► Le 15 février, 18h19, en compagnie de Sixtine.
Devinette: qu'est-ce qui est blond, a une bouteille dans la main et bien trop d'alcool dans le sang? D'accord, la réponse est bien facile à trouver: Síomha. En effet, tentée par une bouteille de Gin, elle avait commencé à boire. Et ce qui était une gorgée innocente s'était bien rapidement transformée en une descente d'alcool impressionnante. Ne s'embarrassant pas d'un verre, elle buvait à même la bouteille comme si sa vie en dépendait. Bien entendu, elle ne se contentait pas de se bourrer la gueule dans la petite pièce puisqu'elle se dandinait sur une musique qui ne jouait que dans son esprit et qu'elle tâchait tant bien que mal de reproduire. Tristement, les sons ne sortaient pas comme elle le souhaitait, ils étaient inévitablement trop aigus ou trop graves. Impossible de rentrer dans le rythme de la musique qu'elle saccageait. Tant pis. Si elle avait pour habitude de se foutre éperdument d'absolument tout, ce n'est pas en étant bourrée que ça changerait. Elle était encore plus dans une attitude « putain, j'm'en branle, mon pote! ». Autrement dit, mieux valait ne pas avoir à la supporter dans un moment pareil. Tournoyant sur elle-même, elle lâcha malencontreusement sa bouteille. « Putaaaain! » s'exclama-t-elle en la voyant s'écraser au ralenti sur le sol. Oui, au ralenti. C'est comme quand on se retrouve devant la mort: on voit sa vie défiler devant ses yeux. Eh bien là, elle voyait la vie de la bouteille défiler devant ses yeux. Soupir. Elle se tourna et attrapa une bouteille de vodka, dégageant le bouchon en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Sans attendre une seconde, elle reprit sa danse improvisée et son chant très approximatif entrecoupé par quelques gorgées d'alcool. En gros, elle s'éclatait. Mais puisque ça ne pouvait jamais durer bien longtemps, la porte s'ouvrit. La blonde se tourna vers celle-ci et observa Sixtine qui se trouvait dans l'entrée. Un nouveau tour sur elle-même. Deux nouvelles paroles de chanson. « Je suis ivre. » Précision ô combien indispensable, comme vous pouvez le remarquer.

Depuis quelques heures déjà, je me livre à une séance photos assidue afin de rivaliser avec les images de Franckie, postées sur son blog. Sauf que pour ma part, je tente de capturer les plus mauvais moments de chacun, de la grimace la plus abjecte à la coiffure la moins réussie. Je suis un peu déçue par mon résultat, décidant de remettre mon arme dans sa sacoche et de reprendre mon art demain matin, dès le réveil. C’est souvent là que l’on capte le plus beau visage des autres candidats. Je décide de descendre au cellier pour attraper une bouteille de vin afin d’accompagner notre repas, des sons parvenant à mes oreilles pendant que je foule les marches. Une voix, entrecoupée, comme des jérémiades ou des supplications. J’ai l’impression que quelqu’un s’est blessé, aussi je me précipite pour ouvrir la porte sur une découverte des plus . . . surprenantes. Les petites plaintes que j’ai cru entendre proviennent en réalité de Siomha qui s’essaie à la profession de chanteuse. Qu’elle se rassure, elle n’a manqué aucune vocation de ce côté-là. Elle m’aperçoit, ne manquant pas de me faire part d’une précision que je n’aurais pu ignorer, puis s’enfile à nouveau une gorgée d’un liquide transparent. « Sans déconner . . . »La blonde est entourée d’une bouteille d’alcool dont le fond et les bris de verre sont répandus sur le sol. Au vue de ce qu’il reste, il s’agit de Gin. Et cet accident, de toute évidence, l’a convaincue d’en attraper une autre. De la vodka cette fois, pas beaucoup moins dévastateur. Je place ma main repliée devant ma bouche, esquissant un petit sourire amusé. Ce spectacle vaut des milles et des cents. Soudain mon regard s’illumine, une lueur sadique dansant dans l’azur de mes iris. Oh mon dieu, c’est le moment de dégainer. Et encore plus rapide que Butch Cassidy, je sors mon appareil photo de sa housse de protection afin de mitrailler la blonde de trois photos. Ce sont mes meilleurs clichés de la journée, sans le moindre doute. « C’est la Saint-Valentin qui te pousse à la consommation excessive d’alcool ? » Je l’interroge en avançant dans la pièce, l’attrapant par le bras afin de la tirer un peu sur le côté. Elle est sur le point de marcher sur les restes de son ancienne bouteille, et je ne suis pas mesquine au point de désirer la voir s’ouvrir le pied. Je n’ai pas d’animosité particulière contre elle, si ce n’est la déception de son manque de réactivité au sein de la team Micah. Un temps bien révolu. « Le souvenir d’un cœur brisé ? Ou tu t’es fait plaquer par mon partenaire ? » Je lui suggère cette hypothèse en riant brièvement. Je sais parfaitement qu’il ne s’agit pour le moment que de répondre à des pulsions physiques parfaitement naturelles, néanmoins cette petite histoire que je me suis montée à son sujet me paraît plausible. La pauvre blonde, envahie par la tristesse après s’être faite rembarrée par Milan, se livre à la boisson pour oublier. Ouais, j’adore me monter des films avec les éléments dont je dispose.

