@Imma

+ J'ai beaucoup entendu parler d'une espèce de portail, pas tri-dimensionnel ou je sais pas quoi, mais un portail qui donnerait sur un jardin et un bâtiment de la production. Enfin que des rumeurs et des bruits qui courent dans mes petites oreilles puisque je ne suis jamais allé voir jusque là. J'ai préféré éviter cet endroit sans intérêt à mes yeux. En fait, je crois qu'il ne pourrait que me rendre nostalgique ou me fait prendre conscience, en quelque sorte, que je me suis laisser enfermer par ma propre fille, puisque c'est elle qui m'a convaincu de m'inscrire à son "émission préférée" comme elle l'a dit elle-même. En vérité je suis sûre qu'elle voulait juste se débarrasser de moi, oui, je suis sûr qu'il y a un complot là-dessous. C'est peut-être elle qui est allée soufflée l'idée à la production de nous lâcher en pleine forêt avec à peine de quoi tenir une semaine. Je suis sûr qu'elle en serait capable, cette gamine est diabolique. On dirait que c'est un ange comme ça, elle sourit, elle est jolie, intelligente, mais en fait ce n'est qu'une façade pour mieux nous piéger et nous manipuler. Non, non, mais je l'aime, c'est le trésor de ma vie mais cette forêt commence sérieusement à me monter à la tête, il est grand temps qu'on en sorte. J'aimerais tellement dormir dans un lit bien douillet, mon dieu. Ah mais qu'est-ce que je fous-là moi ? Je voulais pas venir ici ! Je savais que je finirais par me plaindre. Rah, saleté de mode automatique du cerveau, oui, je suis persuadé que tu existes et que tu fais tout pour nous mener là où on a pas envie d'aller. Tss. -Non je ne suis pas fou, juste fatigué, et je n'ai vraiment rien à faire ici alors je vais tout simplement m'en aller. Faire demi-tour, voilà, et... Tomber sur Imma, la seconde demoiselle de couleur à avoir tenté les castings. « Ça s'ouvre pas, j'ai essayé d'écarter les barreaux avec ma super-force mais pff, rien à faire. Je sais pas ce qui se passe, il doit y avoir de la kryptonite dans le coin. » Ouais, sans doute. Enfin, en vrai, si elle est là depuis aussi longtemps que moi elle doit savoir que j'ai rien essayé de faire ici, c'est même pas la peine, surtout pas aujourd'hui vu qu'on va nous rendre notre liberté.

Imma, comme une enfant, rêve devant cet interdit. Comme elle rêvait dans sa petite chambre, devant ce vieux poste de télévision, à l’Amérique. Quelque chose d’existant, de visible, mais d’impalpable. Si proche et si loin à la fois. Elle sait que derrière cette façade et au-delà du confort, se trouve surtout les lieux que tout le monde recherche à atteindre. Passer de l’autre côté de la grille et devenir un acteur principal du jeu. Pas l’un de ces pions obligé de camper au bon vouloir de la production. Mais Imma est obéissante. On lui dit de passer une semaine dans ce qui semblerait être plus un campement de fortune qu’un vrai camping – bien qu’elle n’ai jamais vu de vrai camping de ses yeux - alors elle passe sa semaine là sans rechigner. Aucune plainte ne sortira de sa bouche. Il en faudrait déjà beaucoup pour l’entendre se lancer dans une grande discussion, pas avec des gens qu’elle ne connait que depuis quelques jours et puis seulement de vue. Alors peut-être bien que si elle accède à cette bâtisse, à ce lieu qui leur est encore interdit, peut-être bien s’ouvrira-t-elle un peu plus. Une libération qu’ils ne connaîtront que dans quelques heures. À pas de loup, la mine légèrement crispée, elle se rapproche de la grille déjà squattée par un homme mûr, qu’elle jugerait moins sur son visage que sur son âge. Elle aussi juge les autres et baisse la tête au regret de se voir le faire. Alors elle ne voit rien de ce qu’il peut faire, pas avant qu’il ne prenne la parole pour l’aborder. Docile, elle a toujours ce mouvement de recule lorsqu’on lui parle, ses lèvres pulpeuse oscillant entre sourire timide et moue gênée. Il parle et elle ne comprend pas un traitre mot de ce qu’il lui raconte. Tout du moins la fin de sa phrase. Elle sourit tout de même, amusée par l’idée qu’il ait pu croire que sa force aurait suffi. « Dommage » Qu’elle souffle alors, ne sachant trop quoi dire. Elle ne parle pas beaucoup, elle regarde surtout. Ses yeux se plantant dans le regard de Cecil.

