Nous y sommes officiellement, pas de mauvais rebondissements, juste une place en demi-finale amplement méritée pour chacun d’entre nous. Dix tickets bien mérités et neuf sérieux concurrents pour l’une des places en finale. J’ai du mal à m’imaginer dans une telle position, si je parviens à finir dans les six ou sept derniers ce sera déjà pas mal. Avoir été demi-finaliste c’est cool, lorsque je me suis présenté aux castings au tout début je pensais pouvoir aller jusqu’à la troisième semaine, peut-être viser le mois si tout allait bien et me voilà aujourd’hui… Quasiment au bout de l’aventure, j’aurais eu l’occasion de vivre cette expérience à fond, de A à Z et c’est justement cette perspective d’accomplissement qui me rend nostalgique ce soir. Le temps passe tellement vite et je prends conscience du peu d’heures qu’il nous reste à passer ici, je vais regretter cette ambiance propice aux rapprochements, aux confidences et aux bons moments. Un emmerdeur de première comme Colin me manquera tout comme les enquêtes sur le secret d’Achille et les moments de folie en compagnie de Khadija… Chacun des personnages emblématiques de cette édition me manquera à sa manière, difficile de faire autrement tant ils sont attachants. J’ai le bourdon, la gorge nouée et beaucoup de mal à contenir des larmes que je ne serais pas capable de justifier. Je n’ai tout simplement pas le moral, fait suffisamment rare pour le signaler. J’ai pourtant promis de ne jamais laisser mes émotions prendre le dessus, je suis censée être forte, solide et tout se casse soudainement la gueule. Quelques secondes me suffisent à régler la température de l’eau sous laquelle je me glisse, désireuse de me rafraichir les idées pour ne pas céder à mes pulsions tristounettes. Je devrais être tranquille à cette heure-là, je me permets donc de retirer brièvement mon haut de maillot de bain, dos à la caméra, pour pouvoir me nettoyer correctement, j’en ai marre de me sentir en colonie de vacances, la pudeur ça n’a jamais été mon truc.

Il y a des heures plus propices que d’autres pour squatter la salle de bain, et le milieu de la nuit en fait partie. Pas qu’habituellement l’américain s’abstienne de fréquenter les lieux avant que le soleil ne disparaisse, mais il y a des jours où il n’a pas la patience d’attendre, ni la motivation de se glisser sous une eau glaciale – il est fragile, ne l’oublions pas – et encore moins l’envie de s’exhiber face aux autres. Le fait qu’il ne soit pas aussi musclé que la plupart de ses camarades masculins n’est pas réellement un problème, il s’agit plus des séquelles de son accident qui peuvent être le sujet de quelques questions indiscrètes ou de regards curieux, auxquels il n’a parfois pas envie d’être confronté. Et puis, il y a un dernier facteur à prendre en compte pour justifier sa présence dans la salle de bain à une heure aussi tardive, le fait qu’il soit paresseux, tout simplement, et qu’il a passé une majeure partie de sa journée vautré dans son lit, ou accoudé au comptoir de la cuisine, sans prendre le temps de se bouger jusqu’aux douches pour se rafraîchir. Mais maintenant qu’il n’a plus grand-chose à faire, qu’il n’a pas faim – chose extrêmement rare, précisons-le – et qu’il n’est pas fatigué, il se décide enfin à prendre le chemin de l’étage, passant par le dressing pour y prendre son peignoir, histoire de vider les réserves d’eau chaude. D’ici demain matin, ses camarades pourront en profiter à nouveau, il peut bien se faire plaisir cette nuit. Mais lorsqu’il débarque dans la pièce, il aperçoit de dos la silhouette bronzée de Greta, qui, à première vue, semble avoir fait abstraction du haut. « Salut l’exhibitionniste ! » Il hurle presque, afin de provoquer la surprise et, avec un peu de chance, un demi-tour qui aurait de quoi satisfaire ses yeux. Elle est peut-être une ancêtre, mais faut reconnaître qu’elle est bien conservée. « J’espère que tu m’attends pas depuis trop longtemps. » Il balance, son sourire en coin plaqué sur les lèvres, prêt à être arrosé par la doyenne.