Certes, préciser qu'elle était bourrée n'était pas la chose la plus intelligente du monde. Cela dit, étant saoule, tellement qu'elle n'arriverait même pas à rester assise sur une chaise si elle le devait, elle se permettait de dire autant de conneries qu'elle le souhaitait. Non, à vrai dire, elle agissait comme ça même en étant sobre. Si bien que si Sixtine n'était pas contente, elle était libre de partir. Rectification: Sixtine ferait mieux de dégager. Parce que l'irlandaise n'appréciait que moyennement d'être mitraillée de photos. Pas en temps normal, pas quand elle était bourrée. Connasse. La blonde grogna en signe de protestation avant de hausser les épaules et de boire encore un peu de vodka. Nouvelle protestation alors que sa camarade l'attrapa par le bras pour l'emmener plus loin dans la pièce. Grr. Elle allait la faire chier encore longtemps? Interpelée par ses paroles, elle leva les yeux vers elle, détachant une seconde ses lèvres de la bouteille. Un sourcil arqué, elle se demanda si Sixtine était complètement conne ou juste légèrement. Depuis quand elle avait besoin d'une occasion particulière pour boire? Elle boit, c'est tout. Elle n'avait pas besoin d'une bonne raison pour ça. « T'es conne, toi. » Simple constatation. Síomha se remit à chantonner, fermant les yeux alors qu'elle bougeait légèrement la tête sur le « rythme » de la « chanson ». Sa camarade ouvrit de nouveau la bouche. La blonde mit une seconde à capter qu'elle s'adressait à elle et une nouvelle seconde pour comprendre ses paroles. En étant ivre, les mots provenant de la bouche des autres ne voulaient plus dire grand chose. Et réciproquement, tout ce qu'elle pouvait dire était une énigme pour toute personne sobre, bien que c'était parfaitement clair pour elle. Elle s'était faite plaquer? Par qui? Oh non, attendez, c'était une question. Mais elle ne se faisait jamais plaquer. Non, jamais. Puisqu'il n'y avait pas matière à cela. N'étant pas dans une relation, ça serait difficile d'y mettre fin, n'est-ce pas? Malgré tout, elle chercha une seconde dans son esprit une réponse correcte, arborant cet air de réflexion intense, avant de reporter son attention sur Sixtine. « C'est qui ton partenaire? » Pas qu'elle l'avait oublié, puisqu'elle ne l'avait jamais su. Qui était le partenaire de qui, honnêtement, elle s'en foutait. Et elle n'était même pas certaine de vouloir le savoir mais si elle avait été jetée, elle aimerait au moins savoir par qui. Logique, en soit.

