Il était tard, enfin, pas tant que ça, mais la maison était presque vide, tout le monde avait rejoins son lit pour la plupart, sauf moi, qui n'avais pas sommeil. Je repenser toujours au prime, au réponse d'Andrea, des images que j'avais vu. Même si elle ne voulait pas de moi, je n'arrivais pas à me l'enlever de la tête. Ecoutant en boucle, un morceaux du groupe Secondhand Serenade, "Fall For You" depuis plus d'une heure. Cette chanson était parfaite pour la situation que je vivais. J'étais seule dans la salle aux milles et une merveilles, je me surprenais en train de chantonner les paroles de cette chanson. « You always thought that I was stronger, I may have failed but I have loved you from the start » C'est ce moment qu'Andrea choisissait pour entrer dans la pièce, surement interpeler par ma voix. Je restais planté devant elle, me demandant si elle avait compris ce que je venait de chanter, et surtout, si elle devinait que ce n'était pas anodin. Je retirais mes écouteurs lentement, avant de lui sourire un peu gêné. C'était surement la dernière personne que j'aurais imaginé croiser ce soir. Surtout à ce moment précis. « Tu ne dors pas ? » lui demandais-je un peu niaisement. Si elle était là, c'était parce qu'elle ne dormait pas, à moins qu'elle soit atteinte de noctambulisme, ce que je n'avais pas remarqué quand nous partagions un lit ensemble.

La jeune femme m'avait forcément entendu chanter, et ses efforts pour cacher son petit sourire en coin étaient vains. « Vas-y, moque toi, je ne suis plus à ça près. » avais-je lancer, entre dépit et ironie. Le fait qu'elle m'entende chanter n'était pas un problème, c'était juste cette chanson. Puis elle s'asseyait par terre, adossé à la porte, au moins personne ne viendrait nous déranger si elle restait dans cette position. Elle m'avoua ne pas réussir à dormir, je me sentais moins seul. Mais je pensais que pour elle, les choses iraient mieux maintenant qu'elle avait mis un point final à notre histoire, et à celle avec Zayne. « Comment ça se fait ? Tu devrais te sentir soulagée pourtant. » répondais-je un peu mesquinement. « Désolé, je n'aurais pas dû dire ça. » ajoutais-je aussitôt. Encore une fois, j'aurais mieux fait de la fermer, ça aurait été préférable. Elle me demanda ensuite si je m'isolais, la réponse était logique. « Non, je m’entraîne pour ma future émission de télé-réalité ! » rétorquais-je en souriant. J'avais un peu retrouvé mon humour, un peu, la pilule avait pourtant toujours autant de mal à passer. « Tu me fais une place ? » demandais-je en m'approchant de la demoiselle. Je ne pouvais pas me résoudre à rester distant avec elle, et j'étais prêt à tout pour recoller les morceaux, même si ça prendrait du temps, et que je commençais de plus en plus à me dire que mon temps était compté dans le Nid. « Ça va mieux avec Shane ? » demandais-je à la jeune femme en m'asseyant près d'elle sans pour autant la coller. Le sujet était surement encore sensible, mais je ne voulais pas qu'elles gâchent leurs amitié pour et à cause de moi.

La jeune femme précisa qu'elle ne se moquait pas de moi ou du fait que je chante, seulement de ma question, qui était débile, je devais l'avouer. « Je préfère ça » répliquais-je sur un ton léger. Après mon petit pique, pas volontaire d'ailleurs, ça m'avait échappé, elle grimaça comme seule réponse. Après tout ce que nous nous étions dit, c'était bizarre d'être dans la même pièce sans que j'ai envie de l'étriper. Mais pourtant, c'était le cas, j'avais juste envie de la retrouver, et de pouvoir lui dire ce que je ressens, même si elle n'était pas encore prête à l'entendre. Je ne dirais rien pour ne pas gâcher ce moment. Du moins, j'essayerai. « Non, je vais me lancer dans la chanson, c'est une mauvaise idée ? » rétorquais-je en essayant de reprendre le ton amusé que nous avions au début de l'aventure à chaque échange entre nous. Le fait qu'elle accepte de me faire une place était presque une victoire pour moi, nous étions assis, presque aussi près l'un de l'autre qu'avant que tout ne dégénère. Je souriais bêtement, en baissant la tête, ne voulant pas que la jeune femme s'apercoive de quoi que ce soit. Puis j'avais parlé de Shane, elle m'avoua qu'elle aurait du mal à lui pardonner son geste, ce qui se comprenait. Même moi j'avais encore du mal à comprendre pourquoi elle avait fait ça, en sachant les sentiments qu'Andrea et moi avions l'un pour l'autre. « Je l'apprécie, on s'entend bien, malgré ce que pensent les autres, c'est une fille bien, mais c'est tout. Je n'ai pas envie que ça aille plus loin. C'est mon amie. » répondais-je sincèrement. « J'ai été surpris par ce qu'elle a fait, je m'attendais à tout sauf à ça. Et je suis désolé. » ajoutais-je en fixant à mon tour la jeune femme. J'avais tellement envie de la serrer dans mes bras. J'esquissais un mouvement pour me rapprocher d'elle, puis je me retenais. C'était surement bien trop tôt. « Je ne voulais pas qu'elle en arrive là, crois-moi, la preuve, je dors sur le canapé depuis. »

