» commençons donc. peux tu te présenter ? et nous faire part de ta courte expérience de la vie, de ton peu d'existence ? en somme, qui es tu réellement ? tes convictions, tes buts dans la vie, les règles à ne jamais transgresser selon toi.. rends nous curieux !
Je suis absolument ravi d’être ici aujourd’hui ! Je me prénomme Sandy, enchanté ! Est-ce que cela vous ennuierait que l’on échange une poignée de main ? J’ai oublié de consulter Google afin de savoir s’il était d’usage de serrer la main d’autrui en Irlande. J’espère ne pas vous paraître grossier. Oh, et je tenais à vous remercier pour la tasse de tisane qui m’a été offerte. Quelle chance que celle-ci ne contienne pas de théine, je suis déjà tellement excité par cet entretien ! J’adore les entretiens ! Ça a surement à voir avec le fait que je sois un grand bavard. Donc, comme je vous le disais, je m’appelle Sandy. Quand j’étais jeune garçon mon père m’a avoué qu’il s’agissait d’un hommage à Alexander Patch, un général de l’US Army au cours de la Seconde Guerre Mondiale, dont Sandy était le surnom. Mais je vous dis ça à titre d’anecdote, ça n’a pas d’importance particulière… Sauf peut-être de vous révéler que je suis américain. En tout cas, bien qu’il semble que j’en paraisse seulement la moitié, j’ai tout de même 32 ans. Souvent les gens suggèrent que j’ai hérité d’un bon patrimoine génétique. Pourtant je sais bien qu’il s’agit là d’une façon déguisée de me dire que j’ai l’air d’un adolescent pré-pubère. Cela dit, on a jamais vu un jeune garçon de 16 ans salarié des studios Pixar. Quoique, en 2014 un gamin de 7 ans a bien proposé ses services à la NASA, alors qu’en sais-je !

» maintenant, passe à une auto description. qu'est-ce qui aux yeux des autres te rend unique ? en quoi peuvent-ils t'aimer ou te détester ? quels défauts te reproche-t-on le plus souvent ? essaie de t'imaginer au travers du regard des autres. n'hésite d'ailleurs pas à nous faire part de ton opinion face à tout ça.
Bon sang ! Je viens de voir dans ce miroir derrière vous que mon noeud de cravate est très mal fait. J’avais peur d’être en retard ce matin, alors que je l’ai noué lors de mon trajet en taxi jusqu’à vos studios. Quelle horreur ! Je ne rate jamais un noeud de cravate ! En tout cas, est-ce que vous savez que lorsqu’un écrivain produit une oeuvre de type autobiographique, il passe avec son lecteur une sorte de pacte ? Ce pacte engage le lecteur à croire que ce qu’il lit est forcément véridique, et donc à ne pas remettre en cause les dires de l’auteur parce-que ce dernier a justement déclaré qu’il s’agissait d’une autobiographie. Alors, disons qu’il s’agit ici de mon oeuvre autobiographique. Cela me permettra d’être un tant soit peu crédible lorsque je vous dirais que je suis quelqu’un de perfectionniste. Et ce malgré cette crave si mal nouée. Parce-que je suis perfectionniste. Je suis exigeant avec moi-même, parce-que je m’implique toujours entièrement dans les projets que j’entreprends. Mon travail pour les studios Pixar par exemple, réduit considérablement mes heures de sommeil. Parce-qu’à l’instant où le film sera diffusé sous mes yeux sur un grand écran, je ne veux voir aucune faille. Mais ce ne sont finalement que des intentions bienveillantes que j’ai envers les autres. Car ce qu’ils pensent et ressentent m’importe. Du moins lorsque ceux-ci se pressent dans les salles de projection pour être témoins du résultat vers lequel tendent mes heures de dur labeur. Ce qu’ils pourraient penser de ma personnalité, par ailleurs, ne m’intéresse pas tellement. Et je ne suis ni fier ni prétentieux. Je suis seulement content de ce que j’ai. Alors, effectivement, je suis horriblement bavard et ma curiosité frôle régulièrement l’indécence. Mais pour rien au monde je n’échangerais un seul de mes traits de caractère. D’ailleurs, j’ai récemment entendu Anthem de Leonard Cohen, une chanson dont les paroles me semblent en parfaite cohésion avec mon état d’esprit: Forget your perfect offering. There is a crack, a crack in everything. That’s how the light gets in. (Oublie ton offre de perfection. Il y a une fissure, une fissure dans tout. C’est ainsi que la lumière rentre.)

