Anabel

Première nuit d'écoulée au sein de ce château après un prime des plus animés, la veille. J'avais plutôt bien dormi, bien que le sommeil s'était avéré assez difficile à trouver au final. Quand même, dormir dans un lit qui n'était pas le mien, avec quelqu'un que je connaissais à peine... mais quelle jolie partenaire, tout de même. Vraiment, j'étais bien tombé pour le coup. Je serais d'ailleurs bien resté couché jusque pas d'heure, mais je n'étais pas venu ici pour jouer les marmottes. Après avoir péniblement ouvert les yeux - conséquence du fait de m'être couché tard hier soir -, j'entrepris de me tourner sur le côté et aperçus alors le doux et joli minois d'Anabel. Le feeling n'était pas forcément très bien passé entre nous la veille, mais peu importe. Nous allions dormir ensemble pour un bon bout de temps, alors je décidai de laisser mes mains s'aventurer sur ce corps contre lequel je serais forcément amené à me retrouver collé serré tôt ou tard. Une femme était toujours réduite à tomber dans mes filets, c'était inévitable. Je passais donc mes bras autour du corps de ma partenaire, serrant celle-ci contre moi et prenant carrément mes aises. Ouais, ça se faisait pas mais sur le moment ça ne fut pas franchement ce qui me vint à l'esprit. Sans doute les mouvements effectués dans ce lit allaient finir par réveiller la demoiselle ; sans doute également allais-je avoir droit à une bien vive réaction de sa part pour la tenir de la sorte contre moi. Je m'y attendais, quoi.

J’avais rejoint le lit ‘conjugale’ de façon plutôt réticente, assez tardivement dans la nuit. Il faut dire que le sommeil avait mis du temps à se frayer un chemin jusqu’à moi. Ou bien Morphée s’était perdu en chemin, je ne saurai dire. Il devait être prêt de quatre ou cinq heures du matin – je ne sais plus – quand je daignais donc pénétré dans ma nouvelle chambre pour les semaines à venir. Dans le noir, il me fallut un petit moment pour trouver la trace de mon partenaire et de sa tête blonde, mais comme il n’était pas nombreux, je finis bien vite par retrouver mon chemin. Ayant au préalable revêtu mon pyjama, je me glissais sous les draps, laissant un écart considérable entre l’homme et moi, puis enfin, je me laissais porter par le sommeil, ma tête allant trouver refuge sur l’oreiller de plume fort douillette. Un sommeil fort réparateur, malgré sa courte durée. Mais il m’en fallait peu pour faire face aux journées qui m’attendaient. Me coucher aux petites heures du matin pour me lever bien tôt, le lendemain, c’était plus que routinier pour moi. Ceci dit, rien ne m’avait préparé au réveil que me concoctait mon si charmant partenaire. Ses mains qui s’appropriaient le territoire, forçant le rapprochement entre nos deux corps. Même endormi, mon corps se contracta sous le contact. Désagréable, c’était ce qu’il criait. Mais ce qui eut raison de mon sommeil fut le souffle chaud d’Andreas contre mon visage. Mes yeux s’ouvrirent d’un seul coup, et je croisais aussitôt ceux de l’homme. Trop prêt. Beaucoup trop prêt. D’un vif mouvement, je tentais de le repousser, mais le salaud s’y était préparé, et il se contenta uniquement de resserrer son étreinte autour de ma taille. « Tu me fais quoi, là. Le coup de ‘t’es à moi, tu m’appartiens’? » lui demandais-je d'un ton de voir qui se voulait loin d'être conciliant. En tout cas, s’il avait cherché à me mettre en rogne dès le réveil, c’était réussi, bravo. Comment gâcher une si belle journée en quelque seconde, par Andreas. Merci, vraiment.

