17h30 feat imma + Un temps ensoleillé et agréable pousse notre homme d'affaire vers l'extérieur. Rester cloîtrer entre quatre murs serait du gâchis et l'ami Gekko l'a bien compris. Flânant dans les allées du jardin exotique tout en bouquinant un ouvrage quelconque pioché au hasard dans sa maigre collection, il profite ainsi de son après-midi au sein du nid. Nominé la semaine dernière, il ne change pas pour autant ses habitudes. Il voit déjà certain faire de leur possible pour être apprécié à la fois des candidats et du public, une tactique plutôt pitoyable. Il ne veut pas se montrer en spectacle et préfère rester lui-même. De toute façon même s'il le voulait, il ne saurait pas jouer la comédie et offrir un show digne de ce nom pour graver les mémoires de ce jeu. Il continue d'être le type ennuyant, barbant, qui préfère de loin bouquiner que de batifoler avec les uns et les autres. Durant sa ballade Gekko aperçoit quelques nuages qui se profilent à l'horizon. Il n'en est pas pour autant inquiéter et décide de prolonger la promenade. Sauf que soudain il est pris de court lorsqu'il se met à flotter. Encore s'il s'agissait de quelques gouttelettes, il aurait simplement pressé le pas pour rentrer, mais non. C'est la grosse averse et il pleut des cordes. Les aléas de la météo, un mystère. S'abritant sous sa veste, il commence à presser le pas. Sur le chemin il croise une Imma trempée jusqu'aux pieds qui ne bouge pas d'un pouce. Peut-être qu'elle aime la pluie, mais c'est un bon moyen de choper la crève. Sans trop réfléchir il s'avance vers elle et tente de l'abriter à l'aide de son veston. Il l'invite, ou plutôt force, à le suivre vers un arbre non loin de leur position. Sous ce dernier les gouttes les atteignent encore, mais ils sont un minimum réfugier et à l'abri de l'averse. Les bras toujours levés pour tenir la veste, il réalise qu'il vient d'aider pour la seconde fois la jeune femme. La peluche, maintenant la pluie. Quel miracle. Sauf que du coup il se sent con d'avoir, de son propre chef, entraîné la candidate à l'abri. Et lorsque Gekko se sent con, il ne parle plus.

Imma ne sait pas pourquoi elle ne bouge pas. Il pleut pourtant fort, très fort, trop fort d’un seul coup, battant à coup de fouet sur sa peau. Ca commencerait presque à faire mal d’ailleurs, si la saison des pluies namibienne ne l’avait pas déjà entraînée. Imma ne bouge pas, peut-être parce qu’on lui a déjà dit qu’elle pouvait braver n’importe qu’elle tempête et que dans son moment d’égarement, elle le croit. Elle croit qu’elle peut effectivement braver les éléments et en sortir indemne ; alors de cette légère pluie, elle n’en restera pas plus mouillée qu’un peu de sueur perlant dans son dos. Ce qui n’est pas vrai, la pluie commence même à rendre sa longue robe trainant à terre, légèrement transparente, lui collant à la peau. Le seul avantage à tout ça, ses cheveux tressés plus imperméable à la pluie. Mais elle n’a pas le temps de se dire que cette pluie cessera bien assez vite et que le soleil la balaiera d’un coup d’arc-en-ciel, qu’une cape de fortune s’abat sur sa tête. Juste le temps d’un sursaut et de s’appuyer un peu sur son épaule, elle laisse Gekko la guider non loin de là. Sans rien dire, elle ne râle pas Imma. Tout se passe trop rapidement, pour qu’elle ait le temps de dire quoique ce soit sur le coup, n’expulsant que son souffle qu’elle avait jusque-là retenu lorsqu’ils arrivèrent sous un arbre. Sans s’en rendre compte, elle garde sa main sur son épaule. « Merci je… » Son souffle s’étrangle, en se rendant compte qu’elle était vraiment trempée. Balançant dans son dos quelques tresses, elle croise l’espace d’un instant le regard de Gekko. Une bonne dizaine de secondes même, avant de baisser le sien instinctivement. Elle le remercie, mais elle ne sait que donner comme explication, alors elle n’en donne pas. Il ne dit rien de toute façon. Entre ses lèvres, c’est une espèce de rire qui voudrait s’échapper et la remarque qu’elle devra lui offrir autre chose pour le remercier, autre chose qu’un minable bracelet. « oh » qu’elle souffle, alors que son regard baissé voit sa peau dévoilée par sa robe humide. Instinctivement elle cache un peu son corps, disposant maladroitement ses mains sur son corps, sans réellement savoir comme faire. Avant de briser le silence, tout aussi maladroitement. « C’était gentil de dire moi… Pendant le prime… » Qu’elle souffle, sachant pertinemment qu’il saurait de quoi elle parle. Bien qu’elle-même ne se rende pas compte de ce qu’elle était en train de dire, une espèce de douleur au niveau de sa poitrine le lui indiquant.  

