A défaut de ne pas avoir Maha collée aux basques, allez savoir pourquoi je ne l’ai jamais autant vue en un mois que cette semaine, c’est Martin qui me suit partout. En même temps y’a pas l’choix puisqu’il est perché sur mon épaule. De là il peut bénéficier d’une bectée de tout ce que je chope à manger. D’ailleurs on va aller boire un thé ou plutôt je vais aller boire un thé puisque même s’il peut piocher dans ce que je lui file de-ci de-là il est pas non plus question qu’il se serve dans ma tasse. Arrivé au salon je découvre Sayid, un mec qui parle avec les singes… ou un truc genre, j’sais plus ce qu’a pu me dire Sailor à ce sujet. « Martin on salue Sayid. Bonjour Sayid. » Il s’exécute puisque si je ne lui avait pas facilité la tâche il n’aurait jamais articulé la formule de politesse. J’ai beau essayer d’en faire un thug j’ai aussi envie de prouver à tous que mon perroquet est pas un raté. Je me le suis approprié, ouais et son nom avec. J’en prends conscience au regard de Sayid. « Ouais j’trouvais que Coin-Coin c’était à chier et dégradant pour un Ara. » Son proprio devait pas avoir les yeux en face des trous au moment de le nommer. Tranquillement je m’assois, m’appropriant une tasse et le thé de Sayid au passage. Non ça m’gêne pas.

A bien y réfléchir y'avait tout un tas de choses dont Sayid parvenait à se passer sans mal depuis qu'il était ici. En dehors de ses animaux, eux lui manquaient plus que son air impassible le laissait penser, et en réalité il était sans cesse soucieux à ce sujet même s'il n'avait aucun doute sur le fait qu'il n'était pas irremplaçable et qu'on s'occupait très bien d'eux en son absence. Mais c'était bien la seule chose dont il se passait avec difficulté, le reste n'était que détail et il préférait passer sous silence ce qui lui manquait un peu. Il était cela dit bien content de ne pas avoir à se passer de thé durant son séjour ici ... Il ne savait pas se passer de thé, encore plus que de tabac, en britannique qui se respectait et aussi cliché cela puisse-t-il paraitre. Alors c'était un peu son petit plaisir, là, d'avoir trouvé le salon de thé vide malgré le beau temps et le fait que l'après-midi n'était pas encore terminée, et il lézardait gentiment au soleil, ses lunettes de soleil posées sur son nez, la théière fumante posée sur la table. Tout aurait été parfait s'il avait pu garder silence et solitude pour compléter le tableau, mais c'était sans compter la présence de Léo que Sayid avait suivi des yeux derrière ses lunettes de soleil, son regard bientôt plus intéressé par l'animal perché à son épaule que par le candidat lui-même ... Parce qu'en réalité un animal était aux yeux du britannique presque chaque fois plus intéressant qu'un être humain. « Martin on salue Sayid. Bonjour Sayid. » Bien qu'impressionné par la façon dont l'animal avait obéi et répété la phrase dans un croassement, Sayid qui avait arqué un sourcil à l'énonciation du prénom Martin ... Vraiment, c'était tout ce qu'il avait trouvé, rien d'encore plus commun ? Sayid en regrettait presque Shay et son idée idiote de vouloir appeler le volatile Coco "comme tous les perroquets". « Ouais j’trouvais que Coin-Coin c’était à chier et dégradant pour un Ara. » avait même tenté de se justifier le jeune homme, qui là-dessus au moins n'avait pas totalement tort, refourguer le sobriquet d'un canard à un Ara c'était comme appeler Mozart un gamin qui tapait avec un bâton sur des boites de conserves. « Tu n'as quand même pas trop fatigué ton imagination. » n'avait toutefois pas pu s'empêcher de faire remarquer Sayid, incapable comme souvent de retenir ce qui lui traversait l'esprit. « Mais tu sais y faire avec les animaux, un bon point pour toi. » Du moins un bon point aux yeux de Sayid, ce qui en soit ne valait pas grand chose nous sommes bien d'accord. A part peut-être le fait que pour cette raison le britannique n'avait que sourcillé lorsque Léo s'était accaparé la théière pour s'en verser une tasse, sans prendre la peine de demander « Certains anglais ont tendance à montrer les crocs quand on touche à leur thé. » avait-il simplement fait remarquer, d'un ton monocorde. Certains anglais mais pas lui assurément, parce qu'il aurait fallu pour cela que Sayid ait en lui une once de sauvagerie en lui, quand c'était en réalité tout le contraire. « Ne me déçois pas en me prouvant que tu es aussi malappris que ta partenaire aime à le répéter à qui veut l'entendre. » En vérité Sayid avait presque envie de compatir avec Léo, ce n'était assurément pas un cadeau que de devoir supporter une partenaire comme Mylah, elle et son caractère si ... particulier. Sans parler de sa tendance à la maniaquerie.

