Je portais une main à ma bouche et me décrochais la mâchoire. Fatiguée je l’étais manifestement. Cette soirée m’avait épuisée et pourtant nous n’avions pas fait grand-chose. Mélange d’appréhension, de doute, de satisfaction aussi mêlé à de la curiosité, bref un mélange épuisant alors qu’il n’était qu’à peine 00h30. Les habitants étaient encore nombreux à converser lorsque je m’étais éclipsée en compagnie d’Ismaëlle et Nathan pour une « jacuzzi party improvisée ». Après avoir trainé pour en sortir, je décidais que m’isoler quelques instants ne serait pas de trop. Je fis escale rapidement à l’entrée pour voir si j’apercevais ma partenaire avec qui je n’avais eu le temps que d’échanger de bref mots. Rien cependant. Et me dirigeais vers la chambre où j’avais entreposé mes valises, enfilais un quelque chose de plus confortable. Au diable les caméras. Puis me dirigeais sans direction précise jusqu’à arriver, au bout du couloir, devant une porte fenêtre. Je restais une minutes immobile avant d’hausser les épaules et ouvrir la porte-fenêtre pour me glisser sur le balcon qui faisait plus office de terrasse qu’autre chose. Inspirant l’air frais je soupirais, frissonnais en sentant de l’eau ruisseler de mes cheveux mouillés vers mon dos.
A peine eu-je le temps d’aligner deux pas qu’une voix s’éleva me faisant sursauter et j’étouffais un cri de surprise avec un « Oh c’est toi » en apercevant Tara ma partenaire de jeu. Aussi étonnant que cela puisse paraitre, je n’avais pas bronché quant à l’annonce des partenaires, je pensais que j’allais être affublée d’un partenaire de sexe opposé et pourtant non. Mieux encore ca ne me dérangeais pas le moins du monde. J’espérais seulement qu’on s’entendrait elle et moi. En effet, j’avais pas envie de me prendre la tête, puis…du peu que j’avais vu d’elle, elle avait l’air gentille et sympathique.

« Je sais pas pour toi, mais moi, je suis complètement morte. » sourit-elle en pointant de son index un siège près d’elle. Je lui rendis sont sourire en m’avançant d’un pas un peu plus assuré, m’asseyant près de cette dernière. « Je te ne fais pas dire, en plus j’ai froid » fis-je avant de sourire à nouveau, vrillant mon regard vers la jolie blonde dont je ne savais pas encore grand-chose. Je laissais planer un silence, loin d’être gênant, regardais un instant les étoiles. « Alors contente de jouer les couples non-hétéro » lançais-je tout sourire, amusée, première idée qui me vins en tête, histoire de lancer la conversation sur un quelque chose. Quitte à être là autant discuter un peu.

Les yeux toujours rivés vers le ciel je l’écoutais répondre puis esquissais un sourire. « Rassurant ? Hum, là tu m‘intrigues, comment ca ? » demandais-je ensuite en vrillant mes prunelles vers la demoiselle. Je n’avais pas l’impression de me montrer indiscrète, bien qu’elle devrait se dévoiler un peu plus, mais maintenant que l’on était voué à passer plusieurs jours ensemble autant en savoir le plus possible, au pire elle ne me répondrait pas et la vie continuerait son cours. Je reportais rapidement mes prunelles vers le ciel, haussant les épaules simplement, face à son silence. J’espérais juste ne pas avoir franchi une limite, loin de moi l’idée de la mettre mal à l’aise le soir même de l’aventure, je me savais maladroite en plus, une maladresse involontaire évidement.
« Cet accent que tu as, c'est...? » demanda-t-elle ensuite et automatiquement je répondis « Français » accompagné d’un sourire. J’étais habituée à ce qu’on me le fasse constamment remarquer lorsque j’avais eu l’occasion d’atterrir sur le sol Britannique. Ca n’échappait pas et mine de rien j’en étais fière. Oui fière d’être la petite Frenchy parmi tout ces Anglophones, au moins, ca marquait une nette distinction entre eux puis moi. Je n’aimais pas tellement être cataloguée parmi la masse ou être cataloguée tout mais là ca faisait expression. « Oui tu dois te demander ce que je fous ici, moi la française qui ne sait qu’à peine aligner deux mots en anglais après avoir bien galéré, moi aussi parfois je me le demande mais je crois qu’au fond je ne le regrette pas.. Puis tu m’as l’air bien sympathique ce qui est plutôt positif et motivant ? Oui ca doit être ca..et..ola je vais m’arrêter avant que tu ne me prennes pour une folle et que je ne te fasses fuir » débitais-je sans reprendre une inspiration, marquais une pause puis éclatais de mon rire cristallin, naturel, sincère, un large sourire aux lèvres. Un pressentiment me faisais penser qu’elle et moi étions de la même trempe et donc je me permettais de me ‘lâcher’ disons, enfin les apparences sont trompeuses, n’as-t-on cessé de me répéter, mais là j’avais bien envie de faire confiance à mon instinct.

« Oh je vois … » fis-je pensive en l’observant avec une insistance déconcertante mais inconsciente, comme si je pouvais, ou plutôt voulais, sonder le fond de ses pensées, de sa personne, et pourquoi pas de son âme. J’en concluais que ce devait être le genre de fille sans problème, plutôt timide. « Personnellement, je suis le genre qui s’adapte…à tout bien souvent » soufflai-je spontanément presque absente. Oui, peut importe les situations ou les gens j’arrivai la plus part du temps à m’adapter, faire des compromis etc…enfin parfois quand ca passe pas, ca passe pas mais dans les ¾ du temps je n’étais pas compliquée. Une qualité dit-on mais aussi un grand défaut surtout lorsque manipulation et cie s’en mêlent.

« En fait, ça démontre plus de la détermination que de la folie, selon moi. Et tu es en Irlande depuis longtemps? Ou tu es venue spécialement pour Fake Lover? » demanda-t-elle ensuite et je souris. Jamais ne m’avait-on posé autant de question sur ma personne, excepté lors du casting pour FL. J’avais presque l’impression d’exister pour ce que j’étais réellement, et non pas pour les apparences, le faste, etc…enfin je me comprend. « Oh non ! » fis-je en secouant la tête par la négative, en ramenant mes jambes contre moi. « C’est la première fois que j’y fous les pieds si tu veux tout savoir, enfin sauf quand je suis venue passer le casting du moins. J’habite en France et resterais en France encore longtemps je pense. » ajoutais-je en souriant. Rien que la barrière de la langue me saoulait alors vivre ici etc.. non merci « Rien que mon accent..c’est juste honteux ! » rigolai-je de bon cœur en replaçant une mèche derrière l’oreille. « Et toi, pourquoi as-tu choisi de passer le casting de Fake Lover ? » demandais-je ensuite curieuse. Les différentes aspirations m’intéressaient.