La jeune fille paraît mécontente de mon intervention, d’autant plus sous mon contact qui a pour but de la mettre hors de danger. Elle me traite de conne. Ok, ça c’est fait. Je ne suis guère surprise, venant de la blonde c’est une conversation qui se déroule à peu près normalement. J’éprouve cependant le désir, une fraction de seconde, de la pousser à nouveau sur les bris de verre après lui avoir retiré ses chaussures sous un prétexte bidon. Je le ferais, si elle continue de me m’insulter. Ouaip, chiche ! J’en fais une déduction élémentaire. « Ok, donc t’es juste alcoolique ». Je soupire tandis qu’elle poursuit sa chansonnette qu’elle massacre allégrement. C’est une vraie torture pour mes chastes oreilles. Elle semble repartie dans son monde lorsque ma question l’interpelle. Elle met quelques secondes à enregistrer l’information, à réfléchir, pour finalement me questionner. De toute évidence, elle ne m’associe pas à ses parties de jambe en l’air. Remarque, il vaut mieux pour moi. Je pince mes lèvres et retient ma respiration, elle pue l’alcool. Espérons qu’elle n’ait pas l’intention de rejoindre qui que ce soit dans son lit ce soir. Je souris à cette pensée, me raclant la gorge. « Milan, celui que t’as baisé dans la neige. » Je tiens à lui faire cette précision, parce que tout n’a pas l’air très clair dans son esprit. De plus, je ne serais pas étonnée par le fait qu’elle ignore jusqu’à son identité . . . En espérant qu’elle n’ait pas sauté un autre candidat sous les flocons ! Je suis ses mouvements de mon regard pendant qu’elle ingurgite à nouveau de la vodka. Je ne peux m’empêcher de lui sortir un « Tu n’crois pas que tu as assez bu ? » qu’elle n’appréciera sûrement pas. « Tu pourrais au moins partager ! » Je m’empresse d’ajouter cette réplique en feignant de m’offusquer de tant d’égoïsme, afin de la convaincre de me filer la bouteille. Parce qu’avec elle, jouer les moralisatrices n’est certainement pas l’idée la plus judicieuse.

Oups. Oui, « oups ». Puisque Síomha s'était laissée aller et avait insulté l'autre candidate. C'était là un faux pas dont elle avait tant essayé de se préserver. En effet, et bien qu'elle n'en pensait pas moins, elle avait pour habitude de n'insulter personne. Le moins possible en tout cas. Ainsi, quand on lui disait qu'elle n'était qu'une conne qui insultait tout et tout le monde, elle pouvait contredire cette personne en affirmant n'avoir prononcé aucune insulte depuis un moment. Oui, tout ça juste pour pouvoir contredire quelqu'un. Qu'importe. Son excuse serait sa consommation d'alcool, c'est tout... Et puis, insulter quelqu'un n'était pas la pire chose qu'elle avait faite en étant totalement ivre. Alcoolique? Oui, un peu. Elle était un peu alcoolique, un peu trop penchée sur la bouteille. Elle buvait trop, elle le savait. Elle s'en foutait. Cela dit, elle avait besoin de s'asseoir. Parce que ça tournait, tournait, tournait là-haut et qu'elle allait finir par se casser la gueule. Autant se poser de son plein gré. Ce qu'elle fit, se laissant glisser contre le mur jusqu'à ce que son derrière fasse la rencontre du sol. Pendant ce temps là, Sixtine s'attelait à sa réponse. Milan était donc son partenaire. Ah ouais? Par contre, Síomha devait-elle s'inquiéter du fait qu'elle sache pour ce qui s'était passé sur la terrasse? Bof, pas vraiment, sans doute. « Tu aurais tort de ne pas profiter de ton statut de partenaire pour le baiser, toi aussi. » fût tout ce qu'elle trouva à dire, entre deux gorgées rapides de vodka. « Il est sexy. » Pas que « sexy », mais genre ultra sexy. Enfin, il n'était pas dans sa liste des mecs avec qui elle devait baiser dans ce château pour rien. D'autant plus qu'il était carrément bien placé. Elle ne dévoilerait pas les places exactes pour ne pas faire de jaloux (trop attentionné de sa part, c'est clair), mais le jeune homme était vraiment bien placé. Place toute méritée, d'ailleurs. Et rien que de repenser à ses lèvres, son torse, ce coup de rein... « Tu sais dans quel lit il dort, ce soir? » pensa-t-elle tout haut. Elle avait envie de baiser maintenant, c'était malin. Toutefois, elle n'avait pas besoin des indications de Sixtine, quelque chose lui disait qu'elle pourrait facilement trouver le plumard dans lequel il dormait. Ses pensées s'étaient juste égarées dans la conversation. Elle les éloigna d'un haussement d'épaules. Avoir assez bu? Non, connait pas. Partager? Non plus. « Pourquoi? T'es pas assez futée pour te tourner et attraper une bouteille? » demanda-t-elle en un regard accusateur, sourcil arqué. Même bourrée, elle ne partage pas. Eh non.

