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 Sympathy for the devil. (08/12 à 03h28)

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Isaac

Isaac
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MessageSujet: Sympathy for the devil. (08/12 à 03h28)   Sympathy for the devil. (08/12 à 03h28) EmptyLun 8 Déc 2014 - 11:48

Je suis là. Présent, à la recherche d’une petite dose supplémentaire, une nouvelle piqure de notoriété pour alimenter tout mon quotidien comme ça a toujours été le cas. Je rôde paisiblement dans les couloirs, le sourire aux lèvres, promenant ma petite gueule de branleur sans la moindre dignité face à mon élimination précipitée d’il y a plusieurs semaines. Je m’en fous. Oui, parce qu’aujourd’hui, ce soir, ma présence dans le nid sert un dessein qui dépasse toute ma fierté. Il y a le petit copain mort. Ou plutôt le vieillard mort, si on veut être exact. Parce que moi je ne suis pas con. Je sais. Je savais que Paloma ne s’était pas transformée en bombe sexuelle sans la moindre raison la dernière fois. Je crois que les défunts, ça l’excite. Mais je ne juge pas. Jamais, d’autant moins quand j’y trouve mon compte. Je suis là pour venir la chercher. La ramasser à la petite cuillère face au désespoir que j’espère et envisage. Je me faufile entre les murs, me laissant faussement porter inconsciemment par leur horizontalité, alors que non, évidemment je la cherche. Et au bout d’un moment, je finis par la trouver, assise sur son lit, le cœur vacillant comme toujours. Ça remonte, j’ai envie de la frapper pour la réveiller, de la secouer, de la baiser parce que c’est comme ça que je la préfère. Forte, dominante, sexuelle plutôt que faible. Le sourire flottant, j’entre comme si de rien n’était. A l’aise. Ma place a toujours été dans le nid même si de jeunes filles en fleur ont choisis une option vide de sens lors des nominations qui m’ont coûtées ma place. Cette finale aurait dû être mienne. Le secret de Paloma aurait dû m’appartenir. Sa révélation ne m’a nullement étonné. Paloma est conne, enchaîner les merdes et les décisions désastreuses sont les leitmotivs de sa vie. C’est elle. Juste elle qui devrait être à moi. Ma poupée, ma propriété marquée, colonisée il y a quelques semaines pour que plus personne ne soit tenté de me la voler. Dès les castings elle m’était destinée. Je l’avais repéré son potentiel de salope ingénue du sexe qui me plait et m’anime. « Tu ne m’as pas dit bonjour. » je souffle de l’encadrement de la porte d’une voix caressante. Mes yeux se promènent sur les murs de la chambre, les analysant et les redécouvrant au passage. J’avais presque oublié les goûts douteux de la production. Du décor, tout n’est que décor dans cette baraque que ce soit le blanc factice chimique qui nous entoure revendiquant un caractère naturel ou toutes nos relations à la con. Enfin les leurs, j’ai parfois l’impression d’être le seul être censé dans le coin qui a compris toute la supercherie. Je pourrais presque me révolter à propos de mes anciens camarades qui s’amusent à jouer au papa et à la maman le jeu maintenant terminé comme si ça avait un sens. Comme si Fake Lover ce n’était pas qu’une grosse machine à produire des images, du fric dans un concept malsain où on n’est que des pions. J’ai toujours eu conscience de l’extérieur en étant dans le jeu. Du semblant qu’on montre et qui est influencé et pressurisé par les désirs de la production qui rejoignent ceux des personnes suivant l’émission. Ils attendent mon retour, pas seulement parce que je suis un branleur amusant, mais surtout pour l’inachevé qui persiste depuis ma sortie. J’aligne quelques pas en douceur, la laissant appréhender ma venue. Je sais ce qui marche maintenant et aussi ce qui fonctionne moins. Les souvenirs de l’autre quinquagénaire sont un avantage. Ceux de ma solidité et vigueur un supplément en comparaison à l’insignifiance sexuelle qu’elle a dû connaître avec le lapin duracell de l’aventure après s’être fait plantée par son père à la bite flasque. Je suis un bon. D’autant plus depuis que je bénéficie d’un entraînement gratuit et systématique avec toutes filles me murmurant naïvement qu’elles aimaient le couple que je formais avec l’espagnole pour ensuite essayer de dépasser l’originale sans y parvenir. C’est stupide. On n’a jamais formé quoi que ce soit ensemble. Ni un couple, ni un duo. Rien. Pourtant, j’ai l’impression qu’elle m’a brisé et ça m’emmerde. Tout comme ça me plait, plus subtilement. Je suis là, comme un camé à l’héroïne qui n’est finalement pas revenu pour la télévision, la sex-tape ou elle mais juste pour l’orgasme sous-jacent. Comme un con. Un abruti. Un queutard bien plus seul qu’il ne l’avouera jamais pour se repointer, même si l’idée de démontrer encore une fois à l’écran par A plus B toute la vacuité des candidats qu’ils ont soutenus comparée à mon excellence n’est pas désagréable. « Bonjour. » je reprends en plantant mes prunelles amusées dans les siennes, la voix lente, le ton plein de sens comme à la belle époque. Celle où j’étais le prédateur et Paloma la proie que je n’avais pas encore bouffée. Je m’assoie, m’incruste peut-être aussi. Je laisse planer un léger silence pendant que je prends le temps de la regarder, savourant au passage le fait de savoir tous ces téléspectateurs pendus à mes lèvres de l’autre côté du monde. Je pourrais leur offrir satisfaction. Jouer les grands princes, feinter une affection que je ne ressens nullement à son égard pour lui faire plaisir et la porter jusqu’à la victoire, mais pour le moment j’ai surtout envie de la bousculer, agacé  par sa bêtise congénitale qui la pousse à poser ses lèvres sur la première connerie fragile qui croise son chemin. « J’ai regardé la vidéo. Bien meilleure que tes précédentes. » je lui glisse enfin, connard, même si c’est faux au vu de la censure imposée sur nos ébats. « J’ai des notes, des commentaires pour t’améliorer. » Du genre une cambrure qui pourrait se montrer plus pêchue ou des soupirs plus graves pour faire gagner le tout en intensité. Et maintenant je patiente, curieux de voir la réplique qui va suivre. Si je vais en prendre pour mon grade comme la dernière fois où je l’ai cherchée sur ce terrain, si elle va me laisser la baiser une nouvelle fois comme je l’ai prévu ou si elle va se mettre à chialer, ce qui est encore mon option préférée.
