Evey ; 13H20

Hier, le prime fut très mouvementé. Sir Artie n’avait pas réellement participé avec tous ce qu’il avait, vu que les défis proposés n’étaient pas à la hauteur de ces espérances. C’était alors avec un goût amer qu’il rejoignit son lieu de résidence ou il partagea une nouvelle fois son lit avec sa compagne Moore. Il était très déçu de sa soirée et c’est avec une fatigue insupportable qu’il renonça complètement et céda au réconfort du sommeil. Le lendemain, il était parmi les premiers à se réveiller. Enfilant par la suite l’une des ses plus belle chemise dont il déboutonna les manches pour pouvoir les retrousser, il s’élança furtivement vers la salle à manger où il prépara lui-même son repas, tel était le quotidien baroque du baron qui n’était pas habitué à un tel traitement. Terminant son petit déjeuner, il décida de prendre la route de l’extérieur, voulant à tout prix passer du temps dans un endroit 'plein air'… Il attendit longuement dans devant l’entrée puis passa en vue l’heure qui était affiché sur sa montre, il détourna subitement son regard du cadran vers une forme féline qui marchait dans sa direction… à cette distance, il ne pouvait la reconnaitre, elle ne lui était pas familière, il ne l’avait même pas parler ne serait ce qu’une fois, mais bon, il se décida finalement à l’interpeller de loin avec un geste mécanique « Bonjour mademoiselle… Une ballade ? Le parc est pour nous si vous acceptez ma demande » Fallait il préciser qu’à cette heure ci le jardin était libre ? Bien évidement car Sir Artie n’aimait pas trop être sous le regard du bas-monde, sans oublié le fait que d'avoir le privilège de partager une ballade avec un être si gracieux ne pouvait faire que du bien, rien de bien meilleure que de pouvoir commencer la journée ainsi que la semaine avec une nouvelle rencontre qui pourrait s'annoncer intéressante pour le reste de l'aventure !

Mon manteau posé sur mes épaules et mon foulard enroulée autour de mon coup, je quitte ma chambre en direction de l’extérieur où je compte bien aller griller l’une de mes cigarettes – ou plutôt l’une de celles que j’ai emprunté à l’un de mes charmants camarades sans qu’il le sache. Je suis sur le point de sortir lorsque je croisse sur mon chemin l’un des candidats, qui semble attendre là, scrutant lentement sa montre. Je ne passe pas inaperçu de son côté. J’arque d’ailleurs un sourcil en le voyant m’intimer de venir vers lui. Je m’approche vers ce dernier, mais d’un pas plutôt incertain, sur mes gardes. « Bonjour mademoiselle… Une ballade ? Le parc est pour nous si vous acceptez ma demande. » Je le scrute un moment. Il me semble le reconnaître. N’est-ce pas le Lord - ou je ne sais quel titre de noblesse il a – du château? Son prénom ne vient pas, il m’est d’ailleurs probablement inconnu, qu’on se le dise. Il ne m’a pas l’air bien méchant et je suis plutôt d’humeur, ça tombe bien. « Si la fumée ne vous dérange pas trop, je veux bien. » Je prends – presque sans le vouloir – un petit air pincé pour lui répondre, comme pour m’adapter à son niveau. Mon langage n’est pas très recherché, par moment. Et pourtant, ce n’est pas que j’ai été mal élevée, loin de là. Tout ça me vient de mes amis. La pire influence qui soit. Néanmoins, je sais être polie, et malgré qu’il semble être à peine plus vieux que moi, je ne peux m’empêcher de le vouvoyer, ce qui est très… très étrange. D’ordinaire, je ne complique pas tant la vie avec ces formalités.

La jeune femme répondit à l’appel tout en marquant une petite condition. Cela ne le dérangerait surement pas vu qu’il en était habitué – ce n’est pas qu’il fumait – seulement que ses compagnons de clubs passaient leurs temps à fumer leurs pipes ainsi que leurs cigares sous ses yeux durant l’une de ses nombreuses parties d’échecs qu’il boursicotait en leurs compagnies. Cela avait l’affreuse manie de le déconcentrer, mais il ne pouvait rien faire, il restait souvent impuissant face à ce flot de fumerolle comparable à ceux des volcans. « Aucun soucis, votre présence est plus importante même si cela demande en revanche une exposition à la fumée … » L’invitant par la même occasion à sortir par un geste mou, ils sortirent, laissant derrière eux un château imposant.

