Même si je suis une petite conne la plupart du temps je suis humaine et j'ai donc des besoins et des envies pressantes. Ca m'arrive, quoi. Ainsi, quand j'ai besoin de me vider la vessie incessamment sous peu, je me dirige tout naturellement vers les toilettes mais ça aurait été beaucoup trop beau si les deux avaient été libres. Enfin, il y en a bien un qui manque d'occupants mais il est dans un état assez pitoyable et je ne suis pas celle qui nettoierait tout ça. Une moue de dégout me fait appuyer sur la poignée du deuxième cabinet, mais c'est un échec. C'est fermé. J'imagine donc que quelqu'un est à l'intérieur. J'ai envie de dire que chacun a le droit d'aller aux toilettes et de faire ce qu'il veut évidemment. Sauf quand ça fait cinq minutes que j'attends devant la porte, en arrivant même au point de m'asseoir sur le sol, juste devant, à attendre que la personne parte ou alors à me recoiffer en face du miroir. C'est pas possible. J'hésite à faire la blague du "t'es tombé(e) dans le trou ?" parce que très clairement je ne suis pas une fille aussi simple d'esprit, mais là j'ai juste envie d'uriner donc je serais capable de kicker la porte et de défoncer la personne à l'intérieur. Je suis partisane de la violence quand elle est nécessaire, évidemment. Et là, c'est nécessaire. « Je ne sais pas qui est à l'intérieur mais tu me faxes quand t'as terminé, s'il te plait. » Regardez comme je suis polie, je dis même s'il te plait. Je suis un ange. Un ange qui doit pisser.

Elle sait que le seul endroit où ils ne sont pas filmés sont les toilettes, et il lui arrive parfois d’y rester un peu plus longtemps que le temps dont elle a besoin simplement pour échapper aux caméras quelques minutes. La pression est parfois un peu trop forte pour elle, elle se doit d’être parfaite en toutes circonstances et ne peut se permettre le moindre faux pas. Elle sait que si tel est le cas, on lui reprochera à sa sortie, parce que ce ne sera pas sans conséquences. Elle se prend la tête dans les mains quelques secondes, essayant de faire retomber la pression, elle a besoin de ces quelques minutes précieuses. Elle ne veut pas montrer qu’elle est faible ni qu’elle doute, elle n’est pas comme ça Agata, elle se doit d’être forte. Elle ne pense pas une seule seconde que quelqu’un puisse avoir besoin d’entrer, jusqu’à ce qu’elle entende une voix. Une personne qui a vraiment besoin d’utiliser les toilettes. « Oh oui pardon, je suis désolée, je ne pensais pas qu’il y avait quelqu’un derrière la porte. » Elle se relève, souffle une dernière fois et déverrouille la porte pour laisser entrer la jeune femme à sa place. « C’est étrange de parler à quelqu’un pour la première fois dans ces circonstances. » dit-elle en se dirigeant vers le miroir, ses lèvres s’étirant une nouvelle fois en ce sourire figé. « Tu es Nirvana, c’est ça ? » Elle doute qu’elle ait réellement envie de faire la conversation dans ces circonstances-là, mais elle essaie.