Paloma

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MessageSujet: Re: Sympathy for the devil. (08/12 à 03h28)   Sympathy for the devil. (08/12 à 03h28) EmptyLun 8 Déc 2014 - 12:31

Cette fois ça y'est, c'est la fin du jeu. Il ne reste à l'aventure qu'une petite semaine de vie avant la sortie et le pire est passé. La tempête des secrets s'est abattue sur eux la veille et maintenant y'a plus qu'à ramasser les débris laissés sur son passage pour essayer de réparer ce qui peut l'être, pour colmater les dégâts et avancer tant bien que mal. Pour elle c'est pas si compliqué. Y'a qu'Aaron à qui elle doit tout expliquer mais ce soir elle en a pas la force surtout qu'il doit se sentir terriblement mal ce soir et qu'elle est pas la compagnie qu'il doit vouloir. Mal par sa faute mais aussi mal à cause d'Anna ou Adnan qu'est un peu la mauvaise surprise qu'elle craignait tant avant l'prime. Rien qu'en imaginant l'état lamentable dans lequel doit s'trouver Mallaury, elle sent son coeur chavirer et s'réduire comme peau de chagrin dans sa poitrine. Paloma est du coup d'une humeur mitigée, bouleversée mais pas pour elle. Pour avoir appréhendé la révélation plus que de raison, ça a été un moment douloureux à passer mais surmontable un peu comme un accouchement. Elle a beau être écorchée, toujours, faut pas croire qu'elle aime ça, s'ouvrir les veines et le ventre, déverser ses entrailles et se mettre à nue comme ça, devant tout le monde. Se livrer lui coûte, en général, alors se livrer sur un sujet tabou, un sujet qui lui pèse mais pour lequel elle acceptera pas d'jugement, c'est pas évident. Même si ça s'est relativement bien pensé, qu'elle a reçu le soutien d'Eryk, de Jessica et d'autres plus silencieux. C'est encore un truc auquel elle a pas pensé, Paloma. Quand Raquel l'a inscrite, elle a vu l'occasion de se barrer, de fuir sa vie qui partait en lambeaux et la douleur qui la terrassait. Fake Lover devait être une bulle apaisante, ankylosante, le calme après la tempête et non avant, le moyen de se reconstruire ailleurs. Loin de Paris qui lui rappelait Antoine à chaque coin de rue, chaque pont, chaque terrasse, chaque pavé. Loin de Toulouse qu'a été qu'une ville de fuite, de transit, un coup de tête irréfléchi, la volonté de rester dans son pays d'adoption tout en retrouvant ses racines. Alors que des racines, elle en a pas vraiment. Mais Fake Lover, Paloma a surtout voulu s'en servir pour réparer le tort causé à Aaron, même si c'est pas possible. Pour lui avouer ce qu'elle était incapable de dire sans se détester immédiatement et s'dégonfler. Ici, elle a pas eu le choix. Elle l'a confié aux casteurs, qui l'ont confié à la production, qui l'a confié à tout le monde et ce poids, il lui appartenait plus vraiment. Il pesait encore lourdement sur ses épaules trop fragiles mais il lui a échappé et y'avait plus de marche arrière possible. C'est encore elle qu'a la bombe mais le détonateur se plie aux règles du jeu et il a pété qu'à ce prime. Paloma se sent pas nécessairement plus légère parce que c'est pas en blessant encore davantage Aaron ou en remuant le couteau de la mort d'Antoine partout dans son corps trop frêle qui va l'apaiser. Elle a les méninges agitées, pas seulement à cause de son secret mais à cause de tous les autres et de ce qu'ils impliquent. Seule dans la chambre hivernale déserte, Paloma y songe en défaisant sa valise. Personne ne le fait, le dressing est vide mais elle, elle a besoin d'ça, de s'ancrer encore un peu ici même si c'est fini et que l'extérieur va s'empresser de la happer alors qu'elle est trop fragile pour supporter ce type de notoriété agressive et éphémère. Ses vêtements sur l'étagère, c'est la preuve que Fake Lover est encore là et que la sortie n'est pas pour tout de suite. Pour une poignée d'jours, ouais, mais ça maintient l'illusion alors elle le fait et une fois sa tâche achevée, elle s'laisse choir sur le lit, la valise vide à ses pieds, comme une poupée désarticulée qu'une gosse aurait jetée à la va vite avant de partir jouer. Mais Paloma a à peine le temps de se laisser aller aux pensées qui l'engluent qu'elle est tirée de ses réflexions par une voix familière. Un timbre caressant qui imprime son corps d'une tension presque oubliée en la reconnaissant avant même que son cerveau l'enregistre comme appartenant à Isaac. Paloma relève un regard curieux sur sa silhouette et lui adresse un joli sourire qui incurve ses lèvres et creuse des fossettes dans le recoin de ses joues. Isaac, c'est plus le grand méchant loup de son aventure. Elle aime à croire qu'ils ont atteint un certain pied d'égalité, qu'il prendrait plus autant d'plaisir à la tourmenter maintenant et que de toute manière, il a perdu le seul levier qu'il possédait. Maintenant, tout le monde sait pour cette sombre histoire de porno et en plus, tout le monde s'en moque ce qui va bien au-delà de ses espérances. Paloma, elle est surprise de revoir Isaac dans le nid. Il fait partie de ceux qu'elle imagine libérés d'être partis et pas prêts à revenir faire les marioles à l'autre bout du monde alors qu'ils ont rien à y gagner. Mais elle se plante souvent avec son jugement altéré alors ce serait pas une surprise qu'elle soit une fois de plus à côté de la plaque. Il s'avance lentement dans la chambre et Paloma l'observe de ses prunelles caressantes qui cherchent à comprendre sans s'départir de l'ombre du sourire qui flotte délicatement sur ses lèvres. Parce qu'Isaac, ils ont beau pas être amis ou rien du tout, son départ lui a fait bizarre. Elle ira pas jusqu'à dire qu'il lui a manqué parce que ce serait des conneries, il l'a trop souvent déstabilisée et bousculée pour que sa présence intimidante lui manque mais ça n'en a pas été moins étrange. Parce que Paloma, elle était habituée à lui. Isaac a été près d'elle, tous les jours pendant six semaines, tantôt odieux, parfois vaguement prévenant, mais il a été là, toujours, comme un repère, un point fixe dans son aventure aussi tordu fut-il. « Bonjour » qu'elle répond en écho, sur l'même ton - un tantinet plus réservé - alors qu'il est tout près et qu'elle a l'impression de dévisager un mirage. Dans le nid, elle a vécu aussi longtemps avec lui que sans lui au final et ça lui fait drôle, de le revoir dans ce cadre, dans le jeu, dans le nid, comme s'il était jamais parti. Ca lui fait tout drôle de le revoir tout court, en fait. Mais ce sentiment s'éternise pas parce que déjà Isaac reprend ses bonnes habitudes en la relançant sur le porno. Ca la pique forcément, un peu, mais l'disque est rayé maintenant, même s'il a ajouté une nouvelle piste en évoquant leur étreinte, à eux. « Je vois que tu as pris mon conseil à coeur » ironise-t-elle en soutenant pour l'une des rares fois ses prunelles polaires des siennes, beaucoup plus douces. Quand il a quitté l'jeu, Paloma n'a pas voulu garder de rancoeur. Elle l'a serré dans ses bras comme le gosse de huit ans qu'elle aurait aimé sauver du branleur qui l'a bâillonné et oublié et lui a demandé d'arrêter de jouer au con. Comme ça, juste parce que ça coûtait rien de lui dire et qu'au fond, elle aimerait l'aider à voir ce qu'il peut pas même sil lui boufferait la main si jamais elle lui tendait. Mais non, Isaac s'en fout et ça l'attriste un peu de réaliser qu'il persiste à agir avec elle comme au tout début du jeu, malgré tout. « Ca marche plus ça, c'est devenu redondant » Qu'elle note sobrement d'sa voix fluette qui s'impose jamais. Elle dit pas que ça la touche pas, elle dit juste que ça n'a plus le même effet. Et puis sur une échelle de valeur et d'morale, se taper un père et son fils ça doit être pire que le porno et maintenant, tout le monde est au courant de l'un, comme de l'autre. Paloma laisse ses yeux couler sur les traits durs, fermés, d'Isaac et ça la chagrine ce mur qui fait qu'il laisse pas de prises, que tout glisse sur lui, qu'il s'en fout de blesser ou de s'enfermer dans une caricature un peu grotesque au lieu de... elle sait pas, laisser rentrer les autres un peu. Juste un peu. « C'est dommage j'ai pas les miennes de notes, on va devoir reporter cette conversation enrichissante à plus tard... » réplique Paloma un peu sèchement, un peu sur la défensive aussi parce que finalement, ce soir, ça l'agace qu'il parvienne pas à dépasser ce stade-là. La fin de l'aventure l'angoisse, elle a pas encore digéré les secrets, c'est pas vraiment le moment pour venir la titiller. Et c'est pas la bonne arme, non plus. Paloma doute beaucoup, elle est certaine de rien mais ce qu'elle n'ignore pas c'est combien il a pris son pied. Alors ses commentaires, très franchement... Le silence s'installe et comme toujours quand il s'agit de lui, il est pas si bien accueilli et elle le sent lui glacer les os sous l'insistance de son regard de petit con. Et là, ça la frappe : même sans rien pour l'intimider, Isaac parviendra toujours à prendre l'ascendant sur elle. Parce qu'elle est trop conciliante, Paloma. Trop gentille aussi, elle laisse toujours le bénéfice du doute quitte à s'faire bouffer. « Avec une entrée en la matière moins naze, j'aurais pu être contente de te voir » souligne-t-elle de son timbre soyeux, naturellement doux. C'est vrai, elle l'a même accueilli avec un sourire, convaincue que leur relation était apaisée et presque positive. Malgré son humeur ombrageuse, soucieuse et complètement renversée en fait, voire tout ce marasme à la fois, Paloma fait des efforts. Elle aime pas les conflits, elle sait pas composer avec eux et la fin de l'aventure qui la rend déjà nostalgique la pousse à accepter davantage. Même d'Isaac. Alors elle décide de faire fi de sa connerie pour lui demander « Pourquoi tu es revenu ? » C'est une question bienveillante comme le montre les grands yeux félins qu'elle glisse sur son visage. Isaac, c'est juste la dernière personne qu'elle imaginait revivre ici une fois l'extérieur retrouvé et ça l'étonne, un peu. Beaucoup. Et puis c'est une façon d'essayer de lancer une conversation. Une vraie conversation, pas une partie de flipper où il serait le joueur et elle la balle.
