En ce dimanche matin, après un réveil difficile, ne sachant pas vraiment pourquoi, j'avais attrapé un bouquin dans la bibliothèque avant de descendre et de m'installais sur un des canapé du salon. Personne à l'horizon, parfait, j'ouvrais mon livre et commençait ma lecture, J'avais vite été pris dans la trame de l'histoire, si bien que je ne faisait plus attention aux bruits ou aux passages des gens dans la pièce. Jusqu'au moment, ou en tournant une page, je relevais la tête machinalement, apercevant Micah, debout, me regardant, sans dire un mot, les bras croisés. Je tournais la tête totalement vers lui, ne décrochant pas un mot moi non plus, et le fixant droit dans les yeux, à mon tour, voulait-il parler, se disputer, ou je ne sais quoi, j'attendais qu'il fasse le premier pas. Surtout avec ce qui c'était passé au prime. Nous étions dans une scène digne des meilleurs duels de western, se défiant du regard, sans broncher, attendant un geste de l'autre.

Pour une fois j'avais passé une excellente nuit, pour une fois, je n'avais pas ouvert l'oeil en plein milieu de la nuit. Et j'avais même réussi à faire la grasse matinée pour la première fois depuis des lustres. Apaisé, libéré, je me sentais plus léger c'était sûrement ce qui m'avait jusqu'à lors manqué pour me reposer, entièrement. Après avoir prit mon petit déjeuner, j'aperçus Caleb se diriger vers le salon. Depuis le prime de jeudi, c'était particulièrement tendu entre nous et ça m'oppressait. Appuyé contre la porte, je demeurais immobile, les bras croisés contre ma poitrine le fixant. Il ne tardait pas à me remarquer, m'imitant un silence de mort régnait dans la pièce. Exaspéré je m'approchais de lui sans le lâcher des yeux. « Tu trouves pas qu'on a l'air con comme ça ? Enfin toi surtout ? » Je plaisantais, sur la dernière partie du moins, mais mon visage était pourtant toujours aussi fermé qu'à mon arrivé. Un nouveau silence s'instaura, que c'était chiant putain ! Si bien que je décidais de briser le silence à nouveau. « J'aurais jamais pensé que tu serais devenu susceptible en tombant amoureux ! » Déclarais-je finalement, tout en m'approchant du piano qui me faisait de l'oeil. Je m'installais sur le tabouret faisant face à mon frère.

Nous ne bougions pas d'un pouce, fichu fierté masculine. Micah se décidait finalement à briser se silence pesant, qui n'avait pas eu sa place dans nos discussions depuis de longues semaines. « Je préfère avoir l'air con que l'être ! » rétorquais-je à mon frère, toujours fixant ses yeux, aucun de nous de voulait lâcher. Ce n'était pas une attaque personnel, mais je me doutais qu'il l'aurait pris comme tel, tant pis. C'était plus fort que nous, nous avions toujours besoin de prouver qu'on était plus coriace que l'autre. Aucun sourire, aucun regard taquin, uniquement de la tension, malgré la tentative d'humour de Micah. « C'est pas une question de susceptibilité, mais ça me gave ces prises de tête pour des conneries. OK, Andrea t'a cherché, mais frangin ou pas, je ne pouvais pas te laisser dire ce que tu voulais. Tu aurais réagi de la même manière, ou surement plus violemment à une certaine époque. » déclarais-je à mon tour, en le regardant s'asseoir sur le banc devant le piano, me faisant face. Nous étions aussi froid l'un que l'autre, comme à notre entrée, et jusqu'à la découverte de notre secret. On aurait pu croire que ça aurait envenimer les choses de plus belle, mais c'était étrangement le contraire. Une question me triturait l'esprit depuis le prime. Et vu comme c'était partie, autant parler des sujet qui fachent maintenant. « Je veux juste savoir une chose, Pourquoi c'est une garce aujourd'hui ? » demandais-je, posant mon livre sur la table devant moi, et me recalant dans le canapé. « Et ne te défile pas comme à ton habitude cette fois. » ajoutais-je, attendant avec impatience sa réponse, croisant les bras à mon tour.