J'avais une certaine tendance à avoir les mains particulièrement baladeuses, souvent malgré moi par ailleurs. C'était comme tout ce qui se trouvait en dessous de la ceinture ; juste incontrôlable. Ce matin, l'occasion s'était présentée à moi d'apprendre à connaître ma jeune partenaire, et pour cela je n'avais rien vu de mieux que serrer celle-ci contre moi. Une première approche assez... tactile, vous voyez le genre. Mais voilà, quelques instants seulement après que j'eus passé mes bras autour d'elle, Anabel ouvrit les yeux et entreprit de me repousser avec le peu de force qu'elle avait alors. Peut mieux faire, ma jolie. Aussitôt mes bras se resserrèrent autour de sa taille ; la voilà prisonnière. « Tu me fais quoi, là. Le coup de ‘t’es à moi, tu m’appartiens’? » Oula, je croyais bien l'avoir foutue de mauvaise humeur pour le reste de la journée. Ah vraiment, certaines personnes ne savaient tout simplement pas profiter de l'instant présent et du cadeau qui leur était parfois fait. Car oui, cette étreinte était un cadeau que je lui faisais ; pourquoi n'était-elle pas aux anges, dans mes bras, au lieu d'avoir quelque chose à y redire ? « Roooh, laisse-toi faire un peu. Tu réalises même pas ta chance ; dis-toi que beaucoup de filles aimeraient être à ta place, ma jolie. Allez, fais-toi plaisir, c'est gratuit et je ne mords pas. Tu peux même... tâter, s'tu veux. Je n'opposerai aucune résistance, sache-le. » J'en venais à m'offrir à elle... un si bel homme, elle aurait limite du s'évanouir dans mes bras. J'allais finir par croire qu'elle donnait plus du côté des femelles que des mâles... Je finis par relâcher un peu la pression, avant de ne soulever ma tête et de faire s'appuyer celle-ci contre la paume de ma main gauche, tandis que la droite se voulait posée sur le torse de la jeune femme. J'observais Anabel. Que la vue était belle... Et quelle fantastique rime, vous en conviendrez.

Je fulminais intérieurement, mais là-dehors, c’était le calme plat, je semblais en plein contrôle de mes moyens. Il était par contre assez facile de connaître mon état d’esprit en se guidant au ton de ma voix. Ou à mon regard qui se vrillait d’ailleurs dans celui de mon entreprenant partenaire. Se plissant légèrement sous la haine qu’il m’aspirait à cet instant. Je n’étais pas une chose, un objet qu’il pouvait posséder à sa guise. Aussi bien qu’il l’apprenne de suite. « Roooh, laisse-toi faire un peu. Tu réalises même pas ta chance ; dis-toi que beaucoup de filles aimeraient être à ta place, ma jolie. Allez, fais-toi plaisir, c’est gratuit et je ne mords pas. Tu peux même… tâter, s’tu veux. Je n’opposerai aucune résistance, sache-le. » Un relent de dégout mon monte au nez. Mon visage se plisse sous ma contrariété. Mon corps se crispe à nouveau, plus fort que la première fois. Je tente de me contenir, parce que là, franchement, j’ai qu’une seule envie, et c’est de lui foutre une baffe au visage. Mais je suis polie, bien élevée. Calme toi. Respire, Anabel, respire. « J’échangerais ma place avec la première venue avec grand plaisir, si tu veux savoir. » fit-je entre mes dents, tout bas, à moi-même. Traduction : je n’ai pas envie d’être là. On dirait presque qu’il entend ma prière... Ah, je me sens déjà mieux quand il relâche son emprise sur mon corps, bien que sa main reste toujours poser sur mon torse. Rien n’est encore gagné. Son regard se braque à nouveau sur moi, et je le soutiens longuement avant de reprendre la parole. Et je la joue maligne, sur le coup. Changement de tactique en vue. « Quand tu dis tâter… c’est que je peux vraiment toucher tout, tout… tout? » Je suis sûr qu’il ne s’attendait pas à ça. Disons que je ne me suis pas vraiment montrée très conciliante depuis le début. Mais un bon dicton ne dit-il pas qu’il vaut mieux garder ses amis près de soi, et ses ennemis, encore plus près?

