SHE'S ON FIRE
@scarlett

Dans Orange is the new black, la cabane de jardinage recèle : un tunnel pour se barrer, de la marchandise illégale rapportée de l’extérieur. C’est le moment ou jamais de vérifier. Khadi s’enferme précautionneusement à l’intérieur et retire du sol tout ce qui pourrait masquer une trappe : chaise, seau, échelle rouillée. Conclusion ? Rien, absolument rien, pas même un paquet de clopes. Blasée, elle s’appuie contre la table sur laquelle reposent des pots de fleurs vides, et souffle un grand coup. Elle imaginait des vacances télévisées plus paisibles, et avec plus de tabac et d’alcools, il faut l’avouer. La porte de la cabane s’ouvre et une fille entre, surprise de se retrouver nez à nez avec Khadi. Elle est sur le point de repartir quand Khadi l’arrête. — Reste ! … S’il te plait, elle ajoute après avoir réalisé la brutalité de sa demande. La fille est incroyable : aussi rousse que l’irlandais que Khadi a croisé dans la cour extérieure, sauf qu’au contraire de lui, elle a l’air totalement hors de ses pompes. Fuyante, peut-être timide, des yeux en forme d’amandes sous une chevelure orangée qui jure avec sa tenue d’inmate. Khadi a alors un flash, qui lui déclenche un sourire. — Tu t’appelles Scarlett. Je l’ai retenu parce que j’ai trouvé ça génial, de s’appeler Scarlett, et d’avoir des cheveux pareils, elle dit sans se départir de son sourire. Elle ressemble à une elfe, et quand on la regarde plus longuement, on réalise à quel point elle est belle. — Tu sembles tout droit sortie d’un livre fantastique, elle ajoute sans cesser de se régaler de la vision offerte par ce visage parfaitement dessiné, jusqu’à la dernière tâche de son.

Elle ne sait pas ce qu'elle cherche, c'est une quête sans fin. Sa silhouette longiligne masqué par l'ampleur de sa combinaison, se déplace de pièce en pièce le regard fuyant et les sens en alerte. Elle ne sait pas ce qu'elle cherche, mais c'est sûr qu'elle ne le trouvera pas dans la salle commune. Ce n'est pas un objet, ce n'est pas un livre, ce n'est pas à manger. En réalité, ce qu'elle cherche est plus conceptuel qu'autre chose. Un petit coin de tranquillité peut être ? Elle n'en sait trop rien. C'est ça, c'est qu'elle n'a aucune idée de ce dont elle peut avoir besoin ici et la quasi certitude que rien ne va lui convenir. C'est pas une forte personnalité Scarlett, c'est pas quelqu'un qu'on retient parce qu'elle ouvre sa bouche au bon moment où qu'elle fait des frasques. Non c'est une personne fuyante qui se cherche et qui joue avec les apparences. Une personne qui souhaiterais rentrer dans le moule, mais elle y peut rien c'est dans la catégories des bizarres qu'elle se trouve toujours. La bizarre se dirige d'ailleurs la petite cabane, sans trop savoir ce qu'elle va y trouver. Mais c'est le seul endroit où elle a pas chercher son « concept du bonheur ». Ce serait quand même dingue de trouver ça ici, dans cette prison et principalement dans cette cabane. Surtout que ce n'est certainement pas quelque chose qui se balade dans la nature, mais pourquoi pas après tout ? Ce n'est même pas parce qu'elle s'ennuie qu'elle agit de la sorte, cette étrangeté la qualifie bien plus que les quelques battements de cils qu'elle peut envoyer quand la situation l'exige. Elle entre et entreprenant de sortir, parce qu'il n'est pas là son concept ou s'il était là cette demoiselle l'a obtenu avant elle. C'est trop petit pour une personne ici, alors deux ce n'est même pas la peine. Mais elle lui demande de rester, lui exige de rester avant de s'adoucir dans une marque de politesse. Scar sait pas quoi faire, quoi penser. Alors elle reste, l'observe sans rien dire. « Oh.. oui. » C'est ça. « Mes géniteurs sont des .. artistes. » Si on veut, son sourcil se fronce dans l'incompréhension. Elle ne sait pas comment agir, quoi dire. Et se retrouve totalement surprise par cette nana qui la dévisage. « Je n'ai pas l'air réelle ? » Elle lui demande sérieusement, presque inquiète dans son regard, parce qu'il lui arrive de ne plus savoir ce qui est réel. Et pour le prénom de la jolie demoiselle, elle n'en sait rien. Parce que comme pour tout le monde à chaque fois elle a l'impression que c'est la première fois qu'elle les voit.