Arrivant vers le jardin, ils commencèrent à longer les allés du parc, prenant le temps de bien apprécier le paysage qui s’offraient à eux. Sir Artie décida finalement d’outrepasser les barrières de l’inconnu et lui demanda « Nous n’avons pas encore procéder à une présentation non !? Je me nomme Sir Artie, j’essaye de me rappeler votre prénom mais je n’y arrive malheureusement pas ! » Faisant mine de réfléchir, il poursuivait sa marche lente, essayant par tous les moyens de rester à hauteur la jeune femme « Il faut l’avouer que je ne m’en rappelle plus vraiment… » À vrai dire, il ne le connaissait même pas pour s’en rappeler. Il voulait tout simplement mettre la jeune femme en confiance afin de l’inciter à se présenter en échange. Il fallait aussi noter que cette balade était pour lui une parfaite coïncidence, il ne savait vraiment pas quoi dire à cette divine inconnue. Il se contenta de rester calme, attendant la réaction de la jeune blonde, elle allait surement réagir, il attendait...

La solitude ne sera pas ma compagne aujourd’hui, en définitive. Il me semble en effet que cet homme, qui m’est tout ce qu’il y a d’inconnu, désire avoir un peu de compagnie et qu’il m’ait désigné, moi, pour l’accompagner dans sa balade. J’aurais pu décliner, m’éloigner en levant les yeux au ciel, mais je me suis dit qu’être gentille, ça ne pouvait pas me tuer. J’avais perdu l’habitude d’agir de la sorte, probablement parce que d’autres en avaient abusé. Je me sentais disposé à faire un effort, oui, mais je pouvais bien me refermer comme une huitre à la première occasion. « Aucun souci, votre présence est plus importante même si cela demande en revanche une exposition à la fumée… » D’un signe de la main, il m’invita à rejoindre le jardin, ce que je fis sans lui jeter un certain regard partagé entre la perplexité et l’incompréhension. Cet homme relevait du mystère pour moi. D’allure jeune, il avait les manières tellement distinguées que j’aurais pu jurer qu’il avait le double de son âge. Et ce ton distingué qu’il avait à chaque fois qu’il ouvrait la bouche. Y avait-il encore des gens de son âge qui parlait, agissait, vivait comme lui? J’en doutais. Du moins, je n’avais encore jamais eu l’occasion d’en voir un de mes propres yeux.

Nos pas nous menaient au travers des dédales du jardin, alors que nous suivions les sentiers dans un certain silence qui n’avait rien d’inconfortable. J’avais depuis longtemps allumé la cigarette qui trônait entre mes lèvres et en tirait quelques bouffées, laissant filer dans l’air les effluves de celle-ci dans un ballet gracieux de fumées. Par bon sens, je détournais la tête afin de ne pas incommoder mon voisin. Une bien faible attention, alors que monsieur le vent se faisait bien sentir dans l’air. « Nous n’avons pas encore procédé à une présentation non ?! Je me nomme Sir Artie, j’essaye de me rappeler votre prénom, mais je n’y arrive malheureusement pas ! » Ainsi donc, je ne m’étais pas trompé. Ou presque. Lord ou Sir, il n’en restait pas moins un titre de noblesse. Impressionnant. « Il faut l’avouer que je ne m’en rappelle plus vraiment… » Aucune surprise à ce sujet : nous n’avions point eu l’occasion de nous présenter l’un à l’autre. Dans la cohue du premier prime et de la semaine qui en avait suivi, nos chemins ne s’étaient tout simplement pas croisés. « Mon prénom est Evey - en aucun cas le diminutif d’Everleigh, je tiens à préciser. On m’associe trop souvent, à tord, à ce prénom alors qu’il n’en ait rien. » Je poussais un léger soupir. Je ne savais plus trop combien de fois j’avais eu à mentionner ce détail lors de présentations quelconque. « En fait, je le tiens plutôt d’une bande dessinée dont était fanatique mon père. C’est tout à coup moins glamour, non? » J’esquissais l’ombre d’un sourire à la mention de celui-ci. Il était faux de croire que je n’avais aucune affection pour mon paternel, à la façon dont je le traitais et en parlais. Et était si bon pour moi, d’une gentillesse et d’un calme inébranlable peu importe la situation. J’étais tout ce qu’il lui restait… et en quelque sorte, c’était bel et bien aussi mon cas. Destin tragique que nous avions.