Elle dit pas grand chose la demoiselle mais j'ai au moins réussi à la faire sourire avec mes conneries, c'est une petite victoire j'ai l'impression. Je suis quand même un peu déçu, j'ai droit qu'à un petit "dommage". Enfin c'est vrai que je sais pas ce que je répondrais à quelqu'un qui m'aborderait en se vantant de sa fausse super-force. « Bon, j'avoue je suis pas super fort. Mais ce sont des vrais, tu peux les toucher si tu veux. » Hm, sans l'image ça ferait bizarre d'entendre ça sortir de la bouche d'un mec. Mais je parle de mes biceps, que tout le monde se rassure. Remarque, pas sûr que lui proposer de toucher mes bras musclés réussisse à bien briser la glace entre nous, alors que des présentations plus conformes ça passerait tout aussi bien. « Heu, je suis Cecil. » Au cas où elle le saurait pas déjà. On est beaucoup à vouloir participer à l'émission, une quarantaine à peu près. C'est pas de la tarte de se souvenir du petit nom de chacun, même s'il y en a qui se détachent déjà un peu du lot et qu'on repaire facilement, que ce soit par rapport à une particularité physique ou autre. Moi, sans vouloir faire mon beau, je pense que je passe pas inaperçu, m'enfin. « Et toi, laisse-moi deviner, t'es... Super Bavarde. » Ouais, très recherché l'alias de super-héroïne, je sais. « Tu peux me dévoiler ta véritable identité, tu sais, je le dirais à personne, promis juré. » Je pousse ma connerie un peu plus loin histoire de voir si ça la met à l'aise ou si c'est tout le contraire. Je voudrais pas lui faire peur, mais bon je pars pas qu'avec des avantages, entre ma carrure et on humour de merde, franchement. Enfin, on fait avec de qu'on a, hein.

Imma ne sait pas trop quoi dire à l’homme. C’est dans ces moments qu’elle se trouve vraiment bête de ne pas avoir de répartie pour rebondir sur ses remarques drôles. C’est comme ça que se créé les liens après tout. Tout vient trop en retard dans son esprit et au final elle se contente de quelques mots entrecoupés de longs silences. Mais ce n’est pas parce qu’elle ne dit rien qu’elle n’apprécie pas sa compagnie, au contraire. Elle le trouve très drôle, à lui proposer de toucher les muscles de ses bras. Elle ne le fera pas, mais elle ne peut pourtant pas s’empêcher de sourire, même très légèrement. Peut-être qu’à l’occasion elle les touchera pour en constater la force, mais rien n’est moins sûr. Il faudrait être sélectionné au prime pour ça. Il se présente. Elle bouge doucement sa tête de haut en bas, enregistrant son prénom, oubliant de lui délivrer le sien sur le coup. Elle n’a pas l’habitude de se présenter, ce n’est pas automatique. Alors lorsqu’il lui donne une pseudo identité et des plus étonnante, cette fois elle ne peut retenir un rire qu’elle contre assez rapidement en mordillant sa lèvre inférieure. Contrairement aux apparences, elle est très bon public. En fait, c’est surtout qu’elle s’imagine bien la scène, son corps étriqué dans une combinaison moulante à motifs étoilés version Wonder Woman. Elle s’envolerait dans le ciel comme ça et aurait le pouvoir de parler à n’importe qui sans baisser le regard, sans sentir une espèce de tension monter en elle, sans avoir la gorge sèche et la bouche pâteuse. Imma se mordille un peu la lèvre inférieure, se demandant si ce serait vraiment raisonnable de lui dévoiler qui elle est. « T’as déjà trouvé qui j’étais en fait. » Elle souffle maladroitement, essayant d’entrer dans son jeu. Pour l’instant elle passe juste quelques orteils dans son monde. « Super Bavarde… » Qu’elle ajoute, un sourire en coin. Elle essaie de faire ce que Ronan lui avait dit, de sourire plus. Mais finalement, main sur le cœur, elle lâche « Imma » dans un mouvement de tête, substitution à une longue phrase s’introduisant comme se prénommant Imma. « C’est moins impressionnant. » Qu’elle ajoute, triturant ses doigts.

J'avais déjà rencontré deux personnes pas vraiment très bavardes ou un peu timide cette semaine, et voilà que j'en croisais une autre. Heureusement qu'ils n'étaient quand même pas tous comme ça sinon c'est moi qui ferait tache dans le décor. Mais ce n'est pas parce que je n'obtiens qu'une mini réponse à ce que je dis que je vais baisser les bras pour autant. D'ailleurs je propose à celle-ci de toucher les miens, bien sculptés comme il faut, mais c'est une offre limité dans le temps dont elle refuse de bénéficier. Bon je m'en doutais mais je n'en suis pas moins déçu, hm. Je me présente quand même parce que ça me paraît être la moindre des choses à ce stade de la conversation. Puis je retente le coup avec une petite connerie sur les super-héros. Elle j'ai tout de suite trouvé qui elle était, c'est trop évident. Super Bavarde. « Wahou ! » Je lâche d'un air complètement émerveillé. Sinon, son prénom c'est Imma, et bon elle trouve que c'est moins impressionnant, c'est sûr. N'empêche que ça reste cool, plus que cool que Cecil je trouve, mais avec le temps, vu que ça fait un peu quarante piges que je le porte ce nom de gonzesse, je m'y suis fait. « Je suis trop honoré de faire ta connaissance, Imma ! » Je joue bien la comédie, hein. Je lui sers la main et tout, je suis même prêt à lui demander un autographe. Non mais je suis contente de la rencontrer, elle en vrai, mais j'en fais un peu beaucoup pour rester dans mon truc, c'est plus marrant. Ou pas mais moi ça me fait rire, enfin sourire mais je ris intérieurement. « 'Tain, quand je vais raconter ça à ma fille, elle va pas me croire. J'ai rencontré Super Bavarde, quoi ! » Non en vrai ma fille va carrément s'en foutre, elle va m'écouter deux secondes et retourner faire je sais pas quoi sur son portable, des trucs de jeunes que je peux pas comprendre vu que je suis un vieux, elle dit. Pff.