SAYID & @SHAY
lundi 18 mai - 18:23

Les trois révélations dont Cupidon les avait gratifiés aujourd'hui avaient été concernant Sayid une dose de sociabilisation suffisante pour qu'il s'estime parfaitement légitime à ne plus vouloir croiser qui que ce soit du reste de la journée. Il était loin pourtant, le temps des premières semaines où plus d'une trentaine de candidats s'entassaient dans l'hôtel et où faire un pas sans rencontrer quelqu'un relevait pratiquement du miracle, mais il fallait croire que la tolérance de Sayid au monde s'était amoindrie à mesure que les semaines s'étaient écoulées, tant et si bien que la situation n'était guère plus glorieuse au bout de ces dix semaines. Ayant pour sa part réfuté les deux théories exposées à propos de son secret sans la moindre hésitation il ne s'était pas attardé dans la salle de bal et avait trainé un moment dehors avant de remonter jusqu'à la chambre Elvis pour récupérer son paquet de cigarettes, avant de prendre la direction du balcon. C'était un peu son remède à tout, tant qu'il était là mais pas uniquement, il mentirait s'il affirmait que sa consommation de tabac n'était pas déjà élevée à l'extérieur. Disons donc simplement que l'enfermement n'avait rien arrangé. Tirant d'ailleurs sa vergogne sur la cigarette qu'il avait entre les lèvres, il avait observé Shay du coin de l’œil tandis qu'elle s'aventurait à son tour sur la terrasse, et avant attendu le tout dernier moment pour écraser sa cigarette dans le cendrier prévu à cet effet. Il n'avait pas oublié que la fumée indisposait la jeune femme. « Tu n'es pas trop déçue, j'espère. » avait-il dès lors préféré commenter tout en se tournant de façon à lui faire entièrement face. Déçue de ne pas avoir découvert son secret et d'avoir opéré un raisonnement faux à ce sujet, quelques heures avant. Ce n'était même pas une question qu'il formulait mais simplement une affirmation qu'il faisait, parce qu'il estimait qu'il serait malvenu de la part de Shay que d'être déçue qu'il ne soit pas un meurtrier.

On peut dire qu’il y en aura eu des révélations aujourd’hui et l’une d’entre elle me concernait directement avec Sayid. Comme les autres, elle s’est soldée par un échec. Je n’ai pas découvert le secret du candidat. Lorsque je le croise un peu plus tard dans la journée sur le balcon d’ailleurs, il n’hésite pas à me demander si je ne suis pas trop déçu par cette issue. « Si ! Terriblement ! » Je prends un air théâtrale en croisant les bras et en faisant mine de le bouder alors qu’en réalité il n’en est rien. Je suis évidemment un peu déçue de ne pas avoir démasqué le secret du candidat mais je ne suis pas abattu non plus. Ce n’est vraiment pas grave. Je m’y attendais en plus à ce dénouement. Mon idée était un peu trop extrême. « Non, je suis rassurée en un sens. » Tout cela veut donc dire que Sayid n’a tué personne et qu’il n’a pas de mort sur la conscience. J’imagine que même si cela avait été de la légitime défense comme je l’avais imaginé, cette histoire l’aurait surement traumatisé à jamais. Une mort c’est tout de même pas rien. Et ce, même si c’est pour la bonne cause dans le fond. « J’étais vraiment loin du compte ? » Je demande subitement de manière innocente en émettant un léger rire. Autant prendre la chose avec dérision. Je suis vraiment pas perspicace pour ce qui est des secrets, tant pis. J’imagine qu’il y a déjà eu pire que moi comme théories après tout. Je me rappelle notamment d’un buzz complétement foireux concernant un élevage de vaches Kiri ou je sais pas quoi... J’ai jamais réellement compris mais comme quoi, il y a plus nul que moi. « J’imagine que t’as déjà eu affaire à des altercations avec les braconniers, non ? » Je sais qu’on n’est plus dans la cabane en bois et que les conditions ne sont pas les mêmes. Le garçon n’a plus vraiment à répondre à mes questions. Pour autant, je ne mène plus vraiment l’enquête. J’ai pas d’autre idée et je doute rebuzzer avant la fin.