N'étions-nous pas bien, là, dans ce lit, l'un contre l'autre ? La demoiselle avait exprimé quelques réticences au fait de se retrouver dans mes bras contre son gré mais au fond, je savais qu'elle n'attendait qu'une chose : me sauter dessus. La situation s'y prêtait par ailleurs, mais sans doute essayait-elle de contrôler ses pulsions. Je ne voyais que ça. Mais alors que je le serrais encore et toujours contre mon torse, la demoiselle me fit remarquer une certaine chose. « J’échangerais ma place avec la première venue avec grand plaisir, si tu veux savoir. » Ooooh, pourquoi se sentait-elle obligée de mentir ? Cela ne servait à rien, voyons, je voyais bien qu'elle avait du mal à me résister. « Ha ha, allez, à d'autres » fis-je sur un air à la fois hautain et moqueur, absolument sur de moi et de mon pouvoir de séduction. J'avais bien entendu l'habitude des femmes difficiles à acquérir - oui, parfaitement, comme des trophées -, mais tôt ou tard je parvenais toujours à obtenir ce que je souhaitais. Bon, je décidai tout de même de relâcher la pression qu'exerçaient mes bras autour d'elle, la laissant quelque peu respirer. Par ailleurs, l'une de mes mains se voulait toujours posée sur son torse. Quant à Anabel, et bien... elle changea subitement de comportement. « Quand tu dis tâter… c’est que je peux vraiment toucher tout, tout… tout? » Un grand sourire vint alors étirer mes lèvres. Eh bah voilà, je savais qu'elle ne tiendrait pas bien longtemps. Mon regard se voulait désormais bien aguicheur, tandis que je repris la parole. « Tout, absolument tout poupée. Je sais que t'en meurs d'envie, hein, coquine ! » Anabel était-elle en train de se foutre de moi ? Mmm, difficile à dire, mais je comptais en tout cas bien profiter de la situation. Elle semblait finalement prête à favoriser un certain "rapprochement" entre nous deux... et bien dans ce cas, qu'attendait-elle pour me grimper dessus ? Certains candidats dormaient encore, près de nous, mais franchement sur le moment je n'y pensai même pas. Et ses mains, oh oui ses mains... quand allaient-elles enfin se balader un peu partout sur mon corps ?...

« Ha ha, allez, à d’autres. » fit-il en se moquant de ma remarque. Après coup, c’est presque tant mieux s’il ne la prend pas au sérieux ; d’ici quelques secondes, il aura oublié mes véritables intentions. Et je serai apte d’agir à ma guise. De retourner ma veste pour tenter de sauver ma peau. Mon brusque changement d’attitude semble lui plaire, ça n’est même pas surprenant. Il a sur les lèvres ce grand sourire pervers qui me donne légèrement envie de vomir, mais mon estomac étant vide, à quoi bon. Je me contente discrètement de serrer du poing, ce dernier étant à l’abri derrière mon dos. Le dégout que j’ai envers cet homme grimpe en flèche, de seconde en seconde. Bientôt, je ne pourrai plus me contenir. « Tout, absolument tout poupée. Je sais que t’en meurs d’envie, hein, coquine ! » Je me force à sourire, charmée de la situation. J’ai donc carte blanche pour agir à ma guise, si j’ai bien compris. C’est presque trop facile. Mais bon, je dois dire que ça m’arrange plutôt bien qu’il me facilite ainsi la chose. Dans sa petite tête de linotte, il doit s’être convaincu que je suis tombée sous son charme. Autant que ça serve, je continuerai à jouer le jeu, en espérant que celui-ci ne dérape pas à son avantage. Ça signifierait que j’ai perdu… et qu’il a gagné. Ce que je ne me permettrai pas. Je force l’une de mes mains à bouger pour la poser sur son torse dénudé. Son corps est chaud, sous mon contact. Je me retiens de soupirer. Gâcher un si beau corps avec une attitude aussi merdique que la sienne. Du gâchis, voilà ce que s’est. « Tu m’excuseras, mais je ne suis pas très à l’aise avec ce genre de… rapprochement. » J’esquisse un léger sourire timide de jeune fille effarouchée, je sens même le rouge me monter aux joues. Ça le fera craquer à coup sûr. J’ai un visage d’ange, on ne peut pas me résister quand je fais cette moue.

Désolé de cette médiocre qualité, il se fait tard, je ferai mieux d'aller dormir :lol: .

