► Le 01 mars, 10h50, en compagnie de Franckie.
Síomha était-elle prise d'une crise de somnambulisme? Non. Du tout. Elle était parfaitement consciente de ce qu'elle faisait en cet instant. Disons qu'elle cherchait un moyen pour se divertir. A sa façon, bien entendu. Dans l'immédiat, elle ne savait ni ce qu'elle allait faire, ni comment, mais vous pensez bien qu'elle réfléchissait avec grand intérêt. Certes, son intérêt n'était pas si grand que cela. Passive? Oui, un petit peu. C'est cela qui fait tout son charme, n'est-ce pas? Mais bien sûr que si. Tout le monde l'aime rien que pour ça. Passons. Elle vagabondait dans les couloirs, à la recherche d'une autre âme en peine. Quoique, non, attendez. Elle ne recherchait pas spécialement un autre candidat. N'importe quoi. Punaise, elle était tombée sur la tête. Ne serait-ce que penser à chercher quelqu'un. Woh. Plus rien n'allait. Qu'importe. Elle continuait sa marche jusqu'à la prochaine porte. Porte qu'elle poussa. Porte qu'elle dépassa en quelques pas seulement. La chambre. Qu'est-ce qu'elle foutait dans la chambre? Bof, peu d'importance. Son regard eut vite fait de faire le tour de la pièce, repérant facilement toute trace de vie. Oh, tiens. Là. Un candidat. Franckie. Parfait. Quelques nouveaux pas quasiment silencieux et elle se trouvait près de son lit. Sans gêne, elle s'y allongea, laissant sa tête reposer sur ses mains. Elle captura le regard de son camarade, un air faussement innocent sur le visage. « On baise? » lâcha-t-elle finalement avec toute la délicatesse du monde. Elle ne perd jamais le nord. Eh non. Et dans le meilleur des cas, il serait partant pour perdre sa virginité avec la déesse du sexe, soit Síomha, bien sûr. Dans le pire des cas, Franckie bafouillerait, ce qui la divertirait l'espace de trente secondes. C'était déjà pas mal, n'est-ce pas?

J'étais là allongé, sur mon lit, cherchant une activité toute particulière à faire. J'avais lu, j'avais vagabondé, j'avais fait la poussière -vilain Cupidon- j'avais même passé l'aspirateur ce qui était une première pour moi. Le mode de fonctionnement de cet objet continuait d'ailleurs à m'échapper, devait on appuyer sur le premier bouton ou sur le second ? Et cette trompe étrange, à quoi pouvait-elle bien servir ? Chez nous on avait un petit robot qui se contentait de se cogner partout mais au moins lui, il faisait son travail. J'vous jure c'est n'importe quoi la technologie de nos jours... Je regardais d'un oeil distrait Siomha entrer dans la pièce sans pour autant y prêter une attention particulière. Oui enfin ça c'était avant sa proposition, bien entendu. « On baise? » mon sourcil droit s'arqua par automatisme. J'avais envie de rire, c'était affreux. Nous ne nous étions jusque là jamais parlé, ou du moins c'est ce qu'il me semblait. Il faut dire qu'il y avait tellement de monde dans cette maison qu'il en était déjà assez difficile d'en retenir les noms. Je plissais du nez tout en lui jetant un regard interrogateur. « Tu as conscience qu'on est dans un jeu suivi par je ne sais quel nombre de téléspectateurs ? » bon certes c'était une bonne manière d'apprendre les choses à certaines personnes maaaais... « Et tu as conscience que tu demandes ça à un chrétien n'est ce pas ? » un léger rire s'échappa de mes lèvres « C'était juste pour savoir. » lâchais-je alors d'un rien. Le plus étonnant et qu'elle avait dit cette énormité sur un ton tout à fait naturel. Mais où étais-je tombé... « Je suis Franckie. Et tu dois être Siomha... » s'était-elle déjà lassée de son Milan ? Remarque, vu son amabilité je la comprenais tout à fait.

Chassez le naturel, il revient au galop, comme on dit. Même si Síomha tentait de ne pas être elle-même, elle savait pertinemment qu'elle le redeviendrait en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Et que les choses soient bien claires: elle ne prévoyait pas d'être une personne différente de la personne qu'elle était véritablement. C'est donc tout naturellement qu'elle proposa une partie de baise à Franckie. Autant être directe, n'est-ce pas? Elle ne voyait pas l'utilité de passer par quatre chemins. Certes, elle aurait pu directement lui sauter dessus et capturer sauvagement ses lèvres mais elle ne souhaitait pas le violer. Et il risquerait de penser qu'elle était tombée amoureuse de lui: deuxième chose qu'elle préférait éviter. Puisque, non, elle n'était pas amoureuse de lui, bande de naïfs. L'attitude de petit puceau made in Franckie ne tarda pas à resurgir, lui assurant que l'émission était regardée par bien du monde. Soudainement prise par l'envie de se foutre de sa gueule, elle afficha une mine faussement choquée, comme pourrait le faire l'une de ces actrices bidons dans un film bidon avec des personnages bidons et un script bidon. « Non, impossible! » Comme si elle était la blonde qui ne capte rien à rien, vous savez. Tss. Bien sûr qu'elle savait qu'elle avait déjà fait trois sex tapes depuis son entrée dans le jeu. Et honnêtement, elle s'en foutait comme de sa première chemise. Il lui fit alors part de sa religion. Génial, elle s'en fout. Tout comme son visage, qui avait repris une expression bien plus naturelle, le laissait comprendre. « Vous, les chrétiens... vous devez bien vous faire chier. » soupira la belle. Oh que oui, ils devaient se faire chier. Être privé de baise... de son plein gré... Tss. « Ma réputation me précède. » ironisa-t-elle lorsqu'il découvrit sans aucun mal son identité. Il suffit que ça parle baise pour qu'on pense Síomha de toute façon. Ça lui convenait parfaitement cela dit, hein. Elle décida alors de s'allonger sur le dos, plutôt que sur le ventre. Et en un mouvement rapide, elle se retrouva à observer le plafond. « Et sinon, je me demande, tu t'es déjà branlé ou la religion te l'interdit ? » C'était une question comme une autre, après tout. Était-ce là un véritable intérêt ou juste une manière pour en retirer quelques bafouilles...? A votre avis?

