une définition du mot blague tel qu’il l’a utilisé dans sa phrase. Parce que maintenant, le scientifique de la bande qui donne des explications longues comme les bras même que ça n’est pas nécessaire, ce n’est plus Ana, c’est Ghika. Il n’y a aucune animosité dans sa voix, une simple constatation, du fait qu’il n’a pas associé déguisement et jupe de la façon dont le candidat l’entend, mais que lui a employé le terme blague alors qu’Alistair lui avait parlé de déguisement. Si Ghika veut jouer sur les mots, Alistair en est également capable. Ce n’est pas parce qu’il est calme et relativement discret qu’il n’est pas en mesure d’avoir des avis tranchants. Pour en revenir au sujet de la personnalité, Ghika déclare que son mensonge ne remet pas celle-ci en cause. « Et bien soit, dans ce cas, ça ne relève pas du déguisement pour toi, mais pour moi si. » Parce que l’extravagance, les jupes, les robes, tout ça, ce n’est pas son truc à Alistair, alors ce serait clairement se montrer sous un jour qui n’est pas le vrai. Si Alistair a un avis à émettre sur ce qu’à pu faire Ghika, c’est simplement au niveau de la tolérance. Bien évidemment, cela fait tiquer Ghika. « Je dois te rappeler que tu considères quelqu’un qui n’apprécie pas une jupe sur un homme, quelqu’un d’étroit d’esprit ? Et pourtant, tu es bien content de t'en débarrasser, maintenant. » Il déclare d’une voix monotone, comme lassé de la défense qui n’a pas lieu d’être de Ghika. Il l’a entendu, il l’a vu dans le bilan d’Akela, pour lui, quelqu’un qui n’est pas en mesure d’accepter les tenues bizarres qu’il mettait à chaque prime était fermé d’esprit. Mais ce n’est pas le plus important, ça peut bien être perçu comme de l’intolérance ou non, mais il y a un autre point qui chagrine Alistair, si l’on peut dire cela. « Tu as été caricatural dans ton interprétation. » Et dommage pour Ghika, mais Alistair voit cela comme un manque de tolérance de caricaturer les homosexuels à ce point. Ils ne sont pas tous extravagants, folles, complètement à l’ouest et incapables de tenir une conversation à peu près sérieuse pendant plus de deux minutes. Enfin, sur ce point, Ghika a toujours su parler sérieusement quand il le fallait – du moins de l’avis d’Alistair – mais sinon, oui, il a usé le bon vieux cliché du gay extravagant et ce n’est pas forcément un signe de tolérance du point de vue d’Alistair. Il aurait pu faire passer son jeu autrement. Quoi qu’il en soit, c’est l’avis d’Alistair, mais encore une fois, il n’accorde que peu d’importance à tout ça, puisque la révélation de Ghika lui fait ni chaud, ni froid. C’est plutôt la façon dont ce dernier prend les choses maintenant que son petit jeu est découvert. La façon dont il a de nié que cela a pu heurter les autres ou le fait qu’il ait pu mentir. Et il le lui prouve encore une fois. « Tu n’as pas non plus été honnête. » Alistair ne connait pas Ghika sur le bout des doigts, il ne passe pas la moitié de sa semaine collé au candidat, alors, certes, il ne peut pas assurer qu’il n’a pas menti. Mais il a malgré tout usé de divers stratagèmes pas forcément honnêtes pour parvenir à jouer son rôle jusqu’au bout. « T’es un peu de mauvaise foi. » Il déclare, esquissant un bref rictus moqueur. Il l’aime bien Ghika, mais là il va falloir qu’il mette sa fierté de côté et qu’il admette qu’il n’est pas blanc comme neige et qu’il n’est pas un modèle d’honnêteté. Oh, nul doute que sa réaction fera tiquer son colocataire et qu’il ne se gênera pas de lui faire une théorie pour prouver que non, il n’a pas été malhonnête, que non, il n’est pas de mauvaise foi. Et cette pensée fait déjà sourire Alistair qui trouve que Ghika s’enfonce plus qu’il s’en sort, mais soit. En parlant de théorie, voilà que Ghika se hasarde à demander à Alistair comment il se définirait. Ainsi, il veut échanger les rôles. Il ne lui laisse guère le temps de répondre qu’il reprend la parole, évoquant le fait qu’on puisse définir une personne en fonction de sa sexualité. Cette fois, Alistair le coupe avant que Ghika ne reprenne la parole. « Encore une fois, ne me dis pas cela à moi. Je ne comprends pas pourquoi tu t’obstines, je ne t’ai pas jugé sur ton orientation. » Il déclare, façon de lui faire comprendre qu’il s’en fout un peu de sa théorie en fait. Pas que les propos de Ghika ne soient pas intéressants, mais ils ne sont pas destinés à Alistair. Il a l’impression d’être sur le banc des accusés, d’être celui qui la définit par sa sexualité. Mais ce n’est pas le cas et il devrait plutôt exposer ça à ceux qui se sont arrêtés à ce point-là de