Même si Ziyan n’était plus mon partenaire officiellement, je m’imaginais pas me mettre à le snobber du jour au lendemain. Un peu malgré nous, on s’était habitué l’un à l’autre en dépit de toutes nos différences. Quelque part, elles nous rendaient complémentaires, quand on se ressemblant sur le plus important : une ambition pas franchement en adéquation avec nos positions respectives dans les sondages de popularité. Enfin, qui sait, peut-être que nous allions tous finir par les épater en terminant tous deux en finale. Ça serait le pompon, je pense qu’on peut se le dire. Bref, c’est Noël, et j’avais préparé un petit cadeau sans grande prétention pour mon ex-partenaire. On va pas se mentir, ça m’a pris une demi-heure dans la journée pour le concocter, et je lui ai proposé de me retrouver à l’heure de l’apéro pour le lui remettre en main propre - en lui précisant bien qu’il fallait pas s’attendre à une merveille. En l’attendant, je prépare nos boissons, un alcool local qui a bonne réputation. Quitte à être en Chine, autant découvrir un peu ce qu’ils peuvent faire de spécial ici. Je nous ai servi deux verres dans un service traditionnel qui a la contenance de shooters au moment où @Ziyan me rejoint ; je me relève doucement et, sans plus attendre, me dirige vers lui pour lui tendre le dessin que j’ai amicalement massacré (j’ai les compétences picturales d’un enfant aveugle de 4 ans). « Ton cadeau ! C’est toi une fois que tu as gagné Fake Lover - tous les animateurs se prosternent à tes pieds, là c’est Brune. Et tu es aussi président ! D’où le fait que tu sois sur la tour Eiffel avec une baguette de pain en or dans la main. Et là, c’est ton idole Macaron qui se prosterne aussi à tes pieds. On le reconnaît vraiment pas, j’aurais dû faire des légendes. » je réalise, un peu déçue de moi-même (pour de faux, vous inquiétez pas). Enfin bon, on va pas s’attarder sur mon dessin trois mille ans non plus, il va pleurer de joie, le coller sur le frigo et on passera à autre chose, j’imagine. « Et pour fêter notre séparation, j’ai prévu qu’on se saoule au baijiu. J’ai fait mes recherches, c’est un alcool chinois plutôt viril à ce qui paraît, tu devrais kiffer. » Je voudrais surtout pas l’émasculer avec un cocktail qui aurait des bonbons dedans.

Aujourd’hui c’est Noël. J’aurai très certainement préféré le passer auprès des miens, mais le destin a fait que je suis ici ce soir, encore en jeu dans l’aventure Fake Lover. Même si je ne m’entends pas super bien avec tous mes camarades, je suis tout de même content de le passer avec eux, notamment Lucy et bien sûr Fawn. Cette dernière m’avait donné rendez-vous au salon pour récupérer mon cadeau à l’heure de l’apéro. Le truc c’est que moi j’avais pas de cadeau. Il me reste quelques temps pour lui trouver un cadeau, le truc c’est que je sais pas quoi acheter vu qu’on est un peu enfermé et cela devient dur de trouver un cadeau très personnel. Réfléchis Ziyan, réfléchis. Alors je me rends dans la rue marchande mais finalement je reviens bien vite parce que ce serait bien trop facile de prendre un objet que tout le monde ici peut prendre pour soi même, ce serait pas très original. Mais qu’a t-elle pu me trouver à faire comme cadeau je ne comprends pas. C’est que moi j’ai l’habitude d’offrir de gros cadeaux en dépensant énormément de sous, les gens seront toujours content, mais là que faire ? Le temps s’écoulant, je décide finalement de laisser tomber, résigné, je rejoins le salon, déprimé. J’arrive dans le salon et je vois Fawn, mais je m’en veux de pas avoir trouvé de cadeau pour elle. Celle-ci en me voyant se dirige vers moi et me montre un dessin. Elle m’explique que sur ce dessin on y voit moi en train de gagner Fake Lover avec tous les animateurs se prosternant devant moi et je suis aussi président du coup pour ça qu’il y a une tour eiffel et que je suis dessus, il y a aussi Macron qui se prosterne devant moi, et je ferais comme si elle n’avait pas écorché son nom. « Mais mais.. il est trop bien ton cadeau. » Je suis presque ému, moi on m’a jamais offert de dessin, on m’a offert des consoles, des vêtements de luxe, des montres, des voitures, mais rarement des choses aussi personnels, je suis touché. « Je suis trop nul moi comme ex partenaire, j’ai cherché, mais j’ai pas trouvé de cadeau.. tu veux ma montre ? » Après tout je peux en acheter 15 000 des montres comme ça, mais il n’y a aucune touche personnel, je suis nul pour ce genre de trucs. Peut-être que je pourrai coller ma tête dessus, ça peut être une bonne idée pour qu’elle se souvienne de moi après l’aventure. Mais heureusement elle me propose de boire, voilà de quoi me faire oublier ma culpabilité, du baiju, apparemment c’est un alcool chinois plutôt viril que je devrais apprécier, je retrouve immédiatement le sourire. « Ah je suis chaud alors, mais toi tu vas réussir à le boire ? Tu préfères pas un cosmo ? » Ouais je fais trop le malin moi.

