Ces escaliers ne servaient à rien. Telle était la pensée qui traversait l'esprit de Jackson chaque fois qu'il se trouvait devant ces derniers. Ils ne servaient à rien. A part, bien sûr, à se rendre à l'étage supérieur. Mais, mise à part ça, ils ne servaient à rien. Bien sûr, certains affectionnaient peut être de s'y assoir quelques temps, afin de se poser et de réfléchir. Mais ça n'était pas tellement son truc, à lui. Enfin, habituellement, ça ne l'était pas. Parce qu'aujourd'hui, et aussi dingue cela puisse être, le grand blond s'y était bel et bien assis. Il aurait pu les monter, ou bien les descendre, mais non, il avait choisi de s'assoir au beau milieu de ces escaliers, se fichant pas mal du fait que quelqu'un puisse être amené à surgir soudainement, risquant de trébucher par sa faute, à condition bien sûr d'être un peu presbyte sur les bords. Et justement, alors que Jackson commençait à se dire qu'il ferait mieux de ne pas s'éterniser et qu'il avait sans doute bien d'autres choses palpitantes à faire dans le coin - quelle blague - il entendit quelqu'un descendre les marches. Bon, avec un peu de chance, cette personne remarquerait rapidement sa présence et l'éviterait aisément. Sauf qu'il s'agissait d'Oona et que cette dernière avait visiblement le nez dans un bouquin, ou un truc du genre. Si bien que la demoiselle ne fit pas attention à lui et que l'anglais put très vite sentir qu'on butait dans son dos, avant de se rendre compte qu'Oona avait trébuché. Dans sa chute, il parvint à lui attraper le bras, si bien qu'elle fut juste légèrement déséquilibrée, sans véritablement tomber. Ouf. « J'aurais dû te laisser t'étaler en bas, ça m'aurait facilité les choses » fit-il alors, tandis qu'il ne lâcha toujours pas son bras. Bah non, maintenant qu'il la tenait, il n'était pas prêt de la lâcher. Pauvre Oona.

Ca me faisait drôlement bizarre de rester dans le nid, alors que je venais d’être éliminée. J’avais en même temps, ce sentiment de liberté, mais toujours cette horrible déception de voir s’envoler l’argent que j’avais amassé. D’un sens, je n’avais plus rien à faire ici Je soutenais d’autres candidats, c’est sûr, mais je ne leur étais pas vital. Je pouvais très bien les soutenir en dehors du nid de Cupidon. Ma présence ici n’était due qu’à celle d’Artie. Au moins, je savais que pouvais passer du temps avec lui, sans me soucier de quoique ce soit d’autre. Je ne sais pas vraiment comment ça se passera entre nous à notre sortie. Après avoir traîné un moment dans une baignoire en compagnie d’un livre, je m’étais décidée d’en sortir, pour aller terminer ce même livre à la bibliothèque, là où on ne m’embêtera pas. Habituellement, je ne le faisais pas, parce que ça me semblait compliqué, mais le livre était tellement intéressant que je le finissais sur la distance qui me séparait de la pièce, escaliers y compris. Sans m’en rendre compte tout de suite, mon pied tapa dans quelque chose qui me fit perdre l’équilibre. Heureusement, cette chose avait deux jambes, deux bras, deux mains et un cerveau qui fonctionnait pas mal, puisqu’il me rattrapa juste à temps. Je tournais ma tête pour voir Jackson, puisque c’était lui qui avait eut la bonne idée de rester planté là dans l’escalier. D’ailleurs, sous le choc, je venais de lâcher le livre, qui tomba au pied de l’escalier. « J'aurais dû te laisser t'étaler en bas, ça m'aurait facilité les choses » Ahah très drôle et je lui faisais la grimace qui allait avec, avant de lâcher un rire une pointe sarcastique. « Ouai, mais tu l’as pas fais ! Rappelles toi, tu tiens trop à moi pour me faire du mal. » Lui disais-je, un sourire aux lèvres, me rappelant de la dernière fois aux falaises. Je devrais peut-être fermé ma gueule ? Sûrement oui, parce qu’il ne me lâchait pas. Je voulu m’échapper de l’emprise de sa main, mais il ne semblait pas enclin à me lâcher. J’essayais une nouvelle fois, ajoutant en même temps : « Veux-tu bien me lâcher ? Tu ne tiens quand même pas à ce que je t’emmerde encore une fois ? » Parce que j’étais totalement prête à le faire, ajoutais-je dans ma tête.