Isaac

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MessageSujet: Re: Sympathy for the devil. (08/12 à 03h28)   Sympathy for the devil. (08/12 à 03h28) EmptyMar 9 Déc 2014 - 2:43

Elle me sourit. Gentiment. Naïvement. Bêtement. J’avance, je m’enfonce dans la chambre et elle ne se défait pas de cet air stupide qui a tendance à m’agacer puisqu’il signifie que mon départ du jeu a également, semble-t-il, fait s’envoler mon ascendant sur Paloma. J’ai envie de virer ce sourire de ses lèvres, sadique dans l’âme, comme si la satisfaction qu’elle éprouve à l’idée de me voir ou le bonheur en général me débectait. Je m’avance paisiblement, m’assois, la frôle presque au passage comme attiré par ses cuisses qui me font de l’œil. Je laisse mon bras qui s’invite innocemment contre le sien pour créer un maigre contact en comparaison avec la manière dont j’ai déjà envie de la toucher. Je la salut, elle me répond d’une voix douce, rassurée qui laisse un rictus se dessiner sur mon visage. C’est tout ce que je sais faire, les jolies esquisses sincères comme les siennes je ne connais pas. Je suis amusé, au-dessus de tout comme si j’avais conscience de ce que les autres ignorent. Je ne leur souris pas à eux pour partager un quelconque semblant de complicité, je me souris à moi-même face à l’ironie de la situation. Comme son air d’idiote béate que je ne m’explique pas. Je pensais qu’elle ferait presque la gueule en me revoyant. Ou du moins j’espérais une sorte de grimace nerveuse, mon but premier étant d’emmerder ceux qui m’ont volés mes chances de remporter l’aventure avec leurs histoires d’amours avilissantes qui plaisent à l’extérieur. Alors je mentionne ce qui marchait avant. La pornographie, peut-être aussi nous parce que j’ai toujours été persuadé qu’elle regretterait après avoir été confrontée à l’avis de la population de Fake Lover qui a fait de moi l’ennemi public numéro un dès mes premiers instants dans le jeu. Paloma était peut-être la seule à m’apprécier dans le nid, mais seulement parce que c’est la plus conne de tous à voir le bien là où il n’y en a pas. Elle trouve des excuses, se laisse embobiner en quelques moments chargés d’une émotion factice conditionnée par la production au travers du système des éliminations ou des secrets. Et elle vient me demander de lui faire l’amour, elle embrasse l’autre crétin avec ses grandes oreilles dignes du prince de Galles. Je crois que son cœur est directement relié à son cul. Il doit y avoir une ligne directe entre les deux, encore bien plus efficace que le téléphone rouge qui relie Washington à Moscou quand il s’agit d’entrer en action. Elle ironise, me parlant d’un conseil que j’ai oublié sitôt qu’elle a dû le prononcer. Elle me parle de redondance ce qui me fait sourire. Paloma dit ça maintenant, mais à l’extérieure je sais qu’elle se montrera nettement moins sereine à ce propos. Tout se sait. Tout se voit. On peut me faire passer pour le sale type qui matait Paloma la main dans le froc autant qu’ils le veulent, je sais que chacun de nos camarades vont s’empresser d’aller jeter un coup d’œil à ces liens vidéos en plein essors depuis le début du jeu. Ils le feront quoi qu’elle s’imagine, parce qu’on est tous animé par une certaine curiosité malsaine. La même qui nous pousse à ralentir face à un accidenté de la route et qui poussera à faire de même sur une accidentée de la vie. Ses prunelles s’ancrent dans les miennes et je la scrute afin d’y déceler des indices sur son état général que je pourrais réutiliser ensuite. Je suis toujours dans l’analyse, dans la compréhension de l’autre et penser que je suis insensible est une erreur qu’on commet trop souvent. Je suis alerte à ce qui m’entoure, la froideur limite psychotique qui me caractérise est seulement due au fait que rien ne parvient à transpercer mon épiderme pour réchauffer mon cœur. Rien. Jamais, parce que j’ai dépassé ces stades que je laisse aux plus faibles. Elle se montre plus sèche en ce qui concerne mes hypothétiques notes et si j’étais du genre à proposer plutôt qu’à imposer, j’avancerais l’idée de palier à cet oubli en revivant directement la scène. C’est là. Ça me fait chier, mais le désir est inévitablement présent. Paloma c’est mon fantasme, mon jouet et face à l’incapacité de m’enfoncer entre ses lèvres, tout ce que je peux faire c’est l’imaginer. La voir nue, la bouche entrouverte, la sueur collant une mèche de cheveux sur son front et ça me rassure de savoir que j’ai encore ça sur elle. Une vulnérabilité ancrée dans mon esprit qui me permet de caresser ses seins des yeux en sachant pertinemment ce qu’il y a en dessous. « Ce n’était pas le but recherché. » je souffle, parce que la savoir contente ou non je m’en contre-fous. Je sais bien qu’on a dû la bercer de belles paroles cette semaine, se disant de retour pour la soutenir, pour la revoir, mais ce n’est pas mon cas. Du moins pas de cette manière. Pas dans un sens positif. Pas pour elle. Pour moi plutôt. Elle s’interroge sur les raisons de mon retour qui sont tout autant confuses dans ma tête. Je suis seul. Pas de famille, pas de véritables amitiés, pas de passions. Fake Lover c’est peut-être le milieu où je peux réellement briller. Là où mon ascendant sur le commun des mortels est à son paroxysme parce qu’à l’extérieur, même si je reste ce connard arrogant manipulateur au-dessus du lot, quand les autres me quittent, rentrent chez eux, ils ont toujours quelque chose à retrouver qui leur fait oublier mes sévices. « L’argent. » je me décide, même si j’aurais également pu parler de notoriété puisque c’est réellement elle qui me permet d’obtenir un statut dans la société, de devenir quelqu’un. Une entité unique et non plus un élément indifférencié dans la masse anonyme. Le fric ce n’est pas la raison principale, mais ça me fait du bien de la lui balancer à la gueule, elle et son milieu favorisé. Elle et son histoire de l’art, caprice de ceux qui ne sont pas dans le besoin. Je la dévisage, attendant la prochaine question. Je ne suis pas doué pour faire la conversation, bien trop dans le contrôle pour me limiter aux échanges badins. Entre-nous, ça a toujours été elle qui formulait les interrogations et moi qui répondait selon ses attentes pour lui inspirer pitié et avoir enfin accès à cette fameuse communication qui lie son cœur chavirant à la passion. Comme si me prendre dans ses bras, m’embrasser c’était un moyen ridiculement peu efficace pour elle de me réconforter, de me sauver parce qu’elle n’a pas encore compris que je me plaisais là où j’étais.
