Lula

« Suis-moi. » ordonnai-je à Lula, sans aucun préambule. Ceci annoncé, j'entraînai la jeune femme dans tout le nid d'amour, tenant fermement sa main délicate dans la mienne, jusqu'à arriver au pied du cellier. Je me retournai vers elle, un sourire énigmatique dessiné sur mes lèvres, tout en commençant à tourner la poignet de porte qui se trouvait face à nous. « Promets moi de n'entrer dans cette pièce que quand je te le dirais... De toute façon, je le saurais si tu y jettes discrètement un coup d'œil par la serrure. » J'haussai les épaules l'air de dire "comme tu veux", avant de me glisser dans la salle en prenant garde à ne pas trop ouvrir la porte. Fermant cette dernière, je laissai ainsi en plan la belle brune pour vaquer à mes mystérieux préparatifs. Après un silence d'une bonne minute, je me décidai enfin à lui adresser la parole, de l'autre côté du mur: « Nous sommes en avril n'est-ce pas ? Tu te rappels de ce que je me suis engagé à t'offrir ? » Le sourire amusé qui se trouvait sur mon visage illuminé devait sûrement se refléter dans ma voix, comme un gamin excité à l'approche de l'ouverture de ces cadeaux d'anniversaire. Au fond, la situation se rapprochait presque de cette image parce que, même si la date exacte de naissance de Lula m'était à ce jour inconnue, j'étais bel et bien décidé à ne pas la laisser fêter cette journée aussi seule qu'il était possible de l'être en collocation avec une vingtaine d'autres personnes. « Tu peux rentrer... » annonçai-je d'une voix plus douce qu'à l'accoutumé. Me tenant droit comme un -i-, j'étais quelque peu mal à l'aise dans mon costume spécialement réclamé à Cupidon pour l'occasion. Je ne pouvais m'empêcher de me sentir presque effrayé à l'idée que Lula ne comprenne pas que mon déguisement du super-héros Flash, qui moulait par ailleurs chaque partie de mon anatomie, était une référence à notre toute première discussion.

Je ris doucement en entendant la jeune femme me révéler enfin la date de son anniversaire et même me dire que le résultat valait l'attente. Je levai les yeux au ciel, pas vraiment persuadé qu'un type déguisé en super-héros était un si bon cadeau que ça. Alors que Lula me tournait autour, je bombai le torse d'une manière exagérée, serrant mes poings pour laisser mes muscles se dessiner un minimum sous le costume. Comme à chaque fois qu'elle laissait une de ses mains se promener sur moi, je frissonnai agréablement comme un débutant. « Comment tu as deviné que j'avais un faible pour les superhéros et qu'ils représentaient le fantasme ultime ? » « L'instinct, j'imagine... Tu remarqueras que je suis carrément sexy en combinaison moulante rouge et que je n'ai même pas eu à enfiler un slip par dessus mes collants pour mettre en valeur mes atouts masculins. » répondis-je en plaisantant. En faite, je n'avais même pas encore eut la chance de jeter un coup d'œil à mon reflet dans le miroir, pour constater l'étendue de la catastrophe, la production n'ayant seulement déposé le déguisement dans la matinée, mais au final j'étais plutôt fière de moi, en la sentant se coller contre mon torse. « Merci. L'attention est adorable et c'est peut être ridicule, mais ça me touche. » Un frisson parcourut une nouvelle fois mon corps en sentant le souffle de la demoiselle buter dans mon oreille. Je lui répondis en empruntant un ton particulièrement doux et complice: « Ridicule ? Tu ne m'as pas vu avec le masque... » Celui-ci, échoué sur l'une des machines à laver dédiées à notre linge sale était fidèle au costume original de Flash Gordon: rouge, englobant la moitié du visage, avec en prime des éclairs collés au niveau des oreilles. Soudainement, elle se pendit à mon cou, si bien que je n'eus d'autre choix, au risque de mourir étranglé ou au mieux m'étaler comme une masse vers l'avant, de passer mes bras sous les genoux de la jeune femme, pour la porter comme il se devait. « Je fais une demoiselle en détresse assez crédible à ton goût ? » « On va voir ça tout de suite... » Sur ce, je marchai d'un pas décidé vers la porte, dans laquelle je donnais un léger coup de pied pour l'ouvrir et je pénétrai, Lula dans mes bras, dans le couloir. Apostrophant une pauvre candidate qui passait justement dans le couloir, je lui demandai en élevant la voix: « Hé, dit ! On a des allures de Peter Parker et Mary-Jane, là ? Je veux dire, ça le fait non ? » Sans même attendre une quelconque répondre de la concernée, je tournai mon visage vers Lula pour répondre avec un léger sourire espiègle, tout en glissant une de mes mains taquine sur ses fesses: « Tu vois, elle trouve aussi. »