Je profite de la solitude pour me permettre d’être moins forte que d’habitude. Pour relâcher la pression histoire de repartir à fond pour affronter la suite des évènements. Prendre une douche sans être dérangée par quelqu’un a aucun moment est vraiment difficile, je crois que je n’ai quasiment jamais été seule du début à la fin et c’est ce qui nous oblige, en plus des caméras, à ne pas nous déshabiller intégralement. Seulement voyez-vous, avec les semaines j’ai largement eu le temps d’observer ce que pouvaient capturer les caméras et repéré les angles morts, il en existe deux assez énormes au niveau des douches, de quoi me permettre de faire ce que je suis en train de faire sans avoir peur des conséquences. Mes seins ne finiront pas sur le web, Dieu merci, il ne manquerait plus que de gros pervers se soulagent en me regardant prendre ma douche. Cette simple idée fait se dresser une infinité de frissons sur mon corps. beurk. Je reste de dos, prudente, on ne sait jamais après tout, je suis rapide, applique le gel douche stratégiquement histoire de pouvoir espérer remettre mon haut de maillot de bain avant l’arrivée de l’un de mes comparses. Raté, Colin arrive, je ne le repère pas jusqu’à ce qu’il me surprenne en se mettant à hurler. Je me tourne, stupide réflexe et m’empresse de plaquer mes mains au niveau de ma poitrine. « Tu m’as fait peur con, plus jamais cela ! » Il ne me reste plus qu’à me baisser pour attraper mon haut de soutien-gorge que je rattache avec une rapidité se caractérisant par un succès à relativiser. La remarque du petit jeune me fait à nouveau sourire, de quoi m’éloigner de mes pensées plus tristounettes de tout à l’heure. « Tu ne tiendrais pas deux secondes avec moi petit, t’es trop jeune… Trop innocent pour vouloir te frotter à moi ! » Attendez, j’ai une idée en tête maintenant, genre très violente… A quelques jours de la finale je peux bien me permettre d’être méchante et de lui faire peur. « Tu veux tester ? » Je demande, tâchant de paraitre la plus sérieuse possible. C’est dans des moments comme ceux-là que mon jeu d’acteur me sert le plus, merci Broadway.

S’il est dans un premier temps surpris de découvrir une présence à une heure aussi tardive, il finit par se raisonner, tranquillité et solitude étant deux notions relatives dans une émission comme celle-ci, peu importe l’heure ou le lieu. Alors que Greta prenne sa douche au milieu de la nuit n’est finalement pas une surprise. Qu’elle la prenne Topless, par contre, c’en est une. Même si à force de côtoyer Greta il a compris que celle-ci était loin d’être réservée, il ne pensait cependant pas qu’elle serait du genre à offrir sa poitrine aux caméras, surtout venant d’une femme qui souhaite donner un nouveau souffle à sa carrière, ce genre de coup de pub peut-être aussi utile que dévastateur. Enfin, vu la poitrine de la doyenne – vision dont elle gratifie Colin quelques secondes après que celui-ci ait hurlé pour la surprendre – elle n’a pas à rougir. Il n’a pas pu détailler la marchandise, mais pour ce qu’il a aperçu, elle n’a pas à avoir honte. « Oh non, te gêne pas pour moi, j’t’en prie. » Il précise avec son sourire satisfait sur les lèvres, passant outre son insulte qui devient presque un surnom à force. Elle se rhabille et il est contraint d’afficher une mine désolée sur le visage, bien qu’un simple maillot de bain ne couvre pas grand-chose du corps de Greta. C’est toujours trop, ceci dit. Il émet une autre remarque, espérant qu’elle ne l’a pas attendu trop longtemps, puisque c’est évidemment la seule raison pour laquelle elle occupe ces lieux à une telle heure. La réponse de Greta a le mérite de lui arracher un bref rire. « Oh, je vois, tu crois pas que j’pourrais te casser les reins ? Me sous-estime pas à cause de mon âge, ça veut rien dire. Regarde, toi on pourrait s’attendre à ce que tu sois fripée de partout, mais c’est pas le cas. » Classe et distinction, comme à son habitude. Elle l’a cherché, hm. « Tu le demandes à la mauvaise personne, tu sais que la réponse est oui. » Ce n’est pas lui qu’il faut défier, surtout qu’une MILF ça vaut en tout cas cent points. « Donc tu peux toujours te rétracter, j’suis sympa. » Trop, peut-être. Elle finira par se défiler, il lui offre juste l’opportunité de le faire plus ou moins dignement.