Paloma

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MessageSujet: Re: Sympathy for the devil. (08/12 à 03h28)   Sympathy for the devil. (08/12 à 03h28) EmptyVen 12 Déc 2014 - 22:51

Paloma ne comprend pas Isaac et elle croit qu'elle le comprendra jamais. Pourtant c'est pas faute d'essayer mais plus elle essaye d'analyser ses paroles, ses rictus et moins ce qu'elle découvre est susceptible de lui plaire alors au lieu de se dire qu'il est sans doute comme ça, que c'est peine perdue, elle préfère abandonner son analyse qui mène à rien et conserver de lui l'image qui l'arrange le plus. Celle des rares moments qu'elle pense sincères, celle de ses anecdotes de môme ou de sa reprise de Queen. C'est pour ça qu'il la balade aussi facilement ; parce qu'elle anticipe jamais ses paroles. C'est impossible, il lui laisse pas d'prise, il se montre jamais sous le même jour, sous l'même visage et elle, elle continue à lui accorder le bénéfice du doute parce que Paloma voit toujours plus loin même quand y'a rien, justement. Aujourd'hui c'est la même chose. Isaac s'avance et elle ignore ce qu'il lui veut comme à chaque fois. Elle est dans l'attente, dans l'expectative, elle est aussi un peu crispée parce que c'est un mécanisme qui disparaît jamais vraiment avec lui qui l'habitue à s'montrer prévenant pour ensuite agir comme un con. Paloma l'regarde s'avancer en se demandant à quelle facette elle aura le droit aujourd'hui et elle sait pas mais naïvement, elle s'dit qu'après cinq ou six semaines d'absence Isaac aurait p'têtre décrété qu'ils ont dépassé le stade des remarques acerbes, mais non. Il décide d'entrer en scène dans son rôle de petit con et quand il affirme qu'il est pas venu pour ça, qu'elle soit contente d'le voir, Paloma froisse son visage de poupée dans une moue sceptique, un peu déçue, qui brouille ses lèvres pulpeuses. Elle laisse un regard un peu las couler sur lui, fatiguée d'avance à l'idée d'une nouvelle joute verbale alors qu'elle est pas spécialement en état d'sortir les griffes. Des griffes de chaton qu'impressionnent de toute façon personne. Du coup, elle pige encore moins ce qu'il fait là, près d'elle si c'est pas pour espérer qu'elle serait au minimum contente de le revoir, si c'est pas pour vérifier qu'il a réussi, qu'elle le déteste pas malgré tout. Paloma comprend pas. Il a pas envie d'être sympa, il doit pas avoir non plus pour ambition d'la séduire parce que c'est une affaire pliée maintenant et puis Isaac n'est pas stupide, il s'y prendrait pas autant comme un manche. Il sait pertinemment que Paloma l'apprécie pas quand il joue au con. Ca l'irrite, ça la met mal à l'aise et pire que tout, ça lui rappelle l'goût amer d'une ancienne relation. Une relation finie depuis longtemps mais qui l'a marquée au fer rouge et dont elle portera toujours la marque corrosive sur elle. Dans sa chair, sur son coeur, partout. Elle déteste revoir Aslam en Isaac et les confondre en une seule entité nuisible qu'est juste là pour briser les autres et espérer ainsi se sentir mieux. Mais Paloma pense sincèrement - et naïvement - qu'il est pas si mauvais, Isaac. Qu'il a des circonstances atténuantes, une histoire, un passé compliqué, douloureux, quand son ancien petit ami n'a jamais eu rien d'autre à déplorer que son ennui de gosse lassé de tout, même d'un terrain de jeu aussi large que le globe qui tournait dans l'creux de sa main. « Alors dans ce cas-là, tu peux aller t'asseoir un peu plus loin parce que c'est ma dernière semaine et idéalement, j'aimerais qu'elle soit un peu plus agréable que les précédentes » C'est pas agressif, c'est pas dur, c'est du Paloma. C'est soufflé comme une plume qui viendrait atterrir, caressante, sur les lèvres d'Isaac. Rien de plus. Mais elle le note, parce qu'elle sait pas, elle aimerait bien en appeler à sa conscience pour une fois si tant est qu'il en ait une. Elle serait pas contre nouer une relation qui serait moins bancale, moins toxique. En fait, Paloma, elle aimerait bien qu'Isaac se donne un peu. Qu'il arrête de jouer l'rôle de sa vie à chaque apparition et qu'il soit un peu lui-même. Qu'il partage quelque chose de vrai avec elle au lieu de s'amuser à l'affoler comme un chat tourmenterait une souris par plaisir. Juste par cruauté, sans aucune intention d'lui ouvrir les entrailles au final parce qu'il préfère la voir crever de terreur. Paloma demande pas grand chose : juste une dernière semaine qui lui soit douce. Profitable. Elle sait bien que dehors, l'effervescence va la bousculer, l'angoisser et qu'elle va regretter le nid. Alors elle aimerait en conserver une image positive. Isaac pourrait l'y aider, s'il s'était pas mis en tête le contraire avant de la retrouver ici. Paloma a conscience de ne pas être vraiment compréhensive et qu'au fond c'est pas que sa faute. Il tombe mal, c'est tout. Après la révélation des secrets, après l'exclusion de Mallaury et l'élimination de Ghika, après l'éloignement qu'elle a subi d'la part de certains et le rejet d'autres. Elle est à vif, Paloma, c'est tout. Elle a les pensées corrosives mais elle prend quand même la peine de s'excuser d'un « Désolée » soufflé du bout des lèvres mais d'un regard sincère qui fuit ses prunelles et s'échoue partout ailleurs. Elle a pas à s'excuser, vraiment, mais elle le fait parce qu'elle aime pas être injuste. Même avec Isaac. Parce qu'au final même s'il l'a emmerdée un nombre incroyablement élevé de fois il lui a jamais vraiment manqué de respect. Il a accepté bien plus, sans broncher, que la plupart des candidats réunis et n'a même pas jugé alors qu'il aurait pu. Que ça aurait été facile. Isaac précise qu'il est là pour le fric et Paloma hoche la tête. Elle accuse le choc d'un retour motivé par l'argent mais en fait, elle est pensive. « Je pensais que ça roulait de ce côté-là... » dit-elle, un peu fébrile, un peu coupable aussi parce que l'argent n'a jamais été un problème pour elle et elle a toujours tendance à s'en vouloir d'en avoir - beaucoup - et de pas parvenir à atteindre la satisfaction que tout le monde attend de l'opulence. Parce que Paloma, elle attend davantage de la vie qu'une satisfaction matérielle. Elle, elle veut du sens, de la beauté, de la poésie, d'l'osmose et des feux d'artifice à chaque coin d'rue. Elle est idéaliste et le monde fantasque dans lequel est perpétuellement plongée sa bulle, il est inatteignable. Elle ajoute rien sur le sujet, de toute façon son visage de poupée toujours parlant doit l'exprimer pour elle. Les problèmes d'argent, ça la gêne. Parce qu'elle, elle voudrait aider et si les gens acceptent qu'elle soit là pour beaucoup de choses, y'a toujours les susceptibilités qui se braquent quand les euros s'invitent au détour d'une conversation. A la place, Paloma préfère laisser ses prunelles redessiner le visage d'Isaac et lui poser la question qui l'angoisse et lui brûle les lèvres. « C'est comment dehors ? » Ses grands yeux de biche traquée papillonnent, dévoilant l'angoisse qui l'oppresse : celle d'être coincée dans les phares d'une bagnole et de pas parvenir à bondir pour éviter la collision. Paloma n'est pas faite pour la notoriété, l'attention des médias, des gens. Elle n'est pas faite pour voir sa vie exposée, disséquée, subir de plein fouet une admiration qu'elle comprendra pas et des jugements qui la blesseront. Elle n'a pas réfléchi à ça, avant d'venir comme elle ne réfléchit à lieu, se laissant guider par ses émotions, son coeur impulsif et stupide, ses sentiments, le marasme qui compose la passion et la fait toujours s'animer jusqu'à un résultat catastrophique.