Elle semble si fuyante… C’est presque gênant, cette impression d’être de trop alors qu’elles ne sont que deux, elle et elle, Khadi et Scarlett. Elle a un mouvement de recul en apercevant Khadi, comme si ce qu’elle cherchait ne pouvait pas se trouver ici du moment que Khadi s’y trouve aussi. Mais il en faudra plus pour faire reculer Khadija, pour lui intimer de retirer sa main tendue vers elle. Il y a de ces gens comme ça, qu’on sent. Bien ou mal. Il y a quelque chose d’immense et très profond dans le regard de cette elfe androgyne, Khadi le sait. Aucun animal craintif ne serait resté planté là en entendant « reste » : vous avez déjà réussi à faire rester un chat dans votre champ de vision en le lui demandant simplement ? Mais Scarlett, elle, ne bouge pas à la demande de Khadi, dessinant un sourire sur les lèvres de cette dernière. Scarlett lui confie que ses parents sont des artistes. Khadija avale la nouvelle donnée, des portraits imaginaires de couples parentaux se dessinant dans son esprit et défilant à toute vitesse. A quoi ressemblent-ils ? Et surtout, à qui ressemble-t-elle ? Mais la seconde remarque, sérieuse et presque craintive de Scarlett, la  tire brutalement hors de ses pensées. Ses yeux s’écarquillent ; elle n’aurait jamais imaginé avoir été blessante. — Tu as l’air parfaitement réelle, souffle-t-elle avec certitude. Ses yeux bruns et orangés… Ses cheveux flamboyants, ses lèvres rondes et charnues, sa peau de pêche, ses dents longues et blanches… — Mais je n’avais encore jamais vu de fille comme toi. Elle ne cesse de la dévisager d’un air fasciné. — Tu es tellement belle. En des années de mannequinat, des heures entières de shootings et de backside, elle n’a jamais rencontré de filles pareilles – et dieu sait qu’elle a croisé des exceptions esthétiques. Se rendant soudain compte d’à quel point elle est impolie, elle cesse immédiatement de dévisager Scarlett. — Je suis Khadija – Khadi, pour faire plus court, annonce-t-elle dans un sourire. — Tu venais chercher quelque chose ici ? Peut-être un peu de solitude ? Elle n’hésitera pas à la laisser seule si c’est ce que Scarlett désire. Après tout, chacun y a droit, et Khadi a déjà profité de la cabane.

Cette rencontre est sûr réaliste. Elle ne s’attendait pas à tomber sur quelqu’un en entrant dans cette petite cabane en bois. Et certainement pas à tomber sur quelqu’un comme elle. Qui la dévisage, la regarde comme s’il s’agissait d’un Rodin au hasard s’une galerie de musée. Elle a un mouvement de recul, mais ce n’est pas réellement qu’elle souhaite fuir la demoiselle c’est juste qu’elle est certaine de ne pas trouver ce qu’elle cherchait ici. Parce que sa quête à elle, doit être faite seule. Alors c’est plus vraiment utile qu’elle reste, mais c’était sans compté sur la demoiselle qui lui intime de rester. La rouquine s’exécute, laissant le regard de la naïade glisser sur les moindres recoins de son visage. Elle la compare à un personnage d’une fiction fantastique et ça déconcerte Scar. Elle imagine que c’était un compliment que la petite fait partie de ces gens qui disent un peu tout ce qui leur passe par la tête. Mais cette bonne intention fait l’effet inverse chez la rousse. Parce qu’il lui arrive souvent de se demander si ce qu’elle voit devant le miroir est réel, pas par soucis de vanité ou de narcissisme. Mais plutôt parce qu’elle n’est pas totalement saine dans sa petite tête. Alors elle lui demande comme un cri du cœur si elle a l’air réelle ou pas, parce qu’elle lui semble être d’une honnêteté à toute épreuve. Elle lui répond qu’elle a l’air parfaitement réelle. La rouquine essaye d’y croire, s’accroche à ce regard qu’elle a en face d’elle. Oui, elle est réelle. Après tout si elle peut la voir c’est qu’elle l’est. Elle ajoute qu’elle n’avait jamais vu quelqu’un comme elle. Scar fronce les sourcils, n’arrivant pas à comprendre comment c’était possible ? Et puis elle lui sort quelque chose de spontanée et de tendre. La complimentant comme ça, sans rien attendre en retour. « Merci. » Formule la rousse dans un soupir, elle ne sait pas trop quoi lui dire de plus. Le physique ce n’est pas une chose sur laquelle elle s’attarde vraiment. Elle ne sait même pas si ça lui fait vraiment plaisir de l’entendre dire tout ça. Mais elle la remercie, parce qu’elle arrive tout de même à la trouver touchante avec ses airs de poupée. Elle se présente, un prénom que Scarlett n’a jamais entendu jusqu’ici. « Tu viens d’où ? » Elle lui demande en passant une main dans ses cheveux. Maintenant qu’elle y pense avec ses yeux clairs et ses cils foncé elle semble venir d’ailleurs. « Non… Je ne sais pas trop ce que je cherchais, mais tu ne me dérange pas. » Elle croit. C’est bizarre, elle n’arrive pas à entrer sur scène. Elle tente un sourire plus chaleureux, ça lui semble assez convaincant. « Tu dis toujours tout ce que tu penses à voix haute ? » Qu’elle lui demande en adoptant une attitude un peu moins lunaire et plus solaire.