SAYID & @SHAY
jeudi 14 mai - 12:08

Comme il s’y était attendu la suite Elvis avait été squattée durant la nuit et ce depuis le début de la semaine, la faute à tous ces anciens qui n’avaient rien de mieux à faire que de venir traîner de nouveau leurs carcasses sous l'oeil des caméras de l’émission, et pour Sayid qui s'était bien vite habitué à n’avoir presque personne dans sa chambre c’était un peu une régression, un retour en arrière dont il se serait bien passé. A nouveau il reprenait donc de mauvaises habitudes, se doucher aux heures creuses, privilégier les endroits qu’affectionnaient peu de candidats comme la forêt ou la salle de contrôle, manger trop tôt ou trop tard et profiter du midi pour faire autre chose, lorsque tous les candidats se restauraient. Rien d'étonnant donc au fait de le trouver à la laverie entre midi et deux, d’autant plus que depuis le carnage survenu dans son dressing la semaine précédente et pour lequel Mylah lui avait contre toute attente proposé son aide, il faisait d’autant plus attention à ses affaires. Pas qu’elles n’aient une grande valeur, mais par principe. Il se serait grandement satisfait du fait de rester seul tout le temps que durerait sa machine, mais il en était toujours à séparer le blanc du reste - autrement dit du noir et du kaki, en grande majorité - lorsque Shay avait débarqué à son tour panier à linge sous le bras. Et que pouvait-il faire lui, à part se faire une raison ? Il n’allait tout de même pas la chasser. « Tu n’es pas à table avec les autres ? » parait-il qu’il y avait une certaine cohésion depuis que certaines étaient revenus. Ce qui aux yeux de Sayid était totalement con, parce que plus que jamais le jeu devenait un chacun pour soi. La question en revanche était purement rhétorique, on s’en doute, et bien vite le britannique s'était replongé dans le tri de ses vêtements, n'étant absolument pas du genre multi-tâches. Et ce n’était donc qu'après avoir lancé sa machine de blanc qu’il avait reposé les yeux sur Shay, comme s’il venait de se souvenir qu’elle était là, et lancé comme si cela sortait de nul part - un peu comme elle le faisait elle-même, souvent - « Pourquoi tu crains la révélation du reste de ton secret ? Parce que tu en as honte, ou parce que tu crains le jugement des gens ? » Ou peut-être les deux, il ne pouvait pas savoir. Elle lui avait répondu au prime que ce n’était pas aussi simple que de n’en avoir rien à foutre de l’avis des autres, alors il essayait de comprendre.

Etant donné que j’ai un peu trop traîné au lit ce matin, mes activités ordinaires ont été retardées et me voilà débarquant à la laverie aux alentours de midi, heure à laquelle je suis plutôt en cuisine ou au restaurant en principe. Je suis étonnée de trouver sur mon chemin Sayid qui fait également sa lessive. Il me demande d’ailleurs pourquoi je ne suis pas à table avec les autres candidats. « Les autres mangent déjà ? » Comme Mackenzi me l’a si bien fait remarquer, j’ai la fâcheuse tendance à répondre à une question en en posant une autre. Mais je ne m’en rends pas bien compte. C’est spontané. En espérant que ça ne finisse pas par agacer mes interlocuteurs. « Tu nous fuis ? » Je demande alors plus ou moins sérieusement après avoir conclu que le candidat cherchait de la tranquillité en venant à la laverie pendant l’heure du repas collectif. J’ai vite compris qu’il est plutôt du genre loup solitaire et qu’il n’est pas vraiment ce que l’on peut qualifier de sociable. Je ne pensais tout de même pas que ça en était au point d’éviter les autres. Enfin soit. Je profite ensuite du silence pour m’accroupir et commencer à balancer mes fringues dans la machine en triant couleurs claires et couleurs foncées. Le candidat lui semble plutôt faire une machine de blanc, à l’ancienne. C’est sûr que c’est moins risqué mais moi je gagne du temps en utilisant mes lingettes anti-décoloration. Je m’apprête d’ailleurs à lui parler de ça mais je suis prise de cours car il engage le premier la parole pour évoquer mon secret. Enfin du moins le reste qui n’est pas découvert. « Je ne sais pas vraiment. » Je réponds dans un premier temps avec un air presque abattue tout en y réfléchissant sérieusement. Et puis je me reprends assez vite. « C’est compliqué. J’en suis pas fière, non, c’est vraiment pas le genre de chose dont tu peux être fière et te venter. C’est tout l’inverse. C’est quelque chose qui te ronge à l’intérieur et que tu peux dire à personne. Sauf que j’ai été plus forte et que je suis là aujourd’hui pour en parler justement. Je veux apporter de l’espoir. J’ai fui mon pays pour changer de vie et ça j’en suis fière. Ça a surement été la pire décision de ma vie et à la fois la meilleure. Si c'était à refaire, je le referai sans hésiter. » Je me rends compte que j’ai peut-être donné beaucoup d’indications au candidat. Pas sûr que ce soit suffisant pour qu’il trouve mon secret mais j’aurai surement dû en dire moins. Mais c’est difficile. Il m’est vraiment difficile à ce stade de le cacher. Je sais pourtant qu’il faut que je fasse un effort pour le maintenir jusqu’au bout. Ça serait bête de perdre ma cagnotte et de repartir avec rien vu que je suis demi-finaliste. « Et toi alors ? Tu regrettes ton secret ou si c’était à refaire, tu recommencerais ? » Pas question que je sois la seule interrogée aujourd’hui. Je commence à avoir des idées moi aussi sur son secret et je m’y intéresse. J’ai pas oublié d’ailleurs sa réponse à la question de Cupidon lors du dernier prime. Il a dit ne pas avoir honte de son secret.