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MessageSujet: Re: Sympathy for the devil. (08/12 à 03h28)   Sympathy for the devil. (08/12 à 03h28) EmptySam 13 Déc 2014 - 3:47

Je note le changement d’expression de Paloma dans un sourire qui vient remplacer le sien en la mémoire de sa disparition inopinée. Je ne suis pas un putain de soutient. Un faire-valoir dont l’unique utilité serait de la laisser briller elle, de la rendre belle, épanouie, heureuse. Moi je m’en fous de Paloma, des finalistes, d’eux tout simplement avec leurs secrets à la con censés attirer notre compassion. Je ne vais pas la féliciter pour s’être laissée baiser par le fils du cadavre dont la semence grandissait en elle. Je ne juge pas et ça s’arrête là, je ne suis pas là pour lui donner satisfaction. Parce qu’elle n’est pas dans le jeu pour Aaron quoi qu’elle en dise, comme le reste des candidats n’est pas présent pour enfin rendre compte d’une vérité qui a été bafouée jusque-là. C’est des conneries. Ils sont là pour eux, le pitoyable transperçant par tous les pores en quête de mots rassurants pour se dédouaner du mal causé. Elle s’emballe. Doucement évidement parce qu’elle est toujours douce Paloma. Je me tais, sans m’exécuter pour lui rendre le paysage plus agréable même si elle me demande de m’asseoir un peu plus loin. Je ne bouge pas, ne parle pas, laisse mon bras flirter contre le sien et elle finit par craquer. Elle s’excuse, ce qui me tire aussitôt un fin sourire. Si elle savait à quel point je suis au-dessus de ça, de me faire rejeter par les personnes qui m’entourent. Rien ne me blesse ou me touche. Elle me lance sur mon retour et je lui renvoie la balle en arguant la motivation de l’argent. Pas parce que c’est nécessairement vrai mais parce que je sais que ça va la faire se sentir mal, elle et le fil d’or qui la distance suffisamment des problèmes matériels pour qu’elle puisse se permettre de les omettre. J’amasse, comme si la précarité et le shopping homologué Wal-Mart guettaient l’hypothétique descente aux enfers qui surviendra quand ma belle gueule se sera mise à vieillir. J’hausse les épaules négligemment sans rien ajouter, je n’ai jamais été bavard. Je sens ses prunelles venir caresser mon visage. Elle me parle de l’extérieur, l’angoisse au bout de la langue. « Toujours pareil. » je souffle d’une voix égale. « Le monde est con, il y a des choses qui ne changent pas. » C’est une invariable. Les frustrés qui nous détestent, nous critiquent comme s’ils avaient leur mot à dire sur notre vie. Les proches disparus qui refont surface après une longue absence qui n’avait pourtant rien de désagréable. J’hésite, lève un regard le temps de m’interroger sur ce que je peux m’autoriser à lui dévoiler sans faire preuve de faiblesse, l’agacement encore acide. « Il y a un type qui a lancé une pétition pour que je retourne purger ma peine. Il y a pas mal de signatures, je suppose que je pourrais filer le lien aux autres pour en augmenter encore un peu plus le nombre. » je lance dans un ricanement amer, sachant très bien ce qu’on pense dans le nid depuis le début de ma remise en liberté anticipée. Quand c’est Isaac qui pointe une arme tremblotante sur un bijoutier pour se faire accepter et accéder enfin à une vie c’est mal. Quand c’est Hadrien et Clémentine qui s’exécutent juste parce que c’est drôle et libérateur, c’est mignon. Je m’en fous. C’est faux, mais je m’en fous. Et c’est tout ce dont j’ai eu le droit à ma sortie des commentaires sur la justice américaine. Ca et des nanas cherchant à se faire consacrer par ma baguette magique qui délivre des places en finale. Elle va prendre chère Paloma à sa sortie. Le porno, le sexe en milieu naturel, l’avortement… Et même moi, la froideur incarnée quand on me parle des problèmes des autres, ça m’a perturbé cette histoire. Peut-être pas pour les mêmes raisons que les autres entre le macchabé, la polémique dans laquelle s’est fourrée la production et le geste en lui-même qui a attiré les foudres de certains. Moi ce qui me préoccupe le plus c’est les dates. Je compte les jours, me repasse l’aventure afin de déterminer le moment exact où elle a quitté le nid pour revenir comme si de rien n’était. C’est confus. Entre ses chialeries nocturnes et l’air de paumée qu’elle traîne partout où elle va, je ne parviens pas à mettre le doigt sur l’instant T et à savoir où je me place dans la chronologie de vie de Paloma par rapport à celui-ci. Les femmes enceintes c’est sacré. Moi je crois que si je suis comme je suis, c’est juste parce que ma mère s’est pris un peu trop de coups de bites quand elle m’attendait donc j’évite de venir malmener les utérus occupés. Et putain, ce gosse, il n’avait aucune chance quand on regarde la chose sous cette perspective. C’est un Isaac. Pas de père avant même d’exister, une unique parente fragile. Peut-être que dans le fond elle a eu raison. Qu’elle a juste rattrapé l’erreur avant qu’elle ne devienne définitive. Pas pour elle, juste à cause de la situation. Paloma a la fibre maternelle, je la sens vibrer sous sa cage thoracique quand elle me capture dans une étreinte chaleureuse. Du moins elle semble l’avoir toujours plus eu à mon égard que ma propre génitrice. Elle me couve du regard, me caresse de ses prunelles aimantes et ça m’énerve. Ça m’énerve autant que ça me plait de sentir cette confiance qui n’a pas lieu d’être envers moi. Je suis comme un môme qui se plaint d’avoir sa daronne sur le dos, mais qui aime ça dans le fond parce que c’est réconfortant, bien qu’il ne l’admettra jamais. Je ne sais pas ce que c’est. Peut-être un complexe d’Œdipe mal résolu au vu du manque flagrant de protagonistes pour soigner le problème quand j’étais môme. Pourtant je l’ai baisée cette figure maternelle. Debout, allongé, à quatre-patte. Quant au père, ça fait bien longtemps que j’ai buté le système qui m’a élevé. Je laisse mes yeux épouser du regard la robe dans laquelle elle est moulée, appréciant, détaillant. Je laisse une main grimper dans son dos pour venir caresser sa nuque. Je m’impose, je cultive le souvenir en feintant de vouloir la dénouer alors que mes doigts qui viennent se poser sur sa peau ambitionnent plutôt la situation contraire comme souvent. « J’ai eu vingt-cinq ans jeudi. » je l’informe innocemment, même s’il n’y a jamais rien d’innocent chez-moi. Et maintenant je me tais, attendant patiemment mon cadeau, celui que je mérite et qui est censé me plaire comme son bouquin d’art. Je veux mon Basquiat à moi. Quelque chose de brut, spontané, violent aussi. De la baise d’avant-garde qu’elle sait si bien faire, qui n’a rien de doux et romantique comme le tableau d’un impressionniste. J’approche mes lèvres de sa mâchoire pour y déposer un simple baiser significatif au cas où le message n’était pas assez clair. Je pourrais tout autant la renverser et juste atteindre qu’elle finisse par céder, convaincu que Paloma c’est juste une nana qui aime le sexe et qui s’y plie comme je le fais en digne queue sur service officiel de ma dame, mais je l’invite à faire fonctionner sa tête pour une fois. Je ne lui vends pas ma vie de merde pour lui donner envie puisque c’est ce qui l’excite, j’attends juste de voir où je me place, curieux de connaître le degré d’erreur que constituait la première fois.
