Je ne veux pas quitter mon lit. Non. C’est décidé, je dois lui dire aurevoir. Ou en tout cas, à bientôt. Je me glisse dans la chambre en voilant mes yeux à l’aide de ma main droite, espérant ne pas trouver Milan et Siomha en train de souiller notre petit cocon nocturne. J’écarte un doigt et constate avec soulagement qu’ils ne sont pas là. Cependant certains candidats dorment déjà, ou essaient en tout cas, voilà pourquoi je me glisse furtivement jusqu’à mon lit, sur la pointe des pieds. J’attrape ma lampe frontale et soulève le drap afin de l’accrocher à un plafonnier. Cela me fait une petite grotte sous laquelle je peux me réfugier, moi, mon paquet de gâteaux et un magasine de mode datant de 2008 qui traînait dans la cave. Je pose mon faisceau de lumière sur le matelas et commence à grignoter en silence en feuilletant les pages. Des bruits de pas attirent mon attention, et je passe la tête à travers la porte de ma nouvelle demeure. J’aperçois la silhouette d’Oona qui se faufile à l’intérieur. « Pssssttt. » Je n’y mets visiblement pas assez de cœur puisqu’elle n’a pas semblé m’entendre. De toute façon, elle ne peut pas me louper, moi et ma tente improvisée. « Oona, par ici ! » Je l’interpelle cette fois un peu plus fort et parvient à accrocher son regard, l’invitant d’un geste de la main à venir prendre le thé dans ma maison.

Mon but, cette nuit, est d’avoir le droit à une douche ou un bain bien chaud. Etant donné que je ne pouvais pas avoir ça en me levant à dix heures, je préférais la solution du bain de minuit. Le truc, c’est qu’il n’était pas encore minuit et que la salle de bain était visiblement occupée par des messieurs et des mesdames. Haussant les épaules, je partais en direction de la chambre dont le nom m’est toujours aussi imprononçable qu’au début. À pas de loup, je traversais la chambre, à moitié en petite tenue, pour rejoindre le lit que je partageais avec Mélissa pour la semaine. « Pssssttt. » J’entendis un léger bruit, mais qui me sembla être un ronflement. Je reprenais ma marche silencieuse. « Oona, par ici !» Je tournais immédiatement la tête, reconnaissant bien Sixtine, malgré l’obscurité de la chambre. Avec un sourire amusé et aussi impressionné, je m’approchais de la demeure privée de la blonde. « Qu’est-ce que tu fais ? » Lui demandais-je en entrant dans l’espace qu’elle venait de créer, poussant un peu le paquet de gâteau pour avoir de la place. Par la même occasion, je lui en piquais un, tandis que j’essayais de cacher mes jambes nues avec mon large tee-shirt. « Montre-moi ça ! » Lui disais-je, la bouche à moitié pleine, en prenant le livre de mode, enfin assise en tailleur. La seule chose que j’aimais dans ce genre de magazine, c’était les tests complètement débiles qu’on trouve à la fin. « Etes-vous obsédée par votre apparence ? » Lisais-je, mot par mot, en passant mon doigt sur le gros titre. Je me mis à rire.