Le Sir commençait à apprécier d’avantage cette ballade. Le moment ou elle sortit une cigarette et l'inaugura suite à une première bouffée arriva finalement, il resta silencieux, privé de paroles. Ils continuèrent leurs marches, malgré un petit écart constant qui se formait progressivement entre les deux, un écart qui diminuait au fur et à mesure de leur marche et que le Sir essayait par tout les moyens de combler en accélérant un peu, il avait l’habitude de marcher lentement et doucement, ce n’était plus le cas. Voulait-elle en finir rapidement avec cette balade ? Peut être, mais il écarta cette hypothèse car elle paraissait si stupide. Il prit connaissance de son nom, rien d’autre. Malgré le fait qu’elle avait prit la parole pendant un moment, elle n’avait rien suggérer d’important. Evey… C’était alors son prénom, il le nota définitivement dans son mémoriel virtuel. Elle trancha rapidement le lien entre son prénom court, et un autre qui lui ressemblait mais qui était, plus long. Sir Artie jugea que la remarque n’était pas très considérable, pour lui qu’on le nomme Artie, Sir Artie ou Arthur n’avait rien de conséquent dans la manière ou les autres le voyaient, pour la jeune femme, cela avait une quelconque importance. La preuve, elle fit la remarque dès le début, dénotant par cette occasion qu’elle s’adonnait à ce petit détail et lui offrait une crédibilité plus que primordiale. Il préféra de loin Everleigh, mais il se contenta de rester muet, il n’allait pas la contrarier sur un bien qui lui appartenait, et cela, dès son enfance. « En fait, je le tiens plutôt d’une bande dessinée dont était fanatique mon père. C’est tout à coup moins glamour, non? » Seconde remarque, pas très importante aussi. Elle pouvait s’accommoder au premier détail, mais elle en rajouta un autre. Il fixa un moment la jeune femme qui éprouvait un plaisir inouïe à fumer sa cigarette. Il regarda en sa direction puis lança subitement « Non, si nous comparons avec le miens qui, je ne sais ni comment ni pourquoi on me la revêtu… Là on peut affirmer que c’est moins ‘glamour’ comme tu le dis si bien ! Et puis ton père à l’air d’une très bonne personne, il a su choisir un excellent nom pour sa fille non ? Je le félicite quand même, même si nous pouvons ne pas partager le même avis » Il essayait de paraître plus sincère– il l’était d’ailleurs- mais on avait tendance à dire qu’il en faisait un peu trop. Une manie qui lui collait souvent et qu’il n’allait jamais perdre.

Toujours lancés dans leur marche paisible, ils bifurquèrent pour détourner un grand arbre qui était planté au milieu même du parc. Sir Artie pensa à sa famille un moment, il aurait bien aimé que quelqu’un les gratifient comme il l’avait si bien fait avec la jeune femme, il les aimait énormément, il ne cessa de penser à eux, faisant mine de réfléchir et oubliant partiellement Evey qui l’accompagnait dans cette ballade, il plongea dans une réflexion profonde, avant de retrouver finalement le monde des vivants…