J'avais l'impression d'être revenu des semaines en arrière, sauf que la situation était inversé. Le regard de Caleb en disant long sur les sentiments qu'ils avaient à mon égard. J'en serais presque venu à rire si je n'avais pas eu envie d'arranger les choses. C'était stupide, profondément stupide. La seule chose qui sorti de sa bouche fut une attaque, prévisible. « Touché ! » avais-je rétorqué, sarcastique, assortissant mes mots à un geste des plus dramatique si bien que je portais ma main contre ma poitrine, mimant un coup de poignard. Evidemment ma pointe d'humour n'avait eu aucun effet sur lui, quel chiant celui-là lorsqu'il s'y mettait. Je l'écoutais se justifier alors que je m'installais sur le petit banc du piano tournant le dos à ce dernier. « Les prises de tête pour des conneries, je te remercie mais ça va très bien de mon côté. » Je haussais les épaules, m'appuyant légèrement sur le piano avant de poursuivre. « C'est bon j'ai rien contre Andrea, si elle avait écouté c'est Zayne que j'insultai qu'est ce que ça pouvait lui foutre franchement ? Quoi tu m'en veux parce que je lui ai dit qu'elle était grave ? Sérieusement je m'en tape qu'elle ait baisé en direct à la télé, j'suis mal placé pour dire quoi que ce soit mais bordel c'est l'avocat de Shannon ? Qui soit dit en passant m'a jeté, pas l'inverse merde, c'est quoi votre putain de problème à tous ? » S'il y avait bien un sujet qui commençait à me gaver sérieusement c'était Shannon. Qu'ils me jugent sans arrêt parce que j'avais préféré Vadim à la brune. Mais visiblement, il n'en avait pas terminé puisqu'il me posant une question qui me fit soupirer d'avantage. Je me tournais vers le piano, relevant le couvercle et commençait à poser mes doigts sur les touches, pour me détendre. Quelques notes retentirent alors que je me décidais à prendre la parole. « Je crois que t'as pas bien compris ! » Je me retournais à nouveau vers mon frère, captant son regard, le visage fermé. « C'est une garce depuis le jour où elle s'est jeté dans tes bras ... »

Evidemment mon frère était redevenu le Micah sarcastique qu'il était souvent. Nous recommencions à nous prendre la tête, et pas seulement pour se taquiner. Le prime avait eu le don de réveiller nos différents. Sa tentative d'humour, qui accompagnait ses mots ne me faisait pas rire au contraire, ça avait réussi à me saouler encore plus. La conversation était à peine entamée que j'aurais voulu l'écourter, mais mon côté curieux, et surtout casse burne m'en empêchait. « Si tu le dis ! » rétorquais-je simplement, prenant mon air détaché que peu de monde supportait. « Effectivement tu es mal placé pour l'ouvrir, on est d'accord. Et il n'y a aucun problème, c'est toi qui est trop parano ! » ajoutais-je avant de me lever et de tourner le dos à mon interlocuteur. Je savais qu'il ne supportait plus parler de Shannon, mais comme toujours, au moins, il réagissait, et ne jouait pas l'indifférent comme à son habitude. Je me tournais vers lui alors qu'il commençait à jouer quelques notes sur le piano. Ce n'était pas ça qui allait apaiser quoique ce soit. Il brisait le silence, pour de nouveau descendre notre ex. « Oh si, j'ai compris. J'ai compris que tu t'es servi d'elle. Mais si elle c'est une garce depuis ce jour, moi je suis quoi ? Parc'aux dernières nouvelles, on était deux dans l'histoire ! » lançais-je sur un ton beaucoup moins détaché. J'avais envie de savoir ce qu'il pensait réellement à propos de moi.

Après deux tentatives d'humour peu concluantes, j'avais finalement décidé que c'était inutile de perdre du temps a essayer de détendre l'atmosphère. D'autant que mon dernier sarcasme qui l'aurait sûrement plus fait rire qu'autre chose d'habitude, l'avait exaspéré d'avantage. Sa réplique me le démontrait bien, je haussais les épaules, sans répondre à son attaque qui m'avait laissé de marbre. « Non, j'ai rien à dire, mais à la différence d'Andrea et de Zayne, j'assume et je crois que c'est ce qui fait chier tout le monde ! Parano mon cul ! Tout le monde pense que j'suis un connard fini parce que j'ai couché avec Vadim, mais si je l'ai fait c'est avant tout parce que j'ai des sentiments pour lui, j'ai pas que ça à foutre de passer mon temps à essayer de me venger en permanence, tout ne tourne pas sans arrêt autour de Shannon et son bonheur personnel, elle avait qu'à y penser avant merde ! » Il savait pertinemment que j'allais réagir au quart de tour, néanmoins, j'en avais tellement marre que je ne pouvais pas me taire, surtout pas avoir lui. Les notes avaient l'avantage de me calmer un moment, même si ça n'allait pas durer puisque la suite allait être toute aussi tendue que le reste, ce qui n'était pas forcément de bonne augure. « Oui, je sais, mais je l'avais prévenue elle ne m'a pas crue, tant pis pour elle ! Toi t'es mon frère du con, et ta culpabilité suffit à apaiser la douleur, mais tu vois ces putains d'excuses je m'en contre fiche. Sous prétexte qu'elle ait soit disant mal vécue toute cette histoire, ça fait d'elle une sainte et moi un connard ? Putain, mais avez vécu ensemble elle passait son temps à déprimer peut être ? Non, elle était heureuse avec toi, elle me l'a assez répéter, alors merde ! Je m'en balance qu'elle se rende compte de ce qu'elle a perdu sous prétexte que tu l'ai jeté ! C'est trop tard, beaucoup trop tard ! Alors maintenant c'est un peu facile de se faire passer pour la pauvre petite victime qui souffre, et moi ? Moi putain, j'dois me mettre à genou, lui pardonner et passer pour le plus grand des abrutis ? »

