► Le 20 mars, 12h58, en compagnie de Lhoas.
Quel jour était-ce, déjà ? Lundi ? Non. Elle était presque certaine que le lundi était déjà passé une fois récemment. Genre, le jour d'avant. C'était sûrement mardi. Oui, sûrement. Quoique, au fond, ça importait peu. Prise d'une envie soudaine d'aller dans la bibliothèque, elle se dirigea vers la fameuse pièce qui accueillait des dizaines et des dizaines de bouquins. Loin d'elle la volonté de lire, elle ne souhaitait que squatter le canapé confortable qui régnait dans la pièce. Elle ouvrit la porte. Referma la porte. Et son regard tomba sur le canapé. Occupé. Soupir. Lhoas. Qu'est-ce qu'il faisait ? Elle n'en savait rien. Et elle s'en foutait. Elle aimerait juste qu'il dégage. « Tu pleures ? » qu'elle lança, son ton étant, comme d'ordinaire, las et dénué de vie. Elle ne se réjouissait pas de son malheur, loin de là. Elle trouvait juste ça ridicule. Elle voyait difficilement comment c'était possible de s'attacher à ce point-là à quelqu'un, en seulement deux mois et en sachant pertinemment qu'il s'agissait d'un jeu et qu'il y avait beaucoup de choses cachées. A croire que l'être humain avait un besoin irrépressible de se lier à ses congénères pour tromper la solitude. Dieu merci, Síomha ne fonctionnait pas de la même façon et chérissait sa solitude. « J'ai tout un stock de mouchoirs non utilisés que je peux te filer, si tu veux. » Tellement adorable ! Elle était tellement gentille. Tellement. D'accord, elle était totalement ironique, c'est vrai. En même temps, comment pourrait-elle parler différemment ? Tss. Elle leva les yeux au ciel.

Le ventre plein, Lhoas avait bien envie de s'échapper quelque peu de ce monde et de se plonger dans un bon livre, histoire d'oublier sa vie réelle quelque seconde. Se déconnecter du monde, carrément. Il se retrouva seul et ferma la porte derrière lui dans la bibliothèque. La pièce étant éclairée par le soleil entrant par la fenêtre, Lhoas dénicha un livre assez digne d'intérêt et s'installa dans un sofa près de la fenêtre, profitant de la lumière solaire pour éclairer son livre. Une fois plongé dans son livre, le calme fut maître de la pièce, pendant une dizaine de minutes seulement. Fallait encore que cette blonde écervelée vienne dans cette pièce, à ce moment où Lhoas était posé, tranquille. Foutage de gueule, encore, comme d'hab pour la blondasse. « Tu pleures ? J'ai tout un stock de mouchoirs non utilisés que je peux te filer, si tu veux. » Lhoas releva la tête après la remarque de la jeune femme, une expression blasée sur le visage. Repointant son regard sur la page qu'il lisait, il n'importa que peu d'importance à la jeune femme. « Cause toujours, tu m'intéresses. » Il avait dit cela avec une voix terne, sans intoniation particulière, toujours plongé dans son histoire, Siomha ne l'intéressant guère.

Bon, sa petite remarque n'eut pas l'effet escompté. Ce qu'elle avait voulu, c'est qu'il lance un truc comme « espèce de conne, t'es vraiment qu'une pute » et qu'il se tire de la pièce. Et là, elle aurait eu le canapé rien que pour elle. Cela se serait révélé plutôt sympathique. Mais à la place de s'offusquer et de partir, il ne lui accorda que peu d'importance. D'un côté, tant mieux. Mais s'il pouvait lui accorder peu d'importance en dégageant, ça serait mieux encore. Haussant les épaules, elle alla s'asseoir, cela étant son but initial. Cela dit, c'était beaucoup moins plaisant que quand elle était seule. Déviant son regard vers le brun, elle le détailla un court instant. « On baise ? » Qui ne tente rien n'a rien, pas vrai ? Et puis, maintenant qu'il était débarrassé de l'autre abruti qui lui servait de copain ou de gigolo, elle n'en savait rien, peut-être allait-il redevenir la queue sur pattes. Sinon, eh bien, il risquait d'être terriblement chiant. Plus qu'il ne l'était déjà, oui. Les amoureux transis d'amour, non merci. Allez vous tuer comme des cons à la Roméo et Juliette et faites nous plus chier. Et puis, en dehors de l'aspect agréable d'une réponse positive, elle avait bien autre chose en tête. Ouais, si, là, il pouvait s'offusquer et partir...