sa vie. Alistair évoque ensuite que le problème ne réside pas dans le fait que les gens aient l’impression d’être pris pour des cons, mais dans le fait que si Ghika a menti sur son orientation, il peut avoir menti sur autre chose. Et que par conséquent, personne n’est sûr de qui il est réellement. « Tu ne veux pas qu’ils s’arrêtent à la sexualité, mais tu la ramènes toujours sur le tapis. » Parce que là, Alistair n’a en aucun cas évoqué la sexualité. Peut-être qu’elle était sous-entendue, mais il a surtout évoqué le fait que Ghika s’est joué des autres et que peut-être, ça n’allait pas être accepté. Alors, certes, la sexualité est un gros point de l’histoire, mais Ghika se préoccupe que de cette fameuse sexualité qui n’est pas vraiment la sienne alors qu’Alistair mettait plutôt en avant son caractère qu’il a, qu’il le veuille ou non, modulé en fonction de son rôle. Moins extravagant, moins fou, plus acide dernièrement… Quoi qu’il en soit, Alistair préfère se concentrer sur ses vêtements à défaut de Ghika et lui donner un intérêt qu’il ne mérite pas. Il n’a pas réussi le coup de siècle, il faut qu’il redescende sur terre. Finalement, Alistair repense aux propos précédent du candidat, sur la façon dont il se définit.  « Je ne suis pas un sujet d’étude, Ghika. » L’anglais n’est pas stupide, il voit bien ce que son camarade veut faire. Il y a à peine deux minutes, ils évoquaient la façon dont les gens définissaient Ghika jusqu’à cette révélation et voilà qu’il lui pose la question. Il a une idée derrière la tête. « Mais si tu veux une réponse sincère à ta question, je me définis en fonction de mon passé. » Si Ghika était défini – à son avis – par sa sexualité jusqu’ici, Alistair choisirait plutôt l’option de son passé, on ne peut pas dire que ses relations ou son orientation sexuelle soit un sujet particulièrement intéressant et auquel il y aurait des choses à associer. « Et je pense que tu es en mesure de savoir que je préfère esquiver quand il est question de parler de moi. » Il termine, quand il est question de parler de lui. Si on lui pose une question précise, il répond, mais quand c’est aussi vague qu’un simple ‘’parle-moi de toi’’, il ne répond jamais, il préfère demander des précisions.

Ghika laisse couler, il n'a pas envie de s'arrêter à chaque détail de la conversation, alors si Alistair estime que dans sa première intervention le terme déguisement n'avait pas de connotation péjorative Ghika se doit d'admettre qu'il a peut-être mal interprété. Une interprétation qui mène à un quiproquo quant au fait qu'il ait utilisé le terme de ''blague''. Si chaque mot qu'il prononce est sujet à débat il sent que la semaine va être longue, aussi il préfère concéder et passer à autre chose. « Je n'ai pas dit que tu l'avais fait. » Au moins ça c'était fait, il préfère brosser sous un tapis les rixes inutiles, les discussions aussi tatillonnes et précises sur l'utilisation d'un terme qui finissent par tourner en rond et à revenir à une appréciation subjective de l'intention de celui qui a formulé les mots. Quand Alistair explique que le déguisement ne visait pas Ghika mais bien une sorte de projection de ce qu'il aurait ressenti si on le mettait dans une robe, Ghika accepte son argument le considérant tout à fait fondé. Il n'a jamais demandé à personne d'adhérer aux choix de fringues qu'il faisait pendant qu'il tenait son rôle. Il a seulement demandé du respect, il n'a pas cherché à ce que les mecs portent des jupes, juste qu'on ne l'emmerde pas avec ça. Le sujet de la tolérance revient sur le tapis et Ghika voit où Alistair a pu être confus. Au fond il n'est pas en train d'essayer de pointer les malversations de Ghika, il témoigne juste de ce qu'on leur a rapporté sur le prime. Encore une fois, c'était un cas particulier, après que Sacha lui ait clairement demandé s'il aurait voulu être une femme et lui avoir dit que ce n'était pas sexy. C'était plus une position de sociologue regardant la façon dont les structures psychiques des genres influençaient la représentation que se faisait les gens de la sensualité qu'autre chose qu'avait adopté Ghika à ce moment-là, mais très bien. « J'apprécie de m'en débarrasser parce que ça veut dire que j'entre dans une nouvelle phase de l'aventure et que je suis libre d'être totalement moi-même, je ne vois pas le rapport avec l'étroitesse ou l'ouverture d'esprit là dedans. » répond-il. On peut dire ce qu'on veut de lui, il accepte les gens pour ce qu'ils sont, il n'est pas hypocrite. Il admet volontiers qu'il juge les gens, il ne trouve pas tous les