Je ne connaissais pas encore très bien cet hôtel puisque nous étions tous arrivés hier soir lors du prime. Les seules pièces que j'avais visitées étaient la chambre où j'avais passé ma nuit, la salle de bain et la cuisine qui me semblait un lieu essentiel à ma survie au sein de fake lover. Installée sur l'une des chaise, j'avalais rapidement chacune de mes bouchées de pain lorsque je vis passée Andrea. Prenant soin d'avaler la dernière de mes bouchées afin de ne pas parler la bouche pleine, j'avançais vers celle-ci arborant un large sourire. Après tout,elle faisait partie de ceux avec qui j'avais discuté la veille. Tu visites avec moi ?Ne lui laissant pas vraiment le temps de répondre, je l’entraînais par le bras à la découverte de notre nouveaux "chez nous" . Après avoir trouver les toilettes (dieu soit bénis, je me retenais depuis hier ) et une brève pause dans celle-ci nous nous étions dirigées vers la piscine intérieure dont j'avais déjà entendu parlé par d'autres candidats. Sans prononcer un mot à l'attention d'Andrea je m'avança en direction du bassin, laissant mes chaussures sur le côté et m'asseyant au bord de celui-ci, j'y trempa mes pieds. Fermant les yeux un instant, je profitai de cette sensation de bien-être.


POUR ANDREA

Cela ne faisait que quelques heures que les candidats avaient pénétrés l’enceinte de la maison mais Andrea se sentait déjà perdue. Sans matinale et surtout sans télévision, elle se sentait complètement déconnectée de la réalité. Et pour tout avouer, elle tournait en rond depuis un bon moment. C’est pourquoi lorsque Skyler lui proposa de visiter, elle était on ne peut plus ravie. Se souvenir de son prénom était déjà en soit une victoire mais pouvoir assimiler le chemin pour aller aux toilettes, qu’elle soit dans n’importe quelle pièce tiendrait carrément du miracle. La plupart de ses connaissances avaient tendance à l’appeler petite vessie en vue du nombre de fois qu’elle monopolise les toilettes dans la journée. En tous les cas, l’arrêt toilette lui fit le plus grand bien mais celui à la piscine était beaucoup plus intéressant. Laissant ses claquettes sur le bord, elle s’empressa de rejoindre Sky pour tremper à son tour ses pieds dans l’eau. Il faisait un peu chaud dans la pièce mais la température de l’eau était parfaite et elle apprécia la sensation. « Je ne me rappelle même pas la dernière fois que j’ai mis les pieds dans une piscine. Ce serait à peu près en même temps que l’arrêt d’Ally Mc Beal que ça ne m’étonnerait pas ! » Elle esquissa un sourire avant d’enchainer. « Tu habites à Dublin ? »

Assise sur le bord, j'échappais quelques instants au monde qui m'entourait, c'est Andrea qui me ramena à la réalité en s'installant à côté de moi. Je regardais cette dernière et mes pieds cessèrent tout mouvement. Elle semblait aimé parlé contrairement à moi. Parler d'elle. Et cela ne me gênait absolument pas, j'étais douée pour écouter. J'avais toujours été douée pour écouter. Ainsi elle n'avait plus mit les pieds dans une piscine depuis l'arrêt d'Ally Mcbeal, tout bonnement hallucinant. Je ne pouvais pas vivre sans piscine, c'est selon moi le meilleure moyens d'évacuer nos ennuies durant l'espace d'un instant. J'avais d'ailleurs insisté auprès de mes parents pour qu'il me choisissent un lieu de vie où se trouvait une piscine. Alors oui, je vivais en appartement mais dans un appartement classe. Un immeuble appartenant à mon père où il avait prit soin de faire installer une piscine au rez-de-chaussée. Moi, gâtée ? Non voyons, simplement aimée. Lorsqu'elle eu finis de parler j'esquissais simplement un sourire, préférant une nouvelle fois ne pas gâcher mes mots. Mais celle-ci décidai de briser mon habitude qui consistait à ne pas parler de ma propre personne en me demandant si je vivais dans cette ville. « Oui » voilà la première réponse que je lui donnait. Pas besoin pour moi de m'étendre sur le fait que j'avais d'abord vécu à Londres. Par politesse, je décidais cependant de lui retourner la question. Si je n'aimais pas me dévoilée, j'adorais par contre connaître la vie des gens. Ce qui les avaient menés là où ils étaient arriver. « Et toi ? »

Assez rapidement, Andy comprit que Skyler n’était pas femme à parler pour ne rien dire. Voir même, elle ne parlait pratiquement pas, même lorsque la situation le demandait. Du moins, elle se contentait du moindre mot pour ne pas paraitre impolie. Si elle avait vécu dans le silence durant de longues années du à son manque énorme de sociabilité, elle appréciait grandement un peu de conversation aujourd’hui. Les réponses courtes de Skyler avaient tendance à lui rappeler ses premières années de lycée où la plupart du temps, les filles l’ignoraient superbement ou se détournaient lorsqu’elle commençait à lui parler. Légèrement mal à l’aise par la situation, elle s’agita doucement et joua de ses pieds dans l’eau, cherchant quelque chose d’autre à faire que converser. Lorsque la jeune femme lui rendit sa question, elle en profita pour combler le silence autant qu’elle le pouvait. « Oui. J’ai toujours vécu ici par ailleurs. Je ne me vois pas vraiment partir loin, j’aime beaucoup cette ville, et puis je crois que je n’ai pas un grand sens de l’aventure, j’aime savoir qu’il ne se passera rien d’improbable le lendemain. Je suis une petite vieille en fait. » Consciente qu’elle ne pouvait pas entretenir seule la conversation, elle s’arrêta de parler et regarda autour d’elle, pas vraiment à sa place.

