La journée commence mal. Je n’ai rien dormi de la nuit et j’ai trouvé cela judicieux de m’endormir aux alentours des six heures du matin. J’ai loupé le moment clé de la journée, l’eau chaude disponible dans les douches et j’ai donc été forcée de supporter une eau beaucoup trop froide à mon goût pour me donner l’impression de ne pas être crade. Je ne me sens pas propre dans cet uniforme de prison que je ne suis pas encore parvenue à nettoyer efficacement. Il lui faudrait quelques heures pour sécher et j’ai bien trop froid la nuit pour me permettre de dormir en sous-vêtements. La couverture gratte déjà horriblement alors que je suis habillée, je n’imagine pas la situation si je me retrouve en soustif culotte. Mes cheveux ne ressemblent à rien, je n’arrive pas à les coiffer car je n’ai pas pensé à prendre ne serait-ce qu’une pince pour mes cheveux ou plusieurs élastiques pour remplacer celui qui vient de m’exploser dans les mains. Je ferais peut-être mieux de retourner au lit… Ce serait néanmoins oublier l’odeur de renfermé qui demeure dans les cellules, non, je ne me sens pas de rester dans les locaux de la prison et il ne fait pas suffisamment beau dehors pour que je puisse me balader sans me soumettre au risque d’attraper un mauvais rhume. Il ne manquerait plus que cela… Il me faudra donc être imaginative pour me réchauffer et faire quelque chose de ma peau. Je trouve un ballon de basket abandonné près des tables à l’extérieur et puisque je ne vois rien d’autre à faire, j’opte pour une partie de basket. Deux gars se trouvent au loin, chacun de leur côté, parfait. « Hey les gars, ça vous dit une partie de basket ? » Je ne leur laisse pas le choix de toute manière, on ne me refusera rien aujourd’hui… On ne me refuse rien tout court ! « Chacun pour sa pomme, le gagnant a le droit de piquer les oreillers des perdants ! » Quoi ? Ils sont tellement peu épais que j’ai l’impression d’avoir la tête à même le matelas qui, de son côté, est tellement usé qu’il en est moins confortable que le sol de la cellule.

Si on m'avait dit il n'y avait de cela qu'un semaine que je me retrouverais en pleine prison, je crois que je me serais contenté de rire fortement et de tourner les talons. Mais maintenant que j'y étais, je supposais ne plus avoir franchement le choix. C'était ma mère qui devait être particulièrement fière pour le coup, elle qui avait passé sa vie à tenter de m'éloigner le plus possible de toutes les emmerdes que j'avais pu créer. Tu vois maman, même en ne faisant rien, tout me mène toujours à cet endroit. Enfin, c'était peut-être un peu exagéré puisque c'était là bien la première fois que j'y mettais réellement les pieds, et pire, que j'y passais une nuit. Mon casier était vierge, et de toute façon, c'était un peu obligatoire pour rentrer dans les forces de l'ordre. Aussi, je m'étais disposé non loin du terrain de sport, sur l'une des tables afin de fumer. Heureusement que la production n'avait pas refusé de nous fournir en nicotine, sinon je crois que j'aurais été contraint d'abandonner, oui, carrément. Il m'en faut peu. Et après avoir écrasé ma clope, je m'apprêtais à quitter les environs lorsqu'une femme, certainement plus âgée que moi, s'adressa à moi, et au premier gars qui trainait dans les environs. De toute évidence, aucun d'entre eux ne faisaient partie de mon équipe car leurs têtes m'étaient tout à fait inconnues. « Yep, ça marche, mais j'propose un truc plus amusant, tant qu'on y est. » Autant pimenter un peu le jeu, n'est ce pas ? « Celui qui marque le plus de paniers aura le droit de faire ce qu'il veut des deux autres pendant le reste de la semaine, ça vous va ? » Je n'avais pas franchement peur de perdre, parce que le basket, c'était un peu l'un des seuls jeux auquel je jouais lorsque j'étais gamin.

