battlefield - 24.12, 09:00

@gael

Je m'étais levé tôt, et on ne pouvait pas dire qu'une idée précise s'était implantée dans mon crâne depuis que mes pieds avaient frôlé le sol. Cette semaine n'était pas la meilleure de l'année, je n'allais pas décrocher l'award du plus beau sourire, ou arriver premier au marathon du bonheur. Et pourtant, j'étais levé, tandis que les plus mauvais d'entre nous auraient très certainement préféré rester au lit, se s'enroulant de leurs songes. J'avais besoin d'un défouloir. Enfilant un débardeur, un short de sport ainsi que des baskets, mes pieds tapaient le sol jusqu'à la salle de remise en forme, comme un tambour que l'on pourrait entendre arriver de l'autre bout du tunnel. Je ne m'en rendais pas compte. Visage fermé, mes mains s'étaient enroulée de ruban, avant de se glisser jusque dans les gants de boxe qui trainaient dans un coin. Et alors que les coups s'abattaient sur le sac matelassé suspendu, mes muscles, eux, se tendaient puis se relâchaient au rythme effréné des attaques. Inspiration, expiration, je retrouvais le gout de l'effort. Ça me rappelait les matchs auxquels j'avais pu participer. Des coups, on en prenait forcément. L'important n'était pas la façon de les encaisser, plutôt celle que chacun avait de se relever. C'était la mienne. Mon exutoire, mes confessions, couchées sans un mot, seulement quelques gouttes de sueur.

Gael était levée depuis un peu plus d’une heure, maintenant. Elle était descendue dans la cuisine pour boire un jus d’orange et se faire un petit déjeuner composé de bacon et d’un oeuf sur le plat. Elle mangeait toujours ce genre de chose, au matin, parce qu’elle en avait l’habitude. Manger du sucré lui semblait être un peu bizarre, si elle mangeait ça c’était après le salé, comme une guise de dessert. La jeune femme rangea sa vaisselle avant de monter enfiler une tenue de sport. En retournant vers la salle de remise en forme, la brune s’attacha les cheveux en une petite couette. Arrivée près de la porte, elle pouvait entendre quelques bruits qui provenaient de la salle. Gael ne s’arrêta pas, la salle de sport était pour tout le monde, non ? Elle poussa la porte et vit alors Grey, qui frappait sur un sac de boxe avec détermination et concentration. Hésitante, elle ferma la porte derrière elle et finit tout de même par lancer un “Salut Grey.” avant de s’approcher du vélo éllyptique. Elle aimait bien commencer avec cette machine, celle-là ou celle de la course. Gael appuya sur les boutons, en lançant un regard de temps à autre au brun qui s’entrainait. Il avait l’air concentré, et elle ne voulait pas le déranger, alors elle ne dit rien et monta sur la machine.

C'était le moment où toutes les énergies se déchainaient, ou mon corps ne faisait plus qu'un avec cette nouvelle entité, cette détermination. Une sorte de cure personnelle, un moyen de relâcher la pression, de lâcher tous mes coups comme s'il s'agissait d'abattre mes propres pensées. Je n'étais pas quelqu'un ayant une nature violente, mais parfois, il fallait savoir se défouler assez pour pouvoir reprendre son calme. Et alors que le sac suspendu encaissait les coups, j'entendais la porte se pousser, et Gaël entrer. Pour autant, c'était comme si j'étais bien trop absorbé par l'activité actuelle pour réussir à totalement me rattacher à sa réalité. Aussi, je n'entendais pas ses salutations, du moins pas dans un premier temps, comme si sa simple présence n'était au final que transparente, et que tout ce qui pouvait m'entourer n'existait plus. Ça n'est qu'une ou deux minutes plus tard, lorsque la fatigue commença à se faire ressentir et que mon rythme cardiaque semblait s'accélérer que je m'étais arrêté, soufflant un bon coup alors que mes prunelles océans tombaient sur la jeune femme, installée sur le vélo un peu plus loin. « Hey Gaël, désolé j'crois que je me suis perdu. » portant mon gant à ma bouche pour défaire le scratch à l'aide de mes dents, je retirais l'autre bien plus aisément une fois ma main libre. « Dis moi, t'es une coach sportif toi non ? Qu'est ce que tu fais lorsque t'as besoin de te défouler, de te vider la tête ? » Elle devait bien avoir quelques astuces pour se dépenser, ou même des techniques pour lutter contre le stress. Le sport était assurément l'un des meilleurs moyens à mes yeux.

Gael a mit la résistance de son vélo à un faible niveau, comparé aux autres entrainements. Elle veut commencer doucement, puis elle augmentera mais la jeune femme ne s’étant pas vraiment échauffée, le fait comme ça. Elle entend que Grey s’arrête et elle tourne la tête vers lui. Et puis, il s’excuse, dit qu’il s’est perdu, sans doute. Gael l’observe un instant, pendant qu’il retire ses gants et puis elle a un bref sourire. « T’en fais pas. » Elle peut comprendre, la brune, qu’on se perde parfois dans son activité. Ca lui arrive aussi, d’être trop concentrée et d’oublier le monde autour. C’est à ce moment-là qu’il lui demande ce qu’elle fait pour se vider la tête, si elle a des conseils, en tant que coach. Ses jambes s’activent toujours sur le vélo. Gael a une bonne respiration et une bonne résistance physique à l’effort. Elle n’a pas besoin de réfléchir, c’est une question plutôt facile. « Je cours. Mais c’est personnel. Tout dépend du tempérament de chacun. Je trouve que le sport est le meilleur moyen pour se défouler, mais je sais que pour certaines personnes ce n’est pas le cas. » Il y en a qui chantent, qui dessinent, qui nettoient toute leur maison de manière compulsive… Finalement, Gael s’arrête et se lève. « Il y a quelque chose qui ne va pas ? » Elle s’inquiète un peu, parce qu’elle l’apprécie, Grey. Elle ne le connaît pas bien, mais elle a eut une bonne impression de lui et ce serait dommage qu’il n’aille pas bien. Donc si elle peut l’aider, elle l’aidera.

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