» que représente l'amour à tes yeux ? une triste description de sentiments inexistants et utopiques, un partage que tu n'as encore vécu, trouvé ou encore un souvenir malheureux que tu ne souhaites pas revivre ?
Attendez une minute. Il s’agit là d’une question qui mérite d’être pensée dans de bonnes conditions. Et ce fauteuil est si grand ! J’ai envie de m’y asseoir en tailleur. Mais je dois d’abord examiner l’état de mes semelles de chaussures. Je ne voudrais pas le salir… C’est bon ! Excellent ! J’ai lu tout un tas de livres depuis mon adolescence qui ont influencé ma perception de l’amour. Des Austen, des Brontë, qui ont fait qu’aujourd’hui ma conception des sentiments amoureux est totalement archaïque. J’aimerais croire qu’il existe, en ce monde, une personne avec qui le pourcentage de compatibilité est égal à cent pour cent. J’aimerais croire qu’il existe encore des couples qui honorent les voeux du mariage jusqu’à ce que la mort les sépare. Et j’aimerais croire que parmi ces couples il y en aura au moins quelques uns dont les deux partis seront à jamais fidèles, et ne commettront jamais d’adultères. Vous voyez, j’ai lu la saga Fifty Shades de E.L. James, et j’en suis venu à la conclusion qu’une relation sadomasochiste et tourmentée telle que celle de Christian et Anastasia, et tant qu’elle est passionnelle et se concrétise par des voeux d’éternité, vaut mieux qu’une relation aussi platonique que celles que vivent les gens aujourd’hui. Enfin, ce que j’essaie de dire ici c’est que, dans cette histoire fictive jugée folle, il y a au moins un fil rouge composé de sentiments amoureux. Combien de personnes à l’heure actuelle s’engagent dans un partenariat amoureux pour s’apercevoir ensuite seulement qu’ils n’ont pas les sentiments nécessaires ? Au point où j’en suis arrivé, j’ai surtout tendance à penser ma vision des sentiments amoureux comme un fantasme… Mais je ne suis pas désespéré pour autant. Nous sommes 7 342 408 385 êtres humains sur cette planète, alors il existe nécessairement une femme ou bien même un homme, qui partage mes hautes attentes vis-à-vis des relations amoureuses. J’ai cru, trois fois, avoir trouvé cette personne. Maintenant j’essaie seulement d’être moins naïf et de ne pas m’engager corps et âme dans des relations éphémères. Autrement j’aurais peur de rejeter l’âme soeur au moment où celui-ci se présentera. Si jamais je suis destiné à ce qu’il se présente à moi.

» penses tu connaître ce sentiment dans l'émission ? pourquoi fake lover plutôt qu'une autre télé-réalité ?
Outre les journaux télévisés, et peut-être aussi certains biopics, j’associe la plupart des images diffusées sur des écrans à l’irréalité. Les couples présents sur ces écrans y compris. Et j’ai dans l’idée que ces relations sont vouées à l’échec, quoi qu’il arrive. Je ne sais pas à quoi c’est du, cette fatalité de la rupture, l’exposition médiatique sans doute… Par ailleurs, maintenant que le couple Tim Burton et Helena Bonham Carter n’est plus, mon idée n’est que renforcée et je n’ai plus aucune raison d’y croire. Alors je ne pense pas éprouver de sentiments de nature amoureuse au cours de l’émission. Si tant est que je sois sélectionné. Ensuite, pourquoi votre concept plutôt qu’un autre ? Ici, la réponse est plutôt simple. Je ne suis pas immensément fan de ce type d’émission télévisée. Mais il faut bien avouer que Fake Lover a quelque chose de particulier. Et ce quelque chose, c’est le respect total de la personnalité des candidats. Les stéréotypes mêmes de la bimbo idiote et de l’imbécile aux muscles tous parfaitement développés ne sont pas encourager par la production. N’est-ce-pas ? Ce qui prime c’est le fait d’être extraordinaire, dans une certaine mesure. D’avoir vécu des choses tragiques ou magnifiques, ou d’être doté d’un mode de vie singulier. On aurait presque l’impression de se promener dans les rues de New York, dans ces quartiers où l’on croise des personnages hauts en couleurs. C’est cette diversité, et cette richesse, qui m’a donné envie de passer cet entretien aujourd’hui.