Il n'en sait rien Blake, s'il fait plus froid à l'intérieur ou à l'extérieur. D'un côté, l'intérieur te protège des courants d'air irlandais qui sont à cette période, ma foi difficilement supportable lorsque tu n'as pas de tenue adéquate. Est-ce que c'est ainsi toute l'année ? Blake n'avait jamais visité ce pays. Pour une première fois donc, y avait mieux à visiter comme lieu. Puis d'un autre côté, à l'extérieur, tu ressens les rayons du soleil taper contre ta peau. Certes, faible mais tu ne les as pas à l'intérieur. Donc il est assez mitigé pour le coup et bon sang qu'est-ce que l'obscurité de la prison fout le cafar. Certes il est toujours en prison ici, dehors, mais il se sent tout de même plus vivant. Et voila qui tombe à point nommé une partie de basket, de quoi le rendre un peu plus vivant. Sourire à l'appui comme pour répondre positivement à sa demande, il se lève de sa table en sorte de signe d'approbation. La mise en jeu ne lui faisait pas spécialement peur à vrai dire, non pas qu'il ait une confiance aveugle en ses capacités dans ce domaine ceci dit. L'autre gars, il modifie un peu la mise. Faire ce qu'il veut des deux autres ? Bien qu'il ne voit pas ce qu'il pourrait leur faire faire, Blake sourit de nouveau. « ça me va, puisque de toute façon je vais gagner. » Il ne put s'empêcher de faire un geste avec les mains, une main en l'air ouverte qui attrapait quelque chose et qui la ramenait vers lui alors que son autre main ne faisait que suivre en se refermant simplement. Drôle de gedte surement vu de l'extérieur, qu'il avait fait sans vraiment le réaliser. Se saisissant finalement du ballon, à la hauteur d'une ligne tracée, il lança une première fois le ballon qui rebondit sur le panier sans y entrer. " hm, c'était juste un échauffement-là, je suis un peu rouillé. " fit-il en se tenant un bras en le tournoyant un peu pour faire genre. La balle réceptionnée, il décida de l'envoyer à la présence féminine du groupe.. « Bon, montre-nous ce que tu sais faire, Miss... hm ? » laissa t-il en suspend, n'ayant pas grande idée de son prénom à vrai dire.

Je dois vraiment être désespérée pour aborder les deux premiers mecs que je croise pour leur proposer de se livrer à une petite partie de basketball. Encore plus pour leur proposer de mettre en jeu le seul et unique oreiller dont nous disposons chacun de notre côté. Le gagnant se retrouvera donc avec trois oreillers ce qui, détrompez-vous, n’est pas suffisant pour un seul homme lorsque l’on a expérimenté leur légèreté. Je ne comprends tout simplement pas que l’on puisse appeler cette chose qui nous a été généreusement laissée par la production un oreiller, il s’agit plus d’une blague qu’autre chose si vous voulez mon avis. M’enfin bon… J’aurais au moins une raison de tout donner, la peur de perdre l’un de nos rares éléments de confort, aussi peu confortable soit-il en fin de compte. Ma proposition semble être du goût du premier mec, un mec barbu, carré, avec des yeux profonds… Un minet, il a peut-être l’âge de mon fils. Il ne se ramène cependant pas les mains vides, il propose de corser un peu plus encore la partie en offrant au vainqueur le droit de faire ce qu’il veut des deux perdants. Un vilain sourire sadique illumine mon visage. « D’accord ! » Je n’ai pas joué au basketball depuis une éternité mais j’en ai fait plus jeune, ce doit être comme le vélo, ça ne s’oublie pas. Le second garçon à la barbe de quelques jours, à croire que la production a misé sur les barbus cette saison, semble motivé à nous rejoindre. Confiant, il l’est bien plus que mon autre collège et moi. « Ça va les chevilles ? » Je questionne, avant de reprendre. « J’exige de savoir si t’es basketteur ou un truc dans le genre avant de commencer à jouer, ta confiance est suspecte. » Mon peuple a déjà été exploité pendant des siècles alors autant ne pas prendre de risques inutiles si je n’ai pas la moindre chance de gagner. Il attrape le ballon et tente un tir… Qu’il loupe. Mes lèvres continuent de s’étirer, plus moqueuses cette fois. « Je vois… Tu vas effectivement gagner, pas le moindre doute. » Douce ironie. Il me lance le ballon que je rattrape précautionneusement histoire de ne pas me péter un ongle. « Greta… Je m’appelle Greta… Et vous ? » Autant en profiter pour apprendre le prénom des deux mecs qui m’entourent. Je prends une petite seconde pour visualiser le panier et je bondis avec la balle qui tape le carré au-dessus du panier et tombe à côté. « Raté... A ton tour. » Je propose à Grey qui n’a pas encore tenté sa chance.

