COOPER

Je ne sais pas quelle mouche m’a piquée pour que je me lève aussi tôt. J’ai étrangement dormi comme un bébé, ne bougeant presque pas, les considérations liées au jeu me passant totalement au dessus de la tête. Plus de nominations, plus de départ/cafouillage entre la production et Syssoï, plus de visages tristes ou réjouis face à la disparition des candidats. Le château se vide petit à petit de ses habitants, et je commence à regretter de me retrouver si loin afin d’assister à l’évolution parfois négative de cette aventure. Cependant je garde bien en tête mon objectif principal duquel je ne dois dévier pour rien au monde : le jackpot. Je débarque donc dans la salle de sport plus déterminée que jamais, prête à reprendre la chasse aux secrets comme dans les premières semaines. Je ne dispose pas encore de la somme requise pour buzzer, néanmoins cette observation ne m’empêchera pas de me plonger dans les placards des autres afin d’y dénicher quelques squelettes. Pour cela, quoi de mieux que reprendre un entraînement physique intense, nécessaire au bien-être qui me manque cruellement depuis un peu plus d’une semaine. Mens sana in corpore sano, on va commencer par la fin. Je pose mes fesses sur un banc de musculation, glissée dans un short jaune fluo ainsi qu’un t-shirt bio orange, une association qui fait mal aux yeux mais typiquement Sixtinienne. Je m’allonge avant d’attraper la barre dont les deux extrémités sont clouées par des poids, la soulevant avec une certaine difficulté. Ma résolution permet l’exploit de la maintenir quelques secondes au dessus de ma tête, cependant elle ne résiste pas longtemps et la barre vient écraser les os à l’entrée de mon cou. J’écarquille les yeux, soufflant une injure dans le silence, usant de toute la force dont je suis capable pour me défaire de l’emprise de cet objet inerte, agitant vainement mes jambes dans les airs. Nom de dieu, je vais mourir étouffée sous une barre de muscu, tour ça parce que j’ai voulu me la péter en soulevant des poids beaucoup trop lourds. En fait je n’ai même pas pensé à regarder, je ne suis qu’une pauvre cruche. J’ai le visage qui vire au rouge, les muscles tendus au maximum pour empêcher la barre de m’étrangler trop vite. Adieu monde cruel. Je ferme les yeux, reprenant espoir lorsque j’entends la porte s’ouvrir. Dieu existe ? Je balance mon pied dans la bouteille d’eau qui git sur le sol, poussant un petit grognement, sorte d’appel à l’aide, distinguant du coin de l’œil le candidat qui vient de faire son apparition. Bon finalement, je vais peut-être crever.

Une fois de plus, ma nuit a été très courte. Dans la nuit, je m'étais baladé dans le parc, où j'avais fais une agréable rencontre en la personne d'Evey. Rassurez vous, on ne s'était pas approché, non non, on l'avait joué Roméo & Juliette, la demoiselle étant au balcon. Bref, après cette petite escapade nocturne, dû à mon incapacité de trouver le sommeil, j'étais allé me coucher vers 2h30. Oui mais voilà, problème : à 7h00, je dû me lever pour aller aux toilettes. Et après ça, plus moyen de retrouver les bras de Morphée. Et merde. L'intérêt de faire la grasse mat' et se lever très tard, c'était que la journée était plus courte du coup. Moins d'heures à se faire chier. Parce qu'il fallait l'avouer : qu'est ce qu'on s'emmerdait par ici. Du coup là, je sentais que la journée allait s'écouler trèeees lentement. Un petit tour par la douche, une pause clope et café, et je décidai d'ailleurs m’entraîner un peu à la salle de sport. Quoi faire d'autre de toute manière ? Il n y avait pas vraiment âme qui vive par ici. J'avais bien vaguement croisé Sixtine, mais c'était tout. C'est vêtu d'un short et Tshirt que je pénétrai dans la pièce, que je m'attendais à voir vide. Mais là surprise, une petite chose fluo était en train de se débattre sous une barre de muscu. Ça pourrait être comique si elle n'était pas en train de réellement se faire écraser la trachée. Il faudrait peut être que j'aille l'aider non hm ? Parce que bon, ma détermination était très forte pour gagner ce jeu, et se débarrasser d'une sérieuse concurrente (qui voulait ma peau en plus), serait pas mal. Mais peut être pas au point de la voir mourir hein. Y avait des limites. Je m'empressai donc d'aller secourir la demoiselle en détresse, attrapant la barre qui la coinçait, comme si ça ne pesait quasiment rien, et la replaçai sur les deux piliers.  « Ça va ? » demandais je légèrement inquiet mine de rien. Mais juste un touuut petit peu.  « Tiens, bois de l'eau » dis je en lui donnant ma propre bouteille. « C'est ça qui arrive quand les enfants veulent jouer avec les affaires des adultes. » Sa maman ne lui avait donc rien enseignée ?