La jeune femme, visiblement déçue de ne pas avoir énervé Lhoas, haussa les épaules puis alla s'asseoir dans le même sofa que Lhoas. « On baise ? » demanda-t-elle sans honte après avoir fixé Lhoas pendant deux bonnes longues minutes. Sûrement histoire de juger la marchandise. Visiblement, elle devait toujours être frustrée de s'être vue refusée du sexe auparavant. Elle ne devait pas aimer ce genre de refus, la femme fatale blonde. Enfin, c'était même pas une femme fatale, elle s'apparentait plus à une prostituée. Elle faisait ses petites courses, aguichait les mecs, hop elle baisait. Une prostituée, ouais. Mais gentille quand même. Un tout petit peu? Lhoas daigna tourner un oeil vers elle, la détaillant lui aussi à son tour. Puis replongea dans son livre. « Non désolé, pas maintenant. » Simple et efficace, casse-toi blondasse. Lhoas était plongé dans l'histoire de son livre - qui semblait encore plus passionnant depuis l'arrivée de la blonde - et comptait bien rester dans cet univers. Il sentit alors un regard appuyé sur lui. Il releva à nouveau la tête et ajouta « désolé, pas maintenant, je suis pas encore en manque à ce point-là. » Seulement deux jours d'abstinence, il savait encore tenir.

Prévisible. Comme elle s'en était doutée, il refusa à nouveau cette proposition. Elle allait finir par se vexer... ah, non, attendez. Non, Síomha s'en foutait pas mal. A la rigueur, si elle était vraiment en manque, elle ne doutait pas de pouvoir trouver quelqu'un pour baiser avec elle. Quoique, ce n'était pas là son envie principale. Elle avait juste besoin de solitude. Alors, bien sûr, pour cela, il lui suffirait de quitter la pièce, mais non. Elle préférait faire fuir les gens. Ne bougeant pas, Lhoas répéta son refus, comme si la blonde était sourde ou conne. Tss. « Oh, mais je n'insinue pas que t'es en manque. » Eh bien, non, tout de même, elle n'oserait pas. Ce qu'elle disait, par contre, c'est qu'ils devraient baiser. Ouais. Là. Maintenant. Sur ce canapé. Après tout, il ne suffisait pas d'être en manque, il fallait surtout en avoir envie, non ? Ce n'est pas comme s'il y avait des règles du jeu pré-établies en matière de sexe, hm ? « Je dis juste qu'on devrait baiser. » Voilà. Tout simplement. Rien de plus facile à comprendre que cela. C'est tout ce qu'elle suggérait dans l'immédiat. « Ça nous rendrait service à tous les deux. » Argument incontestable, hm ? Seulement voilà, c'était bien vrai.

« Oh, mais je n'insinue pas que t'es en manque. Je dis juste qu'on devrait baiser. » Putain ce qu'elle était coriace celle-là, elle pouvait pas simplement dégager de la pièce non ? Dans le genre blonde, dans le genre chiante, dans le genre collante et dans le genre je-lâche-pas-l'affaire, elle était médaille d'or hein. « Ça nous rendrait service à tous les deux. » Hm, là Lhoas n'avait pas bien compris. Rendre service ? Faire l'amour ne rendait service à personne, ça donnait juste du plaisir. D'ailleurs, Lhoas n'était pas pleinement convaincu que faire l'amour à une fille qui le lui réclame autant l'enchante vraiment au lit. Ça le ferait même chier, il n'y aurait aucune excitation puisque tout serait programmé, prémédité. Putain ce qu'elle était tenace quand même, c'était affolant. « Tu vas lâcher l'affaire après combien de temps ? » demanda Lhoas, comme s'il devait établir un pronostic, alors qu'il était dérangé dans sa lecture.

