Franchement, cette semaine, le plus dure, ce n'était pas la prison en elle-même. Oh non. Les lit pourris, je faisais avec. Les cellules, pareil. Les douches chaudes seulement à certaines heures, oui c'était chiant, mais je m'y faisais. L'état absolument dégueulasse des lieux, c'était dure, mais non, ce n'était toujours pas le pire. Le pire des pires, c'était la cuisine. Enfin, non, justement, le manque de cuisine. Elle était mignonne, la Margaret, mais franchement, elle avait appris à cuisiner où, franchement ? Ca me manquait de cuisiner. Ca me manquait terriblement, d'autant plus que ce qu'on mangeait, ça ne ressemblait même pas à de la nourriture. Ca ressemblait à… a une pochette plastique, au mieux. J'avais tout simplement envie de me retrouver derrière les fourneaux. Et chaque fois que je passais avec mon plateau, j'avais presque envie de me mettre à pleurer en voyant ce que la vieille femme y déversait. « Merci… Margaret... » Ca ne ressemblait à rien du tout, c'était horrible. Mon restaurant cinq étoiles me manquaient, mes poêles, mes épices me manquaient. Quelle horreur. Mais il fallait bien se nourrir, donc je n'avais pas franchement d'autre choix que de manger… ça.
Je m'installais à table, face à une jeune femme. Elle était jolie, brune, avec un regard tout aussi brun.  Au premier abord, c'était le genre de femme à qui j'avais bien envie de parler. Je posais mon plateau en face du sien, semblant la surprendre quelques peux. Je m'asseyais, avant de m'adresser à elle. « Bon, et ben, bon appétit je suppose… Si on peut encore trouver l'appétit en regardant ça ! » Je prenais ma fourchette en plastique, et même si ce n'était pas bien, je jouais plus avec ma nourriture par manque d'envie de la manger. « Non mais c'est pas possible, ça a pas de goût, pas d'odeur ! Limite ne rien manger, ça revient au même ! » Ca m'énervait en fait de voir que si par chance il me laissait la cuisine pour deux minutes, même avec des produits de basse qualité, je ferai bien mieux que ça. Mais non, on avait une cuisinière, alors on allait faire avec la cuisinière, point barre.  « Franchement, on aurait de quoi piquer un coup de gueule à la production pour être nourri de la sorte ! » Bon, et puis après tout, même avec un coup de gueule, ça changerait pas grand-chose. Je laissais tomber mes couverts pour le moment pour reporter mon attention sur mon interlocutrice. « Bon et sous ces airs de mec râleur et tout ça, je suis un mec bien, et je m'appelle Chris. » Voilà, une présentation en bonne et due forme, c'est mieux quand même. « Mais sans mentir, dès qu'on intègre la vraie maison, et une vraie cuisine, j'organise un véritable festin pour rattraper cette semaine ! »