A cet instant présent, écrasée par une barre de musculation, je suis assaillie de remords. Je n’aurais jamais du dire que ce slip rose lui appartenait, je n’aurais jamais du tenter de l’étrangler avec une ceinture dans le cimetière, je n’aurais jamais du le nominer pour lui mettre une fessée, je n’aurais jamais du . . . J’crois que c’est tout en fait. Parce que la seule personne susceptible de me sauver d’une lente agonie cherche dans le même temps à m’éliminer, tout comme je me méfie de ses petites stratégies de fouine en essayant à l’éradiquer du tableau. Une bonne petite rivalité version FAKE LOVER, qui pourrait bien me mener à ma perte. Cependant, poussé par un élan soudain de pitié, le jeune homme décide que ce n’est pas une façon de quitter l’aventure. Je me redresse aussitôt comme si on venait de me balancer un sceau d’eau pour me réveiller, crispant mes doigts autour du banc. Je murmure un faible « Merci » qui reste à moitié coincé dans ma gorge douloureuse. Bon sang, je n’y croyais plus. Je m’empare de la bouteille qu’il me tend, lui jetant un œil suspicieux quelques secondes, observant le regard de Cooper. Non c’est bête, s’il tente de m’empoisonner il ne me sauverait pas la vie, pas vrai ? Quoiqu’un produit incolore est plus utile pour se débarrasser de quelqu’un, plutôt que rester inactif en le regardant souffrir. Dans le premier cas, il peut s’en sortir devant les tribunaux. Je souris finalement en secouant la tête, bon sang je suis vraiment timbrée du bocal. J’avale cinq grandes gorgées d’eau, m’étouffant presque à nouveau. Bon, il aurait peut-être mieux valu y aller doucement, comme les gens affamés pendant des mois qui se précipitent sur un gueuleton au risque d’y laisser la peau. « Ah ah ah. J’suis beaucoup plus musclée qu’il n’y paraît figure-toi. Je te ratatine quand je veux. » Je lève mon bras dans les airs, le repliant légèrement dans l’espoir de faire apparaître une petite bosse. Mais à la place, on ne distingue qu’une faible vague. Bon d’accord, je ne suis pas spécialement bodybuildée. J’esquisse une petite moue déçue, lui rendant sa bouteille. « Dis-donc tu t’y prends tôt pour parfaire ton corps de rêve. T’y vas quand personne ne peut te voir pour faire style : oh non, c’est naturel chez moi. » J’emploie un ton grave pour ma dernière phrase, haussant les sourcils en affichant un sourire Colgate. Je crois bien que c'est la deuxième fois que je lui parle de son corps, ça craint.