Oona semble m’avoir finalement entendue, puisqu’elle me rejoint dans mon espace privé. « Je dis adieu à mon petit lit . . . » J’avoue tristement, la lèvre inférieure avancée dans une moue éplorée. Elle tire un gâteau du paquet, et je tends la main afin qu’elle m’en donne un aussi, l’observant attraper le magazine avec intérêt. Nous restons des filles, et il y a forcément entre ses pages quelque chose susceptible de nous intéresser. Pour elle, ce sera le test de l’apparence. Je ris légèrement à la lecture du titre, m’installant à ses côtés en collant mon épaule contre la sienne. Mon regard s’attarde sur la première question, et je l’énonce tout haut. « Au restaurant avec votre meilleure copine. Deux hommes munis de leur panoplie de serial frimeur -cheveux gominés, parfum musqué, tenue fashion- s’installent près de votre table. Vous pensez. » Je lis les réponses dans ma tête, convaincue qu’Oona en fait de même. Mais aucune des propositions ne correspond. Je pousse un petit hmhm de perplexité, lâchant sur le ton le plus naturel du monde. « Que j’vais peut-être pas passer la nuit seule, finalement. » Je hausse les sourcils en me mordant la lèvres puis me me mets à rire, baissant le volume en me rendant compte que le bruit pourrait bien réveiller quelques grincheux. J’adresse une petite grimace qui signifie ‘oups’ à la blonde, gardant toutefois un sourire qui dévoile mes dents blanches. Elle va finir par me prendre pour une obsédée constamment en quête d’aventures sexuelles, mais je pense qu’elle comprend l’ironie dans mes propos. Quoique, la caricature d’un bon mec n’est pas toujours repoussante, parfois c’est tout juste ce dont on a besoin pour s’éclater. A petite dose, bien entendu. Je parcours les autres questions des yeux, anticipant déjà le résultat. J’aurai le droit à une « obsession mesurée », puisque je me situe toujours entre les deux extrémités lorsque je remplis ce genre de test. Oona sera probablement du genre à miser sur le naturel, enfin, on ne sait jamais. Je tourne ma tête pour ancrer mes iris bleus dans les siens, affichant un air sérieux qui contraste avec mes mimiques précédentes. « Je suis contente que tu sois restée, tu sais. » Je suis sincère, mais tout d'un coup je me sens un peu gênée de lui avoir fait cette confession avec autant de gravité. J'ajoute alors « Ca m'aurait embêté de devoir quitter mon bracelet porte bonheur. », affichant un sourire taquin. En fait, ça ne m'aurait pas dérangé plus que ça.

« Je dis adieu à mon petit lit . . . » Cette semaine, les « couples » étaient mixés, pour notre plus grand malheur, enfin pour moi en tout cas. Malgré tout, je n’avais pas à dire adieu à mon lit, puisque je restais dans le mien. J’étais amusée, mangeant un gâteau. Je me dis que j’aurai préféré avoir Sixtine comme nouvelle partenaire, entre autre, à la place de cette nouvelle à qui je n’avais jamais adressé la parole réellement. Je lui lance un sourire amusé, quand elle s’installait à côté de moi, posant un peu le magazine sur ses genoux pour qu’elle puisse le lire. « Au restaurant avec votre meilleure copine. Deux hommes munis de leur panoplie de serial frimeur -cheveux gominés, parfum musqué, tenue fashion- s’installent près de votre table. Vous pensez. » Je tentais de lire les réponses, avec un peu de mal. Hum, les réponses ne me correspondaient pas vraiment non plus. La seule chose à quoi je pense en lisant ça, c’est : encore des lourds qui ne valent rien. « Que j’vais peut-être pas passer la nuit seule, finalement. » Je tournais ma tête instinctivement vers elle, les yeux ébahis, avant d’éclater de rire avec elle. « Tu rigoles ! Tu pourrais avoir n’importe quel homme à tes pieds, alors pas des frimeurs comme ça dans ton lit ! » Lui répondis-je, en essayant de reprendre mon sérieux, mais ce n’était pas possible. Je me mordais la lèvre supérieure, attendant de voir si personne ne s’était réveillé. Parcourant le reste du test avec mon doigt, je tombais bien sur le « Vous misez sur le naturel ». Pour une fois, le test ne s’était pas trompé, je ne suis absolument pas obsédée par l’apparence que je renvoie. Je suis bien comme je suis, pas besoin d’en faire des tonnes… Comme Sixtine semblait avoir fini, je refermais le magazine et le jeta un peu plus loin. Je tournais ma tête, lui adressant un petit sourire. « Je suis contente que tu sois restée, tu sais. » J’étais vraiment ravie de l’entendre dire ça. Elle faisait partie des personnes que j’aurai eu du mal à quitter, avec entre autre Artie. Je lui donnais un léger coup de coude, avec un sourire un peu plus assuré. « Je suis trèèèèèès contente moi aussi ! » Dire le contraire serait vraiment mentir, surtout à elle. « Ca m'aurait embêté de devoir quitter mon bracelet porte bonheur. » J’émis un rire. Je m’en serais voulu de la séparer de son bracelet. Je secouais légèrement ma tête de droite à gauche, puis je posais ma tête contre son épaule. « Dis pas ça… je sais que tu serais en train de pleurer mon départ ! » Je lâchais un rire, en espérant que ce ne soit pas vrai. Je m’en serais voulu de la faire pleurer. Je fis une moue, restant un peu plus longtemps sur son épaule, avant de reprendre ma position initiale, piquant en même temps un deuxième gâteau. J’essuyais ma bouche du revers de ma main. « Je paris que tu vas me poser… tes deux questions ! » Finissais-je par dire, tournant un peu la tête vers elle, lui lançant des yeux la suppliant d’abandonner cette idée.