« Mary-Jane a beau être coincée, elle est diablement sexy dans les bandes-dessinées... Mais, on en reste pas loin un duo beaucoup plus torride, bien évidemment. » J'aurais donné énormément pour voir ne serait-ce que la tête de la pauvre candidate qui avait assisté à notre échange, sans même pouvoir placer un seul mot, mais Lula m'entraînait déjà à l'intérieur du cellier, vers quelque chose qui se promettait d'ores et déjà beaucoup plus intéressant. La jeune femme décida de voir par elle-même ce dont je pouvais avoir l'air avec le masque, et bien que je n'étais pas si enthousiasmé que ça à l'idée de retrouver cet objet capable de vous compresser autant le crâne que si vous enfiliez un préservatif sur la tête, je me laissai faire sans rechigner. « C'est sexy un masque, tu disais n'importe quoi. » J'haussai les épaules avant de reprendre pour plaisanter, en faisant mine d'être tout ce qu'il y avait de sérieux: « J'imagine que ça dépend beaucoup de celui qui le porte, alors. » Je lui adressai un sourire un brin prétentieux, avant de froncer légèrement mes sourcils, perplexe. La candidate fixait ses doigts plutôt que mes yeux, faisait la moue plutôt que d'aborder son habituel sourire gourmand... « J'attends mon baiser d'anniversaire. Après le sauvetage de la fille en détresse, y'a toujours le gros plan sur le baiser de cinéma. » Ceci, explique cela, pensai-je, les yeux brillants. « Bien... » L'attrapant par la taille, je l'embarquai jusqu'au fond de la pièce, avant de la soulever pour la déposer sur une machine à laver. Désignant d'un coup d'oeil une caméra fixée sur le mur et dirigée dans notre direction, je continuai: « La caméra pour la prospérité, c'est fait. » Appuyant mes mains de chaque côté de la demoiselle, je me penchai pour atterrir sur ses lèvres, sans grandes difficultés maintenant qu'elle était à ma taille, et je lui donnai un baiser expressément lent et intense.

Lula ne crut pas bon de répliquer quoi que ce soit sur Mary-Jane puisqu'elle était bien trop occupée à traîner Óskar derrière elle pour compléter le délicieux tableau. De toute façon, elle avait toujours eu du mal à trouver ce que les hommes définissaient de sexy puisque elle n'y était pas sensible du tout, préférant la beauté. Mais le débat avait déjà eu lieu et le recommencer aurait été inutile. Certes, le masque pouvait presque ressembler à une forme originale de bonnet de bain mais ça complétait plutôt bien la tenue. Et le fait de ne pas discerner une partie de visage avait ce côté mystérieux et enigmatique vraiment attirant. C'est ce que semblait affirmer son petit sourire en coin appréciateur jusqu'à ce que Óskar joue au type prétentieux, ce qui lui arracha un éclat de rire cristallin qu'elle tâcha de faire taire le plus rapidement possible. Peine perdue. Quoique fixer ses ongles était un procédé radical pour arrêter de rire, même de la façon la plus jolie qui soit. Lula fixa le garçon des yeux sans ciller lorsqu'il se contenta d'un simple Bien, un imperceptible sourire satisfait aux lèvres. Elle le suivit sans ne rien répondre, impatiente comme une enfant à l'approche de l'ouverture de son plus gros cadeau de Noel. Celui qu'on regarde avec envie dès le début, mais qu'on garde pour la fin. Ainsi perchée, la jeune anglaise accueillit l'étreinte d'Óskar avec un plaisir certain. Lula répondit à son baiser avec ardeur, ressentant cette sensation hyper étrange, ses petits fourmillement que les filles un peu niaises assimilaient à des papillons dans le ventre tandis qu'une de ses mains se perdait dans sa nuque, l'autre agrippant son tshirt sans plus d'embarras. Louise se détacha à regret, le souffle court et se passa avec désinvolture la main dans les cheveux, sans quitter Óskar du regard. Mutine, elle croisa ses jambes galbées avant de rétorquer sur un ton volontairement suggestif, mi-railleur, mi-séducteur. « Cette situation me rappelle vaguement quelque chose... Heureusement que je porte un t-shirt cette fois-ci, je n'aurais pas aimé t'importuner de nouveau. »