Sixtine me remercia. La moindre des choses, je venais tout de même de la sauver d'une mort certaine. Il fallait quand même être inconsciente pour tenter de soulever autant de poids, quand on savait la force de mouche qu'elle devait avoir. Par une heure si matinale en plus, où il n y avait pas âme qui vive. Elle avait bien de la chance que je passais par là à ce moment précis. Certes, un technicien l'aurait probablement secouru à un moment donné ou un autre, mais bien plus tardivement, le temps d'abord d'avoir toutes les prises de vue qu'il fallait. Lorsque je lui tendis ma bouteille d'eau, elle paru suspicieuse. Quoi ? Croyait elle que j'avais empoisonné l'eau ? Bien sur, après l'avoir aidé, j'allais tenter de l'assassiner par une voie bien plus discrète. Et puis je savais pertinemment qu'elle se mettrait au sport à cette heure si matinale n'est ce pas. Elle finit par céder, buvant à grandes gorgées comme si ça faisait une éternité qu'elle ne s'était pas hydratée. Résultat des courses : elle manqua de s'étouffer. Décidément, ce matin, la jeune femme brillait par son intelligence. « Ah ah ah. J’suis beaucoup plus musclée qu’il n’y paraît figure-toi. Je te ratatine quand je veux. » Et là, il semblerait qu'elle tenta de me montrer de qui devait être ses muscles. Mouais.  « Grand dieu, je tremble déjà face à ta piqûre de moustique » Ouais, parce que ça ressemblait plus à ça qu'autre chose. J'en convenais que sa tentative ratée de m’impressionner était tout de même amusante. Je récupérai alors ma bouteille. « Dis-donc tu t’y prends tôt pour parfaire ton corps de rêve. T’y vas quand personne ne peut te voir pour faire style : oh non, c’est naturel chez moi. » Mon corps de rêve ? Mais dites moi, elle en avait après ma plastique ! Je ne comptais même plus le nombre de fois où elle en faisait la remarque. Sans compter sa magnifique prose sur mon blog.  « Je plaide coupable, tu m'as percé à jour » Trop forte la Sixtine.  « Mais c'est seulement pour toi que je m'entraîne tu sais. » dis je un sourire aux lèvres.  « Tu sembles tellement charmée par mon corps, que je ne veux pas te décevoir. »

Han, il continue de se moquer de mes beaux petits muscles, il mériterait que je lui fasse une belle prise de Krav Maga. Avec le cul par terre, pas sûr qu’il sous-estime plus longtemps mes compétences. Mais je suis encore épuisée par ce combat avec la barre de musculation, aussi je décide d’y renoncer pour le moment, abandonnant l’idée satisfaisante de le voir ramper sur le sol. Tu sembles tellement charmée par mon corps, que je ne veux pas te décevoir. « Trop aimable. » C’est marrant, j’aurais parié le contraire. Enfin, il ne fait que plaisanter n’est-ce pas, je ne suis pas assez idiote pour croire qu’il sculpte ses abdos dans l’espoir de me contenter. Un sourire étire le coin de mes lèvres tandis que je croise les bras sur ma poitrine. « Enfin c’est bien beau d’être bien foutu, mais encore faut-il que le reste suive . . . » Non parce qu’Evey a clairement affirmé à qui veut bien l’entendre que Baptiste est le mieux placé pour être le plus satisfait du château. Je me demande si sa fierté en a pris un petit coup, les mecs sont parfois un peu sensibles quand on s’attaque à leur virilité, pour ne pas dire autre chose. De toute manière ça ne sert à rien d’être le meilleur coup du siècle si on est con comme ses pieds. Attention, je ne dis pas que Lhoas l’est, je le connais à peine le bougre. Bref, c’est juste histoire de le taquiner un peu, aussi je lui lance un regard de défi, haussant les sourcils. « T’as envie de le gagner ce fric, pas vrai ? » Ca sort de nulle part, comme d’habitude avec moi, et je me rapproche de sa silhouette en avançant sur le banc. J’ai cru remarquer qu’il est un opposant tenace et déterminé, plus sans doute que certains qui ne sont là que pour l’expérience d’une telle aventure. J’avoue que ça m’intrigue, parce qu’étrangement ça se fait rare dans une émission où l’on s’attend à ce que ça pullule. « Pourquoi ? Qu'est-ce que tu en ferais ? » Je le fixe de mes iris bleus, tentant de percevoir la moindre petite réaction susceptible de trahir une émotion. Je crains qu’il me réponde que du pognon c’est toujours bon à gagner, mais étrangement je l’imagine en avoir un besoin bien supérieur à un simple désir de renifler l’odeur des euros.