La jeune femme me taquiner, comme au début de l'aventure, en précisant que les tomates étaient bonnes pour le teint. « OK, je continuerai à chanter sous la douche, alors. » rétorquais-je en prenant un air faussement déçu. J'aimais trop ce que je faisais pour me lancer dans autre chose de totalement différent. Ma soeur m'avait souvent dit que je ne chantais pas trop mal, mais de là à m'imaginer monter sur scène, il y avait un fossé infranchissable. J'étais bon dans ce que je faisait, je gagnais très bien ma vie, autant de pas la compliquer plus qu'elle ne l'était déjà. « Ce n'est pas à elle que j'aurais lancé un sort si je le pouvais. » avouais-je à demi mot, de peur d'en dire trop. « Ta présence me manque aussi, sans toi, la vie est fade, je n'ai le goût de rien. J'ai besoin de toi. Je... » je m'arrêtais net, avant d'aller plus loin et d'avouer quelque chose que je risquerais de regretter pour le moment. « Laisse tomber, c'est idiot. » précisais-je. J'avais peut-être entendu des brides de la conversation entre Andrea et Shane lors du prime, mais je ne pouvais pas me permettre d'en dire plus, sans être sûr de ce que j'avais entendu, et si c'était toujours vrai. « Je suis content aussi. Pour moi, pour nous. » ajoutais-je en lui retournant son sourire. Je me sentais bien ce soir, être assis là, avec la personne qui avait fait chavirer mon coeur me suffisait. Bien que j'aurais aimé que tout soit plus simple, pour le moment, je me contentais de ce que j'avais. « Je peux te poser une question ? J'ai besoin de comprendre. » demandais-je à la jeune femme d'une voix calme, presque douce, alors que j'avais une voix assez grave pourtant.

Andrea avoua que je n'avais pas besoin de sort pour la faire tomber sous mon charme. Cette confession avait le don de me réchauffer le coeur. J'en voulais énormément à la jeune blonde, mais j'en avais assez de me battre avec elle, je préférais ne pas le montrer. Par pour l'instant en tout cas, je gardais ce que je ressentais pour moi, c'était la meilleure solution pour ne pas perdre la jeune femme définitivement. Mais je devrais bien lui avouer un jour que j'étais amoureux d'elle, quitte à tout perdre, je devrais me résoudre à lui dire un jour ou l'autre. Elle déclarait que ce que je disais n'était pas idiot, surtout pour elle, la romantique invétérée. « La suite allait l'être, je t'assure. » ajoutais-je, gêné, sans en dire plus. Elle me tournait toujours la tête. Surement gênée par la tournure de la conversation. Puis elle compris ce que j'allais lui demander. « Oui, pourquoi les deux, pourquoi tu nous as jeté tout les deux ? » demandais-je a la jeune femme. J'avais besoin de comprendre et de savoir ce qui avait pu se passer. mais j'avais encore beaucoup d'autres questions qui découleraient forcément de sa réponse. J'étais perdu, perdu dans notre histoire, perdu dans ma vie depuis qu'elle m'avais rejeté. J'avais comme l'impression qu'une partie de moi avait disparu quand elle m'avoua dans la salle de bain qu'elle ne voulait pas qu'on soit plus que des amis. Je me sentais mal et seul. J'avais l'impression d'avoir été abandonné par la seule personne que j'avais vraiment aimé. La seule personne dont j'avais besoin et avec qui j'avais envie d'être.