Même si j’insiste avec Martin pour qu’il prenne du poil de la bête afin de le rendre infernal à la production –certaines de ses phrases emmagasinées ne sont certainement pas à classer dans le rayon politesse- je tiens à ce qu’il dise bonjour aux gens. J’pense que la bête a été éduquée avant d’être larguée dans une émission de télé-réalité puisqu’elle apprend vraiment rapidement. Mais bon il est évidemment très intelligent, ça coule de source. Du coup plutôt qu’il se mette à insulter Sayid je suis fier de réussir à lui obtenir un salut convenable. Vu comment le mec critique son blaze j’pense que j’aurais dû le laisser lui sortir quelques injures. « Justement c’est ce qu’il y a de gratifiant. J’vois pas pourquoi on devrait donner des noms ridicules aux animaux, si certains blases comme Fraise ou Patapouf sont interdis pour des gosses qui braillent dans tous les sens j’vois pas pourquoi ce serait autorisé pour des braves bêtes qui n’ont rien demandé. C’est comme se foutre de leur gueule et espérer d’eux de l’affection avec toute l’hypocrisie qu’on peut avoir. » On déconne pas avec les animaux c’est comme ça. C’est le seul sujet, et j’dis bien le seul puisque même la religion j’arrive pas à la respecter totalement, sur lequel je suis parfaitement sérieux. C’est une cause qui m’tiens vraiment à cœur, à tel point que j’ai fait une croix sur la viande au bénéfice du tofu. Et le pire dans tout ça c’est que j’trouve ça dégueulasse,, y a pas photo avec un p’tit steak mais les principes sont les principes. C’est apparemment un bon point pour Sayid. « Merci, vivement que j’ai l'droit à une image. » Ouais j’me moque là parce que je m’en fou un peu de son bon point quoi. Son thé m’intéresse beaucoup plus donc tout naturellement j’me sers. « Ca va ça a pas l’air de te déranger plus que ça. A moins que tes crocs soient tout petits. » Je souligne quand même pare qu’à le voir on dirait qu’il sort plus ça pour la forme qu’autre chose. De toute façon si ça l’emmerde c’est la même chose et peut-être même avec un p’tit plaisir en plus. D’apprendre que Mylah me refait une réputation derrière mon dos ça m’fait un peu moins plaisir par contre mais qu’importe franchement elle me blase. « Oh elle a dit ça ? » Je m’enfonce dans mon siège, croisant les jambes délicatement dans un mouvement pratiquement ralenti par le temps tandis que mon petit doigt se dresse lorsque je prends la tasse en ma possession, élevée à juste hauteur. Là j’dois avoir l’air d’un dandy anglais, de quoi contredire les propos de Mylah m’voyez. « Elle est encore plus bavarde que Martin, sauf qu’elle j’arrive pas à la dresser. » Cette bonne blague n’est-ce pas. « Tu dresses quoi toi ? Sailor m’a fait une liste de toutes les personnes travaillant avec les animaux. Y en a tellement que juste retenu ton nom. » C’est un sujet qui m’intéresse et sûrement la seule occasion en laquelle je lui en demanderais un peu plus sur lui. Bon et sinon ce thé est brûlant.