Ma démarche était rapide, mon pas, assurée. J’avais l’habitude des marches en solitaire, si bien que j’en oubliais presque la présence du Sir à mes côtés… ou sur mes arrières, pour la grande majorité du temps. À quelques reprises, je dû ralentir l’allure pour lui laisser la chance de me rattraper – et il jugea bon, à certains moments, de lui-même accélérer le pas pour rester à ma hauteur. Dans les moments où l’écart s’étirait entre nous, j’en profitais pour tirer de ma cigarette quelques bouffées, lâchant dans l’air une fumée qui ne saura l’incommoder. J’étais d’ailleurs occuper à faire de la sorte lorsqu’il me rejoignit. « Non, si nous comparons avec le mien qui, je ne sais comment ni pourquoi on me la revêtu… Là on peut affirmer que c’est moins ‘glamour’ comme tu le dis si bien ! Et puis ton père à l’air d’une très bonne personne, il a su choisir un excellent prénom pour sa fille non ? Je le félicite quand même, même si nous pouvons ne pas partager le même opinion. » « J’apprécie mon prénom, ne vous y méprenez pas. » me sentis-je obligé de le corriger. À l’entendre, ce n’était pas le cas. Mais je l’aimais, j’appréciais que mon père eut lui-même choisi de me le donner. Même si sa source d’inspiration restait discutable, le simple fait que ce soit son choix me faisait toujours sourire. L’héroïne de cette bande dessinée avait d’ailleurs bercé mon enfance, si bien que j’en connaissais l’histoire jusqu’au bout des doigts. Alors non, je n’avais pas honte de mon prénom. Voilà peut-être la véritable raison me poussant toujours à corriger les gens sur son origine. « D’ailleurs, mon père sait que j’apprécie son choix. Eut-ce été celui de ma mère que je l’aurais probablement haït. » Pour le peu de considération que j’avais fasse à cette femme, ce n’était pas étonnant de m’entendre discourir de tel propos. Rien de choquant, que la stricte vérité. Ce n’était qu’une lâche pour qui j’avais bien peu d’égard. Notre balade se prolongea en silence. Mon compagnon de route semblait profondément perdue dans ses pensées, dans un monde qui lui était bien personnel et là où je n’existais probablement pas. Je profitais du paysage, ne me laissant nullement déconcerté par cet abandon momentané. « Êtes vous marié? » lui demandais-je quand je le sentis à nouveau disposé à ma présence. Cette question pouvait paraître indiscrète – et la décision lui revenait de me répondre ou non – mais j’avais toujours imaginé qu’un homme de sa classe serait d’or et déjà marié, ou du moins engagé à cet âge (d’ailleurs, j’ignorais toujours le sien).

La camarade du Sir défendait farouchement son nom de baptême Il ne savait d’ailleurs pas pourquoi elle agissait ainsi et en disait beaucoup sur son prénom, même cas pour son père. Ce n’était pas nécessaire. Parler de la famille n’était pas quelque chose à vouloir absolument ancrer dans le contexte, hormis si cela faisait partie partiellement de son secret. Il conclut malheureusement que la jeune femme avait tendance à favoriser son père, plutôt que sa mère, chose qu’il regretta amèrement. Il ne savait pas pourquoi on balançait laidement, dans des situations bien générales qu’il put étudier, je cite : ‘Oué j’ai hérité ce nez de mon connard de père’ ou bien plus grave encore ‘Mon cul, cette conne de daronne qu’elle aille se faire fourrer elle fais chier…’ Il ne savait vraiment pas pourquoi on s’attardait sur ce genre de remarques totalement futiles, de plus que les mots employés n’avait pas leurs places, ils étaient en autre radicalement inconcevables et intolérables... comment une mère ayant donné son sein à plusieurs reprises suite à des allaitements douloureux pourrait mériter ce sort, comment pourrait elle encaisser des mots si durs, comment un père, travaillant jour et nuit pour répondre au besoin du quotidien pourrait il accepter ce genre d’opinion… Cette idée était complètement à bannir et dès qu’il s’agissait de parents, Sir Artie avait des arguments bien construits et solides, ce phénomène malheureux s’était pas mal répondu dans la société, et il fallait dire qu’il n’était pas rare de rencontrer deux candidats ou trois éprouvant un malheur malsain envers l’un des deux parties, que ça soit le père (Moore) ou bien encore la mère. Il ne voulut pas trop se poser les questions sur la nature de cette haine, mais il se permit quand même de placer hâtivement « Je vois que vous louez énormément votre père, mais vous avez tendance à oublier un peu votre mère, est-ce voulu ? » Peut être n’était-ce un sujet tabou pour la jeune femme, il se perdit dans ses pensées et eut une énorme pitié envers les mamans qui subissaient chaque jours des affronts à vous couper le souffle. Il se décida d’arrêter un peu la marche et de se planter ainsi près d’un banc en marbre, il songea à poser ses fesses, mais il y renonça, trouvant qu’être debout ne pourrait favoriser que le travail continue de ses muscles. Evey lâcha presque, lorsqu’il reprit le fil de ses pensée, une question qui lui était passablement indiscrète et qu’il se hâta de corriger « Non je suis bien célibataire » Il leva ses yeux azurés vers elle, essayant de sonder son visage écarlate, il rajouta presque sur le même ton calme et saccadé « Et vous, je présume que vous êtes assez jeune pour l’être non ? Et puis, vous pouvez me tutoyer mademoiselle Evey » Sourire rayonnant, il invita la jeune femme à s’assoir et croisa les mains, ils étaient assez proche l’un de l’autre, mais toujours délimités par un voile invisible que Sir Artie avait l’ingéniosité de placer naturellement.