C’était encore le matin, mais pour une fois j’étais déjà réveillé. Je dis pour une fois, parce que j’avais la très très mauvaise habitude de me réveiller vers onze heures, et encore c’était un horaire correct vu l’heure à laquelle je me couchais. Mais cette fois-ci, je ne savais pas si c’était les ronflements de mes camarades ou alors juste moi, mais je me réveillais tôt. Et pour vraiment changer dans mes habitudes, je ne somnolais pas en attendant qu’un après l’autre, les autres partent de la chambre, non, je me levais, frais et disponible, un grand sourire déjà sur les lèvres, sûr que cette journée serait une très bonne journée.
Après avoir mangé un petit quelque chose dans la cuisine, mais toujours en pyjama – les vieilles habitudes ne se perdent pour ainsi dire jamais – je me demandais ce que je pourrais bien faire. Aller dans le jardin ? Mouais, bof, j’y allais tout le temps, et aujourd’hui était sous le signe du changement. Autant changer d’activité aussi alors. Oui mais quoi ? Je repassais en vu toutes les pièces, et je trouvais enfin mon bonheur : la piscine intérieure ! Je me trouvais bien bête de ne pas en avoir profité avant, et ce fut totalement épanoui, gambadant rapidement de pièces en pièce que je mis mon maillot de bain, et me dirigeai vers la piscine.
Il était encore tôt, et personne n’y était encore. Je n’aurais cependant pas dit non à un peu de compagnie, mais je ne doutais pas que quelqu’un viendrait dans peu de temps. Je me glissais à l’intérieur de l’eau, sans me poser de question, appréciant les frissons qui me parcoururent à cause de la différence de température entre l’air et l’eau. C’était incroyablement agréable.
J’étais adossé contre une des parois de la piscine lorsque j’entendis quelqu’un arrivait. Heureux de pouvoir profiter de ce délice avec quelqu’un d’autre, je me retournais. « Sigride ! » m’exclamai-je, ravis.

Je ne compris tout d'abord pas ce qui me tirait de mon sommeil en cette matinée étrangement claire. C'était probablement cette sensation de vide autour de moi, une sensation pour le moins désagréable. Après quelques minutes à errer entre sommeil et réveil, j'ouvris les yeux, m'étirant instinctivement. C'est à cet instant que je pus réaliser que mon partenaire n'était plus dans notre lit. Je crois bien, et je suis même persuadée que c'était la seule et unique fois depuis que nous étions dans le jeu qu'il se levait avant moi. Bon, évidemment je n'avais strictement aucun mérite : j'étais la plus insomniaque des insomniaques. Toujours est-il que ça me perturbait. J'y tenais à mon petit partenaire. Ni une, ni deux, je me levais de mon lit et m'habillais le plus rapidement possible, bien décidée à gagner la partie de cache-cache que je venais de m'imaginer. Première salle dans laquelle je me dirigeais : la salle de bain, suivie de la cuisine, en passant par le cellier pour finalement le trouver dans la piscine. A mon arrivée, le jeune homme se retourna et prononça mon prénom, visiblement heureux de me voir. Sans attendre et même si je n'avais pas prévu de mettre un maillot de bain, je me mis en sous-vêtement et sautais dans l'eau à côté de lui. « Phoenix ! Je t'ai ENFIN trouvé ! J'étais en train d'imaginer des trucs horribles ! Je me disais que des extraterrestres t'avaient peut-être enlevé, que tu avais peut-être accepté les bonbons d'un pédophile ou qu'un écureuil volant t'avait peut-être défiguré et laissé pour mort ! »

Apparemment Sigride n’avait pas prévu de faire un tour dans la piscine, puisqu’elle se mit en sous-vêtements pour y plonger. Je riais à gorge déployée, jusqu’à ce qu’elle se mette à parler. « Phoenix ! Je t'ai ENFIN trouvé ! J'étais en train d'imaginer des trucs horribles ! Je me disais que des extraterrestres t'avaient peut-être enlevé, que tu avais peut-être accepté les bonbons d'un pédophile ou qu'un écureuil volant t'avait peut-être défiguré et laissé pour mort ! » D’abord, j’écarquillais les yeux : je ne m’attendais pas du tout à ce qu’elle me cherche ou à ce qu’elle s’inquiète pour moi, ou même qu’elle ait aperçu mon absence. Bon certes, d’habitude de nous deux j’étais le dernier à me lever, mais je ne pensais vraiment pas qu’elle le remarquerait, ou du moins qu’elle y apporterait une quelconque importance. Ensuite, je me mis à rire sans retenu, réellement amusé par ses hypothèses. « Un écureuil volant ? » J’hoquetais, essayant tant bien que mal de retenir mon rire qui n’en finissait plus. Après avoir failli m’étouffer, je parvenais à reprendre mon souffle. « Tu as sûrement eu raison de t’inquiéter, surtout pour le pédophile parce qu’il se trouve que j’adore les bonbons. » Je lui fis un grand sourire, avant de brusquement plonger dans l’eau et de prendre ses jambes pour la ‘noyer’. « Mais peut-être tu aurais du laisser les extraterrestres me trouver, parce que tu vas souffrir. » Et sans la laisser vraiment comprendre, je l’éclaboussais.