Sur le principe Sayid était tout sauf contre l'idée de renommer le volatile, qui méritait tout de même mieux qu’un sobriquet généralement réservé à une autre espèce que la sienne ; Au même titre que l’on appelait pas un enfant Médor il ne devrait pas pouvoir être possible d’appeler un perroquet Coin-Coin. Et pourtant. Mais d'un autre côté l'initiative de Léo, bien que louable, se soldait en fin de compte par un nom horriblement banal, qui faisait perdre à l'animal sa spécificité, selon Sayid. Ce n'était pas vilain Martin, c'était simplement ... commun. « Justement c’est ce qu’il y a de gratifiant. J’vois pas pourquoi on devrait donner des noms ridicules aux animaux, si certains blases comme Fraise ou Patapouf sont interdis pour des gosses qui braillent dans tous les sens j’vois pas pourquoi ce serait autorisé pour des braves bêtes qui n’ont rien demandé. C’est comme se foutre de leur gueule et espérer d’eux de l’affection avec toute l’hypocrisie qu’on peut avoir. » Il y allait un peu fort, c'était indéniable, mais loin de s'en agacer Sayid s'était contenté d'écouter Léo monologuer sans chercher à l'interrompre, se contentant simplement de porter sa tasse de thé à ses lèvres, et précisant simplement une fois la tirade du garçon terminée « Il y a une différence entre peu commun et ridicule. » parce qu'il ne fallait pas non plus lui faire dire ce qu'il n'avait pas dit. Il n'avait pas plus envie que Léo de faire honte à ce perroquet, qui par ailleurs subissait déjà bien assez par le simple fait de se trouver ici plutôt que dans un endroit où des personnes compétentes s'occuperaient de lui. « Mais soit. Si Martin lui convient à lui, ça reste mieux, de toute façon. » Tout était mieux que Coin-Coin, faut dire. Même Maha serait d'accord avec ça, probablement. Suivant un instant l'animal des yeux Sayid n'en avait pas pour autant louper le fait que Léo venait de s'emparer de son thé, non sans commenter au préalable « Merci, vivement que j’ai l'droit à une image. » Et la tristesse c'était qu'une fois encore Sayid se retrouvait incapable de savoir s'il avait ou non affaire à de l'ironie, aussi dans le doute il avait préféré ne rien répondre, et avait simplement commenté le fait que n'importe quel britannique s'offusquerait sans doute qu'on s'empare de son thé de cette façon, sans y avoir été invité « Ça va ça a pas l’air de te déranger plus que ça. A moins que tes crocs soient tout petits. » Il n'avait même pas idée, en fait. Mais autant qu'il se contente de ne retenir que le fait que cela ne dérangeait pas Sayid, et en effet cela lui perettrait au moins d'être bu dans son intégralité avant d'avoir refroidi. Reste que les manières de Léo laissaient visiblement un peu à désirer, risquant du coup de donner raison aux médisances de sa partenaire « Oh elle a dit ça ? » Oh pas à lui c'est certain, Mylah et Sayid avaient bien trop de mal à communiquer comme deux êtes civilisés, mais le britannique avait les oreilles qui trainaient, plus qu'on ne se l'imaginait probablement. « Elle est encore plus bavarde que Martin, sauf qu’elle j’arrive pas à la dresser. » Un début de sourire, narquois, s'était étiré sur les lèvres de Sayid tandis qu'il prenait une nouvelle gorgée de thé et se décidait à commenter « Elle serait beaucoup plus ennuyeuse si elle était docile. » Et ça lui coûtait de l'avouer, un peu, mais ce qui le faisait tiquer chez Mylah c'était peut-être ce qui faisait qu'il ne l'avait pas mise directement dans le panier des petits bourgeois sans scrupules de cette saison. « Tu dresses quoi toi ? Sailor m’a fait une liste de toutes les personnes travaillant avec les animaux. Y en a tellement que juste retenu ton nom. » Beaucoup ? Sayid n'avait connaissance que de Clarke et lui, mais après tout il y avait encore certains candidats dont il ne savait presque rien, métier y compris, alors Léo était peut-être plus renseigné que lui « Je ne dresse pas, j'étudie. » C'était crucial pour lui, comme différence. Léo parlait des prénoms ridicules tout à l'heure, par dresser un animal à faire des pitreries c'était aux yeux de Sayid bien plus dégradant. « Les gorilles. Je travaille dans une réserve, en RD Congo. » Les animaux étaient en liberté, c'était ça le plus important à ses yeux, alors définitivement il ne s'agissait pas de dressage. « Et toi, c'est ton métier d'apprendre la politesse aux perroquets ? » Il n'en savait rien, Léo avait peut-être simplement un bon feeling avec ce perroquet là.