N’importe quel homme à mes pieds, elle exagère tout de même. J’affiche un petit air surpris et secoue négativement la tête. C’est vrai que les hommes sont parfois hypnotisés par mon regard, ceci dit ça s’arrête là. « Tant que je garde la bouche fermée et mes pancartes derrière mon dos, c’est vrai que je fais mon effet mais . . . » Mais ca ne suffit pas, voilà. A entretenir une vraie relation. Au moins les frimeurs n’en demandent pas trop, ils ne se posent pas trente-six questions et t’écoutent parler de la couche d’ozone en acquiesçant parce que tout ce qui importe, c’est t’embarquer dans leur pieu. Ca clignote comme un voyant dans leur tête, et tout le reste leur semble merveilleux. Ils ne te tiennent pas rigueur d’avoir un morceau de salade entre les dents, d’avoir sorti la culotte de grand-mère, d’utiliser un soutif rembourré ou de ronfler. Bref. Pas mal de types avaient détalé devant ma forte personnalité de mauvaise perdante défenseuse de la planète. Je savais être aussi charmante que chiante, aussi douce que violente, aussi agréable que mégère. En tout cas elle peut parler la Oona, elle aussi fait son effet. Même moi je suis tombée sous son charme de blondinette, comme je lui ai déjà dit lors de notre première discussion, je lui aurais bien sauté dessus si j’avais eu un torse plat et un quelque chose entre les jambes. Je l’observe un moment, elle n’a vraiment pas l’air de se rendre compte de ce fait qui est pour moi une évidence. Et en plus, elle l’a de façon naturelle, comme l’affirme le magazine auquel on peut accorder toute confiance ! La jeune fille semble heureuse d’être restée, elle appuie sa tête contre mon épaule et je ne peux m’empêcher de lui coller un bisou contre le front. Bah j’avais envie, voilà c’est fait. Je ris quand elle prétend ne pas me croire, et qu’elle m’imagine en train de pleurer son départ dans mon coin. Elle a raison, c’est clair, j’étais déjà sur le point de chialer à l’annonce de Cupidon. Après coup, cela aurait été bien pire. Cependant je tente de jouer les dures, mais je sais qu’elle n’en croira pas un traître mot. « Tu rêves, j’pleure jamais moi madame ! » Alors que j’adore larmoyer devant des comédies romantiques ridicules et des histoires d’amour littéraires qui fendent le cœur. Les grands classiques me font toujours inonder les mouchoirs, de Titanic à Roméo et Juliette, en passant par Autant en emporte le vent. Je l’imite lorsqu’elle arrache un gâteau, penchant la tête sur le côté. Voilà qu’elle aborde un sujet des plus intéressants. Effectivement, j’en avais l’intention. A croire qu’elle lit dans mes pensées. Je lui souris de toutes mes dents, lui faisant 'non' en secouant mon visage devant son petit air triste. Pas moyen que je lui abandonne mes bénéfices. Un pari est un pari. « Alors voyons . . . maintenant que ça fait presque un mois qu’on est là, tu dois bien être capable de me dire quel est le candidat masculin qui serait le plus à même de faire chavirer ton petit cœur ? » OH LA PUTE ! Et ouais. Je croque mon gâteau d’un air fier, la narguant d’un haussement de sourcil. J’ai pris soin de préciser ma question par le genre de l’individu, au cas où elle voudrait me sortir la fille qu’elle apprécie le plus. Pas question de me faire avoir. Et au cas où elle ne s’en souvient pas « Rappelle toi t’as promis de me dire la vérité ! » Je sautille intérieurement d’impatience, retenant presque ma respiration.

