Je me déhanche dans le couloir d’une démarche décidée, muni de ma valise pleine à craquer. D’après ce que j’ai compris, il y aurait plusieurs chambres ou bien plutôt plusieurs suites. Je tombe devant la première suite qui semble être nommée en l’honneur du roi de la pop. Ca me fait sourire et très vite, je distingue mon prénom et celui de ma partenaire, Mackenzi. Je pousse la porte et découvre une suite dorée et rouge, décorée de toute part par des objets ayant appartenu ou ayant été porté par Michael Jackson himself. Dingue. Je lâche mes valises à coté d’un lit au hasard avant de passer en revue toutes les décorations qui ornent les murs. A coté des gants du king of pop, je reconnais un costume du clip vidéo de Thriller. Je reste assez perplexe car dormir à côté de ça ne me semble pas une idée des plus réjouissantes. Je prends ma valise et la dépose sur le lit qui m’est attribué. Toujours pas de Mackenzi à l’horizon, je commence à défaire ma valise et vider mes vêtements. Je dépose des piles de vêtements sur le plumard, j’irai les ranger après dans le dressing. Faudrait-il encore que je le trouve. Des candidats entrent et j’aperçois alors Mackenzi se diriger vers notre lit. Cette femme m’intrigue. J’ignore pourquoi. Je vais devoir dormir avec elle, ça va être sympa. « Excitée à l’idée de dormir avec un dieu hongrois ? » je demande, en ricanant, la tête penchée dans mes valises. Je relève la tête, un sourire aux lèvres. « Je te préviens, tu risques de subir des odeurs intempestives durant la nuit. » Mon sourire s’étire d’autant plus que j’attends de voir sa réaction. Non mais en vrai, je ne lâche pas plus de gaz nauséabonds que le commun des mortels. Tout le monde pète en dormant, c’est bien connu. Après tout, c'est normal de relâcher la pression.

Le premier prime se termine et les candidats quittent peu à peu l'entrée dans laquelle nous avons été accueillis pour découvrir le reste de l'immeuble. Ou alors pour regagner leur chambre, je ne sais pas trop. Le fait est qu'il y a de moins en moins de candidats autour de moi et que je me dis que je ferai bien de les imiter. Allant rechercher mes valises, j'opte pour l'ascenseur parce que je pense bien être incapable de porter autant de bagages dans les escaliers. Je ne suis pas très musclée et ma démarche boiteuse n'aiderait en rien de toute façon. C'est donc avec plus de facilité que certains que j'atteints finalement le premier étage, en même temps que tout une flopée d'autres candidats. Assez rapidement, je parviens à trouver la chambre qui me convient et je pousse donc tout naturellement la porte de celle-ci. Il n'y a pas de doute, c'est bien là puisque j'aperçois Istvan occupé à défaire sa valise sur ce qui semble être notre lit. Un lit commun donc. Il m'accueille avec une question et je doute fortement que la réponse que je lui donne soit celle qu'il attendait.  «Pas vraiment à l'aise non.» et là, je sens dans son regard posé sur moi qu'il attend sans doute plus de précision par rapport à ce que je viens de dire.  «Pas vraiment à l'aise à l'idée de partager mon lit avec un autre homme que mon mari» Mais c'est le jeu et je ne me permettrais pas de lui demander d'aller dormir ailleurs. «Charmante entrée en la matière» lui dis-je en comprenant qu'il me parlait bel et bien de ses pets. «Je suppose que c'est le cas de tout le monde.» Pas mon cas à moi évidemment, je ne me permettrais pas de lâcher des gaz dans notre lit commun mais je suppose que beaucoup trouvent cela naturel. Je ne vais pas faire ma mijaurée et je ne vais donc pas lui tenir rigueur de cela. «Je te demanderai juste de bien respecter la séparation du milieu de lit. Je reste de mon côté et toi, du tien. Ha et je prends le côté gauche si cela ne te gêne pas» Uniquement par habitude, j'ai toujours dormi à gauche.

