« PUTAIN IL Y A UNE ARAIGNÉE ÉNORME QUI VIENT DE PASSER PAR TERRE ! » J’hurle précipitamment, sans prendre en compte le fait que la nuit soit déjà tombée depuis quelques heures et que mes coéquipiers soient potentiellement endormis. Il y a très peu de lumière mais je suis certaine de ce que j’ai vu, à deux cent pourcent. La prison ne doit pas avoir été occupée depuis tellement longtemps qu’une grosse araignée a tout à fait sa place dans les environs. J’ai une peur bleue des insectes et puisque je suis une fille on ne peut pas m’embêter là-dessus. Quoi ? Lorsqu’il y a une bestiole qui fait peur on demande toujours aux mecs, censés être plus virils que nous, de se charger de la mettre dehors ou de la tuer… De la faire disparaitre quoi ! Ma réaction risque d’en agacer plus d’un, peut-être même que certains vont me lancer un seau de pisse à la gueule mais je m’en fiche. Il faut savoir être égoïste parfois pour se sentir en sécurité, je refuse de me demander si une grosse araignée poilue a élu domicile sous mon lit ou si elle se balade sur un mur, prête à sauter sur la gueule du premier innocent qui ne désirait rien d’autre que dormir en paix. Oh que non, je ne suis pas venue ici pour cela. J’entends déjà des grognements très distinctement, certains ont été réveillés, d’autres semblent nettement moins perturbés par mes cris hystériques. J’aperçois un garçon (@Pablo) se pencher, celui qui dort sur le lit supérieur de notre lit superposé, et je recommence, affolée. « J’ai vu une araignée courir sur le sol, elle est sous notre lit, jte juuuuure ! » J’étais peut-être à moitié endormie mais je suis persuadée d’avoir vu quelque chose, ça devrait suffire pour le convaincre ou, à défaut, convaincre l’un de nos autres camarades de jeter un petit coup d’œil là-dessous.

Je déteste les araignées, je déteste les insectes et je déteste tous les inconvénients de la nature. Ouais, je suis une femme qui apprécie avoir son petit confort, quelqu’un de la ville. Je n’ai pas ma place dans une mauvaise adaptation de la petite maison dans la prairie. Ce n’est pas mon truc, j’aime profiter d’un paysage, respirer un air qui n’est pas autant pollué, être allongée dans un champ et juste prendre le temps d’apprécier le moment présent… Je trouve même le moyen de me ressourcer là-dedans mais je ne peux juste pas rester trop longtemps dans une telle ambiance. J’hurle, paniquée à l’idée de devoir partager mon lit avec une horrible bestiole aux pattes noires et velues. Je frise la crise cardiaque lorsque mon partenaire de lit superposé se réveille, arraché à ses songes par la furie que je suis sur le point de devenir si tous les membres de ma team ne se réveillent pas immédiatement pour me porter assistance. Il descend tranquillement, pas le moins du monde pressé. Il est pourtant urgent qu’il se lance à la poursuite du monstre qui doit s’être réfugié sous mon lit. Pourquoi faut-il toujours que cela tombe sur moi ? Est-ce marqué sur ma tronche que je déteste les insectes ? Encore plus les araignées ? Ce doit être cela, ou alors je dispose d’une odeur qui les interpelle, je ne sais pas, il doit bien y avoir un truc pour expliquer cette poisse. « Tu en fais ce que tu veux du moment que tu ne l’approche pas de moi et que tu t’assures de ne pas la déposer trop près d’ici. » Le mec se trimballe tranquille, pieds nus, il se fiche qu’elle lui passe entre les doigts de pieds alors que cette simple idée me soulève le cœur et manque de me faire clamser. Il se penche, à la recherche de mon Némésis qu’il ne trouve pas. « Tu ne la vois pas ? ELLE EST ENORME POURTANT, AU MOINS COMME CA ! » J’hurle en estimant la taille de manière probablement exagérée avec mes mains. « Elle était là, elle est passée en courant ! » Je montre du doigt derrière lui, quelques mètres plus loin. « J’men fiche de me faire insulter par tout le monde mais si on la retrouve pas on allume la lumière, j’pourrais pas dormir sans en avoir le cœur net ! »