 «Enfin c’est bien beau d’être bien foutu, mais encore faut-il que le reste suive . . . » Haha. Mais je savais très bien me servir de mon corps. Elle n'avait qu'à demander à Evey. Demoiselle qui avait affirmé à qui voulait bien l'entendre que j'étais un meilleur coup que Lhoas, pas l'inverse hein.  « Ne t'en fais pas pour moi va. Je n'ai à ce jour pas encore reçu de plaintes. » répliquais je un sourire aux lèvres. Notez que je m'étais retenu de lui dire que pour le meilleur moyen qu'elle sache, c'était encore qu'elle essaye elle même. Faudrait pas choquer les oreilles innocentes. « T’as envie de le gagner ce fric, pas vrai ? » me demanda t'elle alors. Question qui sortait de nul part, m'enfin je commençais à m'y faire à ses brusques changement de sujet.  « Evidemment. » Quelle question. Bien qu'il est vrai, cela n'était pas une évidence pour tout le monde. Certains dans ce château étaient déjà assez friqués comme ça pour ne pas en rajouter. Genre le lord. « Pourquoi ? Qu'est-ce que tu en ferais ? » La voilà bien indiscrète.  « Je m'achèterais une Porshe pour frimer » Qu'est ce que ça pouvait bien lui faire ce que j'en ferais ? Finalement je concédai à lui dire la vérité, au lieu de mes conneries habituelles.  « J'aiderais ma famille à sortir de la pauvreté. Améliorer leur style de vie. A commencer par ma mère. Lui trouver un appart' dans un meilleur quartier. » Bon sang, il y avait tellement de choses que je pourrais faire avec le pactole. Ça changerait ma vie et celle des miens, vraiment.  « Petit problème, certaines personnes semblent me mettre des bâtons dans les roues. » dis je en vrillant mon regard dans le sien.  « Tu m'as nominé une nouvelle fois la semaine dernière, pas vrai ? » C'était presque une affirmation de ma part. Bien que je n'en étais pas sur, je la soupçonnais fortement. Il n y avait aucuns reproches dans ma voix, je voulais juste en avoir le cœur net.

Pas reçu de plainte, c’est une bonne chose à savoir. Euh ouais bon en fait je m’en fous un peu, si si putain ça va, je ne rêve pas de son corps à toute heure du jour et de la nuit. Juste un peu parfois, quand je l’aperçois du coin de l’œil se diriger vers la grange ou la piscine dans une tenue plus légère que d’habitude. Ca va, toutes les filles le font, non ? Je passe mon avant-bras sur mon front, reprenant finalement une respiration assez régulière. Je me masse la gorge, parce que j’ai une petite douleur qui persiste, écoutant attentivement ce qu’il ferait de ses gains. Je souris d’abord, l’imaginant parfaitement au volant d’une magnifique Porshe, mais il n’a pas besoin de ça pour attirer des filles dans ses filets. Finalement il me donne sa véritable motivation, et je ne peux m’empêcher de lui être reconnaissante. Il n’était pas obligé et je note que lui et moi, on se ressemble plus que je n’aurais pu l’imaginer. Je penche la tête sur le côté, me mordillant la lèvre lorsqu’il me désigne comme étant une ‘‘metteuse d’obstacles’’ sur son chemin. Bah je ne suis sans doute pas la seule, il n’aurait pas été parmi les nominés sinon. Je hausse finalement les épaules. « Ouais. » Je concède, ne lâchant pas ses yeux de mon regard. Je n’ai pas l’intention de lui mentir, ce serait stupide et lui manquer de respect. Moi aussi, je suis du genre sincère, pas question de changer mes habitudes au risque de susciter son ressentiment. De toute façon, j’imagine que cette révélation ne change pas grand-chose. Je baisse les yeux un instant, pinçant les lèvres. « Mais je t’avoue que si c’était à refaire, je n’agirais peut-être pas de la même façon. » Je ne tente pas d’amoindrir mon choix ou quoique ce soit, c’est juste que la bouille d’Esther m’a presque fait regretter d’avoir nominé son couple. En plus, aussi bizarre que ça puisse paraître, ça ne me dérangerait pas de le voir gagner. Parce qu’au moins il ferait quelque chose d’utile de son fric, et qu’il est certainement dans ce château l’une des personnes les plus franches. Mais ça, pas question de le lui confier. « J’ai tendance à me laisser emporter par mes émotions tu vois, impulsive. » Et ça peut me servir autant que me desservir. Je n’ai cela dit aucun regret, j’ai pour habitude d’assumer chacun de mes actes. Je ne dis pas non plus que je ne recommencerais pas par la suite de l’aventure si j’ai la chance de rester, mais pour l’instant je vais sans doute le laisser tranquille. « Cela dit je le referais certainement au moment opportun si je reste, et j’imagine que tu ne te gêneras pas non plus, pas vrai ? » Je me lève, me plaçant juste devant lui, mon regard toujours planté dans le sien, les yeux légèrement plissés. Il l’a peut-être déjà fait lui aussi, de toute façon.