Pourquoi ? En voilà une bonne question. Dès la seconde où il s'est avancé vers elle pour l'abriter de son veston, plusieurs interrogations se sont posées dans son esprit. Pourquoi. Difficile de trouver une raison valable dans l'immédiat. Gekko n'est pas le genre de personnage à porter secours. Donc oui, c'est étonnant. Surprenant. Et toujours pas d'explication à donner sur son geste. Il a agi instinctivement et impulsivement. Dès qu'il a aperçu sa frêle silhouette, il n'a pas hésité une seule seconde. Une réaction inhabituelle qui a le don de le perturber une fois sous l'arbre. Son silence accompagne la gêne qu'il a. Elle le remercie, mais il baisse la tête. Il a presque honte d'avoir agi de la sorte, parce que ça ne lui ressemble pas. De toute façon depuis le début de ce jeu et de la cohabitation, un tas de réactions qui restent inexplicables apparaissent. Toujours le regard vers le bas, sans doute de peur de croiser celui d'Imma, il le pose involontairement sur la tenue trempée de la jeune femme. Il remarque la transparence du vêtement et les tentatives de la candidate pour le cacher. Encore une fois il réagit de façon instinctive et couvre la demoiselle de sa veste. « Pourquoi rester sous une telle flotte ? Tu es toute ... trempée ... » Merci, mais on l'avait remarqué. Mais il n'arrive pas à comprendre pourquoi elle n'a pas réagi, comme il a pu le faire en cherchant à s'abriter. Il n'a pas le temps d'obtenir sa réponse qu'elle lui parle du prime. Il avait presque oublié ce fait. « C'était la vérité » Avoue-t-il en toute honnêteté. Il n'allait pas dire un nom au hasard juste pour le bon plaisir du présentateur. S'il n'avait pas eu de nom en tête, il aurait dit « personne ». Sauf qu'il aurait sorti un mensonge. Et mentir, ce n'est pas dans sa nature. Même si ça lui a coûté d'avouer ainsi un tel fait, il n'allait pas le cacher. En attendant il continue de pleuvoir, heureusement que sous l'arbre ils sont un minimum abrités. De plus leur proximité sous cet abri les couvre d'un éventuel coup de vent. Proximité que Gekko vient de réaliser et qui a de quoi le rendre encore plus mal à l'aise. C'est bien connu, le contact physique, ça le dégoûte et il n'aime pas ça.