Est-ce que la jeune femme pouvait se permettre de poser ses mains absolument n'importe où sur ce corps sublime - le mien, en somme ? C'était une évidence, et je n'attendais que ça par ailleurs. Je voulais sentir ses petites menottes sur moi, ce matin, histoire de me faire commencer la journée en beauté. J'avais très peu de courage pour sortir du lit, mais peut-être allait-elle trouver une motivation à cela ? Une fois que je l'eut encouragée à toucher tout-tout-tout-absolument tout, elle vint poser l'une de ses mains sur mon torse nu. Aaah, voilà ce que j'attendais d'elle. Qu'elle continue maintenant - pourquoi s'arrêter en si bon chemin ?... Seulement Anabel me sembla bien vite gênée et éperdument mal à l'aise. Une chose était sure à mes yeux : elle se forçait. Mais pourquoi ?! Je ne lui faisais donc aucun effet ? Non, impossible, la vérité résidait forcément ailleurs. Ou bien... non, quand même pas. Quoi que... « Tu m’excuseras, mais je ne suis pas très à l’aise avec ce genre de… rapprochement. » Argh, les dernières paroles de la jeune femme ne firent que confirmer mes craintes. Et comme à chaque fois que je me trouvais intrigué, je tentais de questionner afin d'obtenir une réponse et de voir si mes doutes pouvaient être confirmés. « Tu serais pas... vierge ? » C'était tombé comme un cheveu sur la soupe, mais franchement il m'était difficile de penser à autre chose quand je ne pouvais que constater le comportement tout à fait étrange de la demoiselle. Elle se refusait carrément du plaisir, là, en était-elle au moins consciente ? « J'peux savoir ce qui t'empêche franchement de me sauter dessus ? J'vois bien que je te rends folle, vas. Lâche-toi, hein, t'as rien à craindre. » Mécaniquement, je vins poser la main qui ne soutenait pas ma tête sur sa joue - écarlate ou presque celle-ci -, comme pour me faire rassurant. Mouais. En réalité ça bouillonnait à l'intérieur - et particulièrement en bas, très au sud.

La simple idée que nos deux corps sont en train de se toucher me dégoute, littéralement. Je me demande comment il réagirait si j’en venais à déverser sur lui le maigre contenu de mon estomac… Si c’était tout ce qu’il valait pour me débarrasser de lui, hm. Cette éventualité ne me plaisait guère – particulièrement car je détestais vomir (qui aimait ça, d’ailleurs) – mais comme je risquais de dormir dans ce lit pour de nombreuses semaines à venir, c’était le genre de choses à éviter. « Tu serais pas… vierge ? » Je rigolais intérieurement qu’il en soit venu à cette conclusion simplement en associant le fait que j’étais plus ou moins à l’aise de toucher et à ma timidité feinte. Aucune surprise de mon côté, cependant. Il avait le jugement hâtif et cela ne me surprenait guère. Mais il se trompait sur toute la ligne. « Oh! Non, du tout. Je n’ai juste pas l’habitude de… » Coucher avec le premier connard venu, un salaud doublé d’un parfait imbécile? Hm, non, ça ne le faisait pas. Tentons une autre approche. « Que ça se passe si vite, c’est tout. » Je me faisais violence pour ne pas tout lui balancer à la figure. Heureusement que j’avais un semblant de contrôle sur moi, je n’allais pas lui gâcher son effet de surprise, quand je serai prête à mettre mon plan à exécution. « J’peux savoir ce qui t’empêche franchement de me sauter dessus ? J’vois bien que je te rends folle, vas. Lâche-toi, hein, t’as rien à craindre. » « Désolé, c’est juste que je n’ai jamais fait ça avec un inconnu… je ne suis pas ce genre de filles-là. Mais c’est… si difficile de résister à ton charme. Tu m’intimides. » Goût de bile dans la bouche, comment pouvais-je profaner de tels mensonges. Lui avouer alors une certaine attirance pour lui alors que tout mon corps me dictait le contraire. Je faisais une sacrée actrice, je méritais surement un Oscar, un Golden Globes… N’importe quoi pour me donner raison d’agir de la sorte. L’une de ses mains vint se poser sur mes joues dans un geste qui se voulait… rassurant? Tendre? Loin de l’image que je me faisais d’Andreas, pour sûr. J’esquissais un léger sourire charmée pour répondre à son geste. Qu’est-ce que je ne pouvais pas faire pour gagner un peu de temps.