« Ouais. » Bien. Au moins ceci avait le mérite d'être clair. La jeune femme se montrait franche, j'appréciais. « Mais je t’avoue que si c’était à refaire, je n’agirais peut-être pas de la même façon. » Tiens donc. Et quelque chose me disait que ce n'était pas à cause de mes beaux yeux qu'elle ferait les choses différemment. Elle m'avait nominé moi, et pas ma partenaire. Du moins je l'imaginais aisément. Un dommage collatéral. Et il y avait fort à parier que c'était le cas de beaucoup de monde. Fallait croire qu'Esther n'avait pas tiré le gros lot en tombant sur moi. Peut être en étant pairé à quelqu'un comme Franckie par exemple, elle n'aurait jamais eu à être sur la sellette. « J’ai tendance à me laisser emporter par mes émotions tu vois, impulsive. » Je voyais très bien ce qu'elle voulait dire. Impulsif je l'étais.  « Seulement tu as eu tout le temps de réfléchir dans cette pièce secrète » N'allez pas me dire que là, elle s'était laissée entraîner par ses émotions. Je commençais à croire qu'elle désirait vraiment me voir partir. Remarquez ce n'était pas un peut être, ça devait l'être réellement. Sinon elle ne m'aurait pas nominé par deux fois. Chose que j'avais un peu de mal à saisir. D'ailleurs, c'était deux fois connues, mais qui savait si elle ne l'avait pas fait toutes les semaines tiens.  « T'es bien plus stratège qu'on ne pourrait le croire. » Cela pourrait sonner comme un défaut, mais pas venant de ma part.  « Le fait que t'ai nominé Evey en face de moi par exemple, j'ai un peu de mal à le voir comme une coïncidence. » Qu'elle ne vienne pas me faire croire que ce n'était pas réfléchi, et que ma relation avec la demoiselle n'avait aucun lien. Parce que là, j'aurais franchement dû mal à le gober. Une chose était sure : ses plans avaient foirés. Heureusement pour moi. « Cela dit je le referais certainement au moment opportun si je reste, et j’imagine que tu ne te gêneras pas non plus, pas vrai ? » J'hochai la tête.  « Tu as tout à fait raison. » Et je n'hésiterais pas à le faire s'il le fallait. Pas besoin de s'en cacher.  « Ceci dit, pour le moment ça n'a jamais été dans mes plans, et ça ne l'est toujours pas. » Contrairement à elle, je ne l'avais pas nominé une seule fois. Et je ne le planifiais toujours pas dans le futur. Si à la base, c'était parce que je l'aimais bien, à présent ce qui m'en empêchait, c'était de la pure stratégie. Mes fesses étaient en danger chaque semaine, alors pourquoi risquer de mettre face à une moi une sérieuse concurrente ?

Je laisse un sourire éclairer mon visage à sa première remarque. Vrai. J'ai agi sous le coup de l'émotion la seconde fois, mais pas la première. « Tu ne m’as parlé que de la seconde semaine, mon cher Cooper. Mais dans la pièce secrète, c’était absolument stratégique. » Ouais bah, je ne vais pas le nier non plus, ça ne servirait à rien. Je ne vais pas me jeter à ses pieds en implorant son pardon, de toute façon c’est un vrai joueur, et donc le plus à même de comprendre mon raisonnement. Je hausse les épaules, hésitant à ajouter quoique ce soit. Cependant je juge que puisqu’il le sait, autant poursuivre dans les détails. « J’ai vu ton petit air satisfait sur l’écran de télé après mon départ, et je me suis dit ‘‘ouh putain il est dangereux lui’’. Le lendemain je me suis rendue compte que tu avais ta récompense, et je me suis dit que je ferais d’une pierre deux coups : ne pas te faire oublier qu’on est plusieurs à viser le pactole, et te faire cramer ton avantage. » Et non le faire dégager, parce que dans mon esprit, même s’il avait conservé sa récompense, il serait resté. Enfin j’avais aussi planifié le retour de Lukas, donc en ce qui concerne les pronostics . . . Néanmoins si j’avais été à sa place j’aurais sans doute gardé ma récompense, son acte avait constitué à mon avis une grossière erreur de tactique, puisqu’au final ça n’avait pas servir à grand-chose. J’encaisse la suite non sans surprise, arquant l’un de mes sourcils en l’observant plus intensément. Sérieusement ? Je ne peux toutefois m’empêcher