Je m’étouffe presque à sa remarque, pourtant prévisible. Je n’ai pas vraiment envisager de me jeter sur Milan, même s’il est vrai que je me suis permis quelques coups d’œil en direction de son jean pendant qu’il me tournait le dos. Traduction : j’ai maté sa jolie paire de fesses, et en me mordant la lèvre en plus. Ouais bon, les mecs lorgnent bien sur nos décolletés, et puis ce n’est pas le seul qui a eu le droit à ce ‘privilège’. Tant que je peux mater, je ne me gêne pas vraiment. En ce qui concerne le reste, on peut dire que je ne m’encombre pas habituellement du genre de règles stupides qui préconisent ‘jamais au premier rendez-vous’ ou ‘jamais bourrée’. Souvenez-vous, je n’ai pas le temps, alors quand l’occasion se présente j’hésite rarement. C’est juste que là j’ai davantage de scrupules. Ce sont des gens que je côtoie tous les jours, et généralement mes coups d’un soir ne repassent jamais la porte de mon appartement. Ici c’est différent, mais sans compter cette promiscuité journalière, il y a bien sur les caméras. Et même si je ne suis pas la plus pudique des jeunes femmes, pas question de baiser avec des milliers d’yeux braqués sur mon popotin, un bout de mes seins, et qui seraient capables de se livrer à des pratiques douteuses pendant que je m’envoie en l’air. Pour ça, y’a les pornos. Bref. Un frisson me parcourt à cette idée tandis que j’esquisse une petite grimace. « Contrairement à toi, je n’éprouve pas un besoin irrépressible de sauter tous les mecs mignons qui croisent ma route. » Mec ou pas mec d’ailleurs. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai l’impression qu’elle ne s’encombre pas de détails comme l’identité sexuelle de l’autre. Fille, garçon, pourvu qu’il soit à son goût elle doit en faire son quatre heures quoi qu’il arrive. N’en pêche, déjà qu’elle semble à l’aise dans ce château, je me demande à quelle fréquence elle pratique le sport de chambre, à l’extérieur. Je souris vaguement, puis m’accroupis devant elle. Au moins elle ne s’est pas assise sur les bouts de verre, ce qui aurait facilement pu arriver dans l’état où elle est. « Ceci dit je le conçois, il est plutôt beau gosse. Comme pas mal de candidats. T’as l’intention de tous te les faire ? » Je hausse les épaules, mon interrogation n’a rien d’un reproche ou d’une méchanceté. Simple curiosité. Ouais, je dois bien avouer qu’il y’en a bien quatre ou cinq que je ne ferais pas dormir dans la baignoire. Je réfléchis un moment, les yeux perdus, le regard presque vitreux. Cependant la demoiselle m’interroge à nouveau. Visiblement cette discussion alliée aux vapeurs de Vodka a réveillé ses hormones. Je n’ose pas lui dire qu’elle ferait mieux de s’abstenir au vue de son haleine alcoolisée. Non pas qu’elle mérite tant d’égards, mais je ne suis pas d’humeur pour une petite gueguerre où fusent les piques. Si elle veut m’insulter, me frapper, qu’elle fasse. De mon côté je ne riposterai pas. Sauf si elle tente une attaque avec la bouteille, là c’est autre chose . . . « Son nouveau partenaire risque de ne pas aimer que tu t’incrustes dans leur pieu. M’enfin, ça peut toujours déboucher sur un plan à trois, sait-on jamais. » Je lui jette un regard taquin, un sourire prenant possession de mes lèvres. Il aurait du être avec Enya, mais étant donné qu’elle a décidé de quitter le château j’ignore totalement de qui il a temporairement hérité pour la semaine. Quel qu’il soit, ça m’étonnerait qu’une blonde qui débarque subitement le ravisse, mais on ne sait jamais. Elle m’envoie sur les roses pour le partage, je n’arriverais pas à lui faire diminuer sa consommation aussi facilement. Bof, après tout si elle veut se mettre minable cela ne tient qu’à elle. Je ne suis pas sa mère, ni sa sœur. Je me relève, attrapant une bouteille de rhum qui trône sur une étagère. Autant l’accompagner, non ? Je dévisse le bouchon et engloutis trois bonnes gorgées qui réchauffent aussitôt ma gorge, non sans la gratifier d’un « radine » en m’installant par terre à mon tour.

