Depuis le dernier prime, je relativise, je suis prête à partir après de si longues semaines d'aventure. Je n'ai plus autant peur de l'élimination et il m'aura fallut trois nominations pour m'en rendre compte. Que je sorte ou que je reste finalement, l'important c'est de profiter de mon aventure jusqu'au dernier moment. Je laisse donc de côté mes états d'âme et je suis plus encline à sourire et à discuter avec les autres candidats. Cette semaine est plutôt une bonne semaine pour moi et je compte pas tout gâcher en me laissant influencer par mes souvenirs et mes états d'âmes. Aujourd'hui je me lève du bon pied après une longue nuit de sommeil, ce qui ne m'était pas arrivé depuis longtemps. Je m'étire lentement avant de filer dans la salle de bain juste le temps de me rafraîchir. Direction la cuisine ou je vais me préparer un petit déjeuner dans les règles de l'art. Ce n'est pas grand chose mais au moins de quoi tenir jusqu'à midi. Je ne remarque pas tout de suite la présence de Pia dans entrebâillement de la porte. « Salut » je lance d'une voix douce à la rouquine encore un peu dans les vapes. Je ne voudrais pas la brusquer avec mon humeur joviale. Tout le monde n'est pas du matin. Autant me rendre serviable. « Thé ou café ? ». Je lui demande puisque le débat fait souvent rage certains matins. Je suis plutôt thé même si le café est mon meilleur ami certains jours. Ma petite question n'est qu'un subterfuge pour l'inviter à s'asseoir à la table et partager un petit déjeuner à mes côtés. « Tu sais si tu passes dans mon salon à Seattle je veux bien faire de toi ma cobaye ». J'ajoute en faisant référence à ce que la rouquine avait dit dans le bilan de Siomha lors du dernier prime. A défaut de donner une idée pour mon futur tatouage, elle avait lancé un appel pour que j'expérimente de nouveaux tatouages sur elle. C'était bien tenté et plutôt culotté.  

Pour se lever du bon pied, il faudrait déjà que Pia arrive à dormir, et ce n'est pas le cas. C'est comme si d'un coup quelqu'un avait coupé la connexion avec le royaume du sommeil, amputée de la fonction dormir, Morphée oubliant de venir toquer à sa porte. L'impression que deux grains de sables dans les rouages parviennent à tout faire disjoncter. La machine commence à se disloquer. Elle ne laisse pas son regard se poser sur la place qu'occupe son partenaire parce qu'elle ne veut pas savoir si il est là, si il est réveillé. Sa gorge est si serrée qu'elle a l'impression d'étouffer. Elle se traîne jusqu'à la cuisine, les yeux pas en face des trous, manquant de rentrer dans les murs. Pia au réveil c'est quelque chose, et Pia lorsqu'elle se lève sans avoir réellement dormi c'est pire. Elle pose sa main sur la poignée, reste quelques instants sans l'appuyer, lassée, avant de pénétrer dans la cuisine. Ses yeux cernés viennent se poser sur Felice et elle reste un instant con, sur le pas de la porte, sans trop savoir si elle est contente de voir la jolie brune ou pas. Elle finit par esquisser la parodie d'un sourire lorsque la tatouée la salue.  « Salut. » Heureusement, Felice ne parle pas trop fort, parce qu'elle croit qu'elle n'aurait pas su le supporter. Sentiment d'un lendemain de cuite, mais avec la bonne compagnie de l'alcool en moins. C'est son sourire qui vient s'étirer d'avantage lorsque sa camarade reprend la parole. Thé ou café ?  « Café, s'il te plait. » Elle répond, par automatisme. Elle n'a pas besoin de se poser la question, la rousse. Pour rien au monde elle ne trahirait sa meilleure amie la caféine. Elle finit par se décoller de la porte pour venir s'asseoir à côté de Felice, s'accoudant au bar et laissant ses doigts lui masser les tempes. « Tu sais si tu passes dans mon salon à Seattle je veux bien faire de toi ma cobaye ». Elle pose un regard amusé sur la brune. C'est de ça, dont elle a besoin, Pia. Une conversation pas chiante avec quelqu'un de pas chiant, et Felice c'est tout à fait la personne qui correspond. « Fallait pas me dire ça. Tu peux être sûre que je vais venir maintenant. ». Elle s'étire longuement, avant de venir poser son doigt sur le bras de sa camarade. « T'aurai une idée de ce que tu pourrais faire sur moi ? ». Felice c'est une vraie artiste, elle joue avec les encres et la peau c'est sa toile. Et la rouquine elle est volontaire pour se prêter au jeu, surtout qu'elle a entièrement confiance en le talent de sa camarade.