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 Avec mes yeux tout délavés (02/12, 03h48)

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Hadrien

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MessageSujet: Avec mes yeux tout délavés (02/12, 03h48)   Avec mes yeux tout délavés (02/12, 03h48) EmptyLun 1 Déc 2014 - 15:01

paloma.

Je touche pas au piano. Je l'aurais peut-être fait, en temps normal, parce que j'aime bien ça. Mais je me sens pas de bousiller l'atmosphère paisible et enjôleuse avec mon absence totale de talent pour jouer la musique. Alors je fais ce que j'ai toujours fait, et que je ferai toujours. Je me cale dans un coin, le corps au repos, le corps bercé, et l'esprit en vadrouille. C'est ce qui me plait autant, dans la musique. Elle me fait voyager. Toujours. En permanence. Pas les bouses superficielles qui me laissent totalement indifférent, mais tout ce qui transperce l'âme et parvient à moduler mon humeur d'une note à l'autre, me faisant passer de l'allégresse à la détresse en deux mesures. J'écoute, je profite des dons des autres, du travail des autres, je le vole pour me l'approprier et l'occuper moi-même. Je m'accapare une oeuvre sur laquelle je déverse tout mon vécu, toutes mes pensées, tous mes sentiments et je me vide peu à peu de tout pour ne devenir qu'une coquille remplie des mots prononcés pour moi par l'artiste, ou des cris enragés d'un instrument qui parle à ma place. J'écoute pas la musique, je la vis, je la survis, je l'admire. Doucement, je balance la tête et je tapote des doigts sur le rythme de Loan me a dime et j'me dis que Allman est un putain de génie, quand même. Ça doit être terriblement salvateur de savoir jouer. Vraiment jouer. Pas juste gratter au hasard quelques cordes pour galérer sur une partition qu'on a apprise par cœur. Je ne peux que vaguement imaginer tout ce qu'on peut transmettre ainsi, tout ce qu'on peut ressentir. Plus ça va, et plus je me rends compte que les plus beaux moyens de parler n'ont rien à voir avec les mots. Il me faut un petit moment pour capter l'ombre qui gravite pas loin, près de la porte, je crois. Pourtant, mon regard finit par quitter le vide dans lequel il était perdu pour survoler le décor jusqu'à Paloma et un fin sourire étire mes lèvres. C'est drôle comme je ne suis pas particulièrement surpris de la voir éveillée et debout, déambulant dans le nid en pleine nuit, alors que tous profitent de leur sommeil de bien heureux. Ils ne sauront d'ailleurs probablement jamais qu'on s'est croisés ici, elle et moi. Ils n'en auront pas conscience. Comme si ce moment n'avait jamais existé. Ça m'a toujours fasciné, tout ce qu'un individu lambda pouvait rejeter de sa réalité simplement en dormant. C'est une véritable ellipse temporelle qui se crée, un trou noir du temps, qui avale tout ce l'individu considère comme étant étranger à lui, à son attention. Pourtant, au-delà de sa bulle, le monde continue de tourner, et le temps de passer. « Pourquoi tu fuis le sommeil, Paloma ? » je demande simplement, la voix adoucie par la musique qui me berce. J'sais qu'elle me répondra probablement que c'est le sommeil qui la fuit et pas l'inverse. Mais c'est pas l'impression que j'ai. Je sais que quand le sommeil nous fuit, c'est souvent parce qu'inconsciemment, on n'y est fermé et on l'accueille pas avec la facilité qu'il faudrait, même si ne s'en rend pas toujours compte. J'irais pas jusqu'à dire que c'est psychologique, parce que j'ai aucune notion en la matière, mais c'est instinctif, en tout cas, c'est défensif. Pendant un moment, j'ai galéré pour être en paix avec moi-même, et je m'empêchais presque de dormir, des fois. J'étais persuadé que je n'arrivais juste pas à trouver le sommeil. J'imagine qu'il ne s'agissait que d'un mauvais tour de mon cerveau douloureux, à l'époque.
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MessageSujet: Re: Avec mes yeux tout délavés (02/12, 03h48)   Avec mes yeux tout délavés (02/12, 03h48) EmptyMar 2 Déc 2014 - 19:05