La situation était de plus en plus tendue. Nous avions toujours dit ce que nous pensions, et sans prendre de gants, et encore moins entre nous. Ça n'aurait servi à rien, on se connaissait trop bien. Nous savions quoi dire pour que l'autre réagisse de la manière que nous le voulions. « Je ne doute pas de tes sentiments pour Vadim, j'ai vu comment tu le regardais. Ce dont je doute, c'est que tout ça n'est pas commencé juste pour te venger d'elle, c'est tout ! » rétorquais-je à mon tour. La conversation était très houleuse, Shannon était un sujet qui fâche, mais il fallait crever l'abcès. C'était peut-être mon frère, mais sa façon d'agir n'était pas digne de lui. Il m'avait déçu, c'était indéniable. Même si je pouvais comprendre qu'il ai eu besoin de la voir souffrir. « Rien à foutre de la fraternité, je ne les pas repoussé, au contraire. Et crois-moi, je ne me sens plus réellement coupable maintenant. Je n'ai jamais dit que c'était une sainte, et je n'en suis pas un non plus, loin de là. Mais si je l'ai quitté, c'est à cause de toi justement, à cause des sentiments qu'elle avait pour toi. On était plus des amis qui couchaient ensemble qu'un couple. On a passé du bon temps, mais je n'ai jamais été amoureux d'elle. Pas réellement en tout cas. J'avais des sentiments, mais je ne pouvais pas m'empêcher de penser à toi. Mais rassure toi, personne ne te demande de te mettre à genou, tu n'as pas besoin de ça pour passer pour le plus grands des abrutis, vu ta façon d'agir. L'honnêteté tu connais ? » répliquais-je, ayant presque envie de lui balancer quelque chose à la gueule. « Tu m'as dit que l'amour m'avait rendu con, je crois que je peux en dire autant pour toi ! » ajoutais-je aussi sarcastiquement qu'il pouvait l'être.

Plus le temps passait et plus le ton montait, si bien que j'avais l'impression qu'on ruinait au fur et à mesure tout ce que nous avions surmonté. Et pour ne pas changer, nous nous prenions la tête à propos du même sujet : Shannon. Sa réplique concernant Vadim et notre relation ne me plaisait guère si bien que je le fusillais du regard. « Putain mais je rêve, si tu insinues que je me suis servit de Vadim pour faire souffrir Shannon va te faire foutre, c'était pas prémédité putain ! J'en ai joué, j'ai profité de l'occasion mais bordel Vadim n'y est pour rien dans l'histoire ! » Notre discussion dans la chambre m'avait plus ou moins ouvert les yeux sur mes sentiments à son sujet mais ça s'arrêtait là, d'autant que je l'avais fait souffrir également lors du prime de la semaine précédente. Le fixant, le regard froid j'écoutais attentivement ce qu'il m'avouait, avait qu'une remarque me fasse sortir de mes gonds. Si bien que je me levais brusquement de mon tabouret, me jetant littéralement sur lui le plaquant violemment contre le mur du salon. « Sale con ! Putain, c'est bon tu as eu ce que tu voulais ? T'es content ? Je m'énerve, tu vas pouvoir me faire la morale, me dire que t'avais raison depuis le début et alors quoi ? Ça te fait bander ? Je te hais, qu'est ce que j'aimerais pouvoir t'en foutre une, espèce de sale fils de pute ! T'es content de me dire que tu l'as baisé, tu me dégoûtes ! Vu ma façon d'agir ? Tu fais quoi là ? Tu te la joue bad boy, tu sens tout puissant, j'ai l'air d'un con, alléluia, il est fier le Caleb ! Et toi, là qui parle d'honnêteté, tu te fous littéralement de ma gueule ? Tu m'as menti quand ? La différence entre toi et moi c'est que je le revendique, je l'ai toujours fait ! » Je le lâchais enfin, hochant la tête de gauche a droite négativement. Dépité. « Et non c'est pas l'amour qui m'a rendu con, c'est toi et ta putain de libido, enculé ! »

