+ @Joey. J'attends que le soleil soit à son apogée pour monter sur la terrasse à la vue imprenable. Bien sur, c'est sous un parasol que je me suis réfugiée, protégeant au maximum ma peau trop fragile de rousse. Avant de m'installer, je fais bien attention à mon environnement, m'assurant ne déceler aucune trace révélant la présence d'autres candidats ici, pas de serviette abandonnée ni de paquet de cigarettes posé dans un coin. Plus sereine, je tire un confortable fauteuil dans l'ombre et m'y assieds, les genoux remontés vers mon menton. Sur mes cuisses, j'appuie un calepin de feuilles blanches que j'ai décrété être mon carnet à croquis et entame la savante entreprise de dessiner les alentours. En premier plan c'est la piscine que j'esquisse, mais l'arrière plan est d'autant plus fascinant, donnant une vue imprenable sur le reste du domaine. Je me surprends à entonner une chanson, complètement détendue. 'round my hometown... me-e-mories are friends, 'round my hometown... Ma voix est douce et peu audible, mais pour une fois je me sens dans mon élément.

Midi, la terrasse. Cette idée rime avec désastre. C’est écrit dans le ciel même. Ce ciel avec ce soleil brulant qui est mon ennemi numéro un. Pourtant, j’ai envie de venir à sa rencontre, de m’installer sous un parasol et de profiter de la chaleur presque suffocante de Los Angeles. Je suis rarement venue sur la côté ouest, autant en profiter le plus possible. Nous n’avons pas ce genre de température à l’année à Chicago. Je remarque cependant que je ne suis pas la seule à avoir eu cette idée, puisque ma jumelle de cheveux se retrouve déjà sur place lorsque je débarque sur cette fameuse terrasse. Je suis certaine de l’entendre murmurer, parler ou même chanter faiblement lorsque j’approche de celle-ci. Je ne veux pas l’interrompre, peu importe ce qu’elle faisait, bien que je me monte curieuse sur ce qu’elle peut écrire ou dessiner dans son calepin. « Je peux? » je demande en m’annonçant, demandant par le fait même si je peux prendre place à ses côtés. « Je ne voulais pas déranger… Mais bon, je dois aussi être à l’ombre à cette heure de la journée. » j’ajoute en rigolant faiblement. Donc dans un sens, elle n’aura pas vraiment le choix d’être en ma présence. Et j’espère sincèrement que ça ne viendra pas à la gêner.

« Je peux? » Je sursaute légèrement en entendant la voix de la candidate qui se tient près de moi. Je ne l’avais absolument ni vue ni entendue arriver donc oui, je suis surprise, mais cela ne m’enlève pas de ma bonne humeur. Pour une fois, je décide que ce n’est pas la présence d’autrui qui va me perturber. J’esquisse un petit sourire, tout petit, parce qu’il ne faut pas exagérer, et tire la chaise près de moi pour lui indiquer qu’elle peut prendre place. Et croyez moi, venant de moi c’est déjà un grand pas en avant vers l’autre. Et l’autre, en l’occurrence, c’est @Joey. « Je ne voulais pas déranger… Mais bon, je dois aussi être à l’ombre à cette heure de la journée. » Elle laisse échapper un petit rire et je fais de même. Les peaux de rousses, ça me connaît.
Je pose les yeux à nouveau sur mon début de dessin, puis encore sur la vue lorsque je remarque quelques mèches de cheveux dans mon champs de vision. Mon sourire s’élargit alors que je demande, timidement : « Je peux ?... eerm... te rajouter à mon dessin ? » C’est la seule façon que j’ai de pouvoir communiquer un minimum avec les gens, de partager un bout de vie, à travers l’art.