LYLOU;

Juste après la fin du prime, Franklin avait fini par quitter le Grand salon, où se déroulait la première soirée au sein du nid. Il faisait un peu la gueule, à vrai dire, parce qu'il n'avait pas été l'attraction principale et qu'il était passé un peu inaperçu. Deux verres de champagne avaient suffi à le mettre K. O, la fatigue l'avait emporté face à l'excitation. D'ailleurs, il ne lui avait pas fallu longtemps pour trouver l'accès aux chambres. L'ensemble des candidats se trouvaient encore en bas, et la suite casanova -où il avait été placé- était vide. Du moins, pour le moment. Franklin était préoccupé par l'aspect de ses cheveux. Gras, gras, gras. Les coiffeurs de l'émission les avaient aspergés de gel et de laque. Franklin passa alors l'une de ses fines mains dans ses tifs enchevêtrés. Il ressemblait plus à Robert Pattinson qu'à James Dean, pensa-t-il, avant de se poster devant le miroir. D'énormes cernes étaient dessinées sous ses yeux rouges, on aurait vraiment dit un camé. Il se frotta le visage, comme pour se stimuler, retira sa veste en jeans et ses chaussures. Sa min-valise se trouvait près d'un lit, sûrement le sien. Mortel, il allait pouvoir roupiller comme un véritable petit bébé. C'était sans compter sur l'arrivée divine de Lylou, sa partenaire actuelle, qui ne serait d'ailleurs bientôt plus la sienne. Elle avait sûrement décidé de déserter la soirée elle aussi. Alors, c'est avec un énorme sourire qu'il l'accueillit. « Lylou. » c'était une manière de lui montrer qu'il se souvenait de son prénom. Chose plutôt rare venant de lui. « Tu m'suis ou quoi ? » qu'est-ce qu'il pouvait être drôle.

Le prime venait de se finir, pourtant les habitants n'étaient pas prêt d'aller se coucher, en effet chacun continuait sa petite discussion ici et là dans la maison, trouvant réconfort dans le fait de pouvoir parler à quelqu'un histoire de ne pas se sentir seul. Pour ma part j'avais usé mon taux de mots pour la soirée, il était temps de m'exiler seule, pour mon plus grand bien. Ma cible ? La chambre qui m'avait été attribué, j'étais cependant presque certaine d'y croiser du monde, mais au moins, je ne serai pas obligée de leur parler. Quittant donc le hall, j'emportais mon verre et une bouteille de champagne que je glissais à l’abri des regards dans mon sac avant de grimper les escaliers. Cette maison était grande, bien trop à mon gout, moi qui aimais les endroits plutôt intimistes. Je ne tardais cependant pas à arriver dans la fameuse chambre, accueillie par Franklin « Lylou. Tu m'suis ou quoi ? » déclara t-il alors que ses pieds nus empestaient déjà la pièce « Rebonsoir ex futur partenaire » lâchais-je en allant trouver le lit qui m'était attribué, déposant la bouteille sur la table à sa gauche avant de m'en servir une flute « Dis moi, c'est l'effet de l'alcool qui te donne cet air macabre ? » dis-je avec un sourire. En effet le jeune homme à la peau pale se voyait attribué de grosse cernes sous ses yeux, rendant le tout très peu flatteur.

Elle semblait allergique aux relou, donc Franklin se garda de sortir une connerie. Parce qu'il voulait lui plaire, en quelque sorte. Comme il l'avait dit lors du casting, il n'aimait pas être rejeté, ou ignoré. Même si ça ne lui ressemblait pas, même s'il devait faire semblant, il ferait tout pour qu'elle l'apprécie. « Rebonsoir ex futur partenaire. » C'était effrayant la façon qu'elle avait de ne laisser paraître aucune émotion dans sa voix. Pendant un instant, Franklin se demanda si ça n'avait pas un rapport avec son secret. « Tu m'regretteras, tu verras. » Elle s'installa sur un lit, non en fait, elle s'était installée sur son lit. Avec une nonchalance déconcertante, elle sortit une bouteille entière de champagne et s'en servie une flute. Franklin la fixait d'un air amusé. « T'es pas allé voir la composition des chambres, toi. » Dit-il, avant d'attraper la bouteille, de l'apporter à ses lèvres et de se taper une longue gorgée de champagne. « J'sais pas, la fatigue peut-être. » Un air macabre, carrément. Bon, c'est vrai qu'il ne ressemblait plus vraiment à rien en cette fin de soirée. « Putain, j'pue en plus. » Fit-il en s'auto-reniflant. L'hygiène, c'était pas vraiment son truc. Un vrai, gros, dégueulasse. « Au fait, je bave la nuit. » Bon, en clair, il ne lui laissait pas vraiment le choix. Y avait en tout sept lits, mais quatorze candidats réunis dans cette suite. Malgré un coefficient intellectuel assez proche de zéro, il avait très vite compris qu'il devrait partager son plumard. Mais, ça ne le dérangeait pas le moins du monde. Il détestait dormir seul, et la présence de Lylou l'aiderait sûrement à faire de jolis rêves.

