Arrivant dans la chambre, la tête dans les nuages, elle remarqua vite qu'un jeune homme – Elyan donc – semblait particulièrement occupé à chercher quelque chose. Sa valise rose, à l'effigie du jeu, reposait sur le lit. A son côté, un tas de choses in-identifiables à une telle distance. Curieuse, elle décida de s'approcher doucement de lui, comme si Elyan était une biche qui s'échapperait au moindre bruit. Elle était rendue juste derrière le jeune homme, lorsque, irrité par la situation, il se retourna et surpris par le peu de distance qui les séparaient, retomba sur le lit, déclarant qu'il se s'attendait pas à voir quelqu'un et qu'il avait perdu d'une sucette. Les yeux dérivant sur le côté, elle eut le temps de confirmer intérieurement ses doutes : c'était bel et bien tout un tas de sucettes, du moins, ça y ressemblait fortement et les dires du jeune homme atténuèrent les incertitudes. « Haaan, tu te shootes aux sucettes ?! » s'écria-t-elle, comme s'il venait d'être pris en flagrant délit. Elle s'esclaffa. Elle se jeta alors sur le lit du jeune homme, toujours en riant, et s'allongea sans aucune gêne à son côté – n'y voyez pas une quelconque attirance – lui piqua une sucette, la première qui lui tomba sous la main, et entreprit d'enlever le film protecteur, qui collait à la sucrerie. « Ça t'embête pas j'espère, mais je t'en pique une. » déclara-t-elle, les yeux occupés à trouver un moyen d'ouvrir ce bazar. « Oh et je sais pas du tout qui t'en as piqué une avant, mais je garderais le secret de ta petite cachette à sucreries. » promit-elle alors.

Sous prétexte de vouloir vérifier le goût de la sucrerie, il lui arracha la sucette de la main, et alors qu'il eut la confirmation qu'il n'aimait pas ce parfum, il lui la redonna. Sans rien dire, Nymphaea continua à examiner la sucette, la langue sortie sur le côté pour prouver sa concentration, elle tentait d'enlever le satané papier qui protégeait la friandise ronde. Elle écouta Elyan d'une seule oreille, entendant que les sucettes à la cerise devaient être l'une des meilleures choses au monde pour lui – pour résumé – commençant presque à être totalement hystérique sur la fin de son discours. Entre temps, la jeune femme avait réussi à arracher le film protecteur et s'était enquit d'un « Haha, j't'ai eu ! » un poil trop enjoué, en direction de ce qu'elle tenait dans ses petites mains, avant de fourrer la sucette dans sa bouche et de reporter son attention sur le jeune homme. Qui semblait vouloir lui tirer les cheveux. Cause : manque de sucre. « Si c'est pour éviter que tu fasses une syncope, mes cheveux se dévoueront ! » affirma-t-elle en libérant sa bouche pour parler.
Après quoi, Elyan suggéra que la « petite blonde là, celle qui ressemble à un paquet de smarties » était coupable de lui avoir volé ses précieux biens. Nymphaea commença à se tordre de rire sur le lit. Le voir ainsi hystérique la faisait exploser de rire. « Je vois pas du tout de qui tu parles ! » articula-t-elle entre deux rires. Le sucre était une très mauvaise drogue, elle devrait être interdite aux enfants.

Il avait donc abandonné l'idée d'avoir sa sucette à la cerise et se contenta d'une au citron, d'après ses propres paroles. Il poursuivit, disant qu'il ne voulait pas la voir s'étouffer à son côté. Cette phrase lui tira un sourire triste, se rappelant que trop bien la conversation qu'elle avait eu, la veille, avec Keane, une conversation pas très joyeuse d'ailleurs. Mais Elyan ajouta vite qu'il n'avait pas envie de devoir lui faire un massage cardiaque ou de la voir mourir, comme par hasard, sur son lit. « J'espère bien que t'en as pas envie. Y a quand même des moyens plus simples pour m'embrasser et me tripoter que d'essayer de me tuer pour ensuite jouer au héros !» badina-t-elle alors qu'il essayait - en vain - de libérer sa sucette du gros méchant papier. Il lui demanda d'ailleurs comment elle avait fait, blablatant sur le fait que les sucettes lui en voulaient. Faussement outragée, elle s'exclama : « Tu les séquestres dans une valise rose ! Forcément, elles se rebellent maintenant ! Je suis totalement de leur côté sur ce coup-là !» Il réussit finalement à enlever le film protecteur en un rire sadique, ce qui fit rire la demoiselle par la même occasion - enfin elle trouvait un homme avec qui rire ! Puis, après quelques secondes où ils dégustaient tous les deux leur bonbon, Elyan confessa qu'elle serait accusée d'office si une autre disparition de sucette était à signaler. L'air de rien, elle dit à son tour : « Et t'aurais raison, parce que tu peux être sûre que je vais t'en piquer si j'ai besoin de sucre ! »

Nymphaea entrouvrit légèrement la bouche, formant un « o » de ses lèvres et laissa échapper un petit bruit estomaquée, comme si elle était réellement choquée de ce qu'il venait de dire. « Dommage pour toi. D'autres se dévoueront pour ne pas me laisser mourir et tu regretteras jusqu'à la fin de tes jours de ne pas avoir sauter sur l'occasion – de sauver une vie, bien sûr – quand tu en avais l'opportunité. » l'informa-t-elle en le désignant de son index, comme si elle était en train de lui faire la morale, mais le ton, qu'elle utilisait, laissait clairement entendre qu'elle n'était pas sérieuse.
Bon, il n'avait pas tort sur ce point : ses sucettes n'auraient pas fait long feu. Sauf si les candidats n'étaient pas aussi gourmands de petites confiseries, que les deux jeunes gens qui, présentement, ne se séparaient de leur sucette que pour parler. « Tu les empêches d'accomplir leur destin, oui ! Regardes un peu comme cette sucette semble heureuse d'être là où elle est ! » bavarda l'irlandaise en plaçant la sucette à hauteur des yeux de Elyan, avant de la remettre dans sa bouche et de continuer à la déguster. « Qui te dit que j'ai envie que tu t'occupes de mon cas ? » l'interrogea-t-elle alors en haussant un sourcil, mutine.

« Tu veux pas être superman ? Mais t'es un alien, c'est pas possible ! » rigola-t-elle, telle une enfant de six ans, qui vient d'apprendre que le père Noël n'existe pas. C'est vrai, qui ne voulait pas être superman ? Quand on est petit, on veut tous être un super-héros, certes, ce désir s'évanouit avec le temps, mais quand même ! « Eh, laisses ma copine Erin tranquille ! » s'exclama-t-elle en lui donnant un gentil coup de coude dans les côtes. «  Sois pas jaloux, les sucettes ne peuvent pas aimer tout le monde ! » continua-t-elle avant qu'il s'avoua vite irritable si elle touchait encore une fois à ses biens et se pencha vers elle, lui piquant la sucette de la bouche. « Rends-moi ma sucette ! » s'écria-t-elle en vitesse, en lui lançant un regard noir faussement méchant. Il ne fallait pas la faire utiliser les grands moyens, alors, il ferrait mieux d'être un gentil garçon et de lui rendre. Elle se déplaça à quatre pattes et finit par s'asseoir sur ses pieds, près des genoux du jeune homme. « Donne-moi ma sucette ! » répéta-t-elle en lui tendant la main pour l'inciter à lui rendre sa sucrerie.