La scène est plutôt surréaliste. Alors qu’elle se trouvait sous la pluie, immobile, stoïque, Gekko passa par là et l’emmena rapidement sous un arbre. C’est après un moment qu’elle se rendit compte qu’ils étaient sous un arbre. Sous un arbre et sous sa veste, qu’il avait enlevé rien que pour se protéger et la protéger. L’effet boomerang revient dans sa figure et elle se rend bien compte de l’instant qu’elle est en train de vivre. Avant le temps, elle avait appris à connaître Gekko ou plutôt sa manière de fonctionner. Ce n’est pas quelque chose qui l’attire chez lui, c’est certain. Pourtant il l’avait si naturellement, de venir la soustraire à la pluie pour faire en sorte de la protéger. D’ailleurs il ne s’arrête pas là. La voyant certainement frissonner, ou quelque chose de ce genre, il prend l’initiative de lui poser cette même veste sur ses épaules. Ne sachant comment réagir, elle ne fait que resserrer les pans de tissus contre son corps, tout en gardant son regard fuyant. Elle pince aussi un peu ses lèvres. Parce qu’il lui demande pourquoi elle avait pu rester sous la pluie ainsi. Oui, pourquoi donc ? « Je sais pas, je… » Elle marque un temps de pause en soufflant, avant de hausser doucement ses épaules. Elle n’assume pas trop ces moments d’égarement et pourtant elle ajoute : « J’ai des crises de folie parfois, je crois… » C’est peut-être la seule explication qu’elle ait, même la plus rationnelle, oui. Sans rien ajouter de plus, elle laisse voguer son regard sur la pluie ne cessant pas de battre la terre, de la faire devenir boue et jusqu’à leurs pieds. Même si elle ne le dit pas et même si elle ne lui avait pas dit merci, elle se sent mieux avec cette veste sur ses épaules. Même si cela ne la rendra pas moins mouillée, ça la réchauffe et là est tout le but recherché et atteint. Alors se sentant un peu mieux, elle ne peut s’empêcher de faire allusion au prime. À son prénom qu’il avait cité. Et au fait qu’elle avait trouvé ça gentil, gentil d’avoir pensé à elle et de le dire. Il répond simplement que c’est la vérité. Mais pour elle, la vérité n’empêche pas la gentillesse. Et ça lui fait quelque chose dans son ventre et plus largement au plus profond d’elle-même, de savoir qu’il a pensé à elle. Alors elle se contente d’un petit sourire, avant de baisser à nouveau sa tête. Elle ne sait pas quoi dire. Lui non plus apparemment, parce qu’ils ne sont pas bien bavard tous les deux et franchement gênés. Imperceptiblement elle vient toucher sa propre joue du bout de ses doigts, sentant une espèce de nouvelle chaleur monter en elle, en totalement opposition de son corps, toujours frigorifié par la flotte, comme il avait dit. Parce que la boue se créant sous leur pied était réellement glissante d’un seul coup, elle se permit de tenir le bras de l’asiatique durant quelques secondes voire une bonne minute. Instinctivement, parce que lorsqu’elle s’en rendit compte, elle le lâcha immédiatement, comme elle lâcha un « pardon » presque inaudible, en le regardant dans les yeux, troublée.

Gekko c'est quelqu'un de rationnel. Toujours à réfléchir avant d'agir, il réfléchit même beaucoup trop à chaque fois ce qui l'empêche d'être une personne impulsive et pleine de surprise. Il est totalement prévisible, mais c'est quelque chose qui l'assume. Sauf aujourd'hui. Peut-être a-t-il mal digéré son petit-déjeuner, mais il se montre prévenant et agit en totale contradiction avec son attitude de tous les jours. Cependant pas sûr qu'il aurait réagi de la même manière avec un autre candidat. Disons qu'il perçoit Imma différemment, il la trouve supportable et d'un certain côté, elle l'intrigue. Il n'arrive toujours pas à poser le doigt sur le pourquoi du comment, mais il subit son changement de comportement, spécialement avec la jeune femme. Ça ne lui aurait jamais traversé l'esprit de venir en aide envers une tierce personne. Mystère et boule de gomme. Une chose est sûre, la gêne installée entre les deux candidats une fois sous l'arbre. Il est mal à l'aise et a du mal à le cacher. Malgré tout il tente d'entrer dans la conversation, de répondre aux propos de la jeune femme, mais une fois encore le silence revient s'installer. Il faut dire l'un comme l'autre, ils ne sont pas hyper bavards. Ajouter à cela un certain malaise, ça empire la situation. Malaise qui se confirme lorsqu'elle évite une chute en glissant sur le sol boueux et qu'elle se retient au jeune homme pour retrouver son équilibre. Ils sont troublés, perturbés, on peut se foutre d'eux, de leur incapacité à faire face à ce type de situation qui pour Gekko, est inédite, il n'en a strictement rien à faire. Chacun réagit à sa façon et les deux candidats semblent adopter la même attitude face à cette proximité, l'échange et le trouble que cela peut provoquer en eux. Encore une fois face au sol boueux la jeune femme échappe à une nouvelle chute grâce à Gekko et ses réflexes. Voyant les pieds de la candidate glissés, il l'a automatiquement retenu de tomber en la rattrapant de justesse. A lui porter ainsi secours, il se retrouve presque à lui faire une accolade, ce qui l'embarrasse davantage. Le naturel revenant au galop, il a alors un mouvement de recul face à cet énième contact et dans un souffle, s'excuse. « Pardon ... » C'est sûr qu'entre eux la conversation n'est pas animée, mais l'échange est présent et nul besoin de parole pour le constater. Il est présent dans le sens où c'est auprès de la jeune femme que le candidat a le plus évolué et cela même si elle est aussi bavard et avenante que lui.

