( wicked ones. ) @Jade / 26.12 à 22h

Lire, ce n’était pas son truc. Elle aimait bien les histoires, mais elle avait généralement du mal à vraiment se concentrer sur un bouquin plus d’une demi heure… Ou alors, grand maximum : une heure. C’était probablement dût à sa bougeotte. L’Américaine avait bien du mal à rester en place. Mais même dans ce lieu où un parc d’attractions était présent, l’ennui toquait parfois à sa porte. Alors, étant donné qu’il était déjà assez tard - Gael n’est pas une couche tard – elle avait décidé de lire un peu, en compagnie d’un petit verre. Elle avait pris un livre un peu au hasard et l’avait entamé ainsi qu’un verre de vin blanc. Ce n’est que quelques minutes plus tard que la porte s’ouvrit sur une rousse. Elle la reconnu pour être Jade, une candidate de son équipe, lors des abysses. « Salut. » fit-elle avec un léger sourire, en posant son livre. « Tu m’accompagnes ? » Gael pointa du bout de son livre son verre de vin et la bouteille, qui se trouvait non loin. Après tout, elle n’allait pas la boire toute seule… certainement pas.

Je commence à avoir mes petites habitudes. Je finis par clope et en général c'est le moment propice débuter un bouquin. Je suis plus réceptive le soir, pour essayer de m'empêcher de dormir. Je tente de commencer le livre de Georges Perec, La Disparition. Quasiment trois cent pages sans la lettre e. Cela me semble assez indigeste, je ne suis pas sûre d'assumer ce défi intellectuel pour le coup. Le bouquin coincé entre mon coude et mon corps, je tente de faire une apparition discrète dans la pièce mais une candidate relève la tête. Gaël. Je lui adresse un sourire que je veux chaleureux afin de m'approcher de quelques pas d'elle. J'avise la bouteille déjà ouverte, l'alcool m'est habituellement prescrit, mais là, je m'en moque. « Si tu veux » j'expulse de ma voix douce avant de servir un verre et de prendre place non loin d'elle. Je m'installe confortablement en tailleur. « Par contre je n'ai pas tellement l'habitude de boire, je préfère te prévenir» je glisse dans un simple sourire, on ne sait pas, cela pourrait vite me monter à la tête. « Tu lis quoi ?» je l'interroge, un brin curieuse, en voulant essayer de lire le titre qui est à l'envers.

Gael observe la jeune femme se servir et lui sourit quand elle s’installe en face d’elle. Elle a déjà rencontré sa sœur, et se demande si elles ont le même genre de personnalité. Ca se pourrait, comme ça pourrait aussi être totalement faux. Elle et son frère se ressemblent beaucoup, mais ce n’est pas toujours le cas. Jade la prévient qu’elle n’a pas l’habitude de boire, et Gael lâche un léger rire. « Moi non plus, enfin si ce n’est un verre de vin le soir en mangeant. » Et encore, pas toujours. « Au pire, on dormira ici et on dira adieu à notre dignité. » Ou alors… Gael attrapa le bouchon de la bouteille et la revissa bien sagement. Ceci dit, elles pouvaient toujours l’ouvrir à nouveau. « Un bouquin que j’ai choisi un peu au hasard, en fait… La lecture, ce n’est pas vraiment mon truc. » Elle retourne le livre pour lire le titre. « La maison du péril… Agatha Christie. Je crois qu’à part le crime de l’orient express, je n’avais encore rien lu d’elle. » Gael n’a pas été habituée à lire, à l’inverse d’autres enfants. Elle n’en veut pas à ses parents, certains s’affutent l’esprit, elle, elle travaille le corps. Ce n’est pas pour ça qu’elle n’est pas intelligente, enfin c’est ce qu’elle pense en tout cas. « Et toi ? »

Je me sens obligée de la mette en garde contre tout débordement imprévu suite à une certaine consommation d'alcool. « J'imagine que tant que ce n'est pas un liquide transparent, on devrait arriver à gérer » je me contente de souffler, moqueuse, du genre vodka et tequila, là, on serait raide morte je pense. Gaël lit du Agatha Christie. « Je ne connais pas » je réponds, enfin, le livre, pas l'auteur, je ne suis pas inculte non plus. Elle me retourne bien évidemment la question. « La Disparition » je lui réponds en agitant légèrement le livre. « Dans ce bouquin, l'auteur s'est amusé à ne jamais utiliser la lettre e» je lui explique, un délire d'écrivain, j'imagine. « Je n'ai pas encore commencé, je te dirai si j'y comprends quelque chose » je réponds, un sourire narquois, parce que je me demande comment les phrases vont être tournées. C'est un défi qui me semble assez impossible à réaliser, une histoire ayant un sens, tout en interdisant l'emploi de cette voyelle. On verra bien. Je l'observe pendant une poignée de secondes. « T'as l'air de bien survivre à l'ouragan Colin » je ne peux m'empêcher de remarquer, délicatement. Oui, Colin en fait des tonnes et il parle beaucoup, mais elle semble assez bien le vivre, ça va.