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MessageSujet: Re: Sympathy for the devil. (08/12 à 03h28)   Sympathy for the devil. (08/12 à 03h28) EmptyDim 14 Déc 2014 - 15:06

Suffit qu'il lui fasse perdre son sourire pour qu'un rictus apparaisse sur les lèvres d'Isaac et ça la dépasse un peu, Paloma. Ça la dépasse mais elle dit rien parce que c'est pas comme si elle attendait quelque chose de lui. A force elle a fini par piger que ça servait à rien parce qu'il en fait qu'à sa tête mais c'est pas pour ça qu'elle le traitera moins bien ou qu'elle va s'mettre à faire comme les autres. A le considérer comme un sale type alors qu'elle le croit juste un peu paumé. Paloma attend sa réponse avec une appréhension qu'elle parvient pas à cacher et qui s'lit sur ses traits comme un foutu panneau lumineux. Mais Isaac est fidèle à lui-même et il vient pas balayer ses doutes ou juste mettre un terme à ses interrogations. Elle reste sur sa faim, Paloma, en l'entendant balancer que c'est pareil et que le monde est con. Ses yeux noisettes se lèvent d'eux-même pour venir rejoindre ses paupières avant de rejoindre sagement leur place pour fixer Isaac. C'est pas ça qu'elle veut entendre et il le sait. Elle demande pas comment est le monde en général mais comment il est pour eux, après leur sortie. Parce que ça peut pas être pareil. Paloma n'est pas stupide au point de croire que sa vie s'est mise sur pause et qu'elle attend juste son retour pour s'animer de nouveau et reprendre le fil. Oh y'a des trucs qui changeront pas, pour sûr. Ses amis seront toujours les mêmes, présents et exempts de jugements. Ils lui parleront de l'aventure, feront des vannes débiles ou lui souffleront les mots qui font du bien mais ça sera l'histoire de quelques phrases jetées comme ça avant que le tout poursuive sa route comme si Fake Lover n'était qu'un port de plus, un arrêt comme un autre pas l'genre à tout chambouler. Sa famille lui fera pas de cadeaux par contre, mais Paloma y est habituée. Elle imagine que sa mère sortira de sa réserve et dégèlera leur relation juste pour lui rappeler à quel point elle est une cuisante déception, qu'elle n'a jamais été la fille qu'elle aurait voulu et que sa prestation dans ce jeu débilitant n'en est qu'une illustration supplémentaire. Ou p'têtre qu'elle dira rien, drapée dans son aigreur. Mais c'est pas ça qui l'inquiète, Paloma peut composer avec ce qu'elle connaît. C'est l'inconnu qui l'angoisse, l'inconnu de l'effervescence qui va les engloutir et pour laquelle elle n'est pas préparée. Elle a peur des journalistes, des étrangers dans la rue, des questions intrusives et de celles qui blessent, des jugements, des photos, des bribes de passé étalés dans la presse à la vue de tous. La notoriété avec laquelle Isaac s'amuse comme un gosse désinvolte, elle en veut pas. « Mais y'a forcément des choses qui ont changées avec ta sortie... » Paloma essaye mollement d'le remettre sur les rails de sa voix de berceuse qui cajole dans le sens du poil mais qui fonctionne jamais avec Isaac. Lui il prend le contre-pied, souvent. Et quand il le prend pas, elle peut pas l'anticiper parce que c'est à la fois rare et précieux. Elle demande pas vraiment c'est plutôt une affirmation soufflée, paisible, qu'attend pas spécialement de réponse. Elle veut pas non plus avoir l'air suppliante, désespérée, juste pour lui laisser le plaisir de l'enfoncer en exagérant grandement leur condition d'ancien candidat. Il en est capable Isaac, de ça comme du contraire et c'est un peu le problème de Paloma ; elle sait jamais sur quel pied danser avec lui alors elle danse pas. Elle se laisse porter, manipuler comme une poupée inerte et elle subit au lieu de conduire les échanges. A chaque fois mais c'est pas pour ça qu'elle apprend de ses erreurs parce que c'est son tempérament, celui d'une môme invisible qu'a toujours appris à pas faire de vagues, à rester en retrait et à attendre qu'on la prenne par la main pour avancer. Isaac finit par lui jeter en pâture un détail et c'est le genre de détail qui lui donne envie de se terrer dans le nid jusqu'à ce qu'on oublie qu'elle y est encore et qu'elle l'a jamais quitté. Paloma esquisse une moue désolée en le couvant du regard et elle soupire. Elle soupire face à la méchanceté des gens, à la sortie qui s'annonce mouvementée et à tout ce qu'elle veut pas affronter. « C'est parce qu'ils te connaissent pas » C'est facile de juger sans savoir. A la découverte de son secret, elle aussi a été choquée qu'on puisse sortir comme ça en un claquement de doigts juste parce que des nanas en chaleur ont décidé qu'il était trop beau pour pourrir dans une cellule. Sauf que Paloma comprend mieux, maintenant. Elle pense qu'Isaac n'est pas foncièrement mauvais et que s'il a pu mal tourner à un moment de sa vie, c'est la faute du système qui l'a laissé tomber. Pas la sienne. « Je crois pas que ta place soit derrière les barreaux. » qu'elle affirme, l'ombre d'un sourire doux, discret, planant paisiblement sur ses lèvres pulpeuses. Elle le pense vraiment, c'est peut-être naïf mais tant pis, c'est son truc de laisser des chances. Des dizaines de chances s'il faut, jusqu'à ce que l'on égratigne assez fort pour entraver sa bienveillance. Mais y'a de la marge et jusqu'à présent, y'a que deux personnes qui sont parvenues à atteindre le point de non-retour à cause de perforer son coeur. Sa mère qu'a de mère que le nom et puis Aslam même si pour le second c'est pas si simple. Elle lui trouve encore des excuses, Paloma, se dit que c'est peut-être son tempérament docile, un peu soumis, qui attisait ses mauvais côtés jusqu'à les grossir, qu'avec une fille à la hauteur qui lui aurait porté un amour moins démesuré, il aurait pas été si mauvais en fin de compte. Elle sait pas si son anxiété transparaît toujours sur son visage de poupée mais Paloma sent les doigts d'Isaac courir le long de sa colonne vertébrale et venir cajoler, réconfortants, la peau fine, sensible, de sa nuque. Elle lui jette un regard en coin, un regard surpris mais agréablement surpris et elle n'esquisse pas un geste pour se dégager. Elle l'écoute évoquer son anniversaire et étire ses lèvres dans un nouveau sourire à son attention. Un sourire fugace qui fera pas l'erreur de s'éterniser pour lui donner l'envie de le chasser. « Je savais pas » glisse Paloma, languide et aérienne, là mais déjà partie. Elle réfléchit, parce qu'elle aimerait lui offrir quelque chose à son tour. Un truc qui veuille dire quelque chose, comme son livre d'art. Mais ils ont des moyens réduits entre ces murs et elle a manqué de temps et de l'information nécessaire pour anticiper. C'est les lèvres d'Isaac sur sa mâchoire qui font que ses pieds touchent terre à nouveau. Elle tressaillit sous ce contact mais s'écarte d'emblée. Elle se dérobe en douceur, d'un pas pas plus, juste assez pour se mettre hors de portée de ses baisers ou de ses mains caressantes. Elle comprend où il veut en venir, Isaac, et ça la déçoit qu'il vienne réclamer du sexe parce que c'est son anniversaire, comme si c'est un truc qu'on donnait comme ça, avec désinvolture. Et comme s'il croyait qu'elle lui devait et qu'elle allait s'animer aussi facilement. Peut-être que certains, oui, mais pas elle. Elle, elle a besoin de plus. Elle a toujours eu besoin de plus. Faire l'amour aussi, ça rentre dans sa vision altérée de la vie, plus poétique et passionnelle. Paloma recherche dans l'abandon plus que le plaisir ou le désir. C'est l'expression de sentiments forts, la personnification de l'amour qu'elle porte à la personne, c'est une déclaration, un truc qui prend aux tripes et se révèle plus efficace que les mots, plus brut et sincère aussi. Et parfois c'est un baume au coeur, un remède aux allures de placebo contre son palpitant qui flanche, une façon d'oublier ses plaies et ses cicatrices en se noyant entre des bras accueillants. Mais Paloma baise pas comme ça, juste comme ça, sans y trouver du sens. Elle n'en a pas envie. Son corps, lui, peut-être. Elle mentirait en disant que les doigts d'Isaac, ses lèvres, réveillent pas les sensations découvertes la première fois et les font remonter juste sous sa peau. La peau, ça a une mémoire à part. Une mémoire sensorielle, une mémoire qui ressent et se rappelle du moindre frôlement. Sa nuque la picote à l'endroit où ses doigts s'activaient et elle sent un courant brûlant descendre le long de son dos, jusqu'au creux de ses reins. Mais ça ne change rien. Faire l'amour avec Isaac n'a pas été une erreur. Elle regrette pas. C'est un réconfort dont elle a eu besoin et elle en a apprécié chaque seconde et même davantage qu'elle l'aurait pensé. Mais recommencer, maintenant, en pleine possession de ses moyens, dans un contexte radicalement différent, ce serait une erreur. Et des erreurs de ce type, elle veut plus en faire. Elle veut plus merder comme elle a pu merdé avec Aaron ou se montrer aussi faible dès qu'on l'embrase un peu. Elle n'en a pas envie. Un coup d'oeil à son réveil indique presque quatre heures du matin et Paloma déglutit péniblement avant de reposer un regard troublé mais affirmé. « J'ai envie de t'offrir quelque chose moi aussi. Laisse-moi quelques heures et tu auras un cadeau » qu'elle souffle sans le lâcher des yeux, ignorant délibérément ses signaux pour pas glisser sur cette pente-là. Paloma n'a pas envie d'en parler, elle n'a pas envie de se justifier ou d'affirmer ce qu'il a très bien compris tout seul face à son recul. Lentement elle se relève et se plante devant lui pour l'inviter à le faire. Ses lèvres viennent se poser sur son front pour le saluer avant qu'elle le congédie avec la douceur qu'est toujours sienne, même dans ce cas là. « Demain, seize heures, ici. Bonne nuit Isaac » conclut Paloma en s'écartant de lui. Elle foule le sol jusqu'à la sortie, se retourne pour lui jeter un dernier regard et disparaît dans l'embrasure de la porte pour rejoindre la salle d'eau, déstabilisée par ce retour dans le nid qu'elle attendait pas.