Ouais, ouais, rendre service. C'était exactement ce qu'elle comptait faire. Elle se rendrait service à elle-même déjà, puisque, c'était bien connu, elle adorait baiser. Et puis, elle devait entretenir sa réputation. Forcément. En ce qui concerne Lhoas, cela l'aiderait peut-être à être moins soporifique. Bah ouais. Parce que depuis qu'il jouait au type transis d'amour, franchement, il était chiant. Il avait lapidé sa belle réputation en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Une petite amourette et hop, voilà qu'il était totalement inintéressant. Il était bien plus drôle quand il avait la réputation de baiser tout ce qui bouge. Enfin, cela n'était que son avis, elle supposait. « Deux minutes après qu'on ait baisé, je pense. » Voilà quand elle allait lâcher l'affaire. Elle était du genre assez coriace et n'abandonnait pas si facilement que ça. Quoique, des fois, si. Tout dépendait en fait. Mais là, pour le coup, elle n'avait pas envie de lâcher l'affaire trop vite. C'était amusant d'essayer de faire craquer un homme, mine de rien. Surtout quand elle était certaine qu'il finirait par craquer. Eh bien oui, si les hommes pouvaient résister aux femmes, ça se saurait.

« Deux minutes après qu'on ait baisé, je pense. » Bon apparemment la blondasse ne lâcherait pas l'affaire. Pas tant qu'elle ne se ferait faite embrochée par Lhoas, dit vulgairement. À croire qu'elle aimait réellement et vraiment ça, la Siomha. Soit. Lhoas ferma alors son bouquin, mémorisant le numéro dans un coin de sa tête cependant. Premier acte qui faisait de preuve qu'il cédait aux implorations de la jeune femme. Il la regarda droit dans les yeux, l'oeil brillant. Un petit sourire. « D'accord, mais à une condition. » Un grand sourire. « Je commenderai tout l'acte sexuel et tu ne feras qu'obéir. » Grand grand sourire. « Sinon nada » ajouta-t-il avec un clin d'oeil.

Non, elle ne comptait pas laisser tomber si facilement. Elle n'était pourtant pas très butée comme nana. La plupart du temps, ça finissait en un haussement d'épaules, l'air de dire « ouais, peu importe » quand on en venait à lui refuser ce qu'elle souhaitait. C'est tout. Et encore, on ne pouvait pas dire qu'elle souhaitait beaucoup de choses. Non, loin de là. Elle ne désirait pas grand chose dans sa vie. Qu'importe. À défaut qu'il se casse et qu'elle puisse être tranquille, peut-être allait-elle pouvoir baiser alors bon, ça se valait. Après avoir fermé son bouquin, il accepta finalement à la condition qu'il choisisse tout ce qu'il se passerait. Ouais. D'accord. Bon, elle n'était pas conne et se doutait que cela cachait une embrouille. Ouais, ça semblait évident. Surtout qu'il craquait vachement vite. Elle n'avait même pas eu besoin de le chauffer quelque peu, il acceptait déjà. Mouais. Qu'il n'aille pas croire qu'elle était naïve. Et puis, bon, il ne lui ferait pas faire ce qu'elle n'avait pas envie de faire, c'était certain. Arquant un sourcil une seconde, elle le regarda face à cette condition saugrenue. Soit. Elle leva les yeux au ciel. Elle n'allait pas non lui dire un grand « oui, je ferais tout ce que tu veux », faut pas déconner non plus. Surtout que ça serait mentir. Elle ne faisait que ce qu'elle voulait, c'était clair. Quoi qu'il en soit, maintenant qu'elle avait eu un accord, elle s'approcha doucement de lui puis captura ses lèvres, délicatement en premier lieu. Jusque-là, rien de nouveau.

Aucune réponse de la jeune femme qui regarde Lhoas d'un air "euh tu peux répéter ?". Bon, ce ne serait pas pour cette fois alors si elle ne se pliait pas aux exigences que Lhoas avait installé pour leur partie de baise. Il savait pertinemment que Blondie n'accepterait jamais cela et c'est bel et bien pourquoi il avait modélisé les conditions ainsi. Soudain, elle s'approcha doucement de Lhoas, se mouvant du fauteuil vers la place où était assis Lhoas. Et hop les lèvres capturées. Wohohohoho, on se calme. Lhoas retira ses lèvres de cette étreinte, mettant sa main entre lui et la traînée de service, réputation qu'il avait il y a peu laissé derrière lui. « T'emballe pas ma grande. Primo, t'as pas accepté le deal. Secundo, tu ne l'as pas respecté. » Lhoas reprit alors sa place normale et initiale et réouvrit son livre à la page qu'il avait mémorisé, la femme attendant son reste juste à son côté dans le sofa. Il lâcha alors un petit « tant pis », qui résonna faux à souhait.