Ici et là-bas (26/03 17h)

Sujet: Ici et là-bas (26/03 17h) Lun 23 Mar 2015 - 12:59

Quelques pouffes, un mur changeant, tout était fait dans la salle zen pour la méditation. J'étais passé par là, la première semaine, sans pour autant m'y attarder trop longtemps. Sauf que voilà, ce jour-là, l'annonce des nominations se faisant imminente. J'avais besoin d'un ailleurs, de repos et de concentration. Je choisissais donc des cimes enneiges, me rappelant de nombreux souvenirs plus ou moins agréables et me laissais porté par le souffle glaciale me rappelant l'air vivifiant de ces montagnes. J'étais bien, heureux, ailleurs, quand j'entendais la porte s'ouvrir. J'ouvrais un œil, puis l'autre. Le jeune homme face à moi, je l'avais entraperçu dans le nid d'amour sans jamais lui adresser la parole. Son nom, Hugo ? Enfin, il me semblait que c'était quelque chose dans ce style. En tout cas, ne voulant pas faire celui qui ne l'avais pas vu, je l'invitais à me rejoindre :

Hey Hugo, tu veux venir "méditer" avec moi…

C'est sûr cela s'annonçait moins glamour qu'un cocktail au bar, ou un film au cinéma… Mais bon, sur le fond, cela nous permettrait de faire plus ample connaissance dans une atmosphère calme et reposée, loin du nid et de cette énergie bouillonnante qui s'en dégage constamment depuis le début de l'aventure.

Sujet: Re: Ici et là-bas (26/03 17h) Mar 24 Mar 2015 - 0:15

J'ai un livre et des feuilles de papier vierges sous le bras, un crayon coincé derrière l'oreille et une volonté revigorante qui me fait aligner les pas dans le couloir du deuxième étage. Je ne cherche pas de lieu particulier mais bien un endroit spécifique. Peu importe dans quelle pièce parmi les dizaines mises à notre disposition je déciderai de m'arrêter, elle me convient tant qu'elle est calme et vide. Aussi, je passe par la salle de contrôle qui me déplaît pour de toutes autres raisons, par le casino, mais ce n'est même pas la peine d'y penser, jusqu'à échouer dans la salle zen et ses allures de repaire pour gourous du ying et du yang à l'encens. Elle n'est pas déserte comme je l'aurais voulu mais le seul représentant humain qui traîne par ici, c'est Diego, immobile, les yeux fermés, visiblement en pleine reconnexion avec ses chakras et son petit moi. Et il est parfaitement silencieux. J'imagine que je pourrai supporter le bruit de sa respiration. C'est ce qui me retient de faire illico demi-tour, sans qu'il en décide autrement et qu'il ouvre grands les yeux pour m'aviser. Adieu tranquillité. Je le jauge une seconde, avant de braquer sur le côté pour investir l'une des masses difformes et colorées qui servent de fauteuil. « Non, pas vraiment. » je me contente de répondre sans lui adresser un regard de plus, lorsqu'il brise ce silence que je croyais - naïvement, hélas - pourtant tacitement convenu entre nous. Méditer, c'est bien une connerie d'artiste, ça. Comme si je n'avais que ça à faire. Comme si les gens ayant une profession décente n'avaient que ça à faire. J'attrape mon crayon et du bout de la mine gracile, je me lance dans la représentation très schématique d'un squelette humain. J'ai des heures à tuer, alors autant les utiliser à bon escient, autant les rentabiliser, même si ce n'est que pour retracer des dessins approximatifs que j'ai déjà réalisés mille fois et que je connais par cœur. Ce trou d'au moins quelques semaines dans mon cursus risque de me faire avoir quelques lacunes, puisque, à Harvard, les gens ont autre chose à foutre que d'attendre un étudiant pour avancer dans leur matière. Je n'ai jamais vraiment eu de problème dans mes études, en réalité, j'évolue d'une année à l'autre sans réelle difficulté, parce que j'ai l'habitude de travailler dur. Je ne suis pas le cliché du riche qui n'en branle pas une. Je me bouge - j'ai horreur de l'inertie, j'ai horreur de laisser l'occasion aux autres de m'accuser de bâiller aux corneilles. « Mais libre à toi de perdre ton temps comme il te plaira. » j'ajoute. Ma voix rocailleuse et doucereuse s'échappe de mon sourire moqueur, tandis que je redresse simplement les prunelles pour l'observer à travers mes cils, avec cet air insondable qui caractérise mon visage souvent inexpressif.