Outre le fait que Sayid avait besoin de faire un peu le plein de solitude, il n'allait pas nier non plus qu'il espérait se faire un peu oublier dans l'espoir que jusqu'à la fin de la semaine on les laisse tranquilles lui et son secret. Il n'avait pas tenu dix semaines pour le perdre maintenant, tous ces efforts pour se constituer une cagnotte réduits à néant à quelques jours de sa validation il ne pouvait pas s'y résoudre. Et surtout même s'il n'avait jamais honte de rien il n'était pas certain de réussir à se regarder dans la glace s'il revenait à la réserve après toutes ces semaines d'absence en rentrant bredouille. Y'avait des gens qui comptaient sur lui, c'était ce qui l'angoissait aussi parce que quand on comptait sur lui cela se terminait souvent mal, comme une preuve implicite qu'il ne fallait jamais rien attendre de sa part au risque d'essuyer une déception. Pour autant Sayid ne s'estimait pas mauvais joueur, pas dans cette circonstance particulière en tout cas, et s'il était amené à perdre son secret d'ici la fin de la semaine il en conclurait simplement qu'il n'avait pas réussi à s'en cacher suffisamment bien ... Au bout de dix semaines c'était toujours un peu compliqué, le naturel revenait souvent au galop parait-il. L'auteur du dernier buzz le concernant aujourd'hui était d'ailleurs apparue sur le balcon à son tour, et si Sayid n'était toujours pas trop calé en discussion il avait pu remarquer la tendance de Shay à toujours poser des questions, et répondre aux interrogations des autres par des questions également ; Quoi de plus normal donc qu'il engage la conversation par une phrase en point d'interrogation ? Et puis il était curieux de la réponse, curieux de savoir si elle était véritablement déçue ou bien si elle s'attendait à une autre réponse de sa part concernant son buzz. « Si ! Terriblement ! » Elle avait croisé les bras d'un air qu'il assimilait à boudeur, le laissant perplexe un instant tandis qu'il hésitait à croiser les bras à son tour pour se donner une contenance et lui faire remarquer la stupidité de la scène. Mais changeant soudainement d'expression la jeune femme avait du même coup changé son fusil d'épaule en déclarant « Non, je suis rassurée en un sens. » Se décrispant légèrement Sayid avait abandonné son mégot de cigarette dans le cendrier et fait quelques pas dans la direction de Shay, ne résistant pas à l'idée de demander « Soulagé qu'il ne s'agisse que d'un buzz gratuit, ou soulagé de savoir que tu n'as pas passé dix semaines sous le même toit qu'un meurtrier ? » Oh il savait bien encore une fois, qu'elle faisait la différence entre un crime de légitime défense et un assassinat en bonne et due forme, mais pour Sayid seul le résultat comptait et tuer un homme restait tuer un homme, peu importe les circonstances. « J’étais vraiment loin du compte ? » lui avait-elle finalement demandé, un léger sourire aux lèvres. Sourire que Sayid lui avait rendu tandis qu'il venait s'accouder à la balustrade à côté d'elle, et qu'il secouait très légèrement la tête en faisant faussement mine de réfléchir. Quelques secondes, avant d'enfin lui avouer « Très loin. » Elle le croyait ou elle ne le croyait pas, ensuite, mais Sayid pensait avoir assez répété à qui voulait bien l'entendre que lorsqu'on lui posait une question il répondait avec honnêteté ; Le souci majeur avec lui aurait dont plutôt été de parvenir à poser les bonnes questions plutôt qu'à se demander si oui ou non c'était la vérité qui sortait de sa bouche. « J’imagine que t’as déjà eu affaire à des altercations avec les braconniers, non ? » Le début de sourire qui s'était installé sur les lèvres de britannique s'était évaporé rapidement, tandis qu'il haussait les épaules pour montrer sa résignation face à une situation qui s'était effectivement déjà produite. « Ils sont toujours là, ou pas très loin. On les empêche de faire leur commerce, alors à leurs yeux c'est nous l'ennemi. C'est une guerre sans fin. » Sans fin parce qu'un braconnier qu'on arrêtait ou qui était abattu, ce n'était qu'un braconnier qui trouverait remplaçant le lendemain ; Le marché 'était bien trop lucratif pour décourager ces gens-là. « Les singes sont généralement attrapés pour être revendus aux laboratoires peu scrupuleux. Ou alors en Asie, où ils font partie des animaux comestibles. » Lui était dégouté rien qu'à l'idée de trouver un primate dans son assiette, évidemment, et rien que l'idée à vrai dire lui donnait la chair de poule. « Comme je t'ai dit, l'an passé ils ont tué un de nos veilleurs et notre chef vétérinaire ... comme ça, en représailles. » Du moins c'était ce qu'ils en avaient déduit par la suite, ce n'était pas non plus comme si ces hommes avaient laissé une carte de visite ou une lettre de revendication en partant. « Mais je me rappelle assez peu de cet épisode-là, c'est ... un peu flou. » Un peu flou parce que son esprit avait choisi d'occulter une partie de ces souvenirs, contre sa volonté, parce qu'en plus de fonctionner de manière atypique l'esprit de Sayid gérait aussi les évènements et le stress de façon peu orthodoxe. Ravalant sa salive, il avait secoué légèrement la tête comme pour chasser machinalement toute pensée parasite qui lui reviendrait de cette période-là. C'était du passé, et cela ne servait jamais à rien de s’appesantir sur le passé. « Je suis sûr que tu peux nous trouver un sujet de conversation un peu plus réjouissant que celui-là. » lui avait-il finalement fait remarquer pour changer de sujet, ne cachant même plus désormais son désir que ce soit elle qui mène la conversation là où elle en avait envie, à défaut que lui soit capable de le faire correctement.

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