Si Sixtine ne profitait pas du fait qu'elle dormait dans le même lit qu'un mec bien foutu pour s'envoyer en l'air avec lui, c'était qu'elle était encore plus stupide que la blonde ne l'aurait pensé. Si Síomha, elle, dormait avec autre chose qu'un morceau de bois qui s'est greffé des abdos, elle se ferait une joie de copuler autant qu'elle le pouvait. Malheureusement, elle devait se contenter de Sonny. Bon, il n'était pas dégueulasse non plus et s'il était le dernier homme sur la planète, elle devrait bien s'en contenter. Cela dit, pour le moment, dans ce château, il y avait un tas d'autres canons avec qui elle aimerait bien baiser avant de devoir se contenter de son partenaire. « Pas tous. » rectifia-t-elle, par pur esprit de contradiction. Non, elle ne couchait pas avec tous les mecs. Avec une bonne partie, oui. Mais regardez, elle n'avait pas profité de tous les corps masculins de ce château: elle n'avait couché qu'avec un seul, Milan en l'occurrence. C'était plutôt raisonnable, non? Elle trouvait que c'était même beaucoup trop raisonnable. Un seul mec en un mois. Qu'était-elle donc devenue? Triste vie. Malgré tout, Sixtine arriva à cette même conclusion: Milan était plutôt pas mal dans son genre. La blonde ne savait pas si elle le trouvait soudainement irrésistible parce qu'elle était bourrée ou parce qu'il l'avait baisée après trois semaines d'abstinence, mais qu'on ne se voile pas la face, elle voulait bien mouiller pour lui quand il voulait. Oh et oui, elle avait déjà une semaine et demi sans baise avant d'entrer dans le jeu. Elle ne savait pas ce qu'elle avait foutu, ni pourquoi elle n'avait pas baisé durant cette période, mais ce fût le cas. Passons. Si elle avait l'intention de tous se les faire? Oui. Non. Elle ne savait pas trop. Certains semblaient bien trop prude pour cela. « Peut-être. » pensa-t-elle à voix haute. Oui, peut-être. Rien n'était sûr jusque-là. Elle buvait une nouvelle gorgée de vodka quand sa camarade lui apprit que le partenaire actuel du jeune homme désiré n'apprécierait peut-être pas l'intrusion. Tss, c'était nul. Cela dit, c'est bien autre chose qui l'interpella. Un plan à trois? Pourquoi pas. « Et c'est qui, son partenaire pour la semaine?» Pas qu'elle refuserait si c'était une personne en particulier mais autant savoir dans quoi elle s'engageait. Enfin... vu l'état dans lequel elle était, elle n'allait sûrement pas réussir à quitter la pièce, mais elle pourrait toujours fantasmer et s'imaginer la scène avant de tomber dans un coma éthylique. Quant à sa bouteille, elle n'allait très certainement pas la partager. Déjà que le niveau d'alcool diminuait à vue d'œil, mais alors si elle faisait profiter Sixtine de sa vodka, elle n'osait imaginer le peu de temps que la bouteille durerait. De toute façon, elle trouva de quoi occuper ses lèvres, grâce à un généreux sacrifice: merci la bouteille de rhum. Comme ça, elles allaient toutes les deux pouvoir se bourrer la gueule. Problème résolu. Et pour ne pas changer les bonnes habitudes, Síomha resta silencieuse.