Je voyais bien dans quel atmosphère je venais de nous plonger. Bravo, tu sais mettre l'ambiance ma fille voilà sans aucun doute ce que mon chat penserait à ce moment précis. Mon chat me connait par coeur il faut dire. Inspirant profondément je fixais mes prunelles dans ses iris «Je voulais pas ... » Je n'avais jamais été un moulin à paroles, au moins mes parents ne recevaient jamais de remarque dans mon carnet scolaire pour bavardage. Ça n'a pas que des inconvénient que de savoir se taire, mais je sentais que dans ce jeu les gens avaient besoin de se connaitre. De me connaitre. Et j'allais devoir faire un effort. Andrea méritait bien cet effort là après tout. Je parlerai ... mais pas exagérément pour ne rien dire, voilà tout. «créer une atmosphère si merdique. Je parle pas beaucoup ... c'est tout... mais promis je vais faire un effort » avais-je articulé doucement, à mi voix. Espérant que celle-ci ne m'en voudrait pas d'avoir été un peu froide. J'avais bien entendu écouter ce qu'elle me disait mais j'avais besoin de m'excuser auprès d'elle avant de donner un commentaire quelconque. Que pouvais-je bien dire après tout ? A part : on a tous une mamie qui dort en nous ... Tu as quel age petite grand mère ? Bien ma skyler, on avance.

Andrea savait appréciait le silence mais à moindre mesure. A très moindre mesure même. En réalité elle avait du mal à partager un instant silencieux avec n’importe qui. Quitte à ne pas ouvrir la bouche, autant le faire seul. Se taire à deux n’est pas réellement l’activité la plus stimulante du monde, c’est certain. Du coup, elle hésitait sincèrement à partir en courant et s’arranger pour qu’il y ait toujours quelqu’un avec elles dans le futur mais Skyler présenta rapidement ses excuses pour le silence ce qui calma Andrea. Elle avait aussi ses propres problèmes assez gênants, notamment en ce qui concernait toute forme d’intimité donc elle ne pouvait pas dire grand-chose. Et puis savoir qu’elle n’était pas officiellement froide et peu avenante la rassurait quelque peu. « Je comprends. Je peux toujours parler pour deux en cas de gros blocage. » Elle voulait surtout la rassurer en disant cela, même si c’était réellement le cas. Il est connu qu’en cas de stress les problèmes les plus importants se manifestent avec plus de vigueur. Et pour le moment elles n’avaient pas besoin que Skyler parlent moins mais plus. « J’ai vingt-quatre ans. Je touche presque le quart de siècle. Tu dois avoir dans les mêmes eaux non ? » Sky n’avait pas l’air beaucoup plus agée qu’Andrea, voir même plus jeune mais quelques fois l’apparence peut être trompeuse donc elle préférait poser la question. « En tous les cas je présuppose que tu n’est pas journaliste ou quelque chose comme ça. Psychologue éventuellement ? » A défaut de parler elle savait surement écouter et conseiller.

« J' ai toujours été comme ça ... »avais-je avoué. J'étais soulagée que celle-ci ne prenne pas ses jambes à son cou pour me fuir jusqu'en chine. Je sais que je n'étais pas la plus bavarde de la maison, mais j'allais devoir m'entraîner à parler plus. A faire confiance aux gens. Faire confiance, voila une tâche difficile pour tout le monde et personnellement, j'ai du mal à la donner cette confiance. Et puis c'est risquer de donner sa confiance, surtout dans un jeu comme fake lover. « Je suis légèrement plus jeune que toi ... J'ai vingt-trois ans. » Vingt trois années déjà que j'étais née dans la belle ville de Londres. Le temps passait à une allure hallucinante, à mon âge, ma mère m'avait déjà quitté. Elle avait quitté cette terre tel un ange qui s'envole le paradis. Elle est mon ange, je sais qu'elle veille sur moi et qu'elle m'aime. Un fin sourire apparut sur mon minois lorsque je l'entendis lancer des hypothèses sur mon métier, la possibilité d'être psychologue m'avait un jour traversé l'esprit mais ma passion pour l'art et les images avaient toujours été la plus forte. « Ni journaliste, ni psychologue sauf pour mes amis sans doute. Photographe en fait. » venais-je de lui dire le plus naturellement du monde. On dit que c'est en forgeant que l'on devient forgeron, peut-être que c'est la même chose pour le langage. En tout cas, elle était la première candidate avec qui je parlais vraiment au sein de ce nid. Enfin, la première avec qui je faisais des efforts. « tu fais quoi toi, dans la vie ? »