Habituellement, Imma parle peu, mais met toujours à l’aise. Avec le temps et ses occupations, elle avait pris l’habitude de le faire en quelques mots. Mais ce n’est pas le cas ici, parce que ce n’est pas comme d’habitude, ce n’est pas une situation qu’elle a l’habitude de connaître et de gérer. Elle a plutôt l’habitude d’interlocuteurs bavards, qui ont des choses à dire et puis il faut avouer que par chez elle – dans son quartier - l’on parle fort. C’est l’une des rares exceptions, sa famille. Gekko est à des années lumières de ce qu’elle connaît à l’extérieur ; il est plus comme elle et pourtant tout en même temps si différent. Unique, comme elle avait dit à Lamine. Ils sont trop uniques, mais formé sur la même base du silence et de la pudeur. Alors l’échange en tant que tel est certes moins facile, mais malgré tout plus agréable. Elle n’a pas à parler avec lui, pas non plus au final à se sentir obliger de lui devoir quelque chose. Parce qu’il la sauve de la pluie une fois ; parce qu’il la couvre en deux ; parce qu’il lui sert de soutien pour échapper à la boue en troisième et qu’il vient maintenant la soutenir en quatrième, alors qu’elle ne se sentit même pas partir. Leur position est plutôt délicate, affreusement gênante pour Imma, mais elle le sait aussi pour lui. Instinctivement elle détourne son regard, ne bougeant pas ses mains qui venait de se loger sur ses épaules ; se laissant faire. Elle n’est pas violente Imma et ne le repoussera pas, même si cela la met mal à l’aise. De toute manière, elle n’a pas le temps de le faire, qu’il recule déjà et s’excuse. Retenant sa respiration, elle n’oserait faire ou dire quelque chose, qu’un mouvement de tête de droit à gauche. Lui montrer que ce n’est rien. Et ne pas lui montrer en réalité, elle est soulagée. Evidemment qu’elle l’est, échappant alors à cette délicate situation. Soufflant doucement pour reprendre sa respiration, elle laisse à nouveau son regard couvrir l’en-dehors de l’arbre. Voir qu’un rayon doucement baigne le jardin exotique. Il semblerait alors que la pluie ait cessée. Doucement, Imma tend son bras devant eux, pour le constater. Bougeant ses longs doigts clairs dans le vide; effectivement, sous l’arbre elle ne sent plus rien. « Il ne pleut plus… » Qu’elle souffle alors, à son camarade qui avait dû le remarquer en même temps qu’elle. Jetant alors un coup d’œil à son camarade, Imma aligne des pas prudents devant elle pour sortir de leur cachette et constater, la veste de Gekko toujours sur ses épaules, qu’ils ne seront plus mouillés. Doucement, elle lui jette un nouveau regard, l’invitant silencieusement à faire comme elle.