Comme c'était prévisible Micah montait sur ses grands chevaux. Il n'aimait pas être mis face à ses responsabilités, surtout quand ça venait de moi. Ce que je pouvais penser le dérangeais. « Prémédité ou pas, tu t'es servi de lui au début, arrête de me prendre pour un con. Et je ne dis pas que c'est lui qui y est pour quelque chose. On parle de toi là ! » rétorquais-je. La discussion tournait de plus en plus en eau de boudin, nous essayions d'hurler plus fort que l'autre, sans s’inquiéter que quelqu'un ne débarque. En même temps nos engueulades étaient une habitude aux début de l'aventure, ça ne choquerait personne. Mon frère était si remonté qu'il éclata de rage à une de mes phrases. Ce n'était pas le but, je m'étais mal exprimé. Il se jeta littéralement sur moi, me planquant contre le mur. Je l'attrapais à mon tour. Nous nous tenions là, face à face, j'agrippant les vêtements mutuellement. Si nous n'avions pas été frère, nous en serions déjà venu aux mains. Il avait mal pris le fait que je dise que Shannon et moi pensions nous aimer, mais qu'en réalité ce n'était pas le cas. J'aurais bien écouté attentivement tout ce qu'il disait, et lui expliquer ce que je voulais dire exactement, mais la seule chose que je retenais c'était qu'il m'avait insulté de fils de pute. Même si c'était sous le coup de la colère, il insultait sa propre mère, celle qui lui a donné la vie. La colère venait de changer de camp. Je le retournais contre le mur à mon tour, approchant mon visage au plus près du tien. « Fils de pute ? C'est tout ce que tu as trouvé comme insulte ? Elle aussi c'est une garce peut-être ? Franchement tu me dégoûtes, t'as toujours été un connard, mais là, tu te surpasses ! » balançais-je, à la limite de lui cracher au visage. Il me lâchais finalement, j'en faisait de même quelques secondes plus tard. « C'est toi qui me traite d'enculé, c'est la meilleure ! » je m’apprêtais à sortir de la pièce, mais je ne pouvais pas laisser les choses comme ça. « Ecoute p'tit con, on va faire un pacte tout les deux. On ne parle plus ni de Vadim, ni de Shannon, ni d'Andrea entre nous, ça nous évitera les prises de tête. Tu es peut-être un connard, mais tu es mon frère, et je n'ai pas envie de te perdre de nouveau. » lançais-je, sans être vraiment sur d'attendre une réponse, mais je restais posé droit comme un i, fixant Micah encore et toujours.

Caleb était obstiné, si sûr de lui quant au fait que je me sois servis de Vadim qu'il en devait borné. C'était désespérant à la longue. « Oh donc selon toi monsieur-je-sais-tout mieux-que-tout-le-monde, quand j'ai été retrouver Vadim, je me suis dit avant : " Tiens si on baisait comme des sauvages sur la table juste pour faire chier Shannon ". Tout s'est enchaîné, et puis merde pourquoi je te raconte tout ça, qu'est ce que ça peut te foutre finalement ? » Je le fusillais du regard, s'il y avait bien une chose que je pouvais supporter c'est devoir me justifier sur un sujet qui ne le regardait pas de toute évidence. Le reste devint beaucoup plus électrique encore, Caleb au bout de mes bras, je le regardais avec tant de haine que si ces putains de caméras n'étaient pas braqués sur nous à cet instant, je lui aurais assurément écrasé mon poing sur sa gueule d'ange. J'étais tellement en colère, que toutes sortes d'insultes fusaient, certaines qui dépassaient ma pensée puisque je venais de l'accabler de fils de pute. Venant de moi, qui vouait littéralement un culte à ma mère, c'était presque improbable. D'ailleurs, c'était au tour de Caleb d'être en colère, puisque les rôles s'était dorénavant inversés, il me planquait avec rage contre le mur. « Tu sais très bien que je ne parlais pas d'elle alors ta gueule merde ! Mais tu vois finalement, tu le reconnais, une fois encore j'avais raison et ça, ça te fais chier ! » C'était tellement rare de le voir se mettre en colère de la sorte que j'en fus presque surprit. J'avais fini par le lâcher, à quoi bon de toute manière, ni lui ni moi n'allions aller jusqu'au bout malgré la rage qui nous animait. Sa remarque suivante, me fit sourire, qu'est ce que c'était pathétique. « Ouais d'ailleurs tu devrais essayer, ça va te détendre, t'en aurais bien besoin pour le coup ! » J'avais beau paraître plus léger, je ne l'étais pas pour autant. Sa remarque homophobe au possible, me dépitait, putain mais quel connard finit. J'écoutais attentivement sa proposition, stupide à souhait mais, ça ne m'étonnait guère. « J'adore ta façon de régler les choses non bravo je te félicite ! Mettre les soucis de côtés pour mieux qu'ils nous explosent à la gueule plus tard, très courageux ! Mais si c'est ta façon de voir les choses, j'imagine que je n'ai pas le choix et que je dois me plier à tes exigences mon seigneur ! » Légèrement sarcastique, je m'appuyais contre le mur, croisant les bras soutenant toujours le regard de mon frère, glacial.