Jusqu’à maintenant j’ai toujours pris soin de faire bien attention à mes actions, à ne jamais me dévêtir plus que de raison pour éviter que des images se retrouvent en ligne et qu’elles mettent en péril ma carrière. Ce soir je fais une petite exception pour un retour à des actions on ne peut plus naturelles. Prendre une douche en maillot de bain n’a rien de très simpliste, encore moins efficace, je préfère largement être nue pour faire ce genre de choses et je pense que c’est le cas pour tout le monde. Les semaines passées au sein de cette aventure m’auront permis de tester un petit peu les caméras et de me rendre l’air de rien dans la salle spécifiquement proposée pour nous permettre d’espionner les autres. La production nous a, sans le savoir, permis de découvrir les angles morts et je profite de l’un d’entre eux comme il se doit ce soir en optant pour une perte provisoire de mon haut de maillot de bain. Les caméras ne bougent pas, impossible qu’un angle mort ne le soit mystérieusement plus d’un seul coup, je devrais être tranquille le temps de prendre une bonne douche chaude… Ce serait sans compter sur mes colocataires, impossible de ne jamais croiser quelqu’un, il pourrait bien être cinq heures du matin que nous ferions moyen de tous nous retrouver au même endroit. Colin me surprend et entrevoit bien malgré moi ce qui fait de moi une femme et non un homme… Enfin en principe puisque certains hommes auraient tendance à avoir plus de poitrine que Pamela Anderson. Je ne le frapperais pas ce soir, je me suis promis de ne plus pincer la moindre oreille, alors j’utilise une autre de mes petites capacités, la provocation qui rabaisse avec efficacité. « Je vais prendre cela comme un compliment, merci ! » Je ne suis pas fripée en effet, ma poitrine a plutôt bien tenu le choc, elle se tient encore formidablement bien et le sport me permet de ne pas trop cumuler de cellulite. « Je n’y crois pas en effet ! » Peut-être qu’il a raison, l’âge ne fait pas tout mais l’expérience participe grandement malgré tout et je ne suis pas certaine qu’il en ait suffisamment pour me faire grimper aux rideaux. Je l’imagine plutôt grande gueule à vrai dire, celui qui parle beaucoup mais bafouille et disparait lorsque les choses deviennent sérieuses. Je me trompe peut-être mais j’en doute fort également, il tient beaucoup trop à ce que je me rétracte, par exemple. « Je n’ai pas fait l’amour depuis plusieurs mois, crois-tu vraiment que je fasse ce genre de propositions sans avoir bien réfléchi au préalable ? » Je surenchéri, le sourire au coin des lèvres. Il reculera, j’en suis persuadée.

Si pour d’autres la situation pourrait être gênante, pour le jeune homme elle ne l’est pas, il n’est pas le dernier à reluquer les demoiselles de cette aventure, et il ne s’en cache même pas. C’est un homme, gamin pour certains, mais peu importe, il s’intéresse à ce qu’on lui met sous les yeux et aujourd’hui il s’agit de la poitrine de Greta, même si la scène ne dure qu’une fraction de secondes. Suffisamment pour qu’il puisse avoir une vue plongeante sur l’anatomie de sa camarade, mais pas assez pour qu’il enregistre l’image. Ce qui n’est pas un mal, dans un sens, même si elle est bien conservée pour son âge, la quarantaine passée on s’imagine plutôt de la cellulite et des seins qui tombent, ce à quoi elle échappe pour l’instant. « C’en est un, ouais, de rien. » Il confirme, avec un haussement d’épaules. Il est plutôt avare en compliments, si par miracle il vient à en faire un, que les gens ne s’attendent pas à ce qu’il soit touchant dans le choix de ses mots, bien en contraire. D’autant plus qu’il fait face à Greta, alias la doyenne qu’il prend plaisir à emmerder depuis le début de l’aventure, la complimenter avec le terme fripé est donc tout à fait dans la logique des choses. « Ah vous les vieux, vous me désespérez. » Il soupire, levant exagérément les yeux au ciel. Ça en devient une habitude, d’estimer que puisqu’il entre à peine