» que choisis-tu entre amour ou argent ? quelle est ta ligne directrice ? pourquoi ?
Oh ! Ma participation à ces castings ne dépend d’aucun de ces deux sujets ! Je reconnais que j’accepterais sans discuter que l’on m’offre de l’argent. Car je ne crois pas qu’on en ait jamais assez. Rien que pour se sécuriser en cas de licenciement, de maladie ou même de catastrophe naturelle. Parce-que, bien que je ne fume pas, s’il on m’annonçait demain que je suis en phase terminale d’un cancer des poumons, je me visualise mal dans une caravane à cuisiner de la méthamphétamine. Cela dit, je ne suis pas matérialiste. Et puisque je n’ai pas de famille dont il faudrait subvenir aux besoins, il m’est égal de sortir de ce jeu avec ou sans billets. En vérité, je ne sais pas faire de dépenses inutiles. Je vis dans un très modeste appartement de seulement deux pièces, alors une fois que j’en ai payé les factures, que je me suis acheté une paire de chaussettes absolument nécessaires, que j’ai remplacé les ampoules défaillantes, fais mes courses alimentaires et me suis fait plaisir avec quelques bouquins, je ne sais plus quoi faire de mes revenus. Non, en réalité ce qui me plairait, ce de trouver un maximum de secrets possible. Ça, c’est véritablement excitant !

» que ne saurais-tu supporter chez ton futur partenaire ? certains défauts t'horripilent forcément. la passivité, la domination, le machisme ou féminisme, etc.
Avez-vous lu Carrie, de Stephen King ? Ou bien vu son adaptation réalisée par Brian de Palma ? La prestation de Sissy Spacek était tellement convaincante que son visage m’a causé plusieurs cauchemars… Bon, en tout cas vous voyez ces pestes qui jettent des serviettes hygiéniques et des tampons au visage de la pauvre jeune fille ? Je déteste ce type de personnes. Je méprise celui ou celle qui a introduit l’idée que l’on pouvait choisir quasiment aléatoirement un individu et en faire sa tête de turque. Et puissent les turques me pardonner cette expression. Quoi qu’il en soit, je suis un fervent défenseur de l’égalité. Je déteste la méchanceté, l’injustice, ces idées de domination ou de soumission, et ces mouvements machiste et féministe. Nous sommes tous bâtis sur le même modèle, et n’est-ce pas là la seule chose qui devrait compter ? Enfin, cela dit j’admets que je n’aime pas davantage l’idée d’avoir un partenaire doté de dons de télékinésie…

» quel serait le fantasme, homme ou femme, idéal à ton regard? physiquement et psychologiquement.
Alors je vais répondre à cette question selon l’orientation que je pense être la mienne. À savoir que puisque je n’ai jamais été attiré par un homme, du moins jusqu’à maintenant, je me considère comme répondant aux critères hétérosexuels. Il y a quelques années, alors que j’étais à Londres pour assister à la première d’un film d’animations, j’ai rencontré un homme très bavard dans le métro. Il se tenait juste à côté de moi et jouait avec un briquet. Quand j’y repense, ce n’était vraiment pas prudent. Imaginez qu’il ait mis feu aux vêtements ou bien aux cheveux de quelqu’un… Quoi qu’il en soit, j’avais du passer un certain temps à observer son briquet parce-qu’il a fini par le remarquer et a levé son bras pour faire apparaître l’illustration qui entourait l’objet à la hauteur de mon visage. C’était un de ces briquets qui sont vendus dans les pseudos boutiques de souvenirs dans la capitale anglaise et dont le rapport qualité prix est ridicule. Il n’empêche que cet homme était très fier de son briquet car il portait une photo de Audrey Hepburn. Et il considérait cette femme comme l’incarnation de son idéal de beauté féminin. Mais je ne vous raconte pas ceci seulement parce-que je suis, au même titre que ce bonhomme, un grand bavard. Je vous le raconte parce-que j’ai moi aussi un objet, et plus précisément une bouteille en plastique que je n’ai pas pu me résoudre à jeter, sur laquelle on peut admirer l’incarnation de mon idéal de beauté féminin. Et ma Audrey Hepburn, c’est Dita Von Teese. Mais bien évidemment je veux parler de la Dita chic pas de la Dita qui pose les jambes écartées ou avec de la crème fouettée répandu maladroitement sur son corps. Et ce que j’aime chez elle, ce sont ses cheveux noirs à la coiffure toujours parfaite qui tranchent avec son teint de porcelaine, c’est sa taille de pin up marquée dans ses robes qui semblent toutes droit sorties d’un dressing des années 50. Le voilà, mon idéal.