Pas tous, qu’on se le dise. Elle éviterait peut-être les gros coincés, les trop jeunes. Mais Milan, c’est clair et net comme de l’eau de roche. Elle se le tape, se le retaperait encore et encore si elle en a la possibilité. Information enregistrée. Note à moi-même : toujours vérifier la chambre avant d’entrer par surprise. En ce qui concerne les autres candidats elle reste énigmatique, visiblement elle se les représente tous à un par un avant de se déclarer. Elle n’a pas l’air d’envisager les mâles restants dans leur totalité. Je suis convaincue qu’elle ne s’encombre pas du respect pour les pseudo-couples déjà formés, la difficulté du challenge devant certains est sans doute ce qui la chiffonne et lui retire un simple peut-être. J’avale à nouveau ce liquide qui coule comme la lave du volcan dans ma trachée. Diable, je vais peut-être succomber à une combustion instantanée. Ce serait bête, quand même. Elle m’interroge sur la question du jour : qui est le partenaire de la semaine de Milan, celle ou celui qui a honteusement pris ma place. Il me faut quelques instants de silence avant de fournir une réponse convenable. « J’crois bien que c’est Lhoas. » Je réfléchis un moment, haussant les épaules. Sa réputation n’est plus à faire. C’est une sorte de Siomha au masculin, d’après les rumeurs, ne crachant jamais sur une possibilité de s’envoyer un l’air et ne rechignant pas au contact du sexe masculin. Par conséquent, tous les éléments semblent aller dans le sens de la blonde. « Finalement, tu as toutes tes chances pour un plan à trois. » Cette idée la réjouira sûrement, lui donnera peut-être la force de se lever, ou en tout cas d’imaginer ce qu’aurait pu être sa nuit si elle n’avait pas décidé de boire jusqu’au coma éthylique. Rien que cette idée constitue une punition pour ses excès. Je bois une gorgée supplémentaire, puis deux, puis trois. Une grimace passe sur mes traits, c’est vraiment meilleur avec une tranche de citron et un peu de grenadine. Même une feuille de menthe aurait suffi à faire toute la différence. Je regarde Siomha un long moment, mais je ne me résous pas à me contenter de l’observer dans le blanc des yeux en silence. Malgré son avarice de mots, elle semble m’en dire un ou deux par-ci par-là, autant en profiter pour tenter d’en apprendre davantage. Et pour ça, j’estime que le mieux est de rester sur son sujet de prédilection. « Si tu avais le choix là, tout de suite, si je pouvais me transformer en mec, ou pas d’ailleurs. Le prochain candidat sur ta liste ce serait qui ? »

Lhoas? Lhoas. C'était qui, déjà, celui-là? Parce qu'elle s'y perdait, entre toutes ces belles gueules et ces jolis fessiers. Il faut dire qu'elle avait fait sa liste selon l'allure du type et non à cause de son prénom. Quoique, c'était peut-être une information à prendre en compte? Après tout, un prénom pouvait en apprendre beaucoup sur une personne. Bref, Lhoas. C'était lequel? Oh, si, ça y est, elle voyait qui s'était. Il avait une réputation presque similaire à celle de Síomha. Quoique, non, puisque la belle était une salope, une pute même, mais lui devait être un homme curieux, quelqu'un qui aime les contacts humains. Oui, ça devait être ça. Mais en plus d'avoir un penchant pour la baise, il était clairement pas mal foutu. D'autant plus qu'il avait une bonne tête. Il était plutôt canon, en soit. Et comme le disait Sixtine, il était fort possible que le plan à trois soit une option envisageable. Elle se mordilla légèrement la lèvre inférieure face à cette idée. Un plan à trois avec Milan et Lhoas, elle signe quand vous voulez. Et rien que de savoir qu'ils dormaient tous les deux ensemble lui donnait l'envie de se glisser sous les couvertures pour qu'ils la prennent en sandwich. L'alcool accentuait encore plus son côté trainée, chaudasse prête à baiser avec tout ce qui bouge et qui est consentant. Elle n'allait pas terminer la soirée sans se retrouver dans un plumard avec quelqu'un, ça n'allait pas être possible autrement. Sixtine, quant à elle, semblait s'être fixé pour objectif de rattraper Síomha dans sa consommation d'alcool, puisqu'elle buvait à grandes gorgées. Deux filles bourrées, un cellier... il n'y avait pas cinquante milles possibilités. D'accord, elle allait calmer ses ardeurs, mais maintenant qu'elle avait parlé de deux mecs particulièrement sexy, genre regard de braise et tout, elle était excitée. Voilà tout. Et elle avait envie de s'envoyer en l'air, c'est tout. Sixtine n'allait pas en arrangeant les choses puisqu'elle demanda à l'irlandaise avec quel mec elle voudrait s'envoyer en l'air, là, tout de suite. Huh, question intéressante. Cela dit, elle hésitait. Si bien que les prénoms se bousculaient dans son esprit et qu'elle les disait tout haut, sans même vraiment s'en rendre compte. A croire que son esprit embrumé par l'alcool la faisait parler. « Lhoas. » Elle venait d'imaginer un plan à trois avec lui, alors, forcément... « Ou Cooper. » renchérit-elle. Il faut avouer qu'il était pas mal foutu. « Connor. » Ouais, il était pas mal non plus. « Syssoï. » Bon, outre sa ressemblance avec Ken, elle devait avouer qu'il était plutôt agréable à regarder. « Ou Franckie. » Dans le genre "je vais pervertir le petit naïf". « Ou même Artie. » Si on enlevait le fait que c'était un casse-couilles de première catégorie avec des manières insupportables, oui, peut-être. A croire qu'elle avait besoin de muscles saillants avant tout et d'une belle gueule rappelant la virilité. Ce n'était pas le cas, elle n'était pas difficile – sans blague! - mais ils étaient plutôt bien placés dans sa liste alors...