dans la vingtaine il n’a aucune expérience, peu importe le domaine. Son secret a déjà prouvé qu’il avait tout de même une courte expérience de la vie, maintenant reste à prouver qu’il gère aussi dans le domaine privé. Il a l’occasion de le prouver à Greta puisque celle-ci estime qu’il n’est pas en mesure de se frotter à elle. En réalité, lui ça ne le gênerait pas, il est assez ouvert et on parle d’une femme d’âge mûre plutôt bien conservée, rien à voir avec l’image qu’on peut se faire de la ménagère, le corps dévasté par trois grossesses consécutives et au bord de la crise de nerfs. Ceci dit, ce n’est pas certain qu’elle partage son avis, si lui n’est plus vraiment à une situation embarrassante près, il n’est pas certain qu’il en soit de même pour elle, surtout en sachant qu’elle essaie de relancer sa carrière et qu’elle est… ah bah tiens, argument imparable pour qu’elle se sente mal. « Non, mais je te pensais avoir plus de dignité que ça, je suis plus jeune que ton fils, tu te rappelles ? » C’est gênant quand même. De son côté elle est plus jeune que sa mère… ses mères, donc pas de problème de ce côté-là. « M’enfin vas-y, moi ça me fait des points si je me tape une MILF, toi par contre ça fait un peu désespérée, mais eh, c’est que mon avis. » Il conclut en haussant les épaules, avant de croiser les bras. Ça va quand même lui manquer de plus l’emmerder quotidiennement. « Tu préfères peut-être que j’appelle Achille pour me remplacer ? J’ai cru comprendre qu’il était abstinent, il fait genre mais j’suis sûr qu’il a grave la dalle en fait. Peut-être qu’il sera quand même ‘’expérimenté’’. » Il lance, mimant exagérément des guillemets avec ses doigts. Expérience est un bien grand mot, le barbu ne s’intéressant plus à ce genre de choses, il a vite fait d’être dépassé par la jeune génération.

« Pauvre chéri, vous les jeunes vous êtes censés déborder d’énergie, ça tombe bien ! » J’ai bien compris qu’il n’est pas fatigué physiquement, sa fatigue se compare plutôt à de l’exaspération mais je cherche à l’embêter alors autant jouer la sourde oreille, je suis plutôt forte lorsqu’il est question de se comporter de la sorte alors autant en profiter. Je ne sais pas comment j’en arrive à prononcer les mots qui s’échappent de mes lèvres très explicitement. Je ne suis pas désespérée à ce point et je provoque essentiellement mais qu’adviendrait-il si Colin ne réagissait pas comme attendu ? Et s’il avait des couilles finalement et qu’il me prenait aux mots ? Je ne sais même pas ce que je ferais dans ce cas de figure, je ne mens pas totalement quand j’affirme qu’un peu de tendresse me manque et que je ne dirais pas non mais je ne suis pas non plus en train de mourir de faim. Faire n’importe quoi juste pour quelques câlins ce n’est clairement pas mon truc, ce serait me sous-estimer alors je joue uniquement la carte de la vulgarité, de la lassitude pour voir si Colin mord à l’hameçon comme il prétend en être capable ou non, juste pour l’emmerder un peu plus encore. « T’es bien un mec toi ! » Je ne peux m’empêcher de constater, indignée. « Qu’un mec se tape une gamine ça passe, c’est trop chouette et trop cool mais dès qu’une femme émet la possibilité d’en faire autant avec un petit jeune elle passe pour une crève la dalle désespérée et salope… » La société avance à grand pas sur certains points mais il reste encore énormément de travail à effectuer sur d’autres. J’exagère un petit son attendri que je pousse ironiquement lorsqu’il mêle Achille à notre petite affaire. « Pauvre petit chou, t’es vexé ? » J’attrape ma serviette que j’entoure au niveau de ma poitrine et coupe l’eau. « En tout cas merci. » Je débute en prenant soin d’attraper mes petites affaires, prête à partir. « Tu m’as permis de prouver qu’au final t’es comme beaucoup d’hommes. Tu aboies mais tu ne mords pas ! » Un petit clin d’œil, une petite tape sur le bras et je prends le chemin inverse, prête pour une petite virée au dressing avant d’aller au lit.