de sourire devant cette idée, même si je ne vois pas vraiment comment Milan ou moins aurions pu en tirer un avantage. « Là je t’arrête tout de suite, tu t’égares. Nous avions deux places de libres, et j’ai proposé quatre noms pour les boucher, quatre personnes avec lesquelles j’ai le moins d’affinités dans ce nid. Mais qu’est-ce qui te fait dire ça ? » Je ne comprends pas en quoi son histoire avec Evey aurait pu jouer un rôle dans mon choix, j’avoue que j’aimerais bien connaître son idée sur le sujet. De toute façon à l’époque ils n’avaient baisé qu’une fois, non ? Alors franchement, pour faire une association entre ces deux-là . . . Le fait est que si la jeune femme et moi avions partagé une ou deux conversations agréables, son nom ne serait pas sorti. Le hic, c’est que ça n’avait pas été le cas, que ça lui plaise ou non. « J’ai finalement éliminé deux noms par égard pour d’autres candidats proches de moi, Milan a choisi entre Evey et Lhoas, et j’ai pensé à Mélissa pour terminer. » Ca aurait très bien pu être Lhoas ce soir là, parce que c’est un autre candidat avec lequel je n’ai pas de liens particuliers. Ce n’est pas moi qui l’ai désignée au final, et j’aurais approuvé l’un comme l’autre. Je digère la suite par un hochement de tête, attrapant ma bouteille dos tombée sur le sol pour me désaltérer davantage. J’avale quelques gorgées qui me font un bien fou, plaçant ces informations dans un coin de ma tête. J’espère juste que ma franchise comblera sa curiosité, en tout cas je n’ai aucune difficulté à lui parler de ce qui s’est passé dans cette pièce. Après tout, ce n’est plus un secret pour personne.

« J’ai vu ton petit air satisfait sur l’écran de télé après mon départ, et je me suis dit ‘‘ouh putain il est dangereux lui’’. Le lendemain je me suis rendue compte que tu avais ta récompense, et je me suis dit que je ferais d’une pierre deux coups : ne pas te faire oublier qu’on est plusieurs à viser le pactole, et te faire cramer ton avantage. » Mon petit air satisfait ? Vraiment ? Bon d'accord, il se pouvait bien que j'avais dansé la zumba une ou deux minutes suite à son départ, mais c'était tout. Cela ne prouvait strictement rien voyons. Ceci dit plus sérieusement, il était vrai que peut être, son élimination m'avait réjouis. Oh ne faîtes pas les offensés. J'étais sur que tout le monde avait pensé la même chose que moi. Une sérieuse concurrente en moins. D'ailleurs je vous avouerais que ça m'avait fait le même effet pour Syssoï. Encore pire, dans la mesure où je n'aimais pas ce type. Mais je n'avais malheureusement pas pu me réjouir bien longtemps, puisque monsieur avait mystérieusement réintégré l'aventure. Il avait couché avec le petit ange joufflu ou bien ?  « Merde, moi qui croyait être meilleur comédien » En même temps je ne m'en étais pas vraiment caché. Je décidai de ne rien dire quant au fait de cramer mon avantage. Milan m'avait dit le contraire, qu'ils avaient justement oublié ce détail. Qui croire ? M'enfin peut importait. « Là je t’arrête tout de suite, tu t’égares. Nous avions deux places de libres, et j’ai proposé quatre noms pour les boucher, quatre personnes avec lesquelles j’ai le moins d’affinités dans ce nid. Mais qu’est-ce qui te fait dire ça ? » Mouais, ça se tenait plus ou moins. N'empêches, quelle chieuse. Elle avait grillé mes projets en me nominant si tôt, et face à Evey. Ce n'était pas de cette manière que j'aurais voulu utiliser mon pouvoir. Déjà j'aurais adoré nominé une grosse tête à ma place. Mais non tsss. Pourquoi son choix ne s'était il pas porté sur Lhoas ? Là peut être que j'aurais tenté ma chance... Je ne sais pas. Bah de toute manière, ce qui était fait, était fait.  « Je ne sais pas. Je trouvais ça suspect que parmi la vingtaine de candidats, je me retrouvais en même temps en face d'elle. Mais peut importe » J'avais eu mes réponses, le sujet me semblait clos à présent.  « Et toi ? Qu'est ce que tu feras du fric si tu venais à gagner ? » Elle connaissait à présent mes raisons. A son tour de m'exposer les siennes.