« Non, impossible! » « Si, si, j'te jure. Fais coucou à la caméra ! » dis-je d'un même ton ironique en désignant la première à ma portée, coincée entre deux murs. Bon elle avait du comprendre que je me moquais plus d'elle qu'autre chose, non ? Sinon j'avais trouvé plus stupide que moi et pour le coup, je la plaindrais presque. « Vous, les chrétiens... vous devez bien vous faire chier. » un léger rire s'échappa de mes lèvres « Non, car tu vois y'a... » hum... minute de réflexion « Ouais, non, t'as pas tord. » abandonnais-je finalement. Lui expliquer que la littérature ou même le dessin pouvait valoir une bonne partie de jambes en l'air n'allait pas mener à grand chose. « Ma réputation me précède. » j’acquiesçais d'un hochement de tête sans pour autant l'enfoncer encore plus même si au final, je m'en fichais royalement de ce que pouvaient dire ou penser les autres de la jeune femme. Celle ci ne tarda pas à s'allonger alors que je lui lançais un regard interrogateur quant à sa prochaine question « Et sinon, je me demande, tu t'es déjà branlé ou la religion te l'interdit ? » je pouffais en silence, m'étranglant à moitié avec ma propre salive. Elle venait réellement de me poser cette question ? Marie, mère de Dieu... « Et toi... ça t'arrives de parler autre chose que de sexe ou de parties génitales ? » oui non car si ce n'était pas le cas... « Enfin, si ce n'est pas le cas, tes partenaires doivent bien vite s'ennuyer. » un léger rire s'échappa de mes lèvres « Et par là je ne dis absolument pas que tu es mauvaise dans le domaine qui me semble être devenu ta spécialisation. »

Ne vous inquiétez, elle était blonde, mais pas nécessairement conne pour autant et elle savait très bien qu'elle avait au moins cinq caméras braquées sur elle à ce moment précis. Et bien évidemment que non, elle ne fit pas un quelconque signe à la caméra. Elle avait ensuite affirmé que les chrétiens se faisaient bien chier dans leur vie. Eh bien, oui, pas de sexe, déjà. Pas d'alcool, elle supposait. Donc pas de fêtes. Comment occupaient-ils leurs soirées, sans déconner? Ils jouaient au scrabble. Ouais, ça devait être ça. Et puisque Franckie ne lui affirma pas le contraire, elle supposa qu'elle avait raison. Le pauvre Franckie devait bien se faire chier sans sa vie de tous les jours, entre sa prière du matin et sa prière du soir. Tss. S'il voulait, elle pourrait lui apprendre la dépravation et les plaisirs de la vie, qui se résumaient en trois choses faciles: le sexe, la clope et l'alcool. En gros quoi. Et, décidément bien curieuse, elle l'avait interrogé sur sa fréquence de masturbation. Eh bien oui, c'était permis ou non, par la religion? Oh allez, il pouvait être cool un peu Dieu, et leur laisser au moins ce plaisir, non? Franckie esquiva gentiment la question, interrogeant plutôt Síomha. Sauf que non, on ne parle pas de Síomha là, on parle de Franckie. Oh allez, qu'il se réjouisse, ce n'était pas souvent qu'elle demandait quoi que ce soit à qui que ce soit. Elle commença par lever les yeux au ciel, avant de reporter son attention sur son camarade. « C'est pas une réponse, ça. Il n'y a que deux réponses possibles: oui ou non. » Eh bien oui, qu'il essaye pas d'esquiver davantage la question non plus. « Quoique, vu que tu ne dis tout simplement pas que non, c'est que tu dois avoir honte de t'être touché une fois, ou même plus d'une fois et que, donc, tu n'oses pas l'avouer. Tu sais, Dieu a les yeux partout. Même dans les toilettes ou sous tes couvertures ou peu importe où tu te caches pour te branler. » Avouez, tout de même que son raisonnement tenait la route. Et puis, il pouvait l'avouer à Síomha, ce n'était clairement pas elle qui irait le juger.