Okay, ça n'avait effectivement pas été une excellence idée de s'assoir dans les escaliers, sachant que n'importe qui pourrait surgir et provoquer un tragique accident. Et justement, tandis que Jackson était en pleine réflexion, il sentit quelque chose butter dans son dos. Point de douleur, simplement l'impression qu'il se devait d'avoir un certain réflexe. Alors, le plus naturellement du monde, il tendit le bras et parvint à rattraper Oona, qui venait visiblement de trébucher. D'où le coup dans le dos, hein. Bien évidemment toujours aussi aimable, Jackson ne manqua pas de souligner le fait qu'il aurait très bien pu la laisser se vautrer en bas. Et comme mademoiselle avait semble-t-il toujours réponse à tout, elle ne se priva pas, quant à elle, de lui rappeler qu'il tenait trop à elle pour faire une telle chose. Un sourire amusé naquit alors sur les lèvres du blond qui, il est vrai, ne savait pas tellement quoi répondre à cela. Après tout, il l'avait lui même dit à la jeune femme, celle-ci lui manquerait véritablement si il venait à lui arriver quelque chose. Ainsi donc, il était plus ou moins coincé à cet instant précis. « C'est pas faux » fit-il alors, dans un bref haussement d'épaules. Une manière comme une autre de lui signifier qu'elle avait raison et qu'il valait donc mieux changer de sujet. Mais en attendant, Jackson tenait toujours le bras de son ancienne camarade. Ah oui au fait, son bras. C'est vrai qu'il ne l'avait pas lâché. Comme c'était surprenant, surtout venant de lui. « Sois réaliste, si je ne te lâche pas, il te sera bien moins évident de m'emmerder. Alors, franchement, je ne vois pas pourquoi je ferai une telle chose » répondit-il, un air satisfait sur le visage. Il lui aurait bien fait une grimace lui aussi, mais ça, c'était plus son genre à elle, hein.

Après avoir trébuchée et après avoir failli me rétamer à terre, je me trouvais coincée par la main que Jackson venait de refermer sur moi. Certes, cette main posée sur moi était à la base pour me rattraper et je lui aurais bien présenté mes remerciements, s’il avait décidé de me lâcher immédiatement. Ce qui n’était, visiblement, pas le cas. Non non, Monsieur semblait vouloir me garder ainsi, comme sa prisonnière en fait. Je plissais légèrement les yeux à voir son sourire. Mouai, c’est que je n’avais pas vraiment l’habitude de le voir sourire en fait. « C'est pas faux » Je lâchais un rire, mes lèvres s’étendant pour dévoiler mes dents. Même si ça n’avait aucune importance, je venais quand même de lui clouer le bec, à ce blond. Ce n’était pas pour autant qu’il daignait me lâcher celui-là. Pourtant, je le lui demandais gentiment quand même. Je n’allais pas me rouler à terre, mais c’était déjà un bon début que de ne pas l’insulter pour qu’il me lâche. J’essayais de me débattre une fois, pour la symbolique. « Sois réaliste, si je ne te lâche pas, il te sera bien moins évident de m'emmerder. Alors, franchement, je ne vois pas pourquoi je ferai une telle chose. » Je m’arrêtais de gesticulais, me postant un peu plus face à lui, les sourcils froncés, puis peu à peu, naquit sur mes lèvres un semblant de sourire. « Ouai c’est vrai... » À mon tour, je lui donnais raison comme il venait de me le faire, bien que franchement, je ne le voyais pas du même œil. « … Quoique dans un sens, ne pas me lâcher reviens à me forcer à rester avec toi… et ma langue fonctionne très bien, même en étant ta captive. » Bref, il avait bien compris que je pouvais l’emmerder, même en ayant un bras « en moins ».

Qu'Oona s'estime heureuse : elle venait une fois de plus d'échapper à une mort certaine. Et, une fois de plus, c'était bien grâce à Jackson. Eh oui. Souvenez-vous, quelques jours plus tôt, ce dernier l'avait déjà empêché de tomber des falaises, et ... Bon, d'accord, ça n'est pas exactement comme ça que ça s'est passé, en réalité. Car Jackson eut en fait la ferme intention de jeter la jeune femme des dites falaises, jusqu'à ce qu'il prenne conscience qu'elle lui manquerait trop et que, par conséquent, Oona ne pouvait pas mourir. Et là, c'était un peu la même chose. Enfin, si on veut. Toujours est-il que s'il n'avait pas retenu la jeune femme en la rattrapant par le bras, celle-ci ne serait assurément plus de ce monde. Un réflexe qui lui aura effectivement sauvé la vie. Et, comme elle le disait si bien, il ne pouvait absolument pas se permettre de lui faire le moindre mal, pour la simple et bonne raison qu'il tenait à elle. Ouais bon, il ne faudrait quand même pas oublier qu'il avait tendance à perdre les personnes auxquelles il tenait, consciemment ou non. Ici, c'était certes un peu différent, mais ça n'empêche que rien ne garantissait qu'il pourrait se retenir de lui faire du mal, simplement parce qu'il tenait soit-disant à elle, hm. En attendant, Jackson ne semblait pas tellement décidé à lâcher le bras de la jeune femme. En fait, il allait très probablement la garder comme ça pour toujours, maintenant. Oona semblait penser qu'elle pourrait l'emmerder si il ne la lâchait pas, alors que du point de vue de Jackson, ce serait bien moins aisé que si elle avait eu l'usage complet de ses deux bras. Pour autant, Oona semblait déterminée à ce que Jackson lâche son bras, puisqu'elle avança un nouvel argument. Un argument auquel il n'avait pas tellement pensé, à vrai dire. Comme elle le disait si bien, sa langue fonctionnait très bien. Et ça, ça n'était pas nécessairement une bonne chose. « Donc, soit je te coupe la langue, soit je te lâche, c'est ça ? » fit-il alors, prenant un air énigmatique. Il fouilla alors vaguement dans l'une de ses poches, puis dans l'autre, avant de soupirer. « Mais vu que j'ai oublié ma paire de ciseaux, je crois que j'ai pas tellement le choix, en fait ... » reprit-il. Finalement, sa main desserra le bras de son ancienne camarade, tandis qu'il resta assis dans les escaliers. C'est bon, elle était contente maintenant ?