Spoiler:

S'il avait choisi de descendre à la laverie à cette heure-ci cela n'avait rien d'un hasard, au contraire, et s'il parvenait malgré tout à tomber sur Shay il en arrivait à la conclusion qu'elle avait sciemment décidé d'éviter le gros des candidats elle aussi. Ce qui avait tendance à surprendre un peu Sayid parce que si lui ne s'était jamais caché d'être un adepte de solitude, il n'avait jamais eu le sentiment que Shay soit de ce genre-là elle aussi. « Les autres mangent déjà ? » Bon, de toute évidence elle n'était pas hyper calée pour ce qui était des habitudes des autres, et Sayid ne savait du coup pas trop si c'était lui qui avait tendance à trop observer et trop catégoriser, comme d'habitude, ou bien si c'était simplement elle qui était un peu dans la lune. « Tu nous fuis ? » A un autre peut-être la question serait apparue comme une plaisanterie à laquelle une réponse ne serait pas nécessaire, mais toujours très premier degré et plus assez soucieux de ce qui était vexant ou non il avait répondu sans détour « Oui. » sans s'interrompre dans le tri de son linge. Ce n'était pas vraiment une surprise au fond, ni une nouveauté. Ce qui l'était un peu plus c'est que Shay ait suivi le même chemin, puisqu'à priori elle n'avait pas autant de souci que lui avec la notion de vie en communauté « Toi aussi ? » Elle posait des questions alors il pouvait bien se permettre d'en faire autant. Et d'ailleurs, puisqu'ils en étaient aux questions il y avait une question qui lui trottait dans la tête au sujet de la jeune femme depuis le dernier prime, une question qu'il n'avait pas osé poser sur le moment mais qui le rendait curieux malgré tout. Il se demandait pourquoi la révélation du reste de son secret l'angoissait, parce qu'elle ne semblait pourtant pas du genre à accorder trop de crédit à l'avis des autres, d'habitude. « Je ne sais pas vraiment. » Mais ce n'était pas une réponse, ça, et dans son impatience Sayid était à deux doigts de le lui faire remarquer avant qu'elle n'en prenne toute seule l'initiative. « C’est compliqué. J’en suis pas fière, non, c’est vraiment pas le genre de chose dont tu peux être fière et te venter. C’est tout l’inverse. C’est quelque chose qui te ronge à l’intérieur et que tu peux dire à personne. Sauf que j’ai été plus forte et que je suis là aujourd’hui pour en parler justement. Je veux apporter de l’espoir. J’ai fui mon pays pour changer de vie et ça j’en suis fière. Ça a surement été la pire décision de ma vie et à la fois la meilleure. Si c'était à refaire, je le referai sans hésiter. » Une fois sa machine à laver mise en route, Sayid s'était retourné pour faire de nouveau face à Shay, écoutant sa réponse. Il supposait que tout aurait forcément plus de sens lorsqu'elle pourrait en parler librement, même s'il adhérait déjà sans mal à cette optique de ne pas regretter un changement de vie radical. « Et toi alors ? Tu regrettes ton secret ou si c’était à refaire, tu recommencerais ? » Il avait changé de place, quittant la machine à laver pour aller s'asseoir sur l'un des deux bancs que comptait la laverie, et reposant finalement les yeux sur Shay en haussant les épaules. « Ce n'est pas aussi simple. Nos secrets ne fonctionnent probablement pas de la même façon. » Ce n'était pas une question de refaire ou de ne pas refaire, c'était plus profond que ça. Mais difficile pour lui de rentrer plus dans les détails que cela, fut un moment où perdre son secret ne lui aurait pas fait grand chose puisque maintenant ou plus tard il serait de toute façon révélé, mais désormais il était question de sa cagnotte bien plus que de son secret. « Mais je ne regrette rien, non. Je suis en paix avec ce que ça implique. » Après si ce n'était pas le cas des autres, ce n'était pas vraiment son problème à lui. Il donnait peut-être l'impression de faire des efforts depuis qu'il était ici, et il est vrai qu'il en avait fait, mais cela n'empêchait pas que l'avis de personnes qu'il ne connaissait depuis même pas trois mois lui était assez égal.

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