Le soleil se couchait à peine commençant déjà à donner au ciel ses couleurs rose bonbons se mêlant à une gamme d'orange et de violet à faire pâlir tous les peintres de paysages. Ce moment de la journée, ainsi que très tôt le matin, étaient ses favoris. Elle avait alors pris pour habitude de s'éloigner quelques instant, de méditer, de faire du Yoga face à l'immensité ou de tout simplement profiter en silence. Ce soir, elle opta pour la dernière option. Les yeux rivés au ciel alors qu'elle avançait sur le long ponton en bois, elle n'aperçut que bien tard, la silhouette de Liee tout au bout. Kim se stoppa net. Après le prime de vendredi, les mots qu'elle avait pu lâcher et ses attaques particulièrement virulentes, Kim n'avait aucune envie de se confronter à elle. Elle non plus n'avait pas été tendre, elle avait répliqué et les choses étaient allées si loin, que si Kim ne s'était pas mise en retrait, il était fort probable que Liee se soit pris une droite en plein sur le nez. Elle ne voulait plus ressentir ça, perdre le contrôle comme ça ... Liee était toxique pour elle et cela allait bien au delà de la simple mésentente. Pourtant intriguée par les révélations de son interview, Kim opta pour la plus sage décision : s'éloigner. Elle tourna alors les talons doucement dans le but de rebrousser chemin.

Pourquoi j'avais investi ce soir là le ponton en bois? Surement parce que l'eau qui se trouvait au bout m'y avait poussé, la vue et puis, le silence certain, loin de la maison - pourtant plus si pleine - réfléchir. Deux jours auparavant avait eu lieu le prime et, je m'étais retrouvée éliminée, pourtant pas triste, l'aventure s'achevait, doucement, je pouvais devenir moi même, la production finalement n'avait plus rien à me reprocher, plus rien à me répondre, à m'obliger, mon contrat avait pris fin. Lors du prime, j'avais ouvert ma bouche sur certaines choses que j'aurais surement dû taire, pourquoi? Pour rien finalement parce que les choses promises ne m'étaient plus essentielles, blesser une personne, ce n'était pas mon genre et pourtant, je l'avais fais, le regrettais et l'évitait ... Mes pensées, mon silence furent interrompues par l'arrivée de quelqu'un, j'entendis quelques pas derrière moi, sur le ponton, je me retournais et déjà, j'apercevais Kimaori qui s'échappait, devais-je la retenir ou bien la laisser filer, je n'en savais rien, mon instinct me poussa à l'appeler « Restes » Presque suppliante, le jeu était fini ...

Ayant pourtant tenté de s'éclipser en douceur, sans éveillé les soupçons de l'ancienne candidate, i létait déjà trop tard. Après tout, son arrivée avait du lui mettre la puce à l'oreille. De dos, n'ayant pas fait plus d'un pas, elle entendit la voix de Liee venir briser le silence. "Restes" Le ton était différent qu'à l'accoutumée. Kimaori pouvait le deviner. Mais était-ce encore très intelligent de l'écouter, de se laisser berner ... Certainement pas. Elle hésita avant de pourtant se retourner. Face à Liee, elle resta silencieuse, scrutant simplement son visage, peut-être à la recherche d'un signe, de quelque chose qui lui indiquerait de fuir ou au contraire de rester. Elle ne savait plus quoi faire. Ses jambes auraient bien continué leur route mettant le plus de kilomètres de distances entre elles, et pourtant quelques part dans sa tête, une petite voix l'incitait à rester, à écouter. Il y avait clairement un tas de non dits qui ne demandaient qu'à sortir, il y avait des questions que Kim se posait. Outre une candidate avec qui notre asiatique avait prit l'habitude de se disputer, Liee était aussi devenue une véritable énigme. Pourquoi ? Demanda-t-elle sincèrement et en juste droit. Si Kim devait rester, qu'elle soit au moins mise au parfum de ce qui l'attendait : un peu plus d'action insupportable ou autre chose ?

Je me retrouvais complètement conne face à Kimaori, pourquoi lui avais-je demandé de rester, je n'en savais rien, un instinct bidon qui me faisait me retrouver lamentable. Je l'étais après tout, non? Bien entendu, la jeune asiatique lui demanda pourquoi. Pourquoi devait-elle cette fois ci, à mes attente. Et j'avoue qu'elle avait bien raison de se méfier, après tout, pourquoi devait-elle obéir ? Je haussais d'abord les épaules, regardant autour de moi, je laissais le silence s'imposer à nous avant de la fixer de nouveau « Tu voulais qu'on parle il y a deux jours ... et maintenant que moi, je ne suis plus dans l'aventure, ça risque d'être moins délicat »Après tout, il n'était plus question de tabou, plus question de secret, du moins, pour moi, entre elle et moi, c'était devenu tellement n'importe quoi, je ne la connaissais pas et pourtant, elle faisait partie des personnalités de cette maison qui m'attirait ... Soit.

En soi Liee n'avait pas tort. Kimaori avait clairement exprimé l'envie de lui parler alors qu'elle avait appris la fameuse nouvelle quelque peu déstabilisante. Pas par le sujet en soi mais plutôt étant donné l'ambiance générale et le contexte ambiant. Cela semblait surréaliste et des explications devaient être apportées. Kim avait cependant lâché cette idée lorsque leur dispute - au lieu de s'apaiser - reprit vigueur d'une manière des plus violentes. Elle étaient passées à côté d'une cata et Liee n'en était peut)être même pas consciente. Cela dit, la blonde amorça la chose sous un bon angle. effectivement, Liee n'était plus candidate officielle. Bien que toujours présente, elle ne répondait plus aux ordres de la villa ni à son dicta qui bien des fois, pouvait brouiller plus de pistes que d'autre choses. Kim laissa quelques secondes s'écouler, elle inspira et souffla profondément avant de finalement s'avancer lentement vers Liee. Gardant d'abord le regard sur la ligne d'horizon et évitant tout contact visuel avec elle, Kim s'installa au bord du ponton, assise. Ses jambes dans le vide, appuyées sur ses mains et ayant prit soin de laisser un petit vide entre elle et Liee, elle dit : Si tu me fais un coup comme sur le prime, je te promets que cette fois ci je ne m'éloignerais pas ... Sa voix était calme, plutôt basse mais assurée. Simplement, elle annonçait ce qu'il en était. Toujours le regard au loin, elle reprit quelques secondes plus tard : Je voulais parler oui ... avant ... quand je pensais que c'était encore possible. Elle se retourna alors pour la première fois et croisa cette fois le regard de la blondinette en demandant avec insistance : Est-ce encore possible ?