Faire un cadeau en se privant des considérations matérielles c'est moins évident que ça en a l'air. Surtout quand le destinataire s'appelle Isaac et qu'on lui connaît aucune passion en dehors du porno et du ping-pong, ce qui limite beaucoup. Mais Paloma fait avec les moyens du bord et le peu de matériel réclamé à la production. Elle a envie de quelque chose de personnel à défaut d'un cadeau utile, joli, ou qui fera seulement plaisir. C'est un cadeau d'anniversaire qu'est censé lui rappeler leurs échanges inopinés et son enfance, un truc fait avec le coeur, dégoulinant de bons sentiments jusqu'à en gerber. C'est du Paloma en fait. Elle s'est affairée à rassembler des bricoles jusqu'à l'heure fatidique. Elle laisser passer seize heures et quelques minutes avant de grimper jusqu'à la chambre. Isaac est là, assis sur son lit comme si c'était le sien, comme s'il était ici chez lui parce qu'elle doute qu'il soit mal à l'aise quelque part. Elle lui lance un sourire pour la forme, les mains derrière le dos et s'avance de sa démarche de fée, gracieuse, légère, jusqu'à s'asseoir à son tour sur le lit, dans son dos. Paloma laisse tomber son paquet près d'elle et sort le briquet qu'elle a coincé dans la bretelle de son soutien-gorge, faute de main libre. Elle allume la bougie du muffin maison qu'elle lui a fait et rejoue une scène qu'ils ont tous deux vécue, à l'inverse. C'est elle qui se presse contre son dos, enroule un bras autour de son buste et resserre son étreinte en murmurant un « Souffle » du bout des lèvres. Il s'exécute et elle se rapproche pour venir s'asseoir à côté de lui, déposant un paquet soigneusement emballé sur ses genoux. Le papier cadeau ne lui sera pas inconnu ; c'est la robe pourpre qu'elle portait lors de ce fameux prime, rendue inutilisable. Y'a des tâches de boue qui sont pas tout à fait parties au lavage et une bretelle si étirée qu'elle est à deux doigts de céder. A l'intérieur, un collage. Un collage censé lui rappeler son enfance au foyer où ils se pliaient tous à l'exercice. Un collage aux allures de carte aux trésors, savant mélange du peu de choses qu'Isaac a accepté de lâcher sur lui, de ce qu'elle a cru deviner et des moments partagés ensemble. Les décolletés plantureux de Scarlett Johansson ou Blake Lively (elle a pas trouvé de filles à poil dans les magasines donnés par la production) sont censés remplacer la Christina Aguilera du début des années 2000 et la raquette de ping-pong découpée trouve sa place près d'un piano et du visage flamboyant de Freddie Mercury. Y'a une feuille encore verte de la forêt, la promenade de Venice Beach et tout un tas de conneries joliment juxtaposées qui s'alignent sous ses yeux. C'est certain, c'est pas du Basquiat, y'a du rouge à lèvres pour pallier aux deux uniques couleurs offertes par la production et c'est plus bienveillant que violent mais Paloma espère quand même toucher quelque chose, quelque part, sortir Isaac de son apathie tranquille même si c'est pour qu'il se fende la poire devant le ridicule de la chose. Idéalement elle aimerait que ça lui rappelle une période où elle se plaît à l'imaginer moins con mais elle a l'habitude des espoirs déçus, alors elle attend pas grand chose. Ni du collage, ni du cd où elle a joué sonate au clair de lune, la musique qui lui remue les tripes parce qu'elle lui rappelle Antoine et sa virtuosité. Ca non plus, c'est pas grand chose, c'est juste lui rendre la pareille et aussi essayer de prouver que la sensibilité, ça peut être joli parfois. Surtout dans ce cadre où elle transcende même les fausses notes. Au final c'est surtout un cadeau d'au revoir. Et les au revoir, avec Paloma, ils sont forcément plus beaux que les souvenirs auxquels ils disent adieu parce qu'elle est comme ça. Elle a la mémoire sélective qui décide de retenir de l'aventure que le bon et d'oublier le reste.
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MessageSujet: Re: Sympathy for the devil. (08/12 à 03h28)   Sympathy for the devil. (08/12 à 03h28) EmptyDim 14 Déc 2014 - 20:55

Elle poursuit avec sa voix toute douce qui me donne envie de la secouer. Non, rien n’a changé à ma sortie, parce qu’il n’y avait rien à changer et c’est l’avantage quand on avance dans la vie sans la moindre attache. Le tapage médiatique je l’ai déjà connu. Si la première fois la notoriété que je n’avais pas recherché m’avait surpris, cette fois-ci tout est différent. Je connais les codes, je planifie mes sorties avec un soin religieux afin de traverser les foules comme Moïse marche entre les eaux. « C’est pareil. » je persiste, même si je sais que ce qui s’applique à ma personne sera diamétralement opposé à ce qu’elle vivra. Elle n’avait rien prévu Paloma. Elle avance avec sa tronche d’accident de la vie sans prendre en considération toutes les données. Moi, je me doutais qu’il y en aurait pour remettre en question ma liberté. C’était prévisible, à l’image de la première fois où on m’utilisait pour illustrer les défauts de la justice américaine. Je l’ai payé ma condamnation pourtant. Un bon paquet de dollars directement reversé à l’état de Californie. Il y a ça. Ca et ma mère qui s’est pointé pour réclamer son dû la bouche en cœur, comme si le simple fait d’être à l’origine même de mon existence lui donnait des droits sur tout ce qui en découle. Ce n’est pas nouveau. Aucun des deux et comme la dernière fois je lui ai donné son pognon et je me suis contenté de sourire en coin aux photographes avec mon air de branleur pour tous les emmerder. Elle soupire, argue qu’ils ne me connaissent pas, mais je crois qu’elle se trompe. C’est l’inverse, ils m’ont compris et c’est elle qui se voile la face parce que même l’agence qui a payé pour que je sorte ne voyait que la pompe à fric que je constituais et non la victime. Je me souviens de combien c’était bon de puiser une certaine force dans le métal froid d’un Beretta 92. De trembler, d’avoir la trouille et d’ensuite se rendre compte que ça n’a aucun sens d’avoir peur de perdre du vide. La crainte dans le regard de l’autre qui fait exister, qui prouve qu’on est bien là et non plus ignoré et invisible comme ça l’a toujours été. J’hausse les épaules d’un air égal. Je ne sais pas si ma place est derrière les barreaux, mais je sais que je ne veux pas retourner dans cet écosystème néfaste qui détruit plus qu’il ne répare même s’il n’y a plus rien à sauver. Je laisse mes doigts courir dans son dos. J’aime bien la toucher, la frôler, jouer avec ses sensations même si elle ne s’en rend pas tout le temps compte. Je commence par m’imposer, je flirte doucement avec son épiderme, je caresse, j’embrasse, je baise. C’est ce que j’envisage fermement en me penchant sur elle, mes lèvres venant s’échouer à côté des siennes restées silencieuses. Je me déplace, décidé à capturer sa bouche plantureuse, mais elle d’échappe. Paloma s’écarte. Un seul pas certes, mais assez significatif pour que je sente une pointe de colère venir secouer mon égo. Je lève mes prunelles placides vers les siennes qui fuient ailleurs. Je ne sais pas ce qui m’énerve le plus. Si c’est le fait d’essuyer un refus comme un con, de comprendre que je ne vais pas tirer mon coup ce soir ou si c’est encore autre chose qui m’échappe. Je sais qu’elle ne me doit rien. Même si on l’a déjà fait une fois et que c’est mon anniversaire, mais je ne peux pas m’empêcher de me sentir vexer. Je