Mes réponses paraissent avoir l'effet escompté. Elle se livre sans doute à une évasion mentale dans son esprit tordu, et je tente un instant de me représenter ce qu’elle peut bien imaginer, me ravisant aussitôt. Non, c’est juste pas possible. Si je me mets à songer à ce genre de choses moi aussi, nous ne sommes pas sortis de l’auberge, l’alcool me tient suffisamment chaud. A nous entendre, les téléspectateurs doivent sérieusement s’inquiéter de notre libido. On soit s’apparenter à deux blondes en chaleur qui remplacent le frisson d’une bonne partie de jambes en l’air par une discussion sur le sujet, pour éviter la frustration de ne pas pouvoir assouvir leurs désirs immédiats. Siomha parce qu’elle est trop bourrée, et moi parce que j’ai quelques principes que j’enverrais bien au feu. Je suis quasiment prête à pousser la demoiselle dans l’escalier jusque dans la chambre plongée dans l’obscurité, puis à me jeter sur le premier candidat séduisant sur lequel mon regard se glisse. Ouais ouais, c’est beau de rêver. Je porte le goulot à mes lèvres dans une énième gorgée brûlante. La jeune femme m’énonce quelques prénoms à voix haute, ne se préoccupant pas plus de moi. Je suis assez d’accord sur les deux ‘‘C’’, mais pour le reste je dois émettre quelques réserves. Je n’oserai pas déflorer le pauvre Franckie, en plus ça doit être emmerdant de se retrouver au pieu avec un innocent complètement perdu. Quoique son secret c’est peut-être : je suis un acteur porno. Je ris un instant avant de me calmer, me rendant compte que ce n’est pas envisageable. Parce que ça a déjà été fait, la saison précédente. Dommage, ça aurait été passablement surprenant et amusant. Quant à Syssoï c’est simplement insensé. Je le perçois davantage comme un frère, un cousin, ce genre de relations familiales. Non pas que je n’ai jamais imaginé une rencontre bestiale, un plaisir sauvage et ‘‘incestueux’’ entre griffures, baisers passionnés et croche pattes. Mais bon, qui n’a jamais pensé à ce genre de trucs, hein ? Oh dieu, cette fille est d’une très très mauvaise influence ! Je n’avais pas réalisé avant d’entrer dans ce château que le contact humain me manquerait autant. D’habitude j’ai mon boulot, mes manifs pour me tenir occupée entre deux brèves rencontres. Mais là, les hormones en ébullition des candidats font des ravages. Je m’estimais épargnée par le phénomène, néanmoins je me rends compte que je ne suis pas si différente des autres. Peut-être même pire. « Ouais finalement, ce qui t’arrangerait ce serait que Cupidon organise un gang bang pour fêter la Saint Valentin ! » Inutile de mâcher mes mots, appelons un chat un chat. Je suis persuadée que Siomha ne me tiendra pas rigueur de mon langage, et que contrairement à Zhara par exemple, elle comprend parfaitement de quoi je parle. « Enfin, de toute façon je ne suis pas un métamophe, quel dommage. » Eh non, je ne peux pas modifier mon apparence selon mon bon vouloir. J’observe la jeune femme d’un œil brillant, réduisant considérablement le niveau de rhum de ma bouteille. A cette vitesse, je vais finir ivre morte sur les escaliers. Je décide de me taire pour boire en silence.