« Tant que je garde la bouche fermée et mes pancartes derrière mon dos, c’est vrai que je fais mon effet mais . . . » Je secouais la tête, consternée et sûre que certains férus de manifestation sont totalement en love devant Sixtine. Je suis même quasiment sûre que certains deviendraient des manifestants rien que pour elle. Elle pouvait dire ce qu’elle voulait, je ne changeais pas de position ; bien qu’elle m’ait avoué préférer l’écologie que les hommes. Je ne pouvais pas lutter contre ça. J’affichais un large sourire en recevant le baiser de Sixtine sur mon front. J’étais contente de pouvoir être encore à ses côtés, d’être dans son tipi improvisé à manger des gâteaux et à parler tellement à voix basse que ça en devenait hilarant. « Tu rêves, j’pleure jamais moi madame ! » Je m’étais reculée d’elle, la gratifiant d’un regard perçant. Genre, elle ne pleurait jamais… pourtant je la voyais bien regretter mon départ, tout en se goinfrant de mes scones adorés. « Il y a un début à tous, honey. Pour moi, tu aurais pleuré toutes les larmes de ton corps » Je lui adressais un sourire fière, suivi de très près part un tirage de langue. Je n’allais pourtant pas rester aussi fière bien longtemps, parce que je sentais en plein nez les deux questions qu’elle avait le droit de me poser. Des questions intimes, plus personnelles que d’habitude. Je le sentais vraiment, mais vraiment mal. D’ailleurs, je ne m’étais pas confiée à quelqu’un depuis tellement longtemps avant Sixtine… ça me faisait bizarre. Elle souriait largement ; j’avais encore un peu plus peur de ce qu’elle allait me demander. Malgré ma mine irrésistible, elle était beaucoup trop coriace pour moi la Sixtine. « Alors voyons . . . maintenant que ça fait presque un mois qu’on est là, tu dois bien être capable de me dire quel est le candidat masculin qui serait le plus à même de faire chavirer ton petit cœur ? » Oh non. OH NON ! Tous, mais pas ce genre de question… et en plus, c’est elle qui prenait un air fière à présent. Je roulais des yeux, prenant une moue boudeuse. J’étais incapable de lui donner une réponse. Non pas que je n’en avais pas, mais je n’aime vraiment pas me dévoiler autant, sentimentalement parlant. « Non mais t’abuses avec cette question ! Tu sais très bien que… » « Rappelle toi t’as promis de me dire la vérité ! »J’essayais une dernière tentative de lui faire changer de question avec mon visage de Chat Potté, mais ça ne marchait vraiment pas. Je baissais alors un peu la tête, sentant mes joues rougir un peu. « Artie » Chuchotais-je, essayant de ne pas croiser le regard de l’autre blonde. J’avais tellement honte de lui révéler une telle chose. Je savais bien qu’elle n’allait pas rester de marbre devant ma révélation et qu’à partir de cette seconde même, j’allais sûrement en entendre parler !

Comme je l’imaginais, elle ne gobe pas ma fausse couverture d’insensible. Je remarque qu’elle utilise le même surnom que Baptiste, il a certainement déteint sur elle avec ses bêtises. Je ne peux m’empêcher de sourire. Ma question paraît la mettre dans l’embarras, exactement ce que je voulais. J’en jubile intérieurement, sautillant cette fois d’un genou à l’autre en plongeant mon regard dans le sien d’une façon particulièrement insistante. Elle sait qu’elle n’a pas d’autre choix que me dire ce qu’il en est. Elle fuit mon regard et chuchote un petit nom, que j’aurais pu ne pas entendre si je n’avais pas été aussi attentive. Je claque des doigts en ouvrant grand la bouche. Je la prends entre mes bras et la secoue comme un poirier avant de la lâcher, toute excitée par sa révélation. « JE LE SAVAIIIIIIIIIIIS ! » Je hurle presque sous notre tipi, et j’entends quelques grognements ainsi qu’un ‘ta gueule’ qui m’est destinée. Cela n’entame pas ma bonne humeur, j’adore ce genre d’aveu entre filles. C’est stupide, mais ça rend légère comme une plume. Je pousse quelques gloussements dignes d’un dindon, me frottant les mains l’une contre l’autre. Elle doit déjà regretter de m’avoir confié cette information. Mais qu’elle se rassure, je ne vais pas la crier sur tous les toits. C’est quelque chose de personnel, et si elle me le dit c’est qu’elle me fait quand