Le labyrinthe m’a tout de suite plu. Dès le début, j’ai été attirée par le concept, curieuse de confronter mes théoriques capacités d’orientation et de logique à la réalité. Très joueuse, il était évident que je me dirigerais rapidement vers ces dédales de bambous afin d’y perdre une bonne partie de mon temps voire même ma propre personne, carrément. Dans un premier temps, ce lieu m’avait semblé être le refuge idéal quand j’étais en quête d’un petit moment de tranquillité, d’une solitude réconfortante et reposante. Introvertie malgré ma sociabilité, j’étais vite épuisée par la vie en communauté et me ressourçais naturellement en m’isolant dans des endroits calmes et moins facilement accessibles. À ce stade là de l’aventure, je n’étais toutefois plus certaine que le labyrinthe soit le lieu idéal pour mes petits moments de méditation en solo. Il était tout à fait possible qu’à un tournant ou un autre, je tombe sur César et Anouchka dans une position gênante - peut-être même acrobatique, j’ignorais tout de leur souplesses et agilités mutuelles - ou peut-être même Cristopher et Anouchka, ou encore Sid et Gio. Je n’écoutais qu’à moitié les racontars à ce sujet, intéressée et curieuse pourtant, mais visiblement pas suffisamment pour chercher à savoir ce qui était vrai ou faux, sincère ou superficiel. Les rapprochements dans ce genre d’aventure étaient inévitables, et des filles comme Anouchka ne doivent jamais rester célibataires bien longtemps. Perdue dans mes pensées et mes considérations quant à mes camarades de jeu, je ne prête qu’à moitié attention à ce que je fais et à où je mets les pieds. C’est en entendant une voix féminine s’élever non loin de moi que je suis ramenée à la réalité et je réalise que cela fait bien cinq minutes que je m’égare inconsciemment. M’enfin, ça devrait pas être si grave. Pressant un peu le pas, ma main droite s’attardant sur le mur de bambou, je finis par rentrer dans Goldshifteh à une intersection. « Hey. » je réponds mécaniquement en reprenant mes esprits, avant de sourire, amusée par sa réflexion. « Ce n’est que moi ? Sur qui avais-tu peur de tomber ? » Est-ce que Goldie s’était fait une petite frayeur ? « Hmm non je n’y ai pas pensé, et j’ai du mal à gâcher du pain, c’est un de mes - nombreux - pêchés mignons. Mais j’ai passé pas mal de temps dans ce labyrinthe, on devrait s’en sortir vivantes. Je crois. » C’est marrant qu’elle ait pensé aux petits bouts de pain, j’aurais été tentée d’opter pour le fil d’Ariane de mon côté, comme quoi depuis la nuit des temps on a tous peur de pas retrouver le chemin du retour . « Alors, comment tu vis le départ de Joaquim ? » je lui demande, curieuse, en lui proposant d’un signe de main de partir dans la direction dont ni elle ni moi ne venions. On devrait avoir le temps de discuter, et je me demande si à ses yeux le fait d’être séparée de son partenaire est une bonne ou une mauvaise nouvelle.