Pas matérialiste pour deux sous, Sayid ne se souciait pas vraiment d'avoir été privé de ses affaires durant une semaine, d'autant plus que ce qu'il avait de plus précieux ne le quittait jamais, et cette semaine ne faisait pas exception. Mais il y avait tout de même bien un objet qui lui manquait ; Un objet qui semblait peut-être un peu futile aux yeux d'autres personnes, mais qui lui le perturbait un peu. Sa montre. C'était psychologique, au fond tant qu'ils étaient ici à se tourner les pouces l'heure qu'il était n'avait pas grande importance, mais ne pas avoir sa montre était aux yeux de Sayid aussi saugrenu que ne pas avoir de chaussures ou de pantalon, c'était ainsi. Il avait même de la peine à se repérer grâce au soleil, maintenant qu'il vivait aussi près de l'équateur les jours et les nuits n'avaient plus la même signification à ses yeux ... Alors il se calait sur le rythme des autres, c'était plus simple. « Toi. » Ses yeux s'étaient ancrés sur l'individu à qui appartenait cette voix, sans qu'il n'ait vraiment à se concentrer pour reconnaitre son identité. Après tout il était supposé être le chef ... Et de toute évidence il avait autant de mal avec sa mémoire qu'avec la politesse. « Tu peux me rappeler ton prénom ? » Bien, c'était déjà un peu mieux. Assez pour qye Sayid se décide à enclencher son mode avenant, lequel avait tout de même besoin de quelques minutes pour se mettre en route ... c'était un peu comme un moteur diesel. « Sayid. » avait-il donc répondu du bout des lèvres, d'un ton relativement neutre. « Et tu es ... István. » Il avait marqué un léger temps d'arrêt, faisant comme s'il avait eu une hésitation alors qu'il n'en était rien. Un candidat l'avait déjà regardé de travers lorsqu'il avait prouvé avoir retenu la plupart des prénoms dès le lundi matin ... Comme si avoir une bonne mémoire faisait de lui quelqu'un de louche. « Ça te dirait d’aller à la recherche de ce puits et d’essayer de ramener de l’eau fraîche au campement ? » La requête ne l'embêtait pas vraiment, à vrai dire il n'était jamais contre un moyen de s'occuper un peu tant les distractions manquaient dans cet endroit dans lequel on les avait laissé s'échouer ... Le ton employé en revanche lui plaisait un peu moins, et il avait eu un léger temps de latence avant de répondre « C'est une requête, ou un ordre ? » Le jeune homme avait-il véritablement besoin de donner à Sayid une raison supplémentaire de penser que Cecil aurait fait un meilleur chef de groupe ? Pour autant, parce qu'il n'avait il faut l'avouer rien de mieux à faire il n'avait pas attendu la réponse du jeune homme pour se remettre en mouvement et partir en direction du puit, se disant que puisqu'il était l'instigateur de la mission Istvan suivrait forcément. « Tu viens d'où ? » Peut-être qu'il était comme un diesel lui aussi, et qu'il mettait sa gentillesse et sa politesse en route étape par étape. Se décrispant un peu, le barbu avait reposé ses yeux sur lui et répondu sans jouer de suspens « Kinshasa, en RD Congo. Mais tout dépend le sens de ta question. » Tu viens d'où c'était un peu trop générique, est-ce que cela voulait dire où est-ce que tu vis, ou plutôt où est-ce que tu as grandi ? Ou encore où est-ce que tu es né ? Dans le cas de Sayid une réponse différente s'appliquait à chacune de ses questions. Et puis il aimait que les questions soient précises, il avait horreur du vague, il avait toujours l'impression que l'on essayait de le piéger ... Cela le mettait mal à l'aise. « Et toi ... tu vis où ? Istvan, ce n'est pas courant. » C'était un peu deux questions à la fois, savoir où il vivait et se renseigner sur ses origines ... Quoi que peu courant il n'en savait rien. Ce n'était pas courant pour lui, mais de là où venait le tatoué ce prénom était peut-être aussi répandu que Charles ou John en Angleterre.