Il me compare à sa défunte femme, j'en frémis malgrè moi, pas parce que je suis effrayée ou offusquée, mais simplement parce que je suis triste pour lui. Il me parle de sa fatigue, et inconsciement, j'hoche la tête. Finalement, il revient vers moi, et emprisonne mon menton, je me laisse faire, presque docilement, et je l'écoute. Il s'excuse, c'est pas grave, mais je ne vais pas me repéter.
'Ce n'est pas digne d'un gentleman' dit-il en me baisant la même, ça me tire un sourire. Je reprends rapidement ma main. « Les gentlemans sont une espèce tellement rare de nos jours. » répondis-je à voix basse, simplement, en croisant son regard. C'est pas un regret, mais juste une simple constation. Je considère Malo comme faisant parti de la catégorie gentleman de la maison, ça doit cela qui a les meilleurs manières, de nous tous, je pense, bien que je n'ai encore rencontré que le tiers de la maison, et pourtant, j'en suis persuadée. Il me demande si AJ est mon vrai prénom, ça étire mes lèvres de quelques centimètres, je comprends pas que personne ne puisse penser qu'AJ est un prénom. « Non, c'est vraiment mon prénom. » lui dis-je en plongeant mon regard vert dans le sien, convaincue. « A un moment, je voulais qu'on m'appelle Anna-Jayne, parce que je trouvais AJ trop court, mais finalement, je m'en fiche. » je précise finalement. Y a par exemple mon boss qui m'appelle Anna-Jayne, et les clients aussi, parce que AJ, ça fait pas professionnel je trouve, donc voilà. « Et toi Malo, c'est pas ton vrai prénom ? N'est-ce pas ? » je lui demande en haussant un sourcil, inquisitrice. J'ai jamais entendu de Malo, enfin, je peux pas vraiment parler, parce qu'à part moi, j'ai jamais connu d'autre AJ.

Je laissais échapper sa main avec regret, je l'entendis alors murmurer : – Les gentlemans sont une espèce tellement rare de nos jours. D'une certaine manière, elle avait raison. Mais tout de même, tous les hommes sont capables d'être des gentlemans sauf que certains choisissaient d'être de véritables goujats. Chose que je ne pouvais tolérer. L'irrespect envers les femmes avait le don de me mettre hors de moi. Je me détendais de plus en plus en la compagnie de la jeune femme. Ses yeux verts me regardaient avec douceur. – Non, c'est vraiment mon prénom. Un sourire s'étira malgré moi. Je trouvais cela amusant que ses parents lui avaient donné un prénom aussi original. Un prénom à la teneur presque masculine, qui lui seyait plutôt bien. – A un moment, je voulais qu'on m'appelle Anna-Jayne, parce que je trouvais AJ trop court, mais finalement, je m'en fiche. Anna-Jayne. Plus joli qu'Aj. Peut-être plus féminine. Je hochai de la tête, attentif. Puis elle me demanda : – Et toi Malo, c'est pas ton vrai prénom ? N'est-ce pas ? Mes lèvres s’élargirent encore plus que d'habitude. J'avais l'impression d'être redevenu moi-même. Du moins presque. Les séquelles étaient toujours là. Mais je les oubliais au profit du couver du regard la rousse en face de moi. – Malo est le diminutif de Malone, en fait. Quand j'étudiais en France, je préférai qu'on m'appelle Malo. Ça faisait plus français, sans doute. Depuis c'est resté. , répondis-je tout simplement. Je m'enquis alors de demander : – Tu fais quel métier ?