Bouche bée, dans l'incapacité totale de parler, elle avança tout doucement sa main afin de poser son doigt sur la peau de Caleb, formant un « o » de ses magnifiques lèvres, choquée au possible lorsque le contact physique fût établi. « Tu es donc bien réel. » déclara-t-elle gravement, s'assurant qu'il était bien là en tâtant un peu plus la peau de son bras. Quel sentiment inexplicable s'était, d'avoir une telle révélation. « J'ai cru que tous les autres t'avaient imaginé, moi qui n'a pas vraiment eu l'occasion de te parler jusque-là. Tu faisais parti des nombreux grands mystères de ma vie. Et voilà, tu es réel. C'est un grand soulagement. J'ai sérieusement pensé à tous les faire enfermer, en pensant qu'ils avaient un ami imaginaire. » lui avoua-t-elle en reprenant finalement sa main. Elle en faisait trop ? Sûrement. Mais il fallait bien marquer le coup de leur toute première conversation en tête à tête, après quasiment neuf semaines de jeu. C'était un événement. Elle reprit alors son comportement habituel, un sourire mutin sur les lèvres.

Une petite crise de folie de temps à autre, ça ne fait de mal à personne. Surtout dans le cas de Catalina, ça l'amusait énormément de voir qu'on ne la suivait pas forcément dans ses délires. Il lui arrivait souvent d'avoir un humour assez spécial. D'accord, elle avait toujours un humour bizarre, cependant, peu avait l'occasion de le savoir. En général, ils tombaient plus sur son ton sarcastique que sur son humour. Mais soit. « C'était tellement plus amusant avant ! » avoua-t-elle en exagérant. Elle plaisantait bien sûr. C'était toujours intéressant de faire une nouvelle rencontre après avoir vécu neuf semaines dans la même maison que cette fameuse personne. C'était étrange, de se dire qu'ils n'avaient pas échangé plus que des banalités entre deux couloirs. Mais mieux vaut tard que jamais, c'est bien vrai. Même si dans ce cas précis, c'était très très tard. M'enfin. « Catalina, 21 ans, étudiante, habite Dublin. Enchantée. » se présenta-t-elle en lui tendant la main, amusée. Retour dans le passé, elle avait l'impression d'être de nouveau à la première semaine de jeu.

« Tu ferais ça pour moi ? » s'exclama-t-elle, les yeux brillants par un acte si touchant. Elle battit des cils quelques fois, agissant presque comme un personnage de dessin animé naïf et un peu débile sur les bords. Quand elle part dans son délire la blondinette, elle ne fait pas semblant. « D'accord, tu peux rester. » ajouta-t-elle finalement, avant de lâcher un rire devant sa propre bêtise.
Il se présenta alors à son tour. Pas mal du tout, tout ça. A mettre dans le panier « bon parti ». Un bon métier, l'âge de la maturité et une ville dont elle n'avait jamais entendu parler auparavant... Pas mal, pas mal. « J'ai toujours eu un faible pour les vieux. » le taquina-t-elle en faisant un clin d'œil exagéré. Elle déposa un bisou sur chacune de ses joues, accédant à sa requête qui était de se faire la bise.
Il enchaina alors sur la question. Le genre de question banale pour lancer la conversation, mais qui vise exactement la réponse que vous n'avez pas envie de donner. Catalina se balada dans la pièce quelques secondes, réfléchissant. « Eh bien, soit je suis éliminée et je peux retourner dans les bras de l'homme que j'aime. Soit je vais en finale et j'essaye de gagner un maximum d'argent pour pouvoir faire ma vie avec le dit homme. Donc je dirais... que je suis en flippe total. Merci de me le rappeler. » plaisanta-t-elle sur la fin. Elle n'aurait jamais cru, mais oui, c'était effrayant et exaltant en même temps. Et elle faisait de son mieux pour éviter de penser à tout ça, utilisant la plaisanterie et le rire pour masquer qu'elle était stressée, limite morte de trouille de savoir ce qui pourrait se passer, éliminée ou non. « Et toi alors ? Stressé ou plutôt détendu ? »

Attendez. Il n'était pas pédophile ? Genre, vraiment ? Mais, mais, mais... « Moi qui comptais te comparer à Zayne... Tu fous tout mon plan en l'air là. » se vexa-t-elle en plaisantant. Elle savait que le sujet Caleb/Zayne pouvait être tendu, cependant, une petite blague ne devrait pas faire grand mal. Il ne fallait pas se vexer par l'humour un peu tordu de Cat'. Quant au fait d'être heureuse avec Aidan, il n'y avait pas de soucis à se faire de ce côté-là.« Mais je le suis. Ne vois-tu pas le sourire permanent sur mon visage ? » ironisa-t-elle gentiment. Elle n'avait pas beaucoup souri durant l'aventure. Pour elle, cela avait toujours été clair: elle était dans un jeu, les sentiments n'étaient pas à prendre en compte. Du moins, ceux qui ne concernaient pas Aidan. Si bien qu'elle avait pris la place de la petite garce, froide au possible et s'était confortablement installée dans le rôle. C'était comme ça, c'était un jeu, elle pouvait choisir quelle partie d'elle elle voulait montrer. Et c'est bien ce qu'elle avait fait. Mais c'était gentil de la part de Caleb de lui souhaiter tout le bonheur du monde et elle le remerciait, même si c'était avec sa façon à elle de le dire.
Il s'excusa alors. Ce n'était rien. Maintenant seule dans le jeu, elle se rendait compte de beaucoup de choses. Elle avait eu quelqu'un avec elle avant ce dernier prime, ce n'était plus le cas. Elle réalisait seulement l'importance de cette aventure à présent. Être arrivé en demi finale, c'est déjà énorme. Et elle pouvait comprendre que laisser son frère et son amoureuse derrière lui, ça craignait. « C'est toujours dur de laisser des gens, auxquelles on tient vraiment, derrière soi. Heureusement qu'on est quasiment rendu à la fin du jeu. »