Nous allions forcément devoir finir par nous entendre, elle et moi. Après tout, ce lit serait le notre pour les prochaines semaines à venir, alors autant faire lit commun dans la joie et la bonne humeur, et, pourquoi pas, dans le plaisir également. Seulement cette perspective-là ne semblait pas franchement réjouir Anabel. Tandis que j'avais invité la demoiselle à poser ses mains où bon lui semblait sur moi, elle ne fit que déposer sa petite menotte sur mon torse nu, sans trop de conviction il fallait bien le dire. À la voir aussi mal à l'aise, j'avais un instant pensé qu'elle ne pouvait être que vierge. Car toute jeune femme ayant un jour goûté au plaisir, le vrai, n'aurait pas attendu une seconde de plus pour me grimper littéralement dessus. Ce ne fut pas le cas d'Anabel, voilà pourquoi j'en étais venu à cette conclusion-ci sans rien connaitre de la vie de la demoiselle, néanmoins. « Oh! Non, du tout. Je n’ai juste pas l’habitude de… » Mais enfin, il y avait une première fois à tout n'est-ce pas ? Une petite voix semblait lui dire de ne rien entreprendre de plus dans ce lit, et pourtant elle en mourrait d'envie, c'était une certitude. « Que ça se passe si vite, c’est tout. » Je n'allais tout de même pas déclarer forfait parce que madame se refusait un bon moment en ma compagnie. Non, je ne baissais jamais les bras quand il était question de ça - et puis, je pouvais aussi me montrer très persuasif quand j'y mettais vraiment du cœur. « Laisse tes principes de côté quelques minutes ! Je te promets un voyage au paradis auquel tu ne souhaiteras jamais mettre fin. » Oui bon... c'était la persuasion selon Andreas, hein. Rien n'y faisait, elle semblait décidée à ce que rien ne ce passe ce matin. « Désolé, c’est juste que je n’ai jamais fait ça avec un inconnu… je ne suis pas ce genre de filles-là. Mais c’est… si difficile de résister à ton charme. Tu m’intimides. » Et comment que je l'intimidais ! Elle ne savait même plus où poser le regard. Je me doutais bien qu'Anabel n'était pas une fille facile, et c'était tout en son honneur par ailleurs, seulement il n'y avait aucun mal à se laisser aller de temps à autres. De vous à moi, n'en faisait-elle pas un peu trop ? Ma main toujours posée sur la joue de la jeune femme, je plongeai ensuite mon regard azur dans le sien. « Anabel... j'pense que tu en sais suffisamment me concernant pour que je ne sois plus qu'un simple inconnu... je me trompe ? » Tous les arguments étaient bons pour convaincre la belle brune. Je pouvais passer pour un gros lourd, certes, mais je ne voulais que la détendre un peu moi. Nous aurions tout le temps d'apprendre à nous connaitre d'avantage... après avoir passé un moment de folie sous la couette. Elle n'avait qu'un mot à dire, un seul, pour que je me rue sur elle comme un animal. L'envie était là, plus que jamais.

Pourquoi ? Pourquoi Cupidon m’avait fait l’affront de me coincer avec un tel partenaire. Je me le demandais encore. J’aurais dû mentir lors du casting, ne pas être aussi franche quant à ce qui m’horripilait chez un homme. Ne pas me montrer aussi transparente, aussi naïve. Il fallait être stupide de croire que ce cher petit ange nous mettrait avec le coéquipier parfait. C’était un jeu, je ne devais pas l’oublier. Jamais. Et pour ce chérubin, nous n’étions que les pions d’un gigantesque échiquier, qu’il pouvait manier à sa guise, selon ses envies, ses désirs. Je me retiens de pousser un soupir. « Laisse tes principes de côté quelques minutes ! Je te promets un voyage au paradis auquel tu ne souhaiteras jamais mettre fin. » Succomber au plaisir de la chair en sa compagnie ne m’amènerait pas au paradis, mais plutôt en enfer ou j’irais croupir pour avoir commis une telle faute. Et j’aurais largement mérité mon sort. Au moins, je ne pouvais pas lui reprocher de ne pas croire en ses capacités de séduction et ses talents au lit. Je n’étais toutefois pas prête – et ne le serais jamais – à découvrir s’il mentait ou pas. Je laissais ce plaisir à d’autres volontiers. Il n’aurait surement aucun mal à trouver une autre victime plus conciliante que moi. « Anabel… j’pense que tu en sais suffisamment me concernant pour que je ne sois plus qu’un simple inconnu… je me trompe ? » Une chose était sûr, j’en savais suffisamment pour lui pour nourrir une haine et un dégout sans nom à son égard, sans même qu’il ne se soit forcé pour que j’agisse de la sorte. Se faire détester sans effort, quel privilège il avait. Mais là n’était pas la question. Son égo surdimensionné l’empêchait de voir clair dans mon jeu. Il n’avait d’yeux que sa petite personne et sa prétendue perfection. J’espère qu’un jour, il se rendrait compte à quel point il me paraissait insignifiant, pathétique, dénué de tout intérêt. À quel point il m’écœurait. Son être, sa personnalité, son entité. « Tu as peut-être raison… » feignais-je néanmoins. Je détestais agir de la sorte, mentir, me jouer de quelqu’un, mais je n’avais vu là que la seule échappatoire qui s’offrait à moi. Endormir sa vigilance et frapper quand il s’y attendrait le moins.