Les nuits sont toujours hachées chez Paloma et ce depuis toujours. Enfant, clore ses paupières n'amenait pas d'apaisement particulier parce que ses yeux grands ouverts ne discernaient pas grand chose de plus. Par la suite, elle s'est glissée entre les draps des hommes de sa vie et en a pris le rythme. Entre l'oiseau de nuit souvent trop défoncé pour dormir avant l'aube et celui qui puisait une inspiration inépuisable dans l'obscurité nocturne Paloma s'est habituée à vivre de façon décousue, à dormir en pointillés et à profiter de son éveil pour partager le genre de moment privilégié, feutré et intime, qu'offre la nuit comme un refuge. Ici c'est pareil sauf que ses réveils nocturnes sont rarement agréables. Quand elle se réveille, c'est qu'elle a été tirée des bras de Morphée par un coeur trop lourd, un cauchemar récurrent, des pensées lourdes comme du plomb ou gluantes comme du pétrole. Elle a souvent erré dans les pièces du nid comme un fantôme qu'aurait traîné sa peine comme seule chaîne mais Paloma doit bien s'dire que la présence de Clémentine l'a apaisée, un peu. Suffit de détailler son visage angélique qui dort comme un bébé ou d'entendre son souffle régulier, gracile, pour en être bercée. Cette semaine c'est la première qu'elle dort véritablement seule et ça lui réussit pas très bien. Elle peine à s'endormir et se réveille fréquemment. C'est pas juste le vide de ses draps qui la perturbe, c'est tout le reste. Les départs, la révélation prochaine de son secret et puis la perspective de sortir d'ici, de retrouver la vie réelle et les réactions des autres alors que Paloma n'est pas bien armée pour tout ça. Les autres, elle voudrait qu'ils se taisent, qu'ils disent rien, que rien n'ait changé autour d'elle et que Fake Lover n'ait été qu'une jolie parenthèse à conserver jalousement au creux de son coeur mais surtout pas à partager, à disséquer, à commenter. Être mise face à ses actions lui fait un peu peur, pas parce qu'elle les assume pas mais parce qu'elle craint qu'à force d'être étudiées, amplifiées, écorchées par d'autres yeux avides le tout perde en chaleur humaine, en poésie, en sentiment. Paloma sait bien que la plupart de ses rencontres d'ici sont vouées à s'évaporer, à lui glisser entre les doigts à cause de la vie quotidienne qui sacrifie tout sur l'autel de la routine mais pour l'instant elle refuse cette éventualité et c'est l'effervescence autour de la sortie qui lui déplaît le plus. Et l'empêche de dormir. Entre autres. Comme toujours quand le sommeil la quitte et qu'elle le boude en retour, Paloma s'évade hors de ses draps et file au gré de ses pensées qui guident ses pas éthérés. Souvent c'est sous l'eau ou à l'extérieur qu'elle trouve l'apaisement nécessaire à la tempête interne qui rugit en elle. Parfois c'est au contraire en affrontant ce qui fait mal qu'elle s'épuise jusqu'à dormir. Cette nuit elle choisit la deuxième solution alors c'est devant la salle de musique qu'elle hésite bêtement, silhouette furtive dans l'embrasure. C'est là qu'elle a passé la pire insomnie de son aventure après avoir pris, seule, le genre de décisions qu'on prend à deux, pas à la légère. Elle se souvient encore avoir tenté de panser ses plaies en laissant ses doigts apprivoiser les touches nacrées d'un piano qu'Antoine savait si bien faire vibrer. Mais ça n'a pas fonctionné et elle n'a récolté qu'un orage dans son coeur ravagé et des larmes inconsolables. Ca fait toujours mal et l'idée d'en parler bientôt, tout bientôt, ravive la plaie. Sauf que Paloma est épuisée d'être toujours sur le fil. Ce soir, elle pleurera pas. Et elle jouera pas non plus puisque la musique qui plonge la pièce dans une aura particulière prouve qu'elle est occupée. Elle ressent la présence d'Hadrien avant de le voir et c'est un regard surpris mais soulagé qu'elle lui porte. C'est lui, alors ça va. Il s'moquera pas de son caractère d'écorchée, il ira pas railler son besoin de s'raccrocher au moindre souvenir de lui jusqu'à se plonger dans les musiques qu'il aimait tant. Paloma pénètre en douceur dans la bulle d'Hadrien, sans la percer. Elle essaye de se faire légère, discrète, toute petite quand elle s'assoit près de lui et sourit en réponse à sa question. « Je pense trop pour arriver à dormir » qu'elle répond dans un demi-sourire doux comme de la soie. Paloma sait pas se mettre en off. Même quand elle est contemplative, même quand elle a l'air inerte et qu'on peut presque apercevoir les bulles de ses pensées s'envoler paisiblement au-dessus de son crâne, elle est pas au repos. Elle chasse sa réplique d'un haussement d'épaule désinvolte, comme si c'était rien - et c'est le cas, c'est habituel - et à la place, détaille les traits d'Hadrien dans la pénombre. Elle lit la carte aux trésors de ses hématomes et laisse ses prunelles glisser longuement sur eux comme si elles avaient le pouvoir de les panser. C'est con, c'est pas le cas. « C'est ce qui nous attend à l'extérieur ? » qu'elle demande de son filet de voix feutré, un peu pince sans rire. « Charmant » glisse Paloma, ses traits de poupée froissés sous l'spectacle du visage d'Hadrien et surtout sous l'anxiété d'une sortie qu'elle appréhende.
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MessageSujet: Re: Avec mes yeux tout délavés (02/12, 03h48)   Avec mes yeux tout délavés (02/12, 03h48) EmptyMer 3 Déc 2014 - 1:11