même confiance, au-delà du pari. Elle aurait toujours pu mentir, ou éluder la question, au lieu de ça elle a choisi de me confier la vérité. Je le sais, parce que je les ai vu se bouffer des yeux tous les deux. « Tu vas pas le pousser du haut de l’escalier, hein, rassure-moi. » Je ris doucement, me référant à notre première conversation, du temps où elle ne connaissait pas le jeune homme. Elle avait émis la possibilité de l’épouser pour le fric avant de le balancer du haut des marches pour s’en débarrasser. Quand j’y repense, ça me fait drôlement marrer. « Tu sais, je serais prête à mettre ma main à couper que tu ne le laisses pas indifférent le Lord . . . » J’ai un air parfaitement sérieux sur le visage, et je lui donne un coup d’épaule pour bien lui faire intégrer cette information. Elle a intérêt à se sortir les doigts du cul et à faire le premier pas, parce qu’entre le Lord coincé et la Oona timide, on n’est pas près de les voir se rouler une grosse pelle ! D’un côté ce n’est pas plus mal, c’est toujours mieux de prendre son temps, d’attiser le désir. C’est toujours la meilleure partie, parce que souvent ça s’envole après et les papillons disparaissent. « Bon je vais changer de sujet pour ne pas trop t’en demander en un seul soir. » Non, je n’ai pas l’intention de m’arrêter là. « Quelle relations entretiens-tu avec tes deux parents ? Qu’est-ce qu’ils ont dit quand ils ont su que tu venais à FAKE LOVER ? » Si si, cela ne constitue qu’une seule et même question. J’espère maintenant qu’elle va oublier que moi aussi je lui dois une information puisqu’elle a quand même été nominée, attrapant un autre gâteau.

Mon Dieu, qu’est-ce que j’avais été dire là. J’aurais pu très bien mentir, c’est vrai, mais un pari est un pari et je suis du genre à tenir ma parole. D’ailleurs, je ne voyais pas l’intérêt de lui mentir, elle aurait peut-être fini tôt ou tard par le savoir, ou par le devenir et puis, ce n’est pas un truc horrible (c’est pas comme ci j’avais tué mon patron…). Pourtant, le fait d’en parler me rendait absolument nerveuse, même avec elle. Je ne partage jamais mes sentiments, encore moins quand ils se rapprochent du sentiment amoureux (j’ai jamais dis que j’étais amoureuse du Sir, attention !). En tout cas, Sixtine semblait tellement survoltée par cette révélation, même plus encore. Je n’avais pas de mot pour la qualifier ; mais je voyais bien qu’elle était adepte de ce genre de révélation. Absolument pas comme moi. À peine avais-je levé la tête, que je me sentais secouée par les deux bras qui venait de m’enlacer. J’avais une expression abasourdie, ne comprenant pas vraiment cette réaction. Ca me fit légèrement rire pourtant. « JE LE SAVAIIIIIIIIIIIS ! » Elle perdait la raison là, manquait plus qu’elle le crie dans toute la maison… Evidemment, je savais qu’elle ne le ferait pas et c’est aussi pour ça que je le lui ai dis sans réfléchir plus. Quoique j’aurai peut être du ! Le ‘ta gueule’ me fit froncer les sourcils, mais ça ne fit pas arrêter Sixtine. Je devais être encore plus rouge qu’une tomate, ce qui devenait un peu inconfortable. « Tu vas pas le pousser du haut de l’escalier, hein, rassure-moi. » Quoi ? J’eu une moue d’incompréhension sur le moment, me demandant pourquoi, Diable, je le pousserais… ah oui ! Pour son argent… Je ne me souvenais plus de mon petit plan de vénale, mais maintenant qu’elle en parlait…. « Je sais pas encore, on sait jamais… » Mais je lui répondis avec un sourire amusé ; je ne serais pas capable de faire ça à n’importe qui, alors encore moins au Sir. Je me passais une main sur le visage, me frottant un peu les joues pour en enlever le rouge. « Tu sais, je serais prête à mettre ma main à couper que tu ne le laisses pas indifférent le Lord . . . » Sixtine s’était un peu calmée, mais j’étais toujours aussi gênée. Je ne pourrais plus regarder Artie normalement, sans savoir que Sixtine le sait… Je lui adressais tout de même un sourire, haussant les épaules, comme une ‘j’sais pas’. C’était la vérité, je ne savais pas vraiment quel était cette relation que j’avais avec le Sir ; si elle me le demandait, je serais indéniablement incapable de le lui dire. Je tendais la main