« Tu m'regretteras, tu verras. » Oh ça je n'en doutais pas une seconde, la puanteur et les blagues inutiles, oh oui que ça allait me manquer « T'es pas allé voir la composition des chambres, toi. J'sais pas, la fatigue peut-être. » répondit le jeune homme alors que je m'asseyais sur mon lit « Ou le fait d'avoir trop bu » mâchais-je finalement alors qu'il venait de s’enquiller une partie de la bouteille. « Putain, j'pue en plus. » ne le remarquait-il seulement que maintenant ? Mon Dieu ce garçon était effrayant par moment « Au fait, je bave la nuit. » m'allongeant au milieu du lit, le dos contre le mur, je plongeais mes yeux dans les siens, un sourire mauvais accroché au visage « C'est certainement pour cela que tu ne dormiras pas ici, mais sur le toit. Tu sais, c'est là où les chiens dorment. Dans leur niche. » le complimentais-je avant de porter à nouveau la flute à mes lèvres. Sérieusement si il voulait dormir ici, un passage à la douche s'imposer, mais de toute façon, il ne serait jamais assez propre pour moi, le jeune homme manquait cruellement d'hygiène et le fait de l'imaginer baver sur son coussin, ou pire, sur mon épaule me dégoutait encore plus. Bonjour le cauchemar.

« J'tiens l'alcool, moi, surtout le champagne. J'te dis que c'est la fatigue. » Sa voix vacillait un peu, il ne paraissait pas totalement clean, en effet. Génial, il passerait pour l'alcoolo de service demain, sur internet. « T'es sérieuse, tu veux que j'aille dormir sur le toit ? » Ce n'était pas même une question, mais ça en avait tout l'air. Il la regardait bizarrement, froissé par sa proposition. L'idée en elle-même lui donna la chair de poule. C'était n'importe quoi, cette fille était givrée, complètement. « Je n'te toucherais pas, si c'est ça qui t'inquiètes. » Elle l'avait traité de chien la malade. Il lui aurait bien arraché sa tignasse, mais la violence au sein du nid était prohibé. « Bon, j'peux aller prendre une douche si tu veux ? » Ça ne l’enchantait pas vraiment, mais il était hors de question qu'il quitte cette suite. Il retira alors son t-shirt fétiche, le blanc, et laissait apparaître un torse de poulet, à croquer. April may june était tatoué sur le haut de sa poitrine. Il était loin d'être pudique, et le fait que Lylou soit en plein milieu de la pièce ne le gênait aucunement.

« J'tiens l'alcool, moi, surtout le champagne. J'te dis que c'est la fatigue. » si il pouvait commencer à marcher droit, ce serait certainement bien plus crédible « T'es sérieuse, tu veux que j'aille dormir sur le toit ? Je n'te toucherais pas, si c'est ça qui t'inquiètes. » il semblait vexé, et à vrai dire, je le pensais plus nonchalant que ça, il faut croire qu'au fond c'était un grand sensible, j'y allais peut être un peu fort. « Bon, j'peux aller prendre une douche si tu veux ? » me dit-il alors qu'il retirait son tee-shirt, dévoilant son corps tatoué. Il avait quoi, dix huit balais et déjà pas mal de tatouages sur le corps, c'était une chose qui me surpris. « Bon allez, parce que je suis d'une extrême bonté je te laisse dormir ici » j'ai failli dire par terre. Oui, il m'arrivait de prendre sur moi et de ne pas totalement rejeter les autres, c'est ce que j'appelais concrètement de la bêtise, m'enfin il fallait bien cohabiter avec une trentaine d'habitants sans s'attirer les foudres de ceux ci, surtout que je n'avais pas la moindre envie de me faire remarquer dès mon entrée. « Par contre, tu vas te doucher. » finis-je par lui dire d'un ton sec, en plongeant mes yeux dans les siens, bien quoi, je n'avais pas envie de puer le lendemain, il ne manquerait plus que ça.