J’aime bien partir dans les grandes tirades quand il s’agit des animaux. J’pars un peu dans mon délire du coup j’en oublie presque ce que j’raconte car même si dans mon esprit tout est clair j’suis pas sûr qu’à l’oral ça donne la même chose. En tout cas moi j’me comprends, c’est déjà un très bon début. J’aimerais le poursuivre en gagnant de la thune ici à Fake Lover pour pouvoir donner à des associations de lutte de défense des animaux ... j’le fais déjà mais déjà que j’vis sur la paille en permanence alors bon… c’est pas moi qui vais changer les choses. J’aimerais pouvoir devenir plus influant de ce côté-là mais faut déjà que je survive moi-même avant de sauver les autres, hein. « Il en est plutôt satisfait. En plus j’aime bien le contraste entre un nom classique et son esprit rebel. » C’est un thug mon Martin, il insulte quelques candidats de temps à autres. Pas sur mes ordres mais j’peux pas tout maitriser, j’lui ai déjà appris les mots c’est pas plus mal. Il a aussi quelques phrases sympas à son registre mais elles sont trop vulgaires pour coller au contexte actuel. On va prendre un thé que diable, c’est pas l’moment pour les trucs salaces… pas avec Sayid en tout cas. En plus j’sais pas pourquoi il m’est pas désagréable. Pas comme le thé qui vient de me brûler les lèvres. Je me penche vers la table pour saisir de quoi touiller le liquide. J’aurais bien soufflé dessus pour accélérer le processus mais j’suis trop occupé à papoter avec Sayid qui souligne d’ailleurs mon manque de manières. J’en ai rien à foutre, au point où j’en suis. J’me suis de toute façon jamais revendiqué comme quelqu’un de parfaitement éduqué, au contraire de ma partenaire que Sayid décrit presque comme divertissante. …ça dépend du point de vue j’imagine. « L’un dans l’autre ça revient au même. » Je le décrète dans un haussement de sourcils évocateur. Elle est ennuyante quoi qu’il arrive. Parlons plutôt de lui, ce sera plus intéressant. Il étudie donc les animaux. « Ah ouais ? » Ca m’intéresse tout autant puisqu’il doit être une mine de savoir, sur les gorilles qui plus est. « Ca doit être génial. » L’envie doit se lire dans mes yeux tellement j’trouve son métier archi-cool. Le mien par contre… est-ce qu’on peut vraiment appeler ça un métier… j’qualifierais plutôt ça de gagne-pain. Pour le coup j’préfèrerais apprendre la politesse aux perroquets, clairement. « La politesse c’était juste pour avoir du thé, en général il insulte plutôt les gens. » « Tu veux pas lui parler de deux trois trucs intelligents ? Ca le changerait un peu. » Nan j’parle pas d’moi mais des autres en général. Il entend rien de très loquace en trainant dans l’hôtel. « .. enfin il peut se contenter d’écouter. Tiens par exemple, t’as un sujet d’étude précis en c’moment ? » J’parle comme si on était pas enfermés ici depuis plus d’un mois, sûrement les vieilles habitudes.