pour me jeter sur les gâteaux, portant mon attention sur l’un d’entre eux. « Bon je vais changer de sujet pour ne pas trop t’en demander en un seul soir. » Je soufflais, en roulant les yeux ; c’est bien ce que je disais : j’en ai pas fini d’en entendre parler. Je me tournais un peu vers elle, grignotant comme un écureuil. « Quelle relations entretiens-tu avec tes deux parents ? Qu’est-ce qu’ils ont dit quand ils ont su que tu venais à FAKE LOVER ? » « Et ! Ca fait deux questions ça ! » Rétorquais-je avec une moue boudeuse, pourtant je m’en fichais bien. Ces questions n’étaient pas délicates et pas dérangeante comme la première. Je continuais de grignoter le gâteau, tout en réfléchissant. « Je m’entends bien avec eux » Lâchais-je, le plus naturellement possible, en haussant les épaules. « J’ai une relation totalement normale avec eux. Ils me respectent, moi et mes choix, et je les respecte et les admire aussi » Avouais-je, avec un large sourire. Ils m’avaient, entre autre, permis de pouvoir faire de la danse, malgré notre condition sociale. « En fait, depuis que j’ai quinze ou seize ans, ils m’ont toujours laissé faire mes propres choix. J’ai eu envie de partir, ils m’ont laissé partir. Alors, quand je leur ai dis que j’allais à FL, ils ont rien dit de spécial, mis à part : ‘T’as intérêt de gagner’ pour mon père et ‘Soit aimable surtout et souris’ pour ma mère » Je lâchais un rire amusé, les revoyant me dire ça.

Je lui souris en plissant les yeux lorsqu’elle m’affirme ne pas encore avoir décidé si elle tenterait de mettre fin aux jours du Lord, l’air de dire ‘mon œil, ouais’. Je sais bien qu’Oona est incapable de faire du mal à qui que ce soit, mais là encore ce n’est que mon avis subjectif de candidate. Parce que si ça s’trouve son secret c’est : j’ai fait de la prison pour avoir assassiné mon mari. Même si je doute que la production ait pris le risque de nous mettre en présence d’une meurtrière. Elle semble gênée, les joues rouges comme des tomates, et un petit rictus titille mes lèvres. Bah, il ne faut pas être embarrassé devant moi. Siomha m’a confiée qu’elle aimerait se taper la moitié du château, alors Oona peut bien m’avouer qu’elle a un béguin pour Artie. Quant à ce dernier, même si elle hausse les épaules, il est évident qu’il ne reste pas indifférent face à la blonde. Je connais les regards qui trahissent, et je suis sûre qu’au fond la demoiselle le sait aussi. Mais je ne vais pas lui tirer les vers du nez et l’obliger à avouer. Je déplie mes jambes qui s’alourdissent, passant une main dans mes cheveux indisciplinés. J’ai une mèche qui me tombe constamment dans les yeux, c’est agaçant. Je la replace derrière mon oreille, puis tends mes doigts pour attraper l’avant dernier gâteau. On va finir comme deux baleines à cette allure là. Je décide de me concentrer sur un autre sujet suite à cette révélation de la plus haute importance, essayant de percer davantage l’univers extérieur de la jeune fille. Ces nouvelles interrogations paraissent la soulager un peu, alors qu’elles sont censées être plus dangereuses. Mais au moins, je m’éloigne de ses sentiments profonds, et finalement parler de sa vie d’avant est plus facile pour certains que de parler de sa vie au château. Je pense que j’en fais partie également, sauf si évidemment, on se rapproche de mon petit secret. J’écoute attentivement, apparemment elle a une relation exemplaire avec ses parents. « Tu as de la chance. » Je laisse échapper cette remarque pensivement, comme je l’avais fait lorsque Lord Artie m’avait confié vivre avec sa propre famille. J’admire toujours les relations proches, je les envie. Je souris alors pour chasser la nostalgie qui s’empare de mon visage, me grattant le nez. « Je trouve que tu respectes assez les recommandations de ta mère, j’espère que tu en feras de même pour ton père. » Je lui fais remarquer cela, la poussant un peu d’un coup d’épaule. Cela ne dépend pas exclusivement d’elle, certes, mais elle peut y contribuer. C’est désormais terminé pour l’interrogatoire, qu’elle s’estime heureuse ! Cependant je suis loin d’en avoir fini avec elle, je n’en connais pas encore assez pour m’estimer repue d’informations.