comportements à son goût, mais il essaye toujours de les comprendre et de les respecter. Cependant quand on l'attaque, Ghika a tendance à laisser tomber les gants de velours et à enfiler les gants de boxes. Mais la situation n'appelle aucunement l'utilisation de ces derniers alors Ghika peut continuer de plier son linge tranquillement. C'est alors que le mot ''caricatural'' résonne dans l'air. Comme un coup de fouet. Ça le désarçonne presque, il a peut-être flirté avec les limites de trop près en portant des jupes et des robes au goût d'Alistair, mais Ghika a l'impression que ça va plus loin que ça, qu'il ''l'acuse'' d'avoir mimiqué les homosexuels dans la vie de tous les jours, hors Ghika estime au contraire qu'il n'a rien fait de tel. Il a agi comme une personne n'ayant pas de sexualité au quotidien, les seuls moments où il a vraiment mis son rôle en avant c'est sur les primes. « J'ai été caricatural ? J'avoue que les jupes et les robes c'était un peu gros, mais en dehors de ça je n'ai jamais rien fait pour remplir le cahier des charges du parfait gay. J'ai toujours eu une personnalité un peu hors du commun et ça ne va pas changer parce que je suis maintenant ouvertement hétérosexuel. Du reste si j'avais vraiment voulu être le cliché du gay que les homophobes veulent servir à la société j'aurais chauffé les mecs et tenté de mettre les gens dans mon lit, j'aurais parlé de moi au féminin et autres stéréotypes ridicules. » Il aurait pu défier Alistair de lui montrer un moment où il a été caricatural dans l'aventure mais pour être honnête il est un peu effrayé à l'idée que la réponse ne le blesse. C'est pas qu'il ne puisse pas accepter une constatation de son androgynie latente, mais il n'a pas très envie qu'on catégorise tel ou tel aspect de son caractère comme étant homosexuel ou caricatural. Il ne dira jamais être le mec le plus viril du monde, il sait qu'il ne l'est pas, il n'a rien d'un gros bras ultra-masculin. A noter qu'une large partie de la population gay est cependant représentée dans ce genre de comportement considéré comme hétérosexuel à outrance. Quant à la mauvaise foi... « Je reconnais que j'ai dû esquiver les conversations trop personnelles, mais j'ai été aussi honnête que mon rôle me le permettait. » avoue-t-il. Ce n'est pas à contrecœur qu'il l'admet, il sait qu'il n'a pas été totalement honnête, c'est le principe même de jouer un rôle. Lorsqu'Alistair lui fait remarquer qu'il ramène toujours sa sexualité sur le tapis Ghika a envie de rire. Il trouve ça logique de tenter de prouver que sa personnalité ne se définit pas à sa sexualité et que de ce fait, ce n'est pas parce qu'il a fait son coming-out-inversé qu'il est différent de celui qu'il était dimanche après-midi. « Je ramène ma sexualité sur le tapis parce que c'est sur ça que j'ai joué. Et j'espère que les gens ne s'arrêtent pas à ça parce que j'ai de l'estime pour les relations que j'ai construites et que je pense que si les gens m'ont apprécié ce n'est pas pour ma sexualité mais pour ma personnalité, qui demeure la même. » précise-t-il sans vraiment chercher à faire un effet sur Alistair. Ghika a conscience que les gens sont toujours assez sûrs de leurs positions et que les faire changer d'avis sur un sujet est généralement un processus long et harassant qui prendra plus d'une discussion. Alors que son camarade lui dit qu'il n'est pas un sujet d'étude, Ghika sourit. « Pour moi tu l'es. » Ils le sont tous. C'est toujours ce qu'on entend les gens dire à la sortie d'une émission de télé-réalité ''c'est une expérience humaine'' et chez les commentateurs et journalistes on peut entendre ''c'est un miroir de la société'' pour Ghika c'est tout ça à la fois. Une expérience humaine qui lui fait découvrir des gens qu'il n'aurait peut-être jamais croisé et avec lesquels il est obligé de nouer des liens. Ils s'étudient tous depuis des semaines, c'est comme ça que Ghika le voit en tout cas, ils analysent et tentent de percer les secrets des autres à jour pour de l'argent, pour le frisson de l'aventure. En ce sens ils sont tous des sujets d'études. Et Ghika oserait même dire qu'il y a probablement des gens qui les étudient derrière l'écran et qui tentent d'appliquer des théories à leurs comportements. « Ce qui ne fait pas de toi un menteur. J'attends juste que la même tolérance me soit accordée. Mais si ce n'est pas le cas c'est pas la fin du monde, je peux vivre un mois dans un groupe où des gens me regardent de travers. » répond-il quand Alistair met en évidence le fait que lui aussi évite les questions personnelles.