Imma développe sans réellement s’en rendre compte un lien très fort avec les poissons. Que ce soit ceux du bassin japonisant à l’extérieur, ou ceux de l’aquarium devant lequel elle se retrouve actuellement. Peut-être bien parce qu’ils sont tout autant exotiques qu’elle. Elle regarde attentivement ces poissons tropicaux évoluer dans ce volume d’eau, partagée entre la beauté de la composition que cela forme et la crainte de voir la vitre céder sous la pression de l’eau. Une crainte totalement absurde, ça ne pourrait arriver. Pourtant elle ne peut s’empêcher de se demande ce qu’il adviendrait des poissons si l’aquarium géant venait à se briser ? Elle se moque de finir projeter contre le mur opposé, ou bien même de mourir les poumons remplis d’eau. Tant que les poissons survivent. Comme une enfant, elle est émerveillée par ces poissons qu’elle n’avait jamais vu en vrai, pas même dans un grand aquarium comme l’on en voit aux USA, ou en Europe. Elle n’en a pas à Windhoek. Son visage quasiment collé contre la paroi, elle a un mouvement de recul en entendant une porte s’ouvrir pas loin. Elle fait un pas en arrière, troquant son air ahuri et ses yeux brillant d’admiration, pour une mine plus renfermée sur elle-même, plus timide, peut-être plus froide malgré elle. La blonde et très belle fille lui parle poisson, leur couleur. « Si » Elle souffle. Elle est sobre dans ses réponses, préférant l’efficacité à la futilité. Pourtant, elle ne peut se retenir de pointer d’un doigt dépigmenté un poisson parmi tant d’autres, plus beau que les autres à ses yeux, plus bleu. Un dégradé de bleu justement partant du bleu nuit jusqu’au bleu lagon. « C’est mon préféré. J’aime bien le bleu. » Qu’elle ajoute, sa voix baissant au fur et à mesure des mots venant mourir alors qu’elle pose ses yeux sur la jeune femme à côté d’elle. Comme pour lui demander silencieusement sa couleur préférée à elle.

La couleur, toute sa vie. La couleur de sa peau, blanc ou noir. Si seulement elle pouvait être comme ces poissons, admirés pour justement la diversité de leur couleur. Elle est parfois admirée, pas forcément dans le bon sens du terme. Pas forcément comme elle l’aurait souhaité. Certes parfois on l’a voit comme un animal, encore une fois dans le mauvais sens du terme. Ce n’est pas le cas avec la jeune femme. Dont la présence, d’ailleurs, n’était pas dérangeante bien au contraire. Elle est douce et gentille. Tout du moins c’est l’image qu’elle renvoi d’elle aux yeux de l’africaine. Elle se prête également au jeu des couleurs, décrétant qu’untel serait son poisson à elle. Après une légère hésitation son expression figée, Imma tourne la tête du côté de la blonde – très belle blonde – un léger sourire sur les lèvres. L’idée que deux de ces poissons puissent leur appartenir était drôle, tout en étant intéressante. Ce n’est pas bête. Comme un animal de compagnie à elles, une chose les liant. Un secret. Les yeux sombres de la namibienne se posèrent alors sur celui qu’elle avait désigné comme son favori, partiellement caché par un corail. C’est maintenant le sien à elle, du moins tant qu’elle sera là. Alors comment pourrait-elle l’appeler… « Himmel » Rien de bien original, c’est ce qu’elle avait en tête en le regardant. « Ca veut dire ciel » En Allemand - on parle beaucoup allemand dans son pays. Elle complète, pour qu’elle puisse comprendre. Bleu comme le ciel, c’est évident. C’est simple, comme elle. Mais si Imma trouve un nom pour son poisson, elle ne connaît pas celui de la jeune femme. C’est gênant. Trop, qu’arrivé un moment, en se mordillant la lèvre inférieure, elle finit par souffler. « Et lui ? » Elle déplace son doigt contre la vitre. Un silence. « Et toi ? » Un autre silence.