Je ne sais pas trop à quoi je m’attendais en offrant un cadeau à @Ziyan. Clairement, je m’étais emballée, un peu trop enthousiasmée par mon idée pour réfléchir correctement à tout ça. Je ne m’étais donc pas vraiment demandé si ça allait lui plaire ou non, le faire rire ou non, ou encore provoquer une diatribe exaltée d’un point ou autre de mon dessin (voire de ma prononciation du nom de son président, sachant que je n’avais jamais su parler un seul mot de français. Genre, je sais dire camembert, pour une raison obscure, mais je suis à peu près sûre qu’il ne comprendrait pas ce que j’essaie de dire.) ; bref, je m’attendais à tout et n’importe quoi, à rien de précis ou de particulier. Sauf que je m’attendais peut-être pas quand même à ce qu’il trouve mon cadeau trop bien. « C’est vrai, vraiment vrai, ça te plaît ? » Je suis un peu estomaquée, positivement surprise par la façon dont Ziyan reçoit mon cadeau. J’aurais aimé vraiment savoir dessiner et faire un truc vraiment chouette, mais c’est au delà de mes capacités. « T’inquiète, je n’attends rien de ta part, te prends pas la tête. » je réplique avec un geste de la main un peu vague, l’air de dire ‘laisse tomber’. C’est que c’est pas simple de s’offrir des trucs ici, c’est pas comme si on pouvait commander des gadgets excentriques sur Amazon. « Et je vais quand même pas te prendre ta montre, enfin, c’est la tienne. Et puis j’aurais plus d’excuses quand j’arrive en retard quelque part. » je prétexte avec un demi-sourire, ne m’imaginant absolument pas accepter une telle offre. Son désarroi me touche, et je trouve le geste surprenant. J’aurais dû apprendre, avec le temps, pourtant, à ne plus me fier à l’image que Ziyan renvoie volontairement. J’aurais dû savoir qu’il n’était pas si matérialiste que ça, ou qu’il n’était probablement pas du genre radin. Mais nan, je peux pas m’empêcher d’être étonnée. Heureusement, il redevient vite fidèle à lui-même en arguant que le baijiu risque d’être trop viril pour moi. Je le frappe sans plus attendre au niveau de l’épaule, avec une agressivité que je qualifierais de joueuse. « On rigole mais si ce truc est vraiment viril et altère mon taux de testostérone, crois-moi que je vais calmer mes nerfs sur toi quand vos hormones masculines à la con amplifieront ma pilosité. » Bon, ça aide aussi à gagner en masse musculaire, mais pas sûre que ce soit worth. « À la tienne. Et à notre sauvetage de dimanche prochain. » je clame en levant mon verre pour trinquer avec lui. « N’empêche ils vont en faire un de ces têtes Gio et compagnie quand ils verront que toi et moi on sera premiers des votes. » Ouais, Ziyan déteint sur moi je pense.

Je suis particulièrement touché par le cadeau que fait Fawn. C’est pas le genre de cadeaux que j’ai l’habitude d’avoir. Certes, il n’a aucune valeur financière, mais sachant déjà que le cadeau vient de mon ex partenaire, celui-ci part avec une grande valeur émotionnelle de base. Ajoute à cela un dessin qui finalement correspond à qui je suis, oui je ne peux être que touché. « Oui vraiment j’aime beaucoup. Je l’encadrerai dans mon bureau quand je serai à l’Elysée. » Je rigole, mais le pire c’est que je serai capable de le faire. Capable d’encadrer le dessin dans mon futur bureau professionnel, pas de devenir président. Le truc c’est que moi j’ai rien trouvé, j’avais même pas pensé à faire un cadeau à Fawn à la base. Ca me gêne. Elle dit que c’est pas grave, mais je connais les femmes, elles disent toujours que c’est pas grave. Ca lui aurait certainement fait plaisir d’avoir un cadeau c’est certain. Alors dans une panique folle, je lui propose ma montre, ce qu’elle refuse, évidemment. Je hausse les épaules. « Bon tant pis, quand on sera dehors, je t’offrirai ma tesla si tu préfères. » Je rigole, mais évidemment que non. Personne, personne ne touche à ma tesla. C’est mon bébé, l’amour de ma vie, pour rien au monde ma tesla ne sera vendu et encore moins donné. Quand je conduis ma Tesla, je comprends mieux les kéké tuning qui pump et passe du temps sur le peugeot 205, une voiture pour un homme, c’est comme un prolongement de sa définition. Je me perds dans mes pensées absurdes, mais Fawn me ramène à la raison, savant comment me parler : A boire. Et de l’alcool de bonhomme paraît-il. Je lui propose un cocktail plus doux du coup, faudrait pas que ses papilles de jeune femme souffre trop. « Alors je te préviens de suite. Si jamais tu as de la moustache qui pousse, tu changeras de lit, parce que je me suis promis de ne jamais me réveiller à côté d’une fille à moustache, jamais ! » Et je tiendrai mes promesses. « Non mais puis quoi encore.. se réveiller avec une femme qui fait caca aussi tant qu’on y est ! » Non mais sérieusement. Heureusement pour le moment je n’ai connu aucune femme à moustache qui fait caca, toutes crachaient des arcs en ciels à l’odeur de rose, je n’ai pas vérifié, mais je leur ai demandé et je les crois. On trinque alors, aux prochaines nominations. Et la remarque de Fawn me fit sourire. Nous premiers des votes, ouais ça aurait de la gueule, je voyais ça plutôt en finale, mais pourquoi attendre la finale ? « Ouais ils sont pas prêts !Vu que c’est pas la finale, je te laisserai la première place pour ce tour si tu veux. » Je lui souris une nouvelle fois avant de boire une gorgée de cette fameuse boisson. En espérant qu’on aura l’occasion de le reboire ensemble la semaine prochaine.