C'était un adepte de l'exhibitionnisme, mais au fond, avait toujours été très complexé par son corps. À chaque fois, il avait le droit à des remarques désobligeantes sur sa maigreur. Et, comme il commençait un peu à anticiper les vannes de Lylou, il entortilla ses bras autour de lui, avec cet air d'enfant anéanti dont seul lui avait le secret. « Bon allez, parce que je suis d'une extrême bonté je te laisse dormir ici » Quelle peste. Il n'en n'avait jamais rencontré des comme ça, aussi coriace. Pourtant, il l'appréciait d'une certaine manière. Peut-être parce que c'était la première personne avec qui il avait sympathisé, entre guillemets. D'ailleurs, même si elle ne le savait pas encore, Franklin était certain qu'ils deviendraient les meilleurs amis du monde. « Il t'as pas fallu longtemps pour accepter, p'tite coquine. » Lança-t-il, d'un air semi-sérieux. Il fallait toujours qu'il gâche tout celui-là. « J'déconne, j'déconne. » Répliqua-t-il, un instant après, en voyant la tête qu'elle tirait. Il savait que le toit l'attendait s'il sortait une autre connerie dans ce genre. Mais, ça l'amusait tellement de faire le con. « Arrête de m'regarder avec dégoût. » Elle le regardait, comme elle regarderait un clodo dans la rue. « Hé, quand j'sens le savon, j'suis encore plus mignon. » Il s'était senti obligé de le lui préciser. Ce mec n'avait vraiment aucun tabou, et était d'un naturel affligeant. Ah, la jeunesse.

« Il t'as pas fallu longtemps pour accepter, p'tite coquine. » poussant un soupir je regardais le jeune homme d'un air tout à fait déconcerté avant qu'il ne cherche à se rattraper « J'déconne, j'déconne. » Me servant une autre flûte de champagne je pensais que je commençais à en avoir bu pas mal, mais j'étais du genre à bien résister à l’alcool, chose étonnante aux vues de mon poids et de mon gabarit « Arrête de m'regarder avec dégoût. Hé, quand j'sens le savon, j'suis encore plus mignon. » fallait-il déjà qu'il le soit à la base. Regardant de haut en bas le jeune homme, j'arquais un sourcil, croisant mes jambes. « A côté de toi on dirait que j'ai quarante cinq balais. » lâchais-je en secouant la tête de droite à gauche avant de préciser « Mentalement, bien entendu. » il faut dire que le jeune homme avait une réelle attitude de petite garçon insolent, voulant à tout prix plaire et se faire remarquer et bien que ce genre de caractère avait des points positif, il n'en restait pas pour le moins agaçant. Finalement je posais mes yeux sur son torse de gringalet mal nourri avant d'ajouter « Il faudra remplumer et muscler tout ça un de ces jours. »

Avant d'accéder à la douche, il devait trouver un maillot descend à mettre. Il s'installa alors par terre, tout en ne quittant pas Lylou des yeux, et ouvrit sa valise de façon peu délicate. Une valise à son image, le chaos total. Des vêtements de partout, semi-pliés, des paires de chaussettes désaccordées et une trousse de toilette à moitié vide. Malgré ce bordel pas possible, il réussit à attraper l'un de ses caleçons préférés, qu'il utiliserait pour se laver. Lylou, elle, se servit un autre verre de champagne, en mode rien à foutre de ta gueule. « Arrête de boire, s'teu plaît. » Articula-t-il, en se relevant. Ça sonnait comme un ordre, mais en fait, il semblait préoccupé. Ce n'était pas très clair, non. « A côté de toi on dirait que j'ai quarante cinq balais. » Sur le coup, il eut un peu de mal à comprendre. « Mentalement, bien entendu. » Franklin se mit à rire comme un abruti. C'est vrai que mentalement, il en était encore au stade de l'adolescence, et encore. « T'sais même pas mon âge. » Quel sens de la repartie. « Il faudra remplumer et muscler tout ça un de ces jours. » Plus ou moins touché, il tenta de l'ignorer. En fait, il n'avait rien à répondre à ça. Ou si, peut-être que si. « Regarde-toi, on dirait une brindille. » S'amusa-t-il, fier de lui. Puis, il se mit à retirer toutes ses bagues de ses doigts, pour ne pas quelle rouille sous l'eau. Il s'apprêtait alors à partir en direction de la salle de bain, qu'il découvrirait pour la première fois, mais une musique, qui lui semblait familière d'ailleurs, retentit à travers toute la pièce. « Hé, écoute, c'est Florence and the machine. » Il se mit à danser comme un enragé, ignorant visiblement les consignes de Cupidon.