suis là, avec elle contre toutes attentes, alors que j’aurais aussi bien pu être dehors à Venice, Paris ou encore Sydney pour recevoir d’une autre la pipe de mes vingt-cinq ans. De toute façon je savais. Je savais que c’était qu’une seule fois, parce que c’est ce qu’on reçoit quand on est le méchant de l’histoire. On constitue une sorte de lieu de passage, un rituel qu’il faut traverser pour ensuite être redirigée vers ce qu’il y a de meilleur. Je suis juste une péripétie dans la vie de ces filles. Peut-être une qu’on n’oublie pas forcément, mais une en tout cas qui perd en signification au fil du temps avant de devenir une anecdote de merde qui ne me rends pas hommage comme je le mérite. Non, à la place elle se souviendra des autres abrutis. Son petit Ghika, son petit Alistair, son petit Percy et en fait c’est ça. Quoi que diront les annales de Fake Lover, ce n’est pas moi qui l’ai eu la fille. Je fais la gueule. Juste un peu, la laissant se démerder et ne lui facilitant pas la tâche tandis que je reste assis sur son lit en la dévisageant. Elle me parle d’un cadeau comme si j’en avais quelque chose à foutre. J’ai l’impression de me faire totalement arnaquer comme les sales mômes qui n’ont jamais été sages et qui ne reçoivent pas ce qu’ils avaient réclamés à Noël. Qu’est-ce qu’elle a à m’offrir à part son cul Paloma ? Elle aussi va aller flâner du côté de la bibliothèque ? Elle va me prendre une bande-dessiné parce que je suis sans doute trop stupide pour m’attarde sur de la grande littérature ? Parfois j’aime me dire que mon parcours est parsemé de vagins. J’aime bien l’image. Il y en avait des plus étroits, des plus doux qui se confondent vaguement avec leurs propriétaires. Des fausses blondes bien souvent comme il y en a tant à Los Angeles et dont on se rend compte de la méprise sur leur couleur naturelle qu’arrivé au moment fatidique. Et là-dedans il y en a qui sortent du lot. Ce n’est pas que du sexe, je crois que ce sont de vraies personnes comme c’est censé être quand on est normal et pas juste un tordu. Des victoires la plupart du temps, comme ma première fois, l’assistante sociale plus âgée que j’ai serré en lui adressant des sourires en coin… Paloma elle s’est immiscée là-dedans sans que je le comprenne. Je ne sais pas si je pense à elle parce que mes récentes conquêtes sont des groupies en chaleur qui me bassine à son propos, si c’est parce qu’on a vécu ensemble dans le nid pendant longtemps à l’inverse des autres, qu’elle était un fantasme bien avant que je ne la rencontre… Elle a toujours mal prit mes références à ses vidéos pornographiques, mais ce n’était jamais méchant ou moqueur. Pas totalement du moins. Quand je l’ai vu ce jour-là au casting, avec ses lèvres pulpeuses qui ne demandaient qu’à gémir, je l’ai presque vécu comme une apparition divine de l’époque où j’étais consigné à résidence avec une simple boîte de mouchoirs. Elle se lève et j’en fais de même. Elle plante un baiser sur mon front comme si j’avais huit ans avec sa sale habitude à m’infantilisé qui me laisse pantois. Demain seize heures. D’accord. Et demain à seize heures, je suis encore là, assis sur son lit, à la même place que la veille. Je n’attends rien de précis. Ou si, mais je me doute que Paloma ne m’offrira pas ce que j’espère puisqu’elle aurait pu le faire la veille sans exiger une préparation de douze heures avant de se faire sauter. Je suis un optimiste. Je me suis douché, préparé naïvement au cas où elle aurait changé d’avis. Dans l’idéal, Paloma rentrera dans la chambre vêtue d’une lingerie fine. Quelque chose de subtile, peut-être noir comme je l’ai déjà vu porter sobrement. Elle s’approchera, grimpera sur mes genoux pour venir me mordiller doucement la lèvre comme une salope innocente. Sauf que non, elle pénètre dans la pièce habillée avec son sourire de débile profonde. Je ne bouge pas. Je la laisse se presser contre mon dos pour souffler docilement sur la bougie, bien que l’envie de la bousculer sur le côté pour fondre sur elle ne se soit pas encore évaporée. Je reçois son cadeau d’un regard interrogateur. Mes doigts caressent le tissu pourpre familier, alors qu’un fin sourire se dessine sur mon visage à mesure que je prends conscience de quelle robe il s’agit. C’est con, douteux, un peu bizarre, mais ça me plait comme quoi elle me connait bien. Je lève mon air d’abruti vers son visage pour lui sortir l’une de mes conneries familières. « Je suis censé l’accrocher au-dessus de ma cheminée ? » Comme un trophée. Certains affichent des poissons pêchés miraculeusement, moi je me vois bien exposer l’unique indice qui me restera de nos ébats. Qu’elle ne croit pas que je ne suis plus vexé de ne pas avoir pu lui faire l’amour. C’est encore présent comme une boule d’amertume dans ma gorge, mais j’aime les cadeaux même si c’est elle que j’aurais préféré déballer. La première chose que je vois c’est son cd qui me tire un léger froncement de sourcil. Je ne pense pas qu’elle soit allé réclamer notre sex-tape à la production, ça aurait été trop dangereux quand on connait mes velléités de gloire et notoriété à tous prix. Je le pose sur le côté sans lui donner le plaisir de l’interroger sur son contenu. Je suppose que je l’écouterais plus tard. Ou chez moi. Ou jamais, mais j’ai toujours été curieux. Je m’arrête en silence sur ce qui suit. J’aurais dû m’en douter. Paloma et sa niaiserie maladive ne pouvait pas faire simple. Elle s’accroche à ce que je lui raconte parfois même si c’est un détail insignifiant, même si c’est faux. « Tu me vois encore comme un pervers qui joue au ping-pong ? » je souffle en faisant exprès de m’arrêter sur mes traits les plus grossiers représentés sur la feuille. Parce qu’à côté il y a Freddie ou encore une feuille que j’omets volontairement, ayant l’impression que ça m’offre une identité que je ne suis pas accoutumé à recevoir. Je laisse mon pouce caresser le papier glacé des figures découpées dans des magazines. Je ne sais pas si elle se doute de ce que ça représente. Sans doute pas, Paloma ne réfléchit jamais. Ces collages ce n’était pas un élément touchant relevé de mon enfance. C’était une putain de blessure où chaque dessin qui venait s’ajouter sur le mur de ma chambre commune signifiait que j’avais passé un anniversaire supplémentaire où ma mère avait préféré se faire sauter par un type quelconque plutôt que de passer la journée en ma compagnie comme on l’y autorisait. Alors je ne dis rien, je n’ai pas envie. Avant je distillais ce genre d’informations pour émouvoir ma jolie poupée, mais maintenant j’ai l’impression que c’est vain alors mes faiblesses et ma vulnérabilité je ne les lui donne plus. Je pince les lèvres pendant quelques secondes avant de tourner mon visage dans sa direction. « Merci. » je conçois à lui adresser, même si ça m’écorche les lèvres. Comme d’habitude, elle s’est plantée lamentablement, mais elle a essayé là où peu ont eu la persévérance de rester. Alors voilà. Elle m’agace, m’énerve et je ne peux pas la supporter quand elle ne me suce pas, mais je crois qu’elle m’aime bien dans le fond. Un tout petit peu et c’est pour ça que j’ai envie de la remercier. Je ne me défais pas de mon flegme qui témoigne de mes émotions gelées depuis plusieurs années, je n’essaie plus de la toucher, mais je suis reconnaissant et c’est déjà beaucoup.

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