cassidy

« Tu peux me rappeler pourquoi j'ai accepté qu'on prenne ta chambre déjà ? » Demandais-je à mon nouveau partenaire qui venait de faire son entrée dans ma nouvelle chambre. Je n'avais pas compris l’obsession de Cupidon de vouloir nous voir dormir avec notre partenaire que je trouvais ridicule. Peut être considérait-il cela comme une occasion de tisser des liens ? Les seuls liens que j'avais tissé se révélaient être avec le tapis de la chambre Don Juan sur lequel je me réveillais chaque matin depuis que je partageais mon lit avec ce bellâtre. Légèrement remonté, je me préparais à aller au lit, il était tôt mais la soirée de la veille m'ayant épuisé ce n'était pas un drame. L'observant du coup de l'oeil, j'attendis qu'il s'installe sur le rebord pour l'apostropher à nouveau. « Il va vraiment falloir que tu te contrôles la nuit, j'sais pas ce que tu as à être aussi agité mais je commence à avoir des bleus partout à force de me faire éjecter du lit le matin... C'est vraiment douloureux crois moi. » J'avais énoncé cette vérité tout en faisant la moue, telle une enfant à qui l'on aurait fait un petit bobo, si bien qu'on aurait pu croire que j'étais sur le point d'éclater en sanglot.

Marley lui manquait. Ce n'était plus pareil, avec une partenaire différente. Si bien qu'à chaque fois qu'il voyait Reed, il pensait à Marley et se demandait ce qu'elle pouvait bien faire à l'extérieur ou comment se passait sa vie. Triste à dire, mais oui, il manquait sa toute première partenaire. Bien entendu, il ne connaissait pas assez Reed pour avoir un quelconque opinion sur elle. Mais pour le coup, elle avait parfaitement raison, pourquoi avait-elle accepté de dormir dans la chambre et plus particulièrement dans le lit de Cassidy? Il se le demandait. Cupidon devait tellement le détester qu'il essayait de lui mettre tout le monde à dos... Ou peut-être que l'anglais était tout simplement parano. C'était fortement possible, cet enfermement, cette villa, cela avait un effet très négatif sur lui, il faisait n'importe quoi. Ça se confirmait avec cette troisième semaine. Peu importe.
Il s'installa alors de son côté du lit, s'allongeant de tout son long, appréciant d'être enfin sur cette belle et douce couverture. « J'en suis sincèrement désolé. C'est cet enfermement qui me fait perdre la tête. » lança-t-il. C'était vrai, et il s'excusait d'être aussi agité quand il dormait, bien sûr, il n'avait absolument aucun contrôle sur cela, mais ça ne l'empêchait pas de s'en excuser. Il n'avait pas pour réputation d'aimer la violence, si bien que blesser une pauvre jeune femme qui ne voulait que dormir, il n'aimait pas du tout cela. « Je pourrais toujours prendre un somnifère, peut-être que ça m'assommera tellement que je ne bougerais plus d'un centimètre. Ou on peut mettre des cousins entre nous deux, si tu veux? Comme ça, ça t'évitera les coups. Ou alors, tu peux tout simplement me taper à ton tour, peut-être qu'ainsi, mon corps comprendra qu'il devait arrêter de bouger autant s'il ne voulait pas souffrir? Ou alors...» Il préféra se taire, se doutant que ses idées étaient loin d'être ingénieuses. Le soir, ce n'était pas spécialement le moment où ses capacités intellectuelles étaient très efficaces, mais tout le monde le savait déjà.

Cette histoire de partenaire me perturbait énormément, d'autant que mon précédant me convenait parfaitement. Il était un peu bizarre parfois mais je l'aimais bien. Bref, secoué par le départ brutal du candidat, j'avais appris le lendemain du prime que je devais partager mon lit avec un autre homme, un quasi inconnu d'ailleurs. Par la force des choses, et parce qu'au fond, je ne souhaitais rien d'autre qu'instaurer un climat de confiance avec le jeune homme, j'avais choisis de lui laisser ses repères. A près tout nous étions supposés être liés, je connaissais ses petits secret et il connaissait les miens, c'était peut être mieux d'être solidaires l'un envers l'autre. Je l'observais s'allonger, ensuite, il s'excusa d'agir ainsi, je lui souriais, au moins il était bien élevé et c'était une très bonne chose. J'avais peur de me retrouver avec un type qui ne pensait qu'à sa petite personne et ne se souciait pas des autres. « C'est pas si grave, c'est pas moi j'espère ? On se connait pas, mais ... J'suis adorable je t'assure. » C'était un peu ma manière de dédramatiser les choses bien que c'était moi qui avait mis ce sujet sur le tapis. Et à vrai dire, j'étais autant ennuyé que lui, au point de me demander si je ne ferais pas mieux de dormir seule. M'installant confortablement, je ne pus m'empêcher de sourire face à ses solutions peut être trop abruptes à mon goût. « Je peux pas te frapper, c'est tentant mais non, je suis pas une violente. Je ne sais pas, c'est peut être parce que t'es trop tendu, tu devrais essayer le jacuzzi avant de dormir, ou des massages, c'est sûrement moins brutal. Ou peut être qu'on pourrait aller dans l'autre chambre... J'en sais rien en faite. » Je m'étais mise à rire, mes solutions n'étaient sûrement pas mieux que les siennes mais au moins, on y mettait du notre.

« J'osais pas te le dire, justement, mais maintenant que tu en parles... » commença-t-il avec un sourire qui laissait clairement paraître qu'il rigolait. Il n'avait aucun doute sur le fait qu'elle était une personne très gentille et attachante et s'il était aussi agité la nuit, cela n'avait vraiment rien n'a faire avec elle. C'était à mettre sur le compte de cette semaine difficile. Quoique, il ne paniquait en général pas pour si peu. C'était peut-être le fait que sa famille et son quotidien lui manquaient? Oui, c'était peut-être ça. « Non, ne t'inquiète pas, ça n'a rien à voir avec toi, c'est moi qui... Oui, enfin, peu importe, tu as compris l'idée. » fit-il, esquissant un sourire. L'essentiel étant que ce n'était nullement la faute de Reed, le reste n'était pas intéressant et elle n'avait probablement pas envie d'en entendre parler, tout comme il n'avait pas envie de l'embêter avec ça. Se livrer aux autres n'était pas son point fort, il préférait tout prendre sur lui. Ce qui n'était pas spécialement une bonne chose non plus.
Elle ajouta alors quelques idées à la liste des choses qui pourraient éventuellement empêcher le jeune homme de continuer de la blesser dans son sommeil. Il allait s'en vouloir pour ça, à coup sûr. Quoi qu'il en soit, il ne se sentait absolument pas tendu, il avait pour habitude d'être toujours très décontracté. Mais peu importait. « Ça me passera. Ceci dit, n'hésite pas à aller dans un autre lit si je deviens vraiment trop agaçant. » Cela allait de soit, mais il préférait le préciser. Et si Cupidon n'était pas content, eh bien... il n'avait qu'à pas être content.