Sujet: Re: Ici et là-bas (26/03 17h) Mar 24 Mar 2015 - 15:14

J'avais juste tenté d'être aimable, de partager un petit coin de mon univers avec Hugo. Mais celui-ci refusa assez franchement, sans une once de politesse. J'avais eu ouïe dire que ce n'était qu'un petit garçon, fils à papa, égocentrique et arrogant. Je n'avais pas pour habitude d'écouter les rumeurs, mais plutôt de me forger mon propre avis… Sauf que voilà, là j'aurais eu mieux fait d'écouter, cela m'aurais évité ce magistrale refus que je venais de me prendre. Il s'installait dans un coin m'expliquant que je faisais bien ce que je voulais… Et puis quoi encore, comme si j'allais aller me laisser diriger par un gamin… Ridicule… Son sourire est moqueur, son regard semble me sonder. Irrité, j'ose lui demander :

Qu'est ce qui ne va pas ? J'ai un truc sur le visage ? Ou c'est juste ton passe-temps de riche de t'amuser à dévisager ton entourage afin de mieux te foutre de la gueule de ceux qui le compose… ?

J'y étais peut-être allé un peu fort, mais je ne supportais pas le manque de respect et le refus de la politesse. C'est d'ailleurs, ce qui m'avait assez rapidement fait détester Ronan et Ziggy. Ces deux être, se rapprochant plus de l'animal préhistorique que de l'homme. Hugo, n'avait pas encore atteint ce point, mais il était bien parti pour descendre assez bas dans mon estime. Après de nombreux changements étaient possibles. Ici, plus ailleurs, les premières apparences pouvaient-être trompeuses. Tout n'était pour l'instant que des suppositions, j'aurais bien le temps par la suite de confirmer ou d'affirmer cela.

Sujet: Re: Ici et là-bas (26/03 17h) Ven 27 Mar 2015 - 0:31

Et le voilà qui s'enflamme, et j'ai beaucoup de mal à contenir le rictus amusé qui fourmille vicieusement sur mes lèvres. J'incline la tête avec grâce, avec cet air qu'ont les parents lorsqu'ils regardent leur gosse se démerder dans des excuses et justifications vaseuses. J'ignore tout de ce type, je n'ai absolument aucune information le concernant, sinon quelques détails insignifiants. Mais sa personnalité est un vrai mystère pour moi. L'était, jusqu'à maintenant. Et vu sa façon de s'emballer pour un rien, je crois que j'aurais préféré qu'il en reste ainsi, finalement. Je soupire à ce qui ne sera que la moitié de son laïus, parce que je sais déjà qu'il va m'agacer. Qu'est-ce que c'est que cette manie d'être désagréable ? Lui ai-je mal parlé ? L'ai-je insulté, lui ou son milieu, sa vie, sa façon débile de faire de la méditation comme n'importe quel con de gourou qui s'imagine qu'il va atteindre une illumination inexistante ? Non. Je n'ai fait qu'offrir des mots objectifs et vérifiés. Il doit être bien susceptible de les tourner de telle façon qu'il s'est senti attaqué, le pauvre enfant. Je lui reconnais toutefois que sa façon de se contredire est on ne peut plus divertissante, et c'est d'ailleurs la seule et unique chose qui me fait daigner répondre à des attaques de môme d'école primaire. « Je te trouve bien prompt à juger les gens que tu ne connais pas, Diego. Tu ne serais pas un riche, par hasard ? » je rétorque, ouvertement moqueur. Quel imbécile. Si on en croit le portrait peu flatteur qu'il réalise des personnes ayant de l'argent à outrance, je ne suis pas, de nous deux, celui qui y correspond le plus. Parce que de nous deux, c'est lui et non moi qui se permet des jugements de valeurs sans avoir cherché ne serait-ce qu'à m'adresser la parole une fois. De toute évidence, ça ne vient pas tout de suite ni comme ça, la réflexion et le bon sens. Machinalement, je laisse mes doigts guider mon crayon sur les traits déjà réalisés, épaississant certains sans réelle raison, tandis que je l'observe. Il a l'air en colère, il semble agacé, ce qui me ferait presque rire. C'est tellement simple de faire sortir un lyrique de ses gonds. « Allez, détends-toi, tu dénotes avec le thème de la salle, c'est désagréable » j'ajoute d'une voix tranquille, tant le contraste entre lui et moi m'amuse et me divertit.

**Contenu sponsorisé**