La femme était donc partante pour jouer une partie selon mes règles, et ça, ça faisait toujours plaisir. Enfin cela dit, si je gagnais, je ne pensais pas être capable de lui demander quoi que ce soit, franchement, j'ai trop de respect pour mes ainés. Bon évidemment, je ne lui présenterais jamais les choses de cette façon, parce que, qu'on se le dise, les femmes ont toujours tendance à prendre mal le fait que l'on parle de leur âge. J'ai jamais franchement pigé ça d'ailleurs, c'est plutôt valorisant à mes yeux, elles passent tout de suite pour des personnes plus matures, et puis, ça n'enlève que rarement leur sex-appeal. Un second gars ne tarda d'ailleurs pas à arriver, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il s'imaginait déjà soulever des montagnes. Sauf que bon, voilà, il avait bien vite fait de se louper, et maintenant que je voyais le ballon tomber sur le sol, je ne pu m'empêcher de lâcher un « Haha, le nul. » mais même pas réfléchi quoi, genre pouf, c'est sorti comme ça. En même temps, bon, voilà, c'était carrément lame son tir. Il lance la balle à la femme qui s'introduit en tant que Greta, un prénom qui selon moi, lui allait plutôt bien. Et secrètement, j'me disais que ça serait bien qu'elle lui donne une bonne leçon en marquant. Sauf que non, elle ratait à son tour. Merde, j'étais #teamcougar moi pourtant, tant pis. C'était à mon tour. « J'suis Grey, au passage. » Pas gris, Grey. J'vous vois venir, derrière votre écran. Bref, je souffle un petit peu, plein de concentration, m'avance, saute... rate. « Vas-y là ! » Que je râle en retombant sur le sol avant d'ajouter « Elle est presque rentrée, ça compte comme un point non ? » Vous avez dit mauvais joueur ? Trop pas.

Blake fut le premier à se lancer mais malheureusement, il ne marqua pas le premier but. Ca l'aurait fait tellement s'il avait eu cette chance de marquer mais bon, faut juste espérer que les deux autres aient autant de chance que lui. D'ailleurs, ils s'appelaient respectivement Greta et Grey. Il nota ses deux prénoms dans un coin de sa tête, pensant facilement à les retenir. Ils avaient tous deux un look assez atypique, qui se démarquait donc ça ne sera pas bien difficile. L'un avec sa longue barbe façon hipster, l'autre avec son teint qui est bizarrement rare dans ses pré-sélections, hm. « Et moi Blake. » se présenta t-il à la suite du jeune homme alors que Greta venait tout juste de rater son tir. Bien, au tour du jeune homme maintenant. Voyons s'il fait mieux que lui, vu qu'il se moquait y a à peine quelques minutes. Et il... rate. Bien entendu, petit sourire satisfait sur le visage du brun, avec un petit air narquois mais gentil. Le regard sur lui, il ne put s'empêcher de mouver ses mains une nouvelle fois pour faire un signe : pouce et index joins aux ongles aux deux mains, il les accroche pour ensuite tirer un fil invisible qu'il jette à la poubelle de la main droite pour enchainer par ses deux index qui pointent vers le sol d'un geste rapide. " Nul ! " ajouta t-il finalement. « Bon, j'dis ça comme ça hein, mais si jamais on arrive à match nul, je propose que chacun de nous aient un droit de gage sur chacun, sans limite d'utilisation. » Un service à faire qu'aucun ne pourra refuser, même si l'on te réveille à quatre heure du matin pour faire une grosse lessive, hm. Il s'empare du ballon, prend un peu plus le temps de se concentrer, fléchit ses jambes pour bondir et lancer la balle qui après un petit suspens, rentre dans le panier. " Ou le gagnant qui fait ce qu'il veut, c'est bien aussi. " Finalement.

Le premier, celui qui vient de se taper la honte en prétendant être un as du basketball alors qu’il est autant, si ce n’est plus, mauvais que moi s’appelle Blake. Le second se moque largement et il a tout à fait raison, j’en ai fait autant histoire de bien appuyer sur le paradoxe entre les propos du jeune barbu et ses actes. Grey, je lancerais bien une petite blague sur son prénom, je lui demanderais bien s’il a touché des royalties ou s’il compte apparaitre comme le énième frère caché de Meredith Grey dans la série éponyme. On ne va cependant pas jouer avec le feu, je n’ai pas envie de me mettre des gens à dos, pas tout de suite, je garde cela pour plus tard lorsque la véritable personnalité de chacun sera exposée et que les premiers masques tomberont. Il loupe le panier, à croire que nous sommes un #triomaudit et se met à râler. Une véritable bande de bras cassés. « Ah non, ça ne compte pas pour un point. » Je le coupe en agitant mon index de droite à gauche. Non parce que sinon j’exige deux points pour avoir touché le carré et presque fait tomber le ballon dans le panier hein ! Blake nous rend la pareille en se foutant allègrement de la gueule de Grey, ils m’amusent tous les deux. « D’accord, mais ne vous faites pas d’illusions, j’aurais casé au moins un panier d’ici la fin du jeu ! » On a le droit de rêver non ? Mon camarade parvient en tout cas à le faire, et merde. « C’est la chance du débutant, rien de plus ! » Laissez faire les pros, je me penche pour attraper le ballon que je lance et qui loupe royalement le panier. Il est pourtant assez gros ! « Et merde tiens !!! » Je me tourne vers mes deux comparses et précise, en les montrant tous les deux du doigt. « Je refuse de laver vos calbuts et vos chaussettes ! » Ouais, parce que je le sens que je vais perdre honteusement.