L'une de mes mains ne put s'empêcher de glisser le long de son dos pour venir tater du bout des doigts les pointes de ses cheveux, au risque de basculé vers l'avant, à présent déséquilibré sans appuie symétrique sur la machine à laver. Malgré la nonchalance dont je mettais un point premier à toujours exercer, un presque inaudible gémissement s'échappa de ma gorge sous l'ardeur du baiser que me rendait la jeune femme, ainsi exalté. Lorsque Lula s'écarta de moi, je passai malicieusement ma langue autour de ma bouche, comme pour récupérer tout souvenir qu'elle aurait put me laisser. « Cette situation me rappelle vaguement quelque chose... Heureusement que je porte un t-shirt cette fois-ci, je n'aurais pas aimé t'importuner de nouveau. » Je balançai ma tête vers l'arrière pour laisser échapper un rire franc de ma gorge, en me rappelant ce souvenir. « D'autant qu'avec une combinaison aussi moulante, la situation aurait rapidement pu devenir... gênante. » ajoutai-je malicieusement. Toujours avec un ton un brin séducteur, je repris en la questionnant, tout en caressant le côté de l'une de ses cuisses: « Cela va faire près d'un mois que je te côtoie, mais je ne sais pas ce que tu fais dans la vie, où tu vis... Je suis sincèrement curieux de quelle peut être la vie de la jolie Lula à l'extérieur, en réalité... » Il était vrai que jusque là, je ne connaissais que quelques brides du passé de la demoiselle, mais rien de bien concret. Malicieux, je lui accordai un petit regard ô combien adorable, auquel il était sûrement impossible de ne pas craquer.

Lula frissonna tandis que la main d'Óskar s'aventurait le long de sa colonne vertébrale. Chaque contact physique avait le don de l'électriser plus que de raison. Et à voir l'air du garçon, tandis qu'elle s'en était détaché, elle n'était pas la seule. C'était rassurant. Un sourire amusé prit possession de ses lèvres gourmandes tandis qu'Óskar évoquait les inconvénients évidents de la combinaison moulante. Penchant légèrement la tête sur le côté, une moue perplexe au visage comme si elle inspectait la situation, la jeune anglaise finit par rétorquer d'un ton faussement sérieux : « Gênante... ou amusante, ça dépend des points de vue. Si je n'étais pas aussi sympathique et soucieuse du bien être de mon prochain, j'essayerais presque de rendre la situation gênante. Je parie que retirer cette combinaison doit demander un effort surhumain. Et un bon quart d'heure. » finit-elle par s'esclaffer. Il est vrai qu'elle était particulièrement moulante et Lula se demandait presque comment Óskar parvenait à se mouvoir dedans sans la déchirer ou comprimer le moindre de ses membres. La question impromptue de son camarade la surprit légèrement et l'étonnement devait poindre sur son visage et son sourcil haussé. Néanmoins, entre sa main qui effleurait délicatement sa cuisse et son regard implorant de cocker, il était difficile de lui refuser quelque chose. De plus, Louise était le genre de fille conciliante qui n'aimait pas à aller à l'encontre des autres. Surtout lorsque leur demande n'avait rien d'extravagant. Après une grande inspiration et tandis que sa main venait câjoler l'intérieur du poignet du garçon, Lula se prépara pour son grand discours. Ironie quand tu nous tiens. « Je m'en voudrais de te laisser sur ta faim, alors... J'ai vingt trois ans depuis quatre jours, je vis à Cardiff mais comme tu as pu le constater, je n'ai pas leur accent abominable parce que je suis anglaise. Londonienne, plus précisément. J'ai déménagé au Pays de Galles depuis treize ans, mais je ne m'y ferai jamais je pense. Et... j'étudie la médecine. La neurochirurgie, même. Je sais, c'est beaucoup moins funky que l'artiste torturée, ça ne me plaît même pas, mais j'ai mes raisons. » termina-t-elle, avec un sourire plus doux qu'à l'accoutumée. Après un silence, Louise continua, d'un ton anecdotique. « Je vis seule avec mon père même si je rêve de prendre une année sabbatique pour voyager parce que je suis persuadée qu'il serait perdu sans moi, la personne qui partage ma vie en ce moment est un furet adorable qui se nomme Pantalaimon, je suis membre d'un nombre d'ONG assez impressionnant et rien ne m'intéresse plus que l'Art au sens large. » Après avoir déposé un baiser furtif à la commissure de ses lèvres, Lula ajouta, mutine. « A ton tour, Flash ! Et n'omets aucun détail. »