J'imagine qu'elle élude presque autant qu'elle dit la vérité. C'est facile de dire la vérité. La mienne, elle est facile, en tout cas. Décalage horaire. Putain de décalage horaire et putain de cycle du sommeil cabossé et foutu que je me traîne partout où je vais. J'ai du mal à changer de rythme, mais une fois que c'est fait, c'est pour de bon. Me reste qu'une solution pour la nuit prochaine. Lorazépam. Ou n'importe quel somnifère, en fait. Ce que je trouverai, voire ce qui me tombera sous la main. Ou alors, je pars du principe que ça vaut pas la peine, parce que je compte pas m'éterniser dans le coin, deux semaines, tout au plus, et je reste inscrit dans ce cercle de galère insomniaque jusqu'à rentrer chez nous. Voilà, ça c'est moi, c'est ma vérité. Simple, avec un début et une fin, avec une solution, voire plusieurs solutions. Parce que je me contente de la pratique, du médical, j'occulte ce qu'il se passe sous mon crâne. Pas complètement, c'est impossible, ça l'a toujours été, et maintenant plus que jamais. J'ai encore l'odeur de ses cheveux dans la tête et la sensation de ses doigts dans les miens. C'est parce que je viens de la retrouver. Je m'apaise, le reste du temps. On vit normalement. Presque normalement. Mais j'imagine que c'est plutôt ce genre de vérité-là qui la tient éveillée, Paloma. Une vérité abstraite, tangible pour elle et pour personne d'autre, flottant autour de son corps usé par la journée et titillant la patience. Je connais. Je connais, si bien que je me contente de sa vérité par omission. On n'est pas obligé d'avoir quelque chose à penser pour y penser. J'ai largement eu le temps de me faire à cette évidence pourtant totalement étrangère aux esprits trop logiques. Le regard glissant à sa suite jusqu'à s'encrer pas très loin de moi, je suis le mouvement de ses prunelles qui roulent et mesurent l'ampleur des dégâts. Je la laisse faire, sans piper mot, mais je finis par détourner le regard, sous l’œil au beurre noir qui colore tristement mon côté droit. « Seulement si, comme moi, t'as un don pour chercher et surtout trouver les emmerdes. » Elle n'a probablement rien à craindre. Je la vois difficilement faire du mal à quelqu'un. Encore moins au point de susciter ce genre de réaction pour seule réponse possible. J'évite la violence quand je peux, mais je ne peux pas toujours. Je ne veux pas toujours non plus. Sauf que j'aime l'utiliser correctement. Ce coup-là, il était nécessaire. Comme si mon corps était une barrière entre deux âmes devenues étrangères avec le temps, avec la vie, avec l'amertume. Et ça, ça n'a rien de charmant. C'est même profondément dégueulasse. Mais c'est moi. C'est ma vie, c'est mon passé. C'est comme ça que ça doit se passer maintenant pour que ça puisse, peut-être, mieux se passer ensuite. Un peu mieux. Juste un peu, et ça me suffirait. « Je sais. On m'a complimenté sur la couleur de ma peau, elle s'accorde parfaitement avec celle de mes yeux, parait-il. » je continue à rétorquer avec un sourire taquin, tout sarcasme dehors. Mon ultime mode de défense. Pour moi et pour les autres. L'attention perturbée par l'avancée des dernières notes de mon précieux morceau, je plante un regard sans doute insondable puisque pensif dans le sien, les doigts tapant le rythme jusqu'à sa mort sur ma peau. Puis, souplement, je me lève, échappant à une pesanteur qui ne me plait pas et qui ne tient probablement qu'à moi, et je glisse jusqu'au choix de disques. « Je pensais que je tenais enfin un truc pour parfaire mon image de bad boy. J'en conclus que c'est un foirage complet ? » je fais mine de soupirer, un sourire dans ma voix pleine d'émotions surjouées. Qu'est-ce que je m'en fous d'avoir une prétendue allure de mec peu fréquentable. C'est quoi une allure de mec peu fréquentable, d'abord ? J'ai franchement la flemme de me lancer dans un débat sociologique à la con, cela dit, alors je reporte une attention toute pressée sur ma musique, mon antre, et c'est finalement une compilation quelconque de Debussy que je choisi, au détriment de Nick Drake. Debout face au lecteur, je laisse quelques secondes s'écouler, le temps que flotte la première mesure, le temps que je m'en imprègne et enfin, satisfait, je peux me remettre en mouvement, pour réintégrer ma place. « T'appréhendes ? » je la questionne finalement, curieux. Ouais, tout. Tout ça. Tout ce qui l'attend, maintenant ou pas, quelque part sur la vertigineuse échelle des plus tard. Y'a tout qui vient d'un coup, pour elle, son secret, sa potentielle sortie et puis les autres aussi. Tout le monde mis à nu. Tout le monde à découvert. Puis, j'préfère le savoir si elle voit en mon visage tuméfié ce qui l'attend d'ici quelques jours ou quelques semaines. J'préfère, pour me casser tout de suite de là.

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