Je ne lâchais pas plus de pets qu’une personne normalement constituée. J’étais juste István et oui, il m’arrivait de péter pendant mon sommeil. Je trouvais cela sain et complètement normal et j’avais pensé utile et légitime d’en prévenir ma charmante partenaire. Tandis que je positionnais mes piles de vêtements sur le lit avant d’aller les disposer dans le grand dressing, je discutais avec la candidate qui allait partager mon lit. Visiblement, elle n’en avait l’air des plus enchantées. J’étais déçu mais pas forcément étonné. A voir sa mine absolument tout sauf réjouie, mon corps ne l’affolait pas tant que ça. L’idée de l’avoir à côté d’elle sept nuits par semaine, non plus. Je ne savais pas trop comment accueillir la réaction, à vrai dire. J’aurais eu envie de la tringler, j’aurais sans doute mal réagi. Le principe de l’ego blessé, tout ça. Mais comme ce n’était pas le cas, je n’eus tout simplement pas de réaction si ce n’est une mine déçue. Une nouvelle précision changea alors toute la donne. « Génial, on m’a foutu avec la femme mariée ! » je m’exclame, sans trop savoir à qui je m’adressais réellement. Non mais sérieux, on m’a foutu dans un lit avec une femme mariée ? C’est une blague ? Je soupire à outrance, sortant les derniers caleçons qui trônaient fièrement dans ma valise. Pour sa pénitence, je n’allais retenir aucun gaz. Elle venait de perdre tout capital séduction de ma part et elle pouvait donc me voir comme le gros dégueulasse que j’étais lorsque je dormais en solitaire. « Si ce n’est pas le cas de tout le monde, certains doivent être fameusement ballonnés. » Je sors ça, sans plus de cérémonie. Elle arrive alors avec une fameuse idée. Voire même deux. Déjà elle dort du côté gauche, mais en plus elle souhaite respecter scrupuleusement la séparation du lit. Que ce soit clair, je ne garantis que mon bras aille lui foutre une baffe pendant mon sommeil. J’étais du genre à avoir la bougeotte et imprévisible, la nuit.  « Tu veux pas qu’on fasse une barrière de coussins ? Ou bien que j’aille chercher un marqueur histoire de délimiter la zone viable de chacun ? » J’ignorais si elle allait comprendre que je me foutais de sa gueule parce que je trouvais ça risible. Est-ce qu’on m’avait foutu avec Sœur Marie-Madeleine ou comment ça se passe ? Moi qui rêvais de dormir à côté d’une déesse célibataire et désireuse, je voyais rouge.

A ce que je vois, il n'est pas franchement heureux d'être tombé sur la femme mariée du groupe. Ce que je peux comprendre, je suppose que lorsqu'un jeune comme lui vient dans un jeu comme celui-ci, il s'attend à passer des nuits endiablées. Il s'attendait peut-être à tomber sur une bombe atomique chaude comme la braise mais si c'était le cas, Cupidon lui a clairement attribué la mauvaise compagne. Je ne suis pas et je ne pourrais pas être cette nana-là. «On a pas toujours ce que l'on veut.» Des paroles fatalistes mais que je penses être véridiques. Après tout, nous sommes des adultes et nous pouvons très bien s'acclimater l'un à l'autre sans faire la tête à longueur de journée. J'ignore pourquoi nous sommes ensemble mais nous ne pouvons pas aller à l'encontre de ce choix alors je ne vais pas en faire un caca nerveux, si la situation ne lui plait pas, je le laisse aller se plaindre tout seul. «Tu devras te trouver une autre demoiselle si tu veux t'amuser. Au lit. » Mais pas dans notre lit à nous bien entendu. Et tandis que je lui propose de rester de son côté du lit, que je lui demande simplement de ne pas me grimper dessus pendant qu'il dort, cela semble lui passer au dessus de la tête. Clairement, il se moque de moi. Bien. Sans plus de chichi, levant les yeux aux ciels face à ses paroles, je décide de prendre place dans le lit et du côté que j'ai choisi. Je remonte délicatement la couverture jusqu'à ma poitrine. «On fera sans. Débrouille-toi juste pour ne pas me peloter pendant la nuit et pour ne pas me coller ton pénis en érection dans le dos.» Soufflais-je alors «Je ne suis pas là pour t'emmerder. » Que je précise, au cas où il ne l'aurait pas remarqué.