Une des raisons pour laquelle Gekko apprécie la compagnie de la jeune femme, c'est qu'en sa présence il n'a pas le sentiment d'être forcé de faire quoi que ce soit. Avec certains, il n'y a pas de doute, il se pousse à répondre, à faire la conversation alors qu'il n'en a pas forcément envie. Ce n'est pas le cas avec Imma. Il arrive à être à l'aise, à ne pas être agacé. D'un côté qui peut trouver la jeune femme agaçante. Douce, calme, il n'y a rien d'agaçant chez elle. Bien au contraire. Face à une femme plus extravertie et excentrique telle que Gigi, il est évident que Gekko va davantage se fermer face à la personne et se bloquer au niveau de la communication. Mais ce n'est pas le cas avec la candidate qu'il vient à nouveau de retenir pour qu'elle évite de chuter. Bien sûr qu'il se sent plus à l'aise avec elle, cependant il n'a pas l'habitude. L'habitude de se sentir simplement bien auprès d'une personne. Au Japon les seuls échanges qu'il a sont liés à son travail. Il n'a d'amis, encore moins de petite-amie et il n'est pas si proche que ça de sa famille. Il vit dans un cocon, solitaire. Dans oui, devoir si soudainement faire face à une rencontre aussi inattendue que perturbante dans le sens où à ses côtés il n'est pas « normal », ça le déroute. Il s'interroge, se surprend, se demande ce qui peut bien lui arriver. Déjà qu'il n'est pas très bavard, il en perd même ses mots lorsqu'il veut parler. Heureusement qu'Imma n'est pas très regardante face aux silences du jeune homme. Défait de la position qu'il trouvait gênante, la candidate constate soudainement que la pluie a cessé. Un coup d'oeil vers le ciel et on peut apercevoir un arc-en-ciel s'illuminer au fond du paysage. Imma s'éloigne de l'arbre les abritant rejoignant la petite allée et Gekko en fait de même en suivant la jeune femme de près. « Tu peux garder la veste » Dit-il au cas où qu'elle se sente obligée de la lui rendre. Avec sa robe trempée et transparente, c'est un risque d'attraper froid. Postés dans l'allée du jardin, l'homme d'affaire s'octroie un moment de réflexion. Il est dans ses pensées qui sont chamboulées ces derniers temps. Le regard vers le ciel, il finit par le poser sur la jeune femme. Sans raison apparente, il lui souffle un. « Merci » Difficile de savoir en quel honneur il remercie la jeune femme, car seul lui en connaît les raisons. Il reste un instant fixer la candidate malgré qu'il soit gêné.

Imma est incapable de poser des mots sur ce qu’elle ressent, lorsqu’elle lui prend le bras pour se retenir ou lorsqu’il est là pour lui éviter de tomber par exemple. Elle a beau sentir qu’elle est gênée, elle a beau sentir une espèce d’osmose dans cet état d’embarras et l’idée aussi qu’il ne se moquera jamais d’elle, elle sent que quelque chose d’autre se créé, se noue et les dépasse également. Elle ne dit rien, parce qu’elle n’en ressent pas le besoin, ni l’envie, encore moins la nécessité. La seule chose qu’elle précise, entre deux souffles : la pluie qui cesse, arrivant comme une échappatoire à leur arbre de protection. Alors doucement elle le quitte, la peur ventre de glisser dans la boue, alors elle est lente. Parfois elle se risque à tourner sa tête en arrière, voir s’il allait la suivre ou non. Il n’était pas obligé d’ailleurs. Pourtant il le fait tout de même, suivant sa cadence. Un pas devant l’autre et son souffle retenu, se sentant plus légère et plus stable. Puis tout qui retombe, parce qu’il lui offre en quelques sortes sa veste. Elle sourit doucement, presque soulagée de ne pas devoir le lui demander. Elle n’avait pas trop envie de l’enlever, d’ailleurs, elle en enfile les manches. C’est que même sans la pluie et avec le retour du soleil, elle a un peu froid. Le tissu de sa robe toujours trop imbibé d’eau pour se décoller de sa peau. Pourtant elle ne le remercie pas, pas avec des mots tout du moins. Une légère œillade convenue, un sourire. Avant de baisser les yeux, mais elle ne peut finalement pas s’empêcher de les relever sur lui. Parce qu’elle sent le regard de Gekko posé sur elle, plus longuement qu’à l’accoutumé. Si sur l’instant ça ne la dérange pas, elle finit par se « tasser » naturellement devant lui, se faisant toute petite. Il est plus impressionnant qu’il n’en a l’air et qu’il doit croire. Alors, lorsqu’il la remercie soudainement, elle n’ose montrer son étonnement. Elle ne sait pas bien pourquoi, alors de ses lèvres tremblotantes, sort un léger « Pardon ? », tinté d’un léger questionnement. Elle se demande pourquoi, parce qu’elle ne pense pas le mériter. La société veut qu’un merci soit échangé avec un service. Si tant est que la société moderne ait encore le temps de dire merci en vérité. Se rendant compte qu’elle aussi au final elle le fixait assez intensément, elle ne put pas s’empêcher de sourire légèrement, avant de